Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Au mois de juillet dernier, les communistes se sont prononcés à une très large majorité, par leur vote et après un large débat que notre parti a été le seul à organiser auprès de ses adhérents, pour une abstention active et critique au référendum du 24 septembre prochain.
Nous avions annoncé alors que nous mènerions une campagne référendaire forte et dynamique.
Nous voilà donc aujourd'hui en campagne. J'ai même le sentiment que nous sommes les seuls à y être véritablement engagés.
Un collectif de travail chargé de l'animer pour le Parti communiste a été mis en place ces dernières semaines. Denis Duvot en est le responsable, en compagnie notamment de Jean-François Gau et Marie-Pierre Vieu, qui sont à mes côtés aujourd'hui.
Nous allons, dans un instant, vous présenter le plan de travail que nous avons élaboré, ainsi que les différents supports de communication - affiche, tract, appel - qui nous permettront d'aller à la rencontre des citoyennes et des citoyens de notre pays pendant les trois semaines à venir.
Mais, me direz-vous peut-être: pourquoi faites-vous campagne puisque vous proposez l'abstention?
Eh bien d'abord parce que les communistes, quels que puissent être par ailleurs leurs loisirs, ne sont pas des " pêcheurs à la ligne ", comme il est convenu de dire. J'y insiste: nous n'entendons nullement demeurer passifs dans cette affaire. Nous voulons, au contraire, contribuer à donner toute sa dimension politique à la campagne électorale.
L'abstention critique et active à laquelle nous invitons les Françaises et les Français a pour objectif de donner du poids à l'exigence d'une République moderne pour le 21ème Siècle.
Nous pensons que cette modernisation des institutions doit concerner, tout autant, la qualité de notre démocratie représentative que ce qui relève du besoin d'une plus grande démocratie participative.
Ainsi, à propos de la démocratie représentative, des questions lourdes continuent de se poser, dont je ne citerai que quelques exemples pour fixer les idées.
Je pense à l'exigence, qui ne cesse de grandir, de la réduction des divers mandats électifs. Nous avons, en ce sens, formulé des propositions visant, conformément aux engagements de la gauche, à réduire le durée de tous les mandats. Sans entrer dans le détail de ces propositions, de véritables anachronismes subsistent aux yeux de tous. Par exemple en ce qui concerne la durée tout comme le mode d'élection des sénateurs.
Je pense, également, à la proportionnelle. Et chacun doit comprendre - je l'ai d'ailleurs formulé ainsi au Premier ministre - que la proportionnelle est une condition "sine qua non" du pluralisme politique dans une démocratie moderne et, je dirai ce matin, dans une "République vivante". La proportionnelle pour deux raisons. Tout d'abord, les assemblées élues doivent accueillir une plus juste représentation des différents courants de pensée qui s'expriment dans la vie politique nationale. Ensuite, parce que la proportionnelle constitue le moyen le plus efficace de favoriser un renouvellement substantiel de la vie politique, en permettant notamment à un plus grand nombre de femmes et de jeunes d'apporter, en politique, le souffle revivifiant dont ils sont souvent porteurs.
Le chantier que nous ambitionnons d'ouvrir, je le vois également du côté de l'exigence d'une démocratie participative active; du besoin de travailler, rapidement, à l'élaboration de droits nouveaux, qui n'existent pas à l'heure actuelle. Des droits et des pouvoirs inédits d'intervention et de décision, pour les citoyens dans la société, et pour les salariés dans les entreprises.
Je ne développe pas davantage mon propos sur ces aspects. J'ajoute simplement, car c'est très important, que si la déclaration commune PC-PS du 27 avril 1997 les évoque c'est parce que nous avons beaucoup insisté pour qu'il en soit ainsi. Et à vrai dire, c'est sur ce point que les discussions entre nos deux partis ont été les plus difficiles; elles ont même failli ne pas aboutir.
Plus de trois ans après l'arrivée de la gauche plurielle au gouvernement - et à l'exception de la loi sur l'utilisation des fonds publics consacrés à l'emploi que j'ai faite adopter, et qui doit être rapidement mise en application - peu de choses ont été véritablement entreprises dans ce domaine. J'entends bien Lionel Jospin: il promet qu'après le quinquennat viendra l'heure d'autres modifications de nos institutions. Mais pourquoi tergiverser? Pourquoi refuser l'organisation, dès à présent, d'un grand débat démocratique sur la nature et l'ampleur des réformes à engager?
J'ai la conviction que c'est précisément parce qu'ils ont le sentiment qu'il faut ouvrir, tout de suite et en grand, ce chantier que les Français ressentent le référendum du 24 septembre comme un véritable simulacre.
Avec l'abstention que nous proposons, ils disposent d'un moyen de faire entendre qu'ils ne sont pas dupes. Ils peuvent donner force et efficacité à leur volonté de modernisation des institutions et de la vie politique, et envoyer un sérieux camouflet aux promoteurs du "quinquennat sec". Cette abstention sera, j'en suis persuadé, le meilleur moyen de montrer qu'ils ne s'en laissent pas compter et qu'ils ne se satisfont absolument pas de la réforme au rabais qu'on leur propose.
Car enfin, de quoi s'agit-il avec le référendum du 24 septembre?: De changer un mot dans la Constitution de la République; de remplacer les quatre lettres du mot "sept" par les quatre lettres du mot "cinq". Il y a en effet de quoi donner le vertige.
Pour notre part, et nous l'avons affirmé à plusieurs reprises, nous sommes entièrement favorables à l'idée de réduire la durée du mandat présidentiel. Et en la matière cinq ans valent mieux que sept.
Cela étant dit, deux remarques s'imposent.
Premièrement, il ne suffit pas d'élire plus souvent le Président de la République et de réduire son mandat pour combler le fossé qui éloigne les citoyens de la politique. Il suffit, pour s'en convaincre, de rappeler qu'aux Etats-Unis le Président est élu tous les quatre ans, mais que c'est une minorité du corps électoral qui prend part au scrutin.
Ensuite, et aucun des partisans du "quinquennat sec" ne s'en cache, je veux attirer l'attention sur leur volonté d'une plus grande présidentialisation de la vie politique, en conditionnant les élections législatives aux élections présidentielles. C'est le résultat que produirait le "quinquennat sec" avec l'organisation quasi concomitante des deux scrutins. Cela conduirait obligatoirement, presque mécaniquement, à un nouvel et grave abaissement du rôle du Parlement. Ce renforcement de la présidentialisation de la vie politique, du pouvoir exercé seul par un homme seul, n'est ni démocratique, ni moderne. Il est ringard et autoritaire.
Je veux le réaffirmer devant vous: la quasi-totalité des dirigeants et des responsables politiques de notre pays - à droite et à gauche - n'ont pas le courage d'ouvrir le chantier que je viens d'évoquer.
Telles sont les raisons qui nous conduisent à proposer une abstention offensive, en cela qu'elle peut permettre de bousculer sensiblement le consensus ambigu sur lequel se retrouvent les instigateurs du "quinquennat sec".
Notre campagne et notre proposition d'abstention se donnent pour objectif de faire en sorte que le 24 septembre, à 20 heures, personne ne puisse plus ignorer que les attentes des Françaises et des Français en matière de modernisation de la vie politique sont autrement plus élevées que la manuvre politicienne engagée avec le "quinquennat sec".
Oui, nous avons la conviction qu'une abstention massive contribuera à créer des conditions politiques nouvelles afin que s'engage effectivement, concrètement, le vaste travail d'élaboration citoyenne d'une République moderne.
Jusqu'au 24 septembre les communistes sont en campagne: par des réunions publiques - plusieurs dizaines sont déjà prévues et il y en aura dans chaque département; par des tracts - il y en aura deux diffusés à cinq millions d'exemplaires chaque fois; par voie d'affiches, je vous présenterai la première dans un instant; par le contact direct avec les citoyens en leur proposant de signer un appel en faveur d'une abstention exigeante.
Et le 25 septembre au matin la donne peut-être très sensiblement modifiée dans notre pays.
Ceux qui font la promesse, lointaine et hypothétique, d'engager les grandes réformes démocratiques susceptibles de moderniser vraiment la vie politique, de donner consistance à une citoyenneté nouvelle, responsable et épanouissante, risquent bien de se trouver dans l'obligation de passer aux actes.
Cette perspective ne fait pas peur aux communistes. Ils feront tout, au contraire, pour contribuer à l'ouvrir sans tarder.
(Source http://www.pcf.fr, le 17 janvier 2001)
Au mois de juillet dernier, les communistes se sont prononcés à une très large majorité, par leur vote et après un large débat que notre parti a été le seul à organiser auprès de ses adhérents, pour une abstention active et critique au référendum du 24 septembre prochain.
Nous avions annoncé alors que nous mènerions une campagne référendaire forte et dynamique.
Nous voilà donc aujourd'hui en campagne. J'ai même le sentiment que nous sommes les seuls à y être véritablement engagés.
Un collectif de travail chargé de l'animer pour le Parti communiste a été mis en place ces dernières semaines. Denis Duvot en est le responsable, en compagnie notamment de Jean-François Gau et Marie-Pierre Vieu, qui sont à mes côtés aujourd'hui.
Nous allons, dans un instant, vous présenter le plan de travail que nous avons élaboré, ainsi que les différents supports de communication - affiche, tract, appel - qui nous permettront d'aller à la rencontre des citoyennes et des citoyens de notre pays pendant les trois semaines à venir.
Mais, me direz-vous peut-être: pourquoi faites-vous campagne puisque vous proposez l'abstention?
Eh bien d'abord parce que les communistes, quels que puissent être par ailleurs leurs loisirs, ne sont pas des " pêcheurs à la ligne ", comme il est convenu de dire. J'y insiste: nous n'entendons nullement demeurer passifs dans cette affaire. Nous voulons, au contraire, contribuer à donner toute sa dimension politique à la campagne électorale.
L'abstention critique et active à laquelle nous invitons les Françaises et les Français a pour objectif de donner du poids à l'exigence d'une République moderne pour le 21ème Siècle.
Nous pensons que cette modernisation des institutions doit concerner, tout autant, la qualité de notre démocratie représentative que ce qui relève du besoin d'une plus grande démocratie participative.
Ainsi, à propos de la démocratie représentative, des questions lourdes continuent de se poser, dont je ne citerai que quelques exemples pour fixer les idées.
Je pense à l'exigence, qui ne cesse de grandir, de la réduction des divers mandats électifs. Nous avons, en ce sens, formulé des propositions visant, conformément aux engagements de la gauche, à réduire le durée de tous les mandats. Sans entrer dans le détail de ces propositions, de véritables anachronismes subsistent aux yeux de tous. Par exemple en ce qui concerne la durée tout comme le mode d'élection des sénateurs.
Je pense, également, à la proportionnelle. Et chacun doit comprendre - je l'ai d'ailleurs formulé ainsi au Premier ministre - que la proportionnelle est une condition "sine qua non" du pluralisme politique dans une démocratie moderne et, je dirai ce matin, dans une "République vivante". La proportionnelle pour deux raisons. Tout d'abord, les assemblées élues doivent accueillir une plus juste représentation des différents courants de pensée qui s'expriment dans la vie politique nationale. Ensuite, parce que la proportionnelle constitue le moyen le plus efficace de favoriser un renouvellement substantiel de la vie politique, en permettant notamment à un plus grand nombre de femmes et de jeunes d'apporter, en politique, le souffle revivifiant dont ils sont souvent porteurs.
Le chantier que nous ambitionnons d'ouvrir, je le vois également du côté de l'exigence d'une démocratie participative active; du besoin de travailler, rapidement, à l'élaboration de droits nouveaux, qui n'existent pas à l'heure actuelle. Des droits et des pouvoirs inédits d'intervention et de décision, pour les citoyens dans la société, et pour les salariés dans les entreprises.
Je ne développe pas davantage mon propos sur ces aspects. J'ajoute simplement, car c'est très important, que si la déclaration commune PC-PS du 27 avril 1997 les évoque c'est parce que nous avons beaucoup insisté pour qu'il en soit ainsi. Et à vrai dire, c'est sur ce point que les discussions entre nos deux partis ont été les plus difficiles; elles ont même failli ne pas aboutir.
Plus de trois ans après l'arrivée de la gauche plurielle au gouvernement - et à l'exception de la loi sur l'utilisation des fonds publics consacrés à l'emploi que j'ai faite adopter, et qui doit être rapidement mise en application - peu de choses ont été véritablement entreprises dans ce domaine. J'entends bien Lionel Jospin: il promet qu'après le quinquennat viendra l'heure d'autres modifications de nos institutions. Mais pourquoi tergiverser? Pourquoi refuser l'organisation, dès à présent, d'un grand débat démocratique sur la nature et l'ampleur des réformes à engager?
J'ai la conviction que c'est précisément parce qu'ils ont le sentiment qu'il faut ouvrir, tout de suite et en grand, ce chantier que les Français ressentent le référendum du 24 septembre comme un véritable simulacre.
Avec l'abstention que nous proposons, ils disposent d'un moyen de faire entendre qu'ils ne sont pas dupes. Ils peuvent donner force et efficacité à leur volonté de modernisation des institutions et de la vie politique, et envoyer un sérieux camouflet aux promoteurs du "quinquennat sec". Cette abstention sera, j'en suis persuadé, le meilleur moyen de montrer qu'ils ne s'en laissent pas compter et qu'ils ne se satisfont absolument pas de la réforme au rabais qu'on leur propose.
Car enfin, de quoi s'agit-il avec le référendum du 24 septembre?: De changer un mot dans la Constitution de la République; de remplacer les quatre lettres du mot "sept" par les quatre lettres du mot "cinq". Il y a en effet de quoi donner le vertige.
Pour notre part, et nous l'avons affirmé à plusieurs reprises, nous sommes entièrement favorables à l'idée de réduire la durée du mandat présidentiel. Et en la matière cinq ans valent mieux que sept.
Cela étant dit, deux remarques s'imposent.
Premièrement, il ne suffit pas d'élire plus souvent le Président de la République et de réduire son mandat pour combler le fossé qui éloigne les citoyens de la politique. Il suffit, pour s'en convaincre, de rappeler qu'aux Etats-Unis le Président est élu tous les quatre ans, mais que c'est une minorité du corps électoral qui prend part au scrutin.
Ensuite, et aucun des partisans du "quinquennat sec" ne s'en cache, je veux attirer l'attention sur leur volonté d'une plus grande présidentialisation de la vie politique, en conditionnant les élections législatives aux élections présidentielles. C'est le résultat que produirait le "quinquennat sec" avec l'organisation quasi concomitante des deux scrutins. Cela conduirait obligatoirement, presque mécaniquement, à un nouvel et grave abaissement du rôle du Parlement. Ce renforcement de la présidentialisation de la vie politique, du pouvoir exercé seul par un homme seul, n'est ni démocratique, ni moderne. Il est ringard et autoritaire.
Je veux le réaffirmer devant vous: la quasi-totalité des dirigeants et des responsables politiques de notre pays - à droite et à gauche - n'ont pas le courage d'ouvrir le chantier que je viens d'évoquer.
Telles sont les raisons qui nous conduisent à proposer une abstention offensive, en cela qu'elle peut permettre de bousculer sensiblement le consensus ambigu sur lequel se retrouvent les instigateurs du "quinquennat sec".
Notre campagne et notre proposition d'abstention se donnent pour objectif de faire en sorte que le 24 septembre, à 20 heures, personne ne puisse plus ignorer que les attentes des Françaises et des Français en matière de modernisation de la vie politique sont autrement plus élevées que la manuvre politicienne engagée avec le "quinquennat sec".
Oui, nous avons la conviction qu'une abstention massive contribuera à créer des conditions politiques nouvelles afin que s'engage effectivement, concrètement, le vaste travail d'élaboration citoyenne d'une République moderne.
Jusqu'au 24 septembre les communistes sont en campagne: par des réunions publiques - plusieurs dizaines sont déjà prévues et il y en aura dans chaque département; par des tracts - il y en aura deux diffusés à cinq millions d'exemplaires chaque fois; par voie d'affiches, je vous présenterai la première dans un instant; par le contact direct avec les citoyens en leur proposant de signer un appel en faveur d'une abstention exigeante.
Et le 25 septembre au matin la donne peut-être très sensiblement modifiée dans notre pays.
Ceux qui font la promesse, lointaine et hypothétique, d'engager les grandes réformes démocratiques susceptibles de moderniser vraiment la vie politique, de donner consistance à une citoyenneté nouvelle, responsable et épanouissante, risquent bien de se trouver dans l'obligation de passer aux actes.
Cette perspective ne fait pas peur aux communistes. Ils feront tout, au contraire, pour contribuer à l'ouvrir sans tarder.
(Source http://www.pcf.fr, le 17 janvier 2001)