Texte intégral
Cette année, le MILIA se tient dans une conjoncture tout à fait exceptionnelle. Je ne sais pas si c'est à cause de l'année du dragon, ou du passage au nouveau millénaire, mais le mois de janvier que nous venons de connaître a été marqué par une explosion de volontés, de stratégies, d'alliances : la fusion AOL-TimeWarner, l'accord Lagardère-Canal Plus, l'accord Vivendi-Vodafone, la fusion Vodafone-Mannesmann. En parcourant le salon, j'avais le sentiment que les entreprises qui n'avaient pas connu d'opérations en 99 étaient celles qui se préparaient à en connaître cette année.
Les opérations que je viens d'évoquer ont confirmé le rôle central de l'internet comme média, et la place décisive des industries de communication, des industries culturelles et de loisirs au cur de la nouvelle économie.
Vous comprendrez donc que je me sente mobilisée par ces opérations, aussi bien comme ministre de la communication, des médias, que comme ministre de la culture, des contenus et des programmes culturels.
L'Europe ne peut manquer d'être concernée par ce mouvement général. La force du nouveau groupe américain, qui combine la maîtrise de la dynamique internet, la puissance audiovisuelle, et une énorme capitalisation aura des effets sur l'information, la diffusion des programmes audiovisuels, de la musique, et, en général, sur le développement de la nouvelle économie en Europe.
Pour autant, les jeux ne sont pas faits. Nous devons et nous pouvons réagir collectivement, sans frilosité. C'est d'ailleurs ce qu'illustrent les récents accords français et européens. L'Europe doit reconnaître le rôle central du média internet dans la nouvelle économie. Elle doit entrer vigoureusement dans cette compétition mondiale sur les médias et les contenus.
Le rôle des entreprises de la nouvelle économie est irremplaçable. L'Etat doit aussi jouer le sien. Je rappelle que les pouvoirs publics américains ont financé l'internet à travers le développement des infrastructures, de la recherche, et les commandes publiques. Ils continuent à le faire en soutenant l'internet de seconde génération. Il m'apparaît donc nécessaire que les Etats européens, et l'Union européenne interviennent pour soutenir les entreprises du multimédia et les contenus.
Je souhaite que la Présidence française de l'Union soit mise à profit pour permettre une mobilisation européenne sur cette question.
Aujourd'hui, la diversité culturelle, l'affirmation culturelle sont liées stratégiquement à la maîtrise du média internet.
Le nouveau dispositif du C.N.C
Sur le plan national, j'ai demandé à Jean-Pierre HOSS, directeur général du Centre National du Cinéma, de m'adresser des propositions pour favoriser la production de contenus, en particulier de contenus culturels, sur l'internet et les supports multimédia. Après avoir consulté de nombreux responsables de ce secteur, Jean-Pierre HOSS m'a remis ses propositions en janvier.
Un premier volet de mesures pourra être mis en uvre dès cette année.
L'amélioration très sensible de l'environnement économique des entreprises de l'internet, du fait de l'évolution favorable du marché et des conditions de financement, ne suffit pas à assurer un niveau satisfaisant d'émergence et de développement des projets de contenus en ligne, particulièrement de contenus culturels.
La nécessité de favoriser la création et l'expérimentation autour de ce type de services, notamment dans le domaine de l'audiovisuel, renforce cette exigence d'adaptation de l'intervention de l'Etat.
Fondamentalement, nous poursuivons ici l'objectif central de diversité culturelle, à travers la qualité des productions et la pluralité de l'expression.
Dans l'immédiat, le soutien financier de l'Etat à ce secteur se justifie par le retard qu'il connaît par rapport à l'évolution générale de l'économie de l'internet. Cette situation peut évoluer. Notre intervention elle-même doit donc être souple et évolutive.
Cette année, la principale mesure sera la réorientation du fonds d'aide à l'édition multimédia en faveur des contenus en ligne.
Depuis dix ans, ce fonds, géré conjointement par le Centre National du Cinéma et le Secrétariat d'Etat à l'Industrie, a aidé 370 projets, dont 200 depuis 1997.
En 1999, 20MF ont été affectés à cette action.
En 2000, l'Etat y consacrera 50MF.
Des modalités plus favorables aux services en ligne vont être adoptées. Je citerai en particulier deux dispositions :
le financement pourra consister, pour partie, en subvention, en fonction du niveau de risque et d'innovation. Le taux de subvention pourra s'élever jusqu'à 50%, le reste consistant en avances sur recettes.
une aide à la création de maquettes pourra être versée aux entreprises nouvellement créées, pour leur permettre de disposer d'un élément tangible à présenter lorsqu'elles recherchent des partenaires ou des investisseurs.
D'autre part, afin de faciliter l'accès au crédit des producteurs multimédia, je proposerai qu'un fonds de garantie spécifique soit créé à l'Institut de Financement du Cinéma et des Industries Culturelles-IFCIC.
Enfin, le C.N.C mettra en place un ensemble de services à l'intention des organismes spécialisés dans l'amorçage et l'aide à la création d'entreprises multimédia : veille juridique et économique, information sur les aides publiques nationales et européennes, expertises.
Ce nouveau dispositif va compléter les mesures d'aide mises en oeuvre par le Ministère de la Culture et de la Communication depuis 1998 :
le fonds multimédia pour la presse de l'IFCIC, et le fonds de modernisation de la presse quotidienne. Ces deux fonds sont des opérations pilotées par le Service Juridique et Technique de l'Information et de la Communication, qui a su moderniser ses instruments d'intervention pour les adapter à l'internet.
le Programme pour la Recherche et l'Innovation dans l'Audiovisuel et le Multimédia -PRIAMM , conduit avec le Secrétariat d'Etat à l'Industrie. Créé en 1999, il a permis d'aider 32 projets pour un montant total de 43MF.
les aides à la création proposées par les différentes directions du ministère, qui, en 2000, seront regroupées sous la forme d'un guichet unique.
enfin, le dispositif des Espaces Culture multimédia - c'est une action à laquelle j'accorde une importance toute particulière parce qu'elle favorise la démocratisation culturelle de l'internet. En 2000, nous passerons de 130 à 200 Espaces culture multimédia.
Le secteur public de la culture et les contenus en ligne
Avant de conclure, je voudrais évoquer rapidement la contribution du secteur public de la Culture au développement des contenus en ligne.
L'année dernière, j'évoquais, ici, le succès des réalisations multimédia du Louvre. Un visiteur sur huit a préparé sa visite du musée sur l'internet.
Cette année, l'innovation sera incontestablement la montée en puissance de Gallica, la Bibliothèque Nationale de France en ligne, qui passera de 35 000 à 50 000 titres numérisés et proposés gratuitement sur l'internet.
Dans la seule journée du 10 Février, 228 000 pages, soit à peu près 1000 ouvrages, ont été téléchargées par les lecteurs en ligne de la B.N.F.
Dans quelques mois, la consultation du catalogue en ligne sera plus importante à l'extérieur de la bibliothèque que dans son enceinte. Dans quelques années, c'est la communication des ouvrages en ligne qui sera devenue aussi importante, au moins sur le plan quantitatif, que la lecture sur place.
Il faudrait aussi mentionner les projets des services du patrimoine et des archives. Nous consacrerons cette année 12MF aux opérations de numérisation, en région, indépendamment des grands établissements. Je vous invite à consulter ces réalisations, en particulier les expositions virtuelles, sur le stand du Ministère et du C.N.C.
Nous sommes fiers- c'est vrai- de ces réalisations qui placent les établissements et les services du Ministère de la Culture et de la Communication aux tout premiers rangs de la production de contenus culturels publics en ligne. C'est là aussi une contribution importante à la diversité culturelle, et à la démocratisation de la société de l'information.
Jean-Michel BILLAUT, pour l'Association pour la Fête de l'Internet, vous parlera ensuite de la préparation de cette troisième édition de la Fête de l'Internet. Le Gouvernement dans son ensemble, et le Ministère de la Culture et de la Communication, vont une nouvelle fois participer activement à ces journées. La manifestation la plus importante se déroulera, comme l'année dernière, à la Cité des Sciences et de l'Industrie de la Villette, autour du rôle de l'internet dans la vie quotidienne. La Cité des Sciences et de l'Industrie sera au cur d'un dispositif en réseau qui permettra de rendre compte des initiatives les plus importantes en région, puisque cette fête doit être celle de tous les internautes.
(source http://www.culture.gouv.fr, le 22 février 2000)
Les opérations que je viens d'évoquer ont confirmé le rôle central de l'internet comme média, et la place décisive des industries de communication, des industries culturelles et de loisirs au cur de la nouvelle économie.
Vous comprendrez donc que je me sente mobilisée par ces opérations, aussi bien comme ministre de la communication, des médias, que comme ministre de la culture, des contenus et des programmes culturels.
L'Europe ne peut manquer d'être concernée par ce mouvement général. La force du nouveau groupe américain, qui combine la maîtrise de la dynamique internet, la puissance audiovisuelle, et une énorme capitalisation aura des effets sur l'information, la diffusion des programmes audiovisuels, de la musique, et, en général, sur le développement de la nouvelle économie en Europe.
Pour autant, les jeux ne sont pas faits. Nous devons et nous pouvons réagir collectivement, sans frilosité. C'est d'ailleurs ce qu'illustrent les récents accords français et européens. L'Europe doit reconnaître le rôle central du média internet dans la nouvelle économie. Elle doit entrer vigoureusement dans cette compétition mondiale sur les médias et les contenus.
Le rôle des entreprises de la nouvelle économie est irremplaçable. L'Etat doit aussi jouer le sien. Je rappelle que les pouvoirs publics américains ont financé l'internet à travers le développement des infrastructures, de la recherche, et les commandes publiques. Ils continuent à le faire en soutenant l'internet de seconde génération. Il m'apparaît donc nécessaire que les Etats européens, et l'Union européenne interviennent pour soutenir les entreprises du multimédia et les contenus.
Je souhaite que la Présidence française de l'Union soit mise à profit pour permettre une mobilisation européenne sur cette question.
Aujourd'hui, la diversité culturelle, l'affirmation culturelle sont liées stratégiquement à la maîtrise du média internet.
Le nouveau dispositif du C.N.C
Sur le plan national, j'ai demandé à Jean-Pierre HOSS, directeur général du Centre National du Cinéma, de m'adresser des propositions pour favoriser la production de contenus, en particulier de contenus culturels, sur l'internet et les supports multimédia. Après avoir consulté de nombreux responsables de ce secteur, Jean-Pierre HOSS m'a remis ses propositions en janvier.
Un premier volet de mesures pourra être mis en uvre dès cette année.
L'amélioration très sensible de l'environnement économique des entreprises de l'internet, du fait de l'évolution favorable du marché et des conditions de financement, ne suffit pas à assurer un niveau satisfaisant d'émergence et de développement des projets de contenus en ligne, particulièrement de contenus culturels.
La nécessité de favoriser la création et l'expérimentation autour de ce type de services, notamment dans le domaine de l'audiovisuel, renforce cette exigence d'adaptation de l'intervention de l'Etat.
Fondamentalement, nous poursuivons ici l'objectif central de diversité culturelle, à travers la qualité des productions et la pluralité de l'expression.
Dans l'immédiat, le soutien financier de l'Etat à ce secteur se justifie par le retard qu'il connaît par rapport à l'évolution générale de l'économie de l'internet. Cette situation peut évoluer. Notre intervention elle-même doit donc être souple et évolutive.
Cette année, la principale mesure sera la réorientation du fonds d'aide à l'édition multimédia en faveur des contenus en ligne.
Depuis dix ans, ce fonds, géré conjointement par le Centre National du Cinéma et le Secrétariat d'Etat à l'Industrie, a aidé 370 projets, dont 200 depuis 1997.
En 1999, 20MF ont été affectés à cette action.
En 2000, l'Etat y consacrera 50MF.
Des modalités plus favorables aux services en ligne vont être adoptées. Je citerai en particulier deux dispositions :
le financement pourra consister, pour partie, en subvention, en fonction du niveau de risque et d'innovation. Le taux de subvention pourra s'élever jusqu'à 50%, le reste consistant en avances sur recettes.
une aide à la création de maquettes pourra être versée aux entreprises nouvellement créées, pour leur permettre de disposer d'un élément tangible à présenter lorsqu'elles recherchent des partenaires ou des investisseurs.
D'autre part, afin de faciliter l'accès au crédit des producteurs multimédia, je proposerai qu'un fonds de garantie spécifique soit créé à l'Institut de Financement du Cinéma et des Industries Culturelles-IFCIC.
Enfin, le C.N.C mettra en place un ensemble de services à l'intention des organismes spécialisés dans l'amorçage et l'aide à la création d'entreprises multimédia : veille juridique et économique, information sur les aides publiques nationales et européennes, expertises.
Ce nouveau dispositif va compléter les mesures d'aide mises en oeuvre par le Ministère de la Culture et de la Communication depuis 1998 :
le fonds multimédia pour la presse de l'IFCIC, et le fonds de modernisation de la presse quotidienne. Ces deux fonds sont des opérations pilotées par le Service Juridique et Technique de l'Information et de la Communication, qui a su moderniser ses instruments d'intervention pour les adapter à l'internet.
le Programme pour la Recherche et l'Innovation dans l'Audiovisuel et le Multimédia -PRIAMM , conduit avec le Secrétariat d'Etat à l'Industrie. Créé en 1999, il a permis d'aider 32 projets pour un montant total de 43MF.
les aides à la création proposées par les différentes directions du ministère, qui, en 2000, seront regroupées sous la forme d'un guichet unique.
enfin, le dispositif des Espaces Culture multimédia - c'est une action à laquelle j'accorde une importance toute particulière parce qu'elle favorise la démocratisation culturelle de l'internet. En 2000, nous passerons de 130 à 200 Espaces culture multimédia.
Le secteur public de la culture et les contenus en ligne
Avant de conclure, je voudrais évoquer rapidement la contribution du secteur public de la Culture au développement des contenus en ligne.
L'année dernière, j'évoquais, ici, le succès des réalisations multimédia du Louvre. Un visiteur sur huit a préparé sa visite du musée sur l'internet.
Cette année, l'innovation sera incontestablement la montée en puissance de Gallica, la Bibliothèque Nationale de France en ligne, qui passera de 35 000 à 50 000 titres numérisés et proposés gratuitement sur l'internet.
Dans la seule journée du 10 Février, 228 000 pages, soit à peu près 1000 ouvrages, ont été téléchargées par les lecteurs en ligne de la B.N.F.
Dans quelques mois, la consultation du catalogue en ligne sera plus importante à l'extérieur de la bibliothèque que dans son enceinte. Dans quelques années, c'est la communication des ouvrages en ligne qui sera devenue aussi importante, au moins sur le plan quantitatif, que la lecture sur place.
Il faudrait aussi mentionner les projets des services du patrimoine et des archives. Nous consacrerons cette année 12MF aux opérations de numérisation, en région, indépendamment des grands établissements. Je vous invite à consulter ces réalisations, en particulier les expositions virtuelles, sur le stand du Ministère et du C.N.C.
Nous sommes fiers- c'est vrai- de ces réalisations qui placent les établissements et les services du Ministère de la Culture et de la Communication aux tout premiers rangs de la production de contenus culturels publics en ligne. C'est là aussi une contribution importante à la diversité culturelle, et à la démocratisation de la société de l'information.
Jean-Michel BILLAUT, pour l'Association pour la Fête de l'Internet, vous parlera ensuite de la préparation de cette troisième édition de la Fête de l'Internet. Le Gouvernement dans son ensemble, et le Ministère de la Culture et de la Communication, vont une nouvelle fois participer activement à ces journées. La manifestation la plus importante se déroulera, comme l'année dernière, à la Cité des Sciences et de l'Industrie de la Villette, autour du rôle de l'internet dans la vie quotidienne. La Cité des Sciences et de l'Industrie sera au cur d'un dispositif en réseau qui permettra de rendre compte des initiatives les plus importantes en région, puisque cette fête doit être celle de tous les internautes.
(source http://www.culture.gouv.fr, le 22 février 2000)