Déclaration de M. Michel Barnier, ministre des affaires étrangères, sur le bilan de son action comme commissaire européen en charge de la politique régionale de l'Union européenne et de son combat pour l'adoption de la future Constitution européenne, au Parlement européen à Strasbourg, le 20 avril 2004.

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Circonstance : Déplacement de Michel Barnier au Parlement européen, à Strasbourg le 20 avril 2004 : discours prononcé à l'occasion de son départ de la Commission européenne suite à sa nomination au poste de ministre des affaires étrangères le 31 mars 2004

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Députés,
Voltaire aimait à dire que sa devise était : "de courtes lettres, pour de longues amitiés". La brièveté de mon intervention sera elle aussi sans rapport avec la longévité que je souhaite à nos relations. Les premiers mots en seront, naturellement, pour remercier le président de votre assemblée et la présidence du Conseil de me donner ainsi la parole quelques instants, exceptionnellement.
J'ai en effet voulu, au moment où une autre fonction m'est confiée, vous saluer et prendre congé, comme c'est l'usage entre partenaires, et entre amis. Car je ne peux oublier que les combats qui furent les miens, pendant plus de quatre ans au service de la Commission, furent des combats partagés par votre assemblée, et avec elle.
Le combat de la Constitution d'abord, qui, espérons-le, approche de l'étape décisive de son adoption, sur la base d'un projet dans lequel nous nous reconnaissons tous. Parce que ce projet est le nôtre ! Lorsqu'il a fallu le concevoir, nous nous sommes retrouvés, côte à côte au Praesidium, avec Klaus Hänsch et Inigo Mendez de Vigo. Lorsqu'il a fallu le discuter, et le finaliser, nous avons encore été côte à côte - avec Elmar Brok, Andrew Duff, Olivier Duhamel, Alain Lamassoure, Anne Van Lancker, Johannes Voggenhuber, et les autres conventionnels du Parlement. Et je ne doute pas que quand viendra le moment de le défendre et de l'expliquer aux peuples d'Europe, nous saurons, comme une équipe, retrouver nos marques et le faire ensemble.
Tout au long de ce chemin, passionnant, parfois difficile, un homme nous a guidé : le président Giorgio Napolitano. Il a cru, malgré tout, avant tous, à la possibilité de la Convention et de la Constitution, et je voudrais rendre hommage à son action et à sa vision avec cette belle phrase de l'écrivain André Maurois : "le monde progresse grâce aux choses impossibles qui ont été réalisées".
Mon autre combat, vous le savez, a été et restera celui de la cohésion, et de son avenir après 2007. L'heure de la décision approche. En adoptant, dans les heures à venir, sa position tant sur les perspectives financières que sur la politique de cohésion, votre assemblée franchira une étape importante vers cette décision.
Cela me donne l'opportunité de remercier plus particulièrement certains d'entre vous : les trois présidents de la commission de la politique régionale avec qui j'ai eu l'honneur de travailler, Konstantinos Hatzidakis, Luciano Caveri, aujourd'hui Paolo Costa ; les rapporteurs successifs qui m'ont aidé à dessiner l'avenir de la politique de cohésion, Francesco Musotto, Elisabeth Schroedter, Emmanouil Mastorakis ; et enfin, ceux qui par leur vigilance et leurs conseils, ont permis à cette politique de s'appuyer sur une gestion saine et partenariale : Diemut Theato, Terry Wynn, Gianni Pittella, Helmut Kuhne.
Mesdames et Messieurs les Députés,
C'est la première fois depuis bien longtemps que je m'adresse à vous depuis les rangs du Conseil, avec la permission de la présidence irlandaise, du fait des responsabilités qui sont désormais les miennes. Responsabilités différentes, bien sûr ; mais soyez certains que ni mes idées, ni ma méthode, ni surtout ma disponibilité et mon amitié à votre égard ne sont modifiées ou altérées. Une certaine idée de l'Europe nous a permis de nous rencontrer, et je suis convaincu qu'elle nous permettra, dans un proche avenir, de nous retrouver ; les sujets ne manqueront pas.
En vous souhaitant bon courage et bonne chance pour le grand moment d'explication et de démocratie qui vous attend dans quelques semaines, je vous remercie de votre attention.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 avril 2004)