Interview de M. Christian Jacob, ministre délégué aux petites et moyennes entreprises, au commerce, à l'artisanat, aux professions libérales et à la consommation, dans "La Tribune" du 19 juillet 2004, sur le financement des PME.

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Média : La Tribune

Texte intégral

Q - Que vous inspirent les pistes évoquées par le rapport de Jean-Pierre Denis pour améliorer l'offre publique aux PME ?
Christian Jacob : Ce sont des pistes tout à fait intéressantes. J'avais souhaité que ce rapport puisse nous être remis le plus tôt possible pour pouvoir intégrer un certain nombre de propositions dans le cadre des groupes de travail de préparation de la loi PME que je prépare pour cet automne. J'ai prévu que les groupes remettent leurs propositions mi-octobre de façon à pouvoir présenter le projet de loi au mois de novembre.
Q - Quelles sont les recommandations qui vous paraissent les plus importantes ?
R - Certaines recommandations mises en exergue me semblent essentielles. D'abord, l'amélioration du financement des PME. Les entreprises ont toujours des difficultés pour trouver le financement adéquat, en raison de problèmes de garantie, de cautionnement, d'interlocuteur. Les banques ont fait beaucoup d'efforts dans ce domaine, mais on peut aller encore plus loin, et je vais y travailler avec elles. Il faut aussi favoriser le développement des PME et réduire le taux de défaillances des entreprises, notamment dans les deux ou trois premières années, quand une entreprise est confrontée au premier pépin, au premier impayé, au premier effondrement de cours. Souvent, l'entreprise n'a pas eu le temps de créer un fonds de roulement suffisamment important et il n'existe pas d'outils financiers appropriés pour permettre la constitution de ce fonds de roulement.
Q - Une fois l'entreprise créée, se pose la question de sa pérennité ?
R - Quand on observe les PME en difficulté, on constate qu'on peut diminuer par deux les échecs s'il y a un réseau d'accompagnement venant aider l'entreprise. Jean-Pierre Denis évoque l'idée d'une notation des PME. En effet, les banques ont parfois des difficultés, quand elles sont sur des secteurs qu'elles connaissent mal, à évaluer la prise de risque sur une PME. La future agence pourrait donc leur apporter une aide précieuse avec la mise en place d'un outil d'évaluation des risques d'entreprise.
Q - Que pensez-vous de la bourse des transmissions préconisée par le rapport ?
R - C'est une très bonne idée. Il s'agirait d'une bourse Internet, recensant toutes les entreprises à reprendre avec des données précises sur leurs activités et une analyse de leurs marchés. On va avoir 500 000 entreprises à reprendre dans les dix ans qui viennent.
Q - Qu'attendez-vous des banques ?
R - Des progrès sont encore à faire pour les très petites entreprises (TPE), notamment sur l'accueil. Je dis souvent en boutade, mais ce n'est pas qu'une boutade: si on a besoin de 5 000 euros, on ne trouve pas d'interlocuteur, si on en demande 500 000, on est pris très au sérieux, on vous donne immédiatement un rendez-vous. Or, les entreprises qui se créent en moyenne le font plus souvent avec 10 000 euros qu'avec 500 000. Il y a des efforts à faire dans ce domaine, mais aussi dans celui de l'accompagnement, et dans la recherche d'outils adaptés. Si la future agence peut fournir des outils d'accompagnement, ce sera sécurisant pour les banques.
Q - Le rapport note une érosion des dotations publiques de l'Anvar et de la BDPME. Pensez-vous que la création de cette nouvelle entité s'accompagnera d'un budget suffisant ?
R - On n'en est pas encore à parler de budget. Mais, clairement, l'objectif est de donner à la nouvelle agence des PME les moyens nécessaires pour accompagner et pérenniser les entreprises. C'est une priorité.
(Source http://www.pme.gouv.fr, le 11 octobre 2004)