Déclaration de M. Jean-Jack Queyranne, secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, sur le niveau alarmant des grossesses précoces et des interruptions volontaires de grossesses dans les départements d'outre mer et sur la campagne d'information pour la contraception dans les DOM et à Mayotte, Paris le 11 janvier 2000.

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Circonstance : Lancement de la campagne sur la contraception dans les DOM et à Mayotte le 11 janvier 2000 à Paris

Texte intégral

Mesdames les Ministres,
Mesdames, Messieurs,
La situation décrite par Martine AUBRY concernant la contraception et le déficit d'information existant en ce domaine dans notre pays se retrouve dans les départements d'outre-mer.
Je dirais même que les problèmes existant au regard de la contraception dans les départements de la Guadeloupe, de Guyane, de Martinique et de La Réunion sont plus aigus qu'en métropole.
Dans les DOM, la mauvaise connaissance des structures d'information et de consultation en matière de contraception a principalement pour conséquences un nombre excessivement élevé de grossesses précoces chez des jeunes filles mineures et un nombre alarmant d'IVG.
La conjugaison des deux phénomènes aboutit à ce triste constat: dans les DOM, environ la moitié des grossesses déclarées chez des mineures entre 12 et 17 ans se conclut par un avortement.
Les grossesses précoces sont particulièrement fréquentes en Guyane où 10 % des accouchements concernent des mineures.
En matière d'interruption volontaire de grossesse, le pourcentage d'IVG relativement aux accouchements atteint un niveau plus que préoccupant en Guadeloupe (72, 8 %) et ce pourcentage se situe à un niveau élevé (entre 30 et 35 %) dans les trois autres DOM.
Cette réalité touche, on le voit, beaucoup d'adolescentes, mais aussi des femmes adultes, dont beaucoup se trouvent déjà, socialement, dans une situation fragilisée.
Ces données justifient amplement que la campagne nationale d'information sur la contraception décidée par le gouvernement concerne aussi les DOM.
Aussi, c'est tout naturellement que s'est imposée au Secrétariat d'Etat à l'outre-mer la nécessité de participer à cette campagne nationale pilotée par le ministère de l'emploi et de la solidarité et d'y contribuer de manière notable et spécifique.
Notable, parce que la situation exige un effort financier significatif: au total, c'est une somme de 2, 2 MF que le Secrétariat d'Etat à l'outre-mer consacrera à cette campagne à destination des publics concernés dans les Dom et à Mayotte.
Spécifique, parce que les actions d'information qui seront menées devront autant que possible être adaptées aux contextes socio-culturels particuliers des sociétés d'outre-mer.
Plusieurs types d'actions sont prévus dans lesquelles se retrouveront côte à côte le milieu associatif, les services déconcentrés de l'Etat (DDASS, Délégations aux droits des femmes) et collectivités locales.
L'une de ces actions va consister à assurer dans chaque DOM le fonctionnement d'un service local d'accueil téléphonique durant la campagne pour renseigner et orienter les personnes en quête d'informations. Ce service téléphonique sera géré par une association support volontaire.
Par ailleurs, tout au long de l'année 2000, les associations concernées en ce domaine mettront en oeuvre diverses actions de communication en liaison avec les collectivités territoriales et les services des DDASS et des Délégations aux droits des femmes. Ces actions pourront prendre la forme d'affiches, de concours de slogans sur le thème de la contraception dans les lycées et collèges, de mini-clips pour la télévision ou de forums de discussions autour de la contraception.
Enfin, une aide a été accordée pour la réalisation par le magazine JAIMES (Journal associatif d'information multiforme pour l'éducation sexuelle) d'un numéro spécial destiné au public jeune sur les questions liées à la contraception.
L'ensemble de ces actions propres aux quatre DOM et à Mayotte viendra, bien sûr, en complément des actions décidées dans le cadre de la campagne nationale sous l'égide du ministère de l'emploi et de la solidarité. Il s'agira de l'envoi en grand nombre, comme en métropole, d'un guide de poche ou "carte Z" qui renseigne notamment sur les différentes méthodes de contraception.
D'autre part, dans les quatre DOM, des spots portant sur les thèmes de la campagne seront diffusés sur plusieurs radios en français et dans les différents créoles parlés localement.
Un spot destiné à la télévision, cofinancé par le Secrétariat d'Etat à l'Outre-Mer et le Service d'Information du Gouvernement, sera diffusé sur RFO.
Le succès de cette campagne repose pour partie sur l'implication sur place des responsables associatifs. Ils doivent savoir qu'ils peuvent compter sur l'écoute attentive et la coopération des différents services de l'Etat concernés outre-mer.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 14 janvier 2000)