Texte intégral
RDK: Mme la ministre, bonjour.
B. GIRARDIN : Bonjour.
RDK : Vous terminez votre séjour aujourd'hui en Nouvelle-Calédonie. Quel bilan tirez-vous de ce séjour "marathon" ?
B. GIRARDIN : Je crois que nous avons progressé dans l'application de l'Accord de Nouméa qui est un accord difficile à appliquer, et il faudra beaucoup de bonne volonté de tous les partenaires, et je suis heureuse d'avoir tenu ce Comité des signataires à Koné en Province Nord. C'est la première fois que l'on se réunit ailleurs qu'à Nouméa ou qu'à Paris et c'est aussi une façon de montrer que le rééquilibrage entre le Nord et le Sud, il faut l'avoir aussi un peu dans sa tête, dans ses comportements, dans ses attitudes, et en plus, nous avons au cours de Comité des signataires, évoqué les vrais sujets, les vrais problèmes, les questions très politiques qui se posent, et j'ai eu le sentiment qu'il y a eu beaucoup de bonne volonté, les discussions étaient très constructives, dans un climat même amical, et je crois que c'est comme cela qu'on avancera dans la construction de ce pays.
RDK : Avant la tenue de ce Comité des signataires, du côté indépendantiste, on a beaucoup parlé de la dérive de l'Accord de Nouméa. Dans le document final hier, cela n'apparaît pas. Comment voyez-vous les choses ?
B. GIRARDIN : Dans ce document, on a voulu dire très objectivement et très franchement ce que nous avons fait tous ensemble parce qu'il ne faut pas occulter ce qui a été fait. Et en même temps, nous avons aussi dit très franchement ce qui ne va pas, les difficultés que nous rencontrons. Je crois qu'il faut dire la vérité, ne pas omettre de dire que les choses ont été faites, mais bien sûr, il en reste beaucoup à accomplir, et s'il y a eu ce que vous appelez "des dérives", je crois que cela résume peut-être certaines incompréhensions et j'ai eu le sentiment au cours de ce comité que certaines incompréhensions commençaient à s'effacer.
RDK : En tous les cas, l'Etat restera le partenaire des calédoniens sur l'Accord de Nouméa ?
B. GIRARDIN : Mais l'Etat est un partenaire de l'Accord de Nouméa, il entend jouer pleinement son rôle, et je peux vous dire que depuis un an, je ne ménage pas ma peine pour que les deux autres partenaires aient un travail ensemble, toujours plus constructif, et nous avons progressé sur la voie du consensus, sur des sujets qui n'étaient pas faciles.
RDK : La délégation du FLNKS est venue sans l'Union Calédonienne. Regrettez-vous qu'une composante du FLNKS ne soit pas là pour dire exactement ce qu'elle pense pendant ce Comité des signataires ?
B. GIRARDIN : Je regrette bien sûr très profondément. Je le regrette d'autant plus que j'ai eu beaucoup de difficultés à comprendre cette attitude, dans la mesure où j'avais reçu très longuement l'Union Calédonienne il y a quelques jours à Paris, que Pascal NAOUNA, Charles PIDJOT, Alain PIDJOT sont sortis de mon bureau, en disant qu'ils étaient satisfaits, qu'ils avaient eu le sentiment que je les avais entendus. Et c'est vrai que nous avons évoqué différents sujets et je leur avais laissé clairement entendre que je pensais que nous étions sur la bonne voie, et notamment concernant ces questions délicates qui ont fait l'objet, comme le corps électoral, de polémiques et de divergences ou de crispations ; donc j'étais très étonnée que de retour à Nouméa, ils aient ce comportement d'absence. Parce que je crois que même quand on a des choses désagréables à se dire, on se le dit autour d'une table ! Je souhaite que le dialogue soit permanent entre tous parce que c'est comme cela que l'on fait vraiment progresser les dossiers et que l'on arrivera à construire ensemble ce territoire.
RDK : Vous évoquiez le corps électoral, vous allez repartir à Paris, comment allez-vous faire pour qu'il n'y ait plus de blocage sur le corps électoral ici dans ce pays ?
B. GIRARDIN : Il n'y a plus de blocage. C'est cela la grande avancée de ce Comité des signataires. Tout le monde est tombé d'accord pour dire, "cela ne doit plus être un sujet de divergence, de difficultés, de crispation, de polémique entre nous". Donc, cela me paraît être un grand progrès dans la compréhension réciproque et nous allons régler cette question le moment venu. Je vais m'y employer et je crois que là aussi, cela contribuera à détendre l'atmosphère et à faire en sorte que le consensus soit toujours bien présent entre nous.
RDK : Sur les grands projets d'usines, notamment ceux du Nord et du Sud, que dit l'Etat pour ces projets ?
B. GIRARDIN : L'Etat a toujours dit qu'il accompagnerait ces projets, car c'est l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, c'est un développement prometteur pour ce territoire et l'Etat sera présent, et notamment pour que cette usine du Nord qui est un instrument de rééquilibrage tout à fait formidable, puisse voir le jour dans les meilleures conditions et le plus rapidement possible.
RDK : Votre 3ème visite dans ce pays a été très symbolique, il y a eu des symboles, vous avez été à Ouvéa le premier jour, un dépôt de gerbes sur la tombe des 19 militants indépendantistes, comment expliquez-vous cela ?
B. GIRARDIN : Je l'explique tout simplement par le souci que nous devons avoir du devoir de mémoire, mais en même temps, le souci de construire l'avenir, et le message très fort qu'on doit continuer à lancer à tous ceux qui ont envie de voir ce pays continuer à vivre en paix et dans la sérénité, le message selon lequel on ne règle jamais rien par la violence, et on ne doit plus revoir et vivre ce que la Nouvelle-Calédonie a connu il y a quelques années. Et cela, il faut s'en souvenir pour que cela ne se reproduise jamais.
RDK : Ce mercredi après-midi, vous étiez à l'île des Pins et une réunion avec les organismes qui s'occupent du tourisme dans ce pays. L'issue de cette réunion, que dites-vous par rapport au tourisme dans le pays ? Y a-t-il un décalage entre le Sud et le Nord et les îles Loyauté, comment voyez-vous les choses ?
B. GIRARDIN : Je crois que l'ensemble du territoire a d'énormes potentialités en matière de tourisme. Vous avez la chance d'avoir un territoire varié, avec des paysages grandioses, il y a le nickel bien sûr mais je pense que le tourisme est un secteur très prometteur, créateur d'emploi, et qui peut offrir à votre jeunesse des métiers d'avenir. Et l'Etat sera là pour accompagner ce secteur d'activité, à mes yeux, essentiel, il sera là avec l'outil de la défiscalisation, avec le passeport "mobilité" qui permet à vos jeunes de venir se former en métropole, parce que les métiers de tourisme sont des métiers de plus en plus pointus, il faut que le personnel, tous les jeunes qui peuvent travailler dans le secteur du tourisme soient formés, donc l'Etat sera là pour vous accompagner dans ces formations, dans cette mobilité vers la métropole qui me paraît être tout à fait positive pour développer ce secteur, et en même temps, évidemment, la nouvelle loi-programme que je viens de faire voter au parlement et qui fixe pour 15 ans un cadre, à mon avis, sécurisant pour les investisseurs ; grâce à ce nouveau système de défiscalisation qu'elle prévoit, je pense que nous pourrons accompagner la Nouvelle-Calédonie de façon positive, pour que le tourisme soit vraiment un facteur de développement.
RDK : Le pays est long et large, les îles Loyauté et le Nord sont très handicapés par les problèmes de transports aérien et maritime, les usagers ont beaucoup réclamé la continuité territoriale, est-ce que vous les rassurez sur ce problème ?
B. GIRARDIN : La continuité territoriale, j'appartiens au 1er Gouvernement qui commence à traiter ce problème. Jusqu'à maintenant, rien n'avait été fait et nous allons verser à chaque collectivité d'outre-mer, bien sûr la Nouvelle-Calédonie, une dotation "continuité territoriale" pour qu'elle puisse arriver à faire baisser le coût du transport. Donc il faut qu'on monte un partenariat financier avec les autorités locales de Nouvelle-Calédonie, avec les provinces, avec le territoire, pour qu'ensemble, nous essayions de nous attaquer à la fois à la continuité territoriale entre Nouméa et la métropole mais aussi entre Nouméa et les îles Loyauté, car il y a aussi un problème de "continuité territoriale intérieure". C'est le problème de tous les archipels.
RDK : Quand vous étiez venue il y a quelques mois, il y avait eu une manifestation du côté de Goro-Nickel des travailleurs ; lors de votre visite à Koné, d'autres manifestations. Il y a des problèmes sociaux ici. Que dîtes-vous aux syndicalistes, aux travailleurs ?
B. GIRARDIN : Effectivement, quand j'ai rencontré à Koné les représentants de l'USTKE, ils m'ont fait part de leurs difficultés sur des problèmes qui sont de compétences locales, je tiens à le rappeler, mais bien sûr, l'Etat est à l'écoute et peut servir d'intermédiaire, être un peu porte-parole de ceux qui ont des problèmes, on est plein de sollicitude et d'attention sur tous ces sujets. Ces syndicalistes que j'ai rencontrés, étaient surtout préoccupés par le rééquilibrage, et je leur ai dit à quel point j'avais ce souci du rééquilibrage. Le fait que je sois à Koné et pas à Nouméa, pour tenir le Comité des signataires, en soi, cela montre bien que j'ai ce souci permanent.
RDK : Que dîtes-vous à présent sur l'environnement ?
B. GIRARDIN : Sur l'environnement, vous avez un environnement exceptionnel qu'il faut protéger, et cet environnement qui est de la compétence des provinces, j'ai fortement incité les trois provinces, non seulement à se doter d'une réglementation en matière de protection de l'environnement, quand on parle de protection de l'environnement, ce ne sont pas seulement les récifs coralliens, c'est aussi l'élimination des déchets, l'assainissement, les stations d'épuration, il y a de multiples problèmes, il faut prendre des mesures pour protéger cet environnement exceptionnel, et il faut que non seulement chaque province le fasse, mais il me semble qu'il faut qu'il y ait une coordination entre les trois provinces, pour que l'ensemble du territoire calédonien puisse avoir des mesures harmonisées, et c'est important vis à vis de l'image que la Nouvelle-Calédonie donnera d'elle-même, et aussi si elle veut garder ce caractère attractif, en pensant au développement du tourisme bien sûr, et en même temps, il faut que les projets industriels soient élaborés avec cette préoccupation environnementale, nous y veillons. Je peux vous dire par exemple, que l'Etat n'aidera en défiscalisation les projets miniers qu'après s'être assuré que toutes les conditions de protection de l'environnement sont bien respectées.
RDK : Un mot sur le sénat coutumier qui a demandé certaines choses lorsque vous les avez rencontrés. Que leur répondez-vous ?
B. GIRARDIN : J'ai effectivement rencontré le sénat coutumier, je les rencontre régulièrement, je les avais rencontrés à Paris et c'est vrai que c'est la première fois que je suis allée au siège du sénat coutumier. Ils ont manifesté le souci tout à fait légitime de se sentir mieux associé à la prise de décision, lorsque les grands projets de développement sont initiés sur le territoire. Il faut qu'on trouve un "modus vivendi" avec les autorités coutumières pour qu'elles ne se sentent pas à part dans le schéma institutionnel calédonien et qu'elles se sentent plus impliquées dans la construction de ce pays ; là aussi, cela fait partie de cette mise en uvre de l'accord qui de temps en temps, a quelques petites difficultés à bien fonctionner.
RDK : L'Etat l'aidera ?
B. GIRARDIN : On va voir dans quelle mesure effectivement, toutes les demandes qui m'ont été faites, pourront être satisfaites.
RDK : Mme GIRARDIN, nous arrivons au terme de cet entretien. A quand le retour prochain sur le Caillou ?
B. GIRARDIN : Je peux vous répondre de façon précise, parce que je reviendrais pour la visite du Président de la République à la fin du mois de juillet ; donc je viens à un rythme soutenu en Nouvelle-Calédonie.
RDK : Un dernier mot pour les calédoniens.
B. GIRARDIN : D'abord, je voudrais les remercier pour l'accueil vraiment très chaleureux qu'ils me réservent à chaque fois que je viens ici, j'ai eu vraiment des moments d'intenses émotions à Ouvéa, à l'île des Pins ce matin, en Province Nord, partout où je passe, en Province Sud aussi, et vraiment, je voudrais les remercier du fond du cur, je suis évidemment à leur service et c'est le bien-être qui est ma priorité, ma préoccupation première.
RDK : Merci.
Propos recueillis par Romain HMEUN
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 24 juin 2003)
B. GIRARDIN : Bonjour.
RDK : Vous terminez votre séjour aujourd'hui en Nouvelle-Calédonie. Quel bilan tirez-vous de ce séjour "marathon" ?
B. GIRARDIN : Je crois que nous avons progressé dans l'application de l'Accord de Nouméa qui est un accord difficile à appliquer, et il faudra beaucoup de bonne volonté de tous les partenaires, et je suis heureuse d'avoir tenu ce Comité des signataires à Koné en Province Nord. C'est la première fois que l'on se réunit ailleurs qu'à Nouméa ou qu'à Paris et c'est aussi une façon de montrer que le rééquilibrage entre le Nord et le Sud, il faut l'avoir aussi un peu dans sa tête, dans ses comportements, dans ses attitudes, et en plus, nous avons au cours de Comité des signataires, évoqué les vrais sujets, les vrais problèmes, les questions très politiques qui se posent, et j'ai eu le sentiment qu'il y a eu beaucoup de bonne volonté, les discussions étaient très constructives, dans un climat même amical, et je crois que c'est comme cela qu'on avancera dans la construction de ce pays.
RDK : Avant la tenue de ce Comité des signataires, du côté indépendantiste, on a beaucoup parlé de la dérive de l'Accord de Nouméa. Dans le document final hier, cela n'apparaît pas. Comment voyez-vous les choses ?
B. GIRARDIN : Dans ce document, on a voulu dire très objectivement et très franchement ce que nous avons fait tous ensemble parce qu'il ne faut pas occulter ce qui a été fait. Et en même temps, nous avons aussi dit très franchement ce qui ne va pas, les difficultés que nous rencontrons. Je crois qu'il faut dire la vérité, ne pas omettre de dire que les choses ont été faites, mais bien sûr, il en reste beaucoup à accomplir, et s'il y a eu ce que vous appelez "des dérives", je crois que cela résume peut-être certaines incompréhensions et j'ai eu le sentiment au cours de ce comité que certaines incompréhensions commençaient à s'effacer.
RDK : En tous les cas, l'Etat restera le partenaire des calédoniens sur l'Accord de Nouméa ?
B. GIRARDIN : Mais l'Etat est un partenaire de l'Accord de Nouméa, il entend jouer pleinement son rôle, et je peux vous dire que depuis un an, je ne ménage pas ma peine pour que les deux autres partenaires aient un travail ensemble, toujours plus constructif, et nous avons progressé sur la voie du consensus, sur des sujets qui n'étaient pas faciles.
RDK : La délégation du FLNKS est venue sans l'Union Calédonienne. Regrettez-vous qu'une composante du FLNKS ne soit pas là pour dire exactement ce qu'elle pense pendant ce Comité des signataires ?
B. GIRARDIN : Je regrette bien sûr très profondément. Je le regrette d'autant plus que j'ai eu beaucoup de difficultés à comprendre cette attitude, dans la mesure où j'avais reçu très longuement l'Union Calédonienne il y a quelques jours à Paris, que Pascal NAOUNA, Charles PIDJOT, Alain PIDJOT sont sortis de mon bureau, en disant qu'ils étaient satisfaits, qu'ils avaient eu le sentiment que je les avais entendus. Et c'est vrai que nous avons évoqué différents sujets et je leur avais laissé clairement entendre que je pensais que nous étions sur la bonne voie, et notamment concernant ces questions délicates qui ont fait l'objet, comme le corps électoral, de polémiques et de divergences ou de crispations ; donc j'étais très étonnée que de retour à Nouméa, ils aient ce comportement d'absence. Parce que je crois que même quand on a des choses désagréables à se dire, on se le dit autour d'une table ! Je souhaite que le dialogue soit permanent entre tous parce que c'est comme cela que l'on fait vraiment progresser les dossiers et que l'on arrivera à construire ensemble ce territoire.
RDK : Vous évoquiez le corps électoral, vous allez repartir à Paris, comment allez-vous faire pour qu'il n'y ait plus de blocage sur le corps électoral ici dans ce pays ?
B. GIRARDIN : Il n'y a plus de blocage. C'est cela la grande avancée de ce Comité des signataires. Tout le monde est tombé d'accord pour dire, "cela ne doit plus être un sujet de divergence, de difficultés, de crispation, de polémique entre nous". Donc, cela me paraît être un grand progrès dans la compréhension réciproque et nous allons régler cette question le moment venu. Je vais m'y employer et je crois que là aussi, cela contribuera à détendre l'atmosphère et à faire en sorte que le consensus soit toujours bien présent entre nous.
RDK : Sur les grands projets d'usines, notamment ceux du Nord et du Sud, que dit l'Etat pour ces projets ?
B. GIRARDIN : L'Etat a toujours dit qu'il accompagnerait ces projets, car c'est l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, c'est un développement prometteur pour ce territoire et l'Etat sera présent, et notamment pour que cette usine du Nord qui est un instrument de rééquilibrage tout à fait formidable, puisse voir le jour dans les meilleures conditions et le plus rapidement possible.
RDK : Votre 3ème visite dans ce pays a été très symbolique, il y a eu des symboles, vous avez été à Ouvéa le premier jour, un dépôt de gerbes sur la tombe des 19 militants indépendantistes, comment expliquez-vous cela ?
B. GIRARDIN : Je l'explique tout simplement par le souci que nous devons avoir du devoir de mémoire, mais en même temps, le souci de construire l'avenir, et le message très fort qu'on doit continuer à lancer à tous ceux qui ont envie de voir ce pays continuer à vivre en paix et dans la sérénité, le message selon lequel on ne règle jamais rien par la violence, et on ne doit plus revoir et vivre ce que la Nouvelle-Calédonie a connu il y a quelques années. Et cela, il faut s'en souvenir pour que cela ne se reproduise jamais.
RDK : Ce mercredi après-midi, vous étiez à l'île des Pins et une réunion avec les organismes qui s'occupent du tourisme dans ce pays. L'issue de cette réunion, que dites-vous par rapport au tourisme dans le pays ? Y a-t-il un décalage entre le Sud et le Nord et les îles Loyauté, comment voyez-vous les choses ?
B. GIRARDIN : Je crois que l'ensemble du territoire a d'énormes potentialités en matière de tourisme. Vous avez la chance d'avoir un territoire varié, avec des paysages grandioses, il y a le nickel bien sûr mais je pense que le tourisme est un secteur très prometteur, créateur d'emploi, et qui peut offrir à votre jeunesse des métiers d'avenir. Et l'Etat sera là pour accompagner ce secteur d'activité, à mes yeux, essentiel, il sera là avec l'outil de la défiscalisation, avec le passeport "mobilité" qui permet à vos jeunes de venir se former en métropole, parce que les métiers de tourisme sont des métiers de plus en plus pointus, il faut que le personnel, tous les jeunes qui peuvent travailler dans le secteur du tourisme soient formés, donc l'Etat sera là pour vous accompagner dans ces formations, dans cette mobilité vers la métropole qui me paraît être tout à fait positive pour développer ce secteur, et en même temps, évidemment, la nouvelle loi-programme que je viens de faire voter au parlement et qui fixe pour 15 ans un cadre, à mon avis, sécurisant pour les investisseurs ; grâce à ce nouveau système de défiscalisation qu'elle prévoit, je pense que nous pourrons accompagner la Nouvelle-Calédonie de façon positive, pour que le tourisme soit vraiment un facteur de développement.
RDK : Le pays est long et large, les îles Loyauté et le Nord sont très handicapés par les problèmes de transports aérien et maritime, les usagers ont beaucoup réclamé la continuité territoriale, est-ce que vous les rassurez sur ce problème ?
B. GIRARDIN : La continuité territoriale, j'appartiens au 1er Gouvernement qui commence à traiter ce problème. Jusqu'à maintenant, rien n'avait été fait et nous allons verser à chaque collectivité d'outre-mer, bien sûr la Nouvelle-Calédonie, une dotation "continuité territoriale" pour qu'elle puisse arriver à faire baisser le coût du transport. Donc il faut qu'on monte un partenariat financier avec les autorités locales de Nouvelle-Calédonie, avec les provinces, avec le territoire, pour qu'ensemble, nous essayions de nous attaquer à la fois à la continuité territoriale entre Nouméa et la métropole mais aussi entre Nouméa et les îles Loyauté, car il y a aussi un problème de "continuité territoriale intérieure". C'est le problème de tous les archipels.
RDK : Quand vous étiez venue il y a quelques mois, il y avait eu une manifestation du côté de Goro-Nickel des travailleurs ; lors de votre visite à Koné, d'autres manifestations. Il y a des problèmes sociaux ici. Que dîtes-vous aux syndicalistes, aux travailleurs ?
B. GIRARDIN : Effectivement, quand j'ai rencontré à Koné les représentants de l'USTKE, ils m'ont fait part de leurs difficultés sur des problèmes qui sont de compétences locales, je tiens à le rappeler, mais bien sûr, l'Etat est à l'écoute et peut servir d'intermédiaire, être un peu porte-parole de ceux qui ont des problèmes, on est plein de sollicitude et d'attention sur tous ces sujets. Ces syndicalistes que j'ai rencontrés, étaient surtout préoccupés par le rééquilibrage, et je leur ai dit à quel point j'avais ce souci du rééquilibrage. Le fait que je sois à Koné et pas à Nouméa, pour tenir le Comité des signataires, en soi, cela montre bien que j'ai ce souci permanent.
RDK : Que dîtes-vous à présent sur l'environnement ?
B. GIRARDIN : Sur l'environnement, vous avez un environnement exceptionnel qu'il faut protéger, et cet environnement qui est de la compétence des provinces, j'ai fortement incité les trois provinces, non seulement à se doter d'une réglementation en matière de protection de l'environnement, quand on parle de protection de l'environnement, ce ne sont pas seulement les récifs coralliens, c'est aussi l'élimination des déchets, l'assainissement, les stations d'épuration, il y a de multiples problèmes, il faut prendre des mesures pour protéger cet environnement exceptionnel, et il faut que non seulement chaque province le fasse, mais il me semble qu'il faut qu'il y ait une coordination entre les trois provinces, pour que l'ensemble du territoire calédonien puisse avoir des mesures harmonisées, et c'est important vis à vis de l'image que la Nouvelle-Calédonie donnera d'elle-même, et aussi si elle veut garder ce caractère attractif, en pensant au développement du tourisme bien sûr, et en même temps, il faut que les projets industriels soient élaborés avec cette préoccupation environnementale, nous y veillons. Je peux vous dire par exemple, que l'Etat n'aidera en défiscalisation les projets miniers qu'après s'être assuré que toutes les conditions de protection de l'environnement sont bien respectées.
RDK : Un mot sur le sénat coutumier qui a demandé certaines choses lorsque vous les avez rencontrés. Que leur répondez-vous ?
B. GIRARDIN : J'ai effectivement rencontré le sénat coutumier, je les rencontre régulièrement, je les avais rencontrés à Paris et c'est vrai que c'est la première fois que je suis allée au siège du sénat coutumier. Ils ont manifesté le souci tout à fait légitime de se sentir mieux associé à la prise de décision, lorsque les grands projets de développement sont initiés sur le territoire. Il faut qu'on trouve un "modus vivendi" avec les autorités coutumières pour qu'elles ne se sentent pas à part dans le schéma institutionnel calédonien et qu'elles se sentent plus impliquées dans la construction de ce pays ; là aussi, cela fait partie de cette mise en uvre de l'accord qui de temps en temps, a quelques petites difficultés à bien fonctionner.
RDK : L'Etat l'aidera ?
B. GIRARDIN : On va voir dans quelle mesure effectivement, toutes les demandes qui m'ont été faites, pourront être satisfaites.
RDK : Mme GIRARDIN, nous arrivons au terme de cet entretien. A quand le retour prochain sur le Caillou ?
B. GIRARDIN : Je peux vous répondre de façon précise, parce que je reviendrais pour la visite du Président de la République à la fin du mois de juillet ; donc je viens à un rythme soutenu en Nouvelle-Calédonie.
RDK : Un dernier mot pour les calédoniens.
B. GIRARDIN : D'abord, je voudrais les remercier pour l'accueil vraiment très chaleureux qu'ils me réservent à chaque fois que je viens ici, j'ai eu vraiment des moments d'intenses émotions à Ouvéa, à l'île des Pins ce matin, en Province Nord, partout où je passe, en Province Sud aussi, et vraiment, je voudrais les remercier du fond du cur, je suis évidemment à leur service et c'est le bien-être qui est ma priorité, ma préoccupation première.
RDK : Merci.
Propos recueillis par Romain HMEUN
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 24 juin 2003)