Déclaration de M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie, sur les missions de service public de La Poste, sa stratégie de développement dans un environnement de plus en plus concurrentiel et sur le développement de ses services internet, Villeurbanne, le 10 février 2000.

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Circonstance : Inauguration du bureau de poste de Villeurbanne-Tonkin, le 10 février 2000

Texte intégral

Monsieur le Sénateur-Maire, Mesdames et Messieurs les élus,

Vous me permettrez de saluer Bernard RIVALTA, Vice-Président de la Communauté Urbaine, qui vient de me faire savoir qu'il ne pourrait être présent, Monsieur le Directeur Général, Mesdames, Messieurs, Si je veux définir par un mot le sentiment que j'éprouve à être avec vous aujourd'hui à VILLEURBANNE, je dirai, sans hésitation, la fierté.
Fier, avec vous Monsieur le Directeur Général, avec vous toutes et tous, avec toutes les postières et postiers, de ce nouveau bureau.
Vous en avez parlé avec précision M. VIAL, je n'y reviendrai pas. Je souhaite en souligner les enseignements majeurs :
En premier lieu, ce projet est la preuve éclatante, parmi d'autres, que La Poste a la volonté et la capacité d'être présente partout sur le territoire.
Une poste proche, humaine, accueillante pour tous ses publics, dans les zones rurales comme dans les quartiers urbains et suburbains.
L'aménagement-réduction du temps de travail est une opportunité exceptionnelle de renforcer cette présence : grâce à l'accord d'entreprise signé le 17 février 1999, La Poste a la capacité de recruter 20 000 personnes, notamment des jeunes.
C'est un effort considérable en faveur de l'emploi.
C'est évidemment un moyen de faire en sorte qu'il y ait encore plus de postiers en contact avec le public, en adaptant les organisations pour un meilleur service au public.
Cette adaptation doit naturellement être conduite dans la concertation, une concertation, préalable, évidemment. - Concertation avec les personnels : La Poste s'attache, depuis 3 ans, à un dialogue social permanent et de qualité. Je l'y encourage, car il n'y a pas de projet collectif sans dialogue social. - Concertation avec les élus : c'est une règle de méthode inscrite dans le Contrat d'Objectifs et de Progrès signé avec l'Etat.
Je sais, Monsieur le Directeur Général, que vous êtes particulièrement vigilant sur ce point. La Poste a décidé d'affecter 3 milliards à la rénovation de 1 000 bureaux et à la création de 600 établissements postaux en zone urbaine et suburbaine, comme à VILLEURBANNE, dans le quartier du TONKIN. 10 % de ces créations se feront en zone urbaine sensible, par cofinancement, grâce à une convention signée avec l'Etat (Claude BARTOLONE et moi-même) qui associe étroitement La Poste à la politique de la ville.
L'entreprise postale contribue ainsi au renforcement, pour ne pas dire au retour du service public dans les quartiers. Le lien social du service public doit être en effet préservé et consolidé. Il est la garantie, même si beaucoup d'efforts restent encore à faire, que la cohésion sociale, à la base de notre République, n'est pas rompue.
Les partenariats entre services publics (PIMMS : point information médiation multiservices EFF-GDF, France Télécom, La Poste, collectivités...) vont dans le même sens et j'encourage leur développement. Les 3 milliards investis par La Poste sont le signe de l'équilibre financier retrouvé. En difficulté il y a 3 ans, La Poste peut aujourd'hui investir et maîtriser son avenir.
Pour la seule année 2000, l'opérateur public investira 7 milliards. C'est plus que jamais : dans l'amélioration et la modernisation de son réseau (comme à VILLEURBANNE), dans la performance de ses organisations (tri automatique), dans son développement international. La performance retrouvée de l'entreprise est ainsi mise au service de tous. C'est la mission profonde d'un service public, qui a pris pleinement conscience qu'il doit ouvrir à l'international les services qu'il rend. La Poste et ses dirigeants y travaillent. Ils ont tout mon soutien. Le service public est véritablement lui-même lorsqu'il s'adapte et s'inscrit dans la modernité. Qui peut raisonnablement penser que La Poste peut rester immobile, dans son pré-carré national, alors que des réseaux de communication mondiaux se construisent sous nos yeux (Internet) ? La Poste a donc, naturellement, par sa mission même, une vocation européenne et internationale, en recherchant si nécessaire des appuis et des partenaires. La Poste doit également se développer en s'engageant, sans crainte ni réticences, dans les nouvelles technologies. D'abord, elles ne tuent pas, contrairement aux idées reçues, le courrier traditionnel : 20 millions de portables en France, c'est 240 millions de factures envoyées chaque année par les opérateurs de mobiles. La concurrence entre ces opérateurs, c'est un souffle nouveau pour la publicité adressée (+ 5 % par an). Plus encore, les nouvelles technologies constituent une opportunité majeure de développement du service public postal. Les " internautes ", gros consommateurs de courrier et d'express, constituent un véritable accélérateur pour les offres traditionnelles de La Poste, à condition qu'elles évoluent. Les entreprises se tournent vers La Poste pour qu'elle les décharge de toute la logistique des envois, à condition qu'elle leur offre la " traçabilité ", en modernisant ses processus. Autant de perspective de croissance, à condition de savoir les saisir, d'être mobile et réactif. Je sais que La Poste s'est dotée d'une " Direction du développement et des nouveaux services ". Elle s'est également dotée d'une " Direction du commerce électronique " et elle sera capable de se positionner à temps sur ces marchés. Je me réjouis également que La Poste soit partie prenante du projet de labellisation des sites marchands : " LABELSITE " aux côtés de la Fédération des Entreprises de Vente par Correspondance. Le service public postal dispose d'atouts considérables. Une image de sécurité, de fiabilité, qui doit permettre de capitaliser sur le " Net " le gage de confiance accordé au " cachet de La Poste ". Je salue, à cet égard, le lancement de " CERTINOMIS ", autorité de certification des échanges sur INTERNET. La Poste doit s'inscrire, et en être le vecteur, dans la " nouvelle économie " que j'évoquerai tout à l'heure lors du colloque organisé par mon ami Gérard COLLOMB. Cette nouvelle économie, porteuse de croissance et d'emplois, ne doit pas être réservée à une partie de la population. Pas d'INTERNET à deux vitesses mais un INTERNET à très grande vitesse, au service de tous. C'est un enjeu fondamental. Une " société de l'information pour tous ", tel est l'objectif que nous nous sommes fixés sous l'égide de Lionel JOSPIN, et tel est le titre du projet de loi que j'aurai la responsabilité de présenter dans les prochains mois au Parlement. Pour assurer la démocratisation de l'INTERNET, pour développer un INTERNET citoyen, les services publics ont un rôle majeur, en contribuant à la familiarisation de chacun avec la société de l'information. C'est un objectif qui est partagé par La Poste.
Nous en avons la preuve dans le bureau de poste du quartier du Tonkin à VILLEURBANNE, qui est doté d'une borne CYBERPOSTE. 1 000 bornes de cette sorte ont été installées sur l'ensemble du territoire, comme je l'avais souhaité en 1998. Je ne reviendrai pas sur le caractère exemplaire de cette opération dans toutes ses dimensions : aménagement du territoire, politique de la ville, enrichissements des relations avec les publics. Je soulignerai simplement, en conclusion, l'essentiel du message qu'elle donne : une vision dynamique du service public.
Au fond, nous apportons ici, à VILLEURBANNE, par les efforts de chacun, la démonstration que le service public est l'une des clés de l'avenir. Capable de se transformer, ouvert aux technologies les plus modernes, il est fidèle à ses valeurs profondes en préservant le lien indispensable entre progrès économique et progrès social.

(Source http://www.industrie.gouv.fr, le 21 février 2000).