Texte intégral
A. Hausser-. La mode est au report : il y a d'abord eu le report du projet de loi sur l'autonomie des universités, et maintenant le projet de loi sur la décentralisation. Il est impossible de réformer dans ce pays ?
- "Ce n'est pas un report. Je crois qu'il faut que ce soit très clair ce matin. Il y avait un calendrier qui, de toute façon, ne nous permettait pas d'adopter ce projet de loi sur la décentralisation avant les vacances. Et il était de toute façon prévu que ces projets chemineraient, pour être adoptés avant la fin de l'année, et pour laisser le temps à des ajustements et surtout à une bonne concertation pour expliquer le mode d'emploi."
Il devait être examiné au Sénat début juillet...
- "Pour moi, qui préside le groupe UMP à l'Assemblée, ce n'était pas possible de pouvoir examiner un texte aussi dense avant les vacances. Il y a simplement des précisions de calendrier qui ont donné lieu hier, à mon sens, à interprétations fallacieuses. Il y a eu une démarche ; cette démarche doit être ajustée, précisée, peut-être ici ou là donner lieu à une expérimentation, mais elle n'est pas remise en cause. Je crois qu'il faut être clair.
Pourquoi le Gouvernement ne le dit-il pas ? Hier, ce sont le représentants syndicaux qui l'ont expliqué ?
- "Le Gouvernement aura l'occasion de s'expliquer. Ce qui est important, c'est de rappeler que décentraliser, ce n'est pas pour se faire plaisir qu'on fait cela. C'est à la fois pour les personnels qui pourront d'ailleurs garder leur statut d'Etat ou prendre le statut de la fonction publique territoriale, et puis pour les usagers, les parents et les élèves scolarisés, la garantie d'un service plus efficace. Je suis président de conseil général ; nous avons en charge les collèges. Je puis vous dire qu'avec les chefs d'établissement et le personnel qui est chargé de l'entretien matériel et de réparation et des constructions nouvelles, cela se passe remarquablement bien. Nous avons des équipes de travail très efficaces. Il n'y a pas de raison que pour l'entretien, ce ne soit pas la même chose."
Dans ce cas-là, pourquoi est-ce que l'entretien ne serait pas aussi transféré aux conseils généraux ?
- "C'est précisément le sens de cette loi."
Non, il va aux régions...
- "Pour les collèges, ce sont les conseils généraux ; pour les lycées, ce sont les conseils régionaux. Tout cela me paraît en effet parfaitement clair, mais il faut expliquer et il faut rassurer."
On n'a pas assez expliqué ?
- "On n'a jamais assez expliqué, dans une société comme la nôtre."
Les personnels, maintenant, disent qu'ils veulent rester nationaux...
- "Qu'est-ce que cela veut dire "rester national" ? Si c'est pour garder un statut de la fonction d'Etat, c'est possible ; ils choisissent. Cela a déjà été le cas avec G. Defferre et sa loi. Ils peuvent choisir leur statut. Pour le reste, ils sont en charge d'une mission qui est définie par la loi et mise en oeuvre avec les autorités locales."
Si je vous entends bien, le ministère de l'Education nationale n'a pas assez bien expliqué à ces personnels techniques d'entretien ou cuisiniers, quel serait leur avenir, quel serait leur statut ?
- "Il faut que le ministère, les recteurs, effectivement reçoivent."
Ce qui n'a pas été fait...
- "Il faut aussi que les conseilleurs régionaux et les conseils généraux, eux aussi, puissent évoquer ces problèmes avec les personnels. Mais il faut aussi que le syndicalisme enseignant veuille bien ne pas brouiller les messages et puisse être en attente d'un dialogue vrai et pas à base de désinformation."
Est-ce qu'il ne fallait pas faire les choses de manière plus échelonnée ?
- "Rien n'est jamais trop tard. Pourquoi parler au passé ? Tout est possible aujourd'hui."
Tout est possible aujourd'hui avec les grèves, avec les examens qui ne se déroulent pas normalement dans pas mal de villes ? On ne sait pas si le bac va se dérouler normalement...
- "Est-ce que les Français peuvent considérer comme raisonnable et responsable de multiplier des actions d'obstruction - je pense particulièrement aux examens - alors même qu'il y a un dialogue engagé, que cette réforme est en gestation ? Est-ce que c'est raisonnable de faire en quelque sorte une espèce de préalable - on ne bouge pas, la France n'a plus besoin de la moindre réforme ? Ce n'est pas sérieux pour la génération à venir. [...] Pourquoi me sentez-vous aussi convaincu ? C'est parce que je pense à la jeune génération. Il ne faut pas qu'elle soit doublement victime : victime de l'ajournement d'une réforme des retraites [...] et victime du fait que les enseignants ne veulent plus faire passer d'examen. Ce n'est pas possible. Nous ne pouvons pas, vis-à-vis de cette jeunesse, avoir des comportements aussi égoïstes. Je parle en homme convaincu, avec beaucoup de sérénité. Je suis prêt à tout dialogue, je l'ai toujours pratiqué dans ma vie. Il y a un moment donné, quand on estime que c'est bon pour son pays, où on se met en marche."
Il faut appeler les forces de l'ordre en cas de blocage ?
- "Il y a, dans notre législation républicaine, des réquisitions possibles. Il y a d'autres formules. A un moment donné, il faut rendre ce pays témoin d'un certain nombre d'obstructions qui n'ont rien à voir avec le rôle d'un vrai syndicalisme qui est effectivement d'exiger, de la part des pouvoirs publics, un dialogue social soutenu."
Faut-il en appeler à l'opinion ? Un référendum par exemple ?
- "L'opinion finira bien par se manifester. Regardez le projet des retraites. Qu'est-ce que nous faisons avec B. Accoyer, X. Bertrand, les rapporteurs ? Nous sommes en train de préparer des amendements. Ces amendements vont mettre fin à des situations injustes. Je n'en prends qu'une seule : celle du conjoint survivant, c'est-à-dire les veufs et les veuves dans ce pays. Si vous êtes dans le secteur privé avec la perte d'un être cher, qui est votre femme ou votre mari, vous êtes très mal traité actuellement. Nous allons améliorer cette situation. Au nom de ces injustices qu'il faut corriger, je dis : nous devons en tenir bon, c'est la justice qui nous met en mouvement."
Vous ne craignez pas une grève générale, un mois de juin très chaud ?
- "Je crois que ce pays est à un tournant. Ou bien il fait preuve de maturité, de sa capacité, certes de négociation, de dialogue, mais aussi de sa capacité de décider..."
Dernière question, qui concerne le référendum en Corse. Certains demandent le report de cette consultation...
- "Là encore, pourquoi toujours différer ce qui est une occasion unique de demander aux Corses de s'exprimer sur un projet qui est au fond l'expression d'une volonté : celle de faire réussir la Corse, par des institutions adaptées à la Corse, dans la République ? C'est une très belle consultation à laquelle les Corses eux-mêmes vont pouvoir répondre vraiment de manière adulte et responsable. Pourquoi se priver de cette chance ?"
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 4 juin 2003)
- "Ce n'est pas un report. Je crois qu'il faut que ce soit très clair ce matin. Il y avait un calendrier qui, de toute façon, ne nous permettait pas d'adopter ce projet de loi sur la décentralisation avant les vacances. Et il était de toute façon prévu que ces projets chemineraient, pour être adoptés avant la fin de l'année, et pour laisser le temps à des ajustements et surtout à une bonne concertation pour expliquer le mode d'emploi."
Il devait être examiné au Sénat début juillet...
- "Pour moi, qui préside le groupe UMP à l'Assemblée, ce n'était pas possible de pouvoir examiner un texte aussi dense avant les vacances. Il y a simplement des précisions de calendrier qui ont donné lieu hier, à mon sens, à interprétations fallacieuses. Il y a eu une démarche ; cette démarche doit être ajustée, précisée, peut-être ici ou là donner lieu à une expérimentation, mais elle n'est pas remise en cause. Je crois qu'il faut être clair.
Pourquoi le Gouvernement ne le dit-il pas ? Hier, ce sont le représentants syndicaux qui l'ont expliqué ?
- "Le Gouvernement aura l'occasion de s'expliquer. Ce qui est important, c'est de rappeler que décentraliser, ce n'est pas pour se faire plaisir qu'on fait cela. C'est à la fois pour les personnels qui pourront d'ailleurs garder leur statut d'Etat ou prendre le statut de la fonction publique territoriale, et puis pour les usagers, les parents et les élèves scolarisés, la garantie d'un service plus efficace. Je suis président de conseil général ; nous avons en charge les collèges. Je puis vous dire qu'avec les chefs d'établissement et le personnel qui est chargé de l'entretien matériel et de réparation et des constructions nouvelles, cela se passe remarquablement bien. Nous avons des équipes de travail très efficaces. Il n'y a pas de raison que pour l'entretien, ce ne soit pas la même chose."
Dans ce cas-là, pourquoi est-ce que l'entretien ne serait pas aussi transféré aux conseils généraux ?
- "C'est précisément le sens de cette loi."
Non, il va aux régions...
- "Pour les collèges, ce sont les conseils généraux ; pour les lycées, ce sont les conseils régionaux. Tout cela me paraît en effet parfaitement clair, mais il faut expliquer et il faut rassurer."
On n'a pas assez expliqué ?
- "On n'a jamais assez expliqué, dans une société comme la nôtre."
Les personnels, maintenant, disent qu'ils veulent rester nationaux...
- "Qu'est-ce que cela veut dire "rester national" ? Si c'est pour garder un statut de la fonction d'Etat, c'est possible ; ils choisissent. Cela a déjà été le cas avec G. Defferre et sa loi. Ils peuvent choisir leur statut. Pour le reste, ils sont en charge d'une mission qui est définie par la loi et mise en oeuvre avec les autorités locales."
Si je vous entends bien, le ministère de l'Education nationale n'a pas assez bien expliqué à ces personnels techniques d'entretien ou cuisiniers, quel serait leur avenir, quel serait leur statut ?
- "Il faut que le ministère, les recteurs, effectivement reçoivent."
Ce qui n'a pas été fait...
- "Il faut aussi que les conseilleurs régionaux et les conseils généraux, eux aussi, puissent évoquer ces problèmes avec les personnels. Mais il faut aussi que le syndicalisme enseignant veuille bien ne pas brouiller les messages et puisse être en attente d'un dialogue vrai et pas à base de désinformation."
Est-ce qu'il ne fallait pas faire les choses de manière plus échelonnée ?
- "Rien n'est jamais trop tard. Pourquoi parler au passé ? Tout est possible aujourd'hui."
Tout est possible aujourd'hui avec les grèves, avec les examens qui ne se déroulent pas normalement dans pas mal de villes ? On ne sait pas si le bac va se dérouler normalement...
- "Est-ce que les Français peuvent considérer comme raisonnable et responsable de multiplier des actions d'obstruction - je pense particulièrement aux examens - alors même qu'il y a un dialogue engagé, que cette réforme est en gestation ? Est-ce que c'est raisonnable de faire en quelque sorte une espèce de préalable - on ne bouge pas, la France n'a plus besoin de la moindre réforme ? Ce n'est pas sérieux pour la génération à venir. [...] Pourquoi me sentez-vous aussi convaincu ? C'est parce que je pense à la jeune génération. Il ne faut pas qu'elle soit doublement victime : victime de l'ajournement d'une réforme des retraites [...] et victime du fait que les enseignants ne veulent plus faire passer d'examen. Ce n'est pas possible. Nous ne pouvons pas, vis-à-vis de cette jeunesse, avoir des comportements aussi égoïstes. Je parle en homme convaincu, avec beaucoup de sérénité. Je suis prêt à tout dialogue, je l'ai toujours pratiqué dans ma vie. Il y a un moment donné, quand on estime que c'est bon pour son pays, où on se met en marche."
Il faut appeler les forces de l'ordre en cas de blocage ?
- "Il y a, dans notre législation républicaine, des réquisitions possibles. Il y a d'autres formules. A un moment donné, il faut rendre ce pays témoin d'un certain nombre d'obstructions qui n'ont rien à voir avec le rôle d'un vrai syndicalisme qui est effectivement d'exiger, de la part des pouvoirs publics, un dialogue social soutenu."
Faut-il en appeler à l'opinion ? Un référendum par exemple ?
- "L'opinion finira bien par se manifester. Regardez le projet des retraites. Qu'est-ce que nous faisons avec B. Accoyer, X. Bertrand, les rapporteurs ? Nous sommes en train de préparer des amendements. Ces amendements vont mettre fin à des situations injustes. Je n'en prends qu'une seule : celle du conjoint survivant, c'est-à-dire les veufs et les veuves dans ce pays. Si vous êtes dans le secteur privé avec la perte d'un être cher, qui est votre femme ou votre mari, vous êtes très mal traité actuellement. Nous allons améliorer cette situation. Au nom de ces injustices qu'il faut corriger, je dis : nous devons en tenir bon, c'est la justice qui nous met en mouvement."
Vous ne craignez pas une grève générale, un mois de juin très chaud ?
- "Je crois que ce pays est à un tournant. Ou bien il fait preuve de maturité, de sa capacité, certes de négociation, de dialogue, mais aussi de sa capacité de décider..."
Dernière question, qui concerne le référendum en Corse. Certains demandent le report de cette consultation...
- "Là encore, pourquoi toujours différer ce qui est une occasion unique de demander aux Corses de s'exprimer sur un projet qui est au fond l'expression d'une volonté : celle de faire réussir la Corse, par des institutions adaptées à la Corse, dans la République ? C'est une très belle consultation à laquelle les Corses eux-mêmes vont pouvoir répondre vraiment de manière adulte et responsable. Pourquoi se priver de cette chance ?"
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 4 juin 2003)