Déclaration de M. Xavier Darcos, ministre délégué à la coopération, au développement et à la francophonie, sur les propositions de la France pour atteindre les objectifs fixés par la Déclaration du Millénaire au Sommet de Johannesbourg pour l'eau et l'assainissement, New York le 28 avril 2004.

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Circonstance : Réunion de la Commission du Développement durable, à New York les 28 et 29 avril 2004

Texte intégral

Nous le savons : les objectifs fixés par la Déclaration du Millénaire au Sommet de Johannesbourg pour l'eau et l'assainissement sont ambitieux. Ils nécessitent en effet un doublement des investissements actuels, soit 180 milliards d'USD au lieu de 75 milliards. Ils peuvent encore être atteints. Mais il faudra la mobilisation de tous, des ressources financières suffisantes et une volonté politique forte.
Ces efforts concernent d'ailleurs l'ensemble des objectifs du Millénaire. Nous constatons aujourd'hui un décalage entre l'ambition des objectifs et les moyens. Nous venons précisément d'évoquer cette question dans le cadre du Comité du Développement à Washington. Nous devons absolument faire vivre le partenariat de Monterrey et mettre en oeuvre les engagements que nous avons pris pour promouvoir le développement endogène des pays en développement et des pays les moins avancés, renforcer leur capacité d'absorption et mobiliser les ressources nécessaires
Ceci exige que nous progressions en matière d'Aide publique au développement. La France, pour sa part, est déterminée à remplir son engagement de porter sa part d'Aide publique au développement à 0,5 % du PIB d'ici 2007. Notre objectif est d'atteindre 0,7 % en 2012.
Nous réfléchissons également à de nouvelles sources de financement du développement. La France soutient à cet égard l'initiative britannique de Mécanisme financier international (IFF), qui a été examinée à l'occasion d'une Conférence à Paris le 8 avril dernier. Elle réfléchit aussi à la contribution que pourrait apporter un système de taxation internationale.
S'agissant de l'eau et de l'assainissement, je soulignerai cinq points :
Nous devons tout faire pour que les plans nationaux de gestion intégrée des ressources en eau soient prêts en 2005, comme nous nous y sommes engagés à Johannesbourg. Il s'agit maintenant d'entrer dans une phase concrète. Pour ceux qui en ont besoin, une aide au renforcement des capacités doit être prévue. Les mécanismes de gestion des bassins transfrontaliers sont également importants. La France joue un rôle pilote dans ce domaine, par exemple dans le cadre de l'initiative du Bassin du Niger. J'y reviendrai demain. Les plans nationaux sont également un élément important de la facilité européenne sur l'eau.
Des instruments financiers adaptés doivent être développés, y compris au niveau local. Il s'agit d'aider au développement de l'épargne et des moyens financiers locaux. Nous en avons parlé à Kyoto. Les membres du G8 ont adopté un plan d'action à Evian. La Banque mondiale y travaille pour sa part. Nous devons activement les mettre en oeuvre.
Il nous faut également promouvoir des principes de bonne gouvernance pour l'accès à l'eau et à l'assainissement. L'objectif est d'assurer une gestion efficace et transparente du service public et des partenariats associant les États, les autorités locales compétentes, les usagers et les entreprises privées. La France propose de réfléchir à la mise en place d'un cadre de référence incitatif pour un accès aux services essentiels pour tous. Nous organisons un événement parallèle jeudi soir à ce sujet.
L'investissement privé doit être nettement renforcé, par la mise en place d'un environnement favorable et des mécanismes incitatifs.
Pour tout ceci, les pays développés doivent allouer une part suffisante de leur Aide publique au développement à l'eau et à l'assainissement. La France est déjà un bailleur significatif dans ce domaine. Elle s'est engagée, lors du Forum mondial de l'eau à Kyoto, à doubler son volume d'Aide publique au développement sur l'eau. Nos priorités suivent les lignes d'action que je viens d'évoquer.
Atteindre les objectifs du Millénaire suppose selon nous d'avancer concrètement dans tous ces domaines. Il est également important de suivre les progrès réalisés et d'identifier les obstacles au fur et à mesure. C'est pourquoi nous nous réjouissons de la mise en place par le Secrétaire général d'un Conseil consultatif sur l'eau et l'assainissement, qui jouera un rôle important à cet égard.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 avril 2004)