Déclaration de M. Renaud Muselier, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, sur les actions en faveur de l'exportation, l'importance stratégique de Marseille, de l'espace Euroméditerranée et les relations entre l'Union européenne et les pays du sud de la Méditerranée, Marseille le 20 octobre 2004.

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Circonstance : Inauguration d'Ubifrance, à Marseille le 20 octobre 2004 par Renaud Muselier en présence de François Loos, ministre délégué au commerce extérieur

Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi en premier lieu d'excuser le maire de Marseille. Il était reçu tout à l'heure, en sa qualité de premier vice-président du Sénat par le président de la République et n'a donc pu nous rejoindre.
Il y a un an presque jour pour jour, Monsieur le Ministre délégué au Commerce extérieur, vous étiez à Marseille pour nous apporter une bonne nouvelle. Au nom du gouvernement, vous veniez officialiser la délocalisation d'une partie de la future agence française pour le développement international des entreprises, Ubifrance.
A cette occasion, nous nous étions engagés à mettre nos équipes à la disposition de l'agence et de ses collaborateurs et nous l'avons fait. Euroméditerranée est intervenu sur l'ingéniérie immobilière. La communauté urbaine a mis en place un dispositif personnalisé pour accompagner l'installation des salariés et de leur famille. 71 familles ont ainsi bénéficiés, soit d'un appui à la recherche d'un logement soit d'une aide à la scolarisation de leurs enfants.
Je leur souhaite à tous la bienvenue. Je suis sûr que vous vous sentirez bientôt des Marseillais à part entière, comme les 5.000 nouveaux habitants qui s'installent désormais chaque année dans notre ville.
Au sein d'Ubifrance, vous allez être appelés à jouer un rôle important pour le développement de l'espace économique de l'Europe et de la Méditerranée, consacrant ainsi Marseille comme pôle économique majeur.
Depuis 2600 ans, notre ville se développe grâce à ses rapports avec le monde extérieur. Marseille bénéficie d'une chance rare. Elle est au croisement de l'axe rhodanien et du corridor Barcelone Turin, Milan. Elle est au confluent de la Méditerranée et du Rhône. Elle est enfin à l'épicentre des réseaux de télécommunication à très haut débit.
Pour qui veut commercer avec l'étranger, pour qui veut tutoyer le monde et communiquer avec les peuples, Marseille, Monsieur le Ministre, est une place stratégique.
Depuis 2600 ans, Marseille et la France n'ont jamais entretenu des rapports indifférents. C'est une constante de notre histoire. Chaque fois que l'Etat a choisi Marseille comme outil de son rayonnement économique, le résultat fut à la fois fructueux par l'économie nationale et le développement de la ville. Colbert s'est servi de Marseille pour rayonner en Méditerranée et a créé l'Arsenal des Galères. La IIIème République a fait de notre cité la porte de l'Orient et a développé les docks de la Joliette. De la même façon, depuis 1995, l'Etat a choisi notre ville comme tête de pont vers le Sud et développe Euroméditerranée.
Ce fil conducteur de l'histoire sert de guide à notre ambition municipale. Notre objectif est bien de redevenir la ville capitale en Méditerranée. Et pour cela, tirons les enseignements de l'histoire. La bonne stratégie, c'est de jouer gagnant-gagnant avec le gouvernement. Une opposition stérile, frontale et gratuite ne pourrait qu'enrayer cette dynamique d'expansion. C'est vrai pour la ville. C'est vrai pour la région.
Pour ma part, je suis fier d'appartenir à un gouvernement qui joue à fond la carte Marseille.
Sur Euroméditerranée, le Comité interministériel d'aménagement et de développement du territoire (CIADT) nous a apporté la réalisation du Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, la création d'un Institut international du Management, le projet de Cité de la Méditerranée, le soutien au pôle audiovisuel de la Belle de Mai. Pour l'économie régionale et le désenclavement, le CIADT a inscrit le lancement du grand projet "Fos XXL", le second tube du tunnel de Toulon, la liaison autoroutière A51 et la préparation d'un véritable arc TGV de la Catalogne à l'Italie.
Et contrairement à ce qui est dit, souvent avec mauvaise foi, l'Etat tient sa parole et exécute le contrat de plan. Dernier exemple, dernier enjeu, ITER. Grâce à l'action du gouvernement, Cadarache est devenu le seul candidat en concurrence avec le site japonais. Pour l'emporter, la France est prête à doubler sa part de financement du projet, passant de 20% du coût total contre 10% dans le projet initial.
C'est dans ce contexte de partenariat que s'inscrit la relocalisation de votre agence à Marseille. Vous ne pouviez trouver meilleure situation qu'au sein du périmètre Euroméditerranée. Ici, l'avenir se prépare avec le montage de la plate-forme euroméditerranéenne de services aux entreprises.
Euromed Center, dont Ubifrance est un pionnier, doit accueillir des institutions, des firmes et des services dédiés au développement des entreprises de la région tournées vers l'international. La ville abrite déjà, à Euroméditerranée, l'agence Anima, le Réseau méditerranéen des agences de promotion des investissements, préfiguration d'une agence européenne de promotion de l'investissement international en Méditerranée (APIM). Sur la Corniche, à la Villa Valmer, la Banque mondiale installe une antenne du World Bank Institute dédiée à la zone Afrique du Nord - Moyen-Orient.
Marseille active ses réseaux pour devenir le siège d'autres projets comme l'organisation en janvier 2005 au Palais du Pharo d'un sommet de l'investissement en Méditerranée. Cet événement, sous l'égide d'Anima, visera à rapprocher offre sud-méditerranéenne et capacité d'investissement européenne.
Euro-méditerranée enregistre ainsi un très fort développement des entreprises du commerce international. CMA-CGM par exemple s'est placée en quelques années dans les premiers rangs des armateurs mondiaux depuis son siège de la Joliette. Année après année, Euro-méditerranée concrétise des implantations de premier ordre tant en France qu'à l'international. Pendant qu'ailleurs on délocalise, ici, nous accueillons chaque semaine de nouveaux sièges sociaux à Euro-mediterranée ou dans la Zone Franche Urbaine. On mesure déjà les effets positifs de cette politique. 5.000 emplois ont été créés depuis 1995 sur le périmètre d'Euro-méditerranée. 650 nouveaux établissements se sont installés dont 75% de création pure.
Le taux de demandeurs d'emploi du centre-ville a reculé de 22% entre septembre 2000 et mars 2004.
Grâce à la qualité architecturale des nouveaux bâtiments, grâce au tramway, aux espaces verts, aux équipements culturels comme le Mucem ou le Silo, aux hôtels, au centre de convention, la ville devrait séduire de plus en plus de visiteurs du monde de l'entreprise et de nouveaux habitants.
Quant à notre fameux principe "un euro public investi doit générer 3 euros privés" il fonctionne aujourd'hui à plein régime. Près d'un milliard d'euros d'investissements privés ont été placés dans les premiers projets d'Euro-méditerranée : les immeubles de bureaux des Docks, de Cap Joliette, Grand-Large, les logements haussmaniens de la rue de la République, les commerces des terrasses du port. Au total, ce seront près de 3 milliards d'euros qui auront été investis dans l'opération par les investisseurs privés. La dynamique est enclenchée et l'installation de l'agence Ubifrance confirme ce mouvement.
Toutes ces actions s'inscrivent dans le cadre plus général de l'action diplomatique de la France en faveur du partenariat euro-méditerranéen. Lancé en 1995 à Barcelone, le partenariat euro-méditerranéen a pour objectif de créer un espace de stabilité, de prospérité et d'échanges dans le bassin méditerranéen. Ce partenariat a été approfondi lors des rencontres du dialogue "5+5" - 5 pays de la rive Nord, 5 de la rive Sud - organisées avec Dominique de Villepin à Sainte-Maxime puis à Esclimont en 2003. Il l'a encore été lors du rendez-vous méditerranéen de Marseille qui a eu lieu les 17 et 18 mai 2004 où j'ai pu accueillir M. Serge Lepeltier, ministre de l'Ecologie et du Développement durable, et Mme Tokia Saïfi, alors secrétaire d'Etat au Développement durable.
Cette stratégie française à l'international, à la fois diplomatique, culturelle et économique trouve sa place ici, à Marseille. Marseille joue aujourd'hui un rôle moteur dans la construction et le développement de l'arc méditerranéen. Monsieur le Ministre, Marseille avance.
Bien sur, il faut aller plus loin. Avec Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille, nous sommes à mi-mandat, mais nous ne sommes pas encore à mi-chemin. Aujourd'hui, nous prouvons que tous ensemble, nous sommes plus fort.
Dans le cadre de l'élargissement actuel et futur de l'Union européenne, nous devons relever le défi méditerranéen. La France a besoin d'une ville capitale, d'une Marseille forte. Monsieur le Ministre, Marseille est à vos côtés pour aider nos entreprises à rayonner à l'international. Elle est à la fois tête de pont et plate-forme d'échange. Ce projet de capitale euro-méditerranéenne, c'est le nôtre, c'est celui de tous les Marseillais. Ce projet, c'est aujourd'hui le vôtre. Continuons à le construire ensemble.
Merci Monsieur le Ministre et bienvenue à Ubifrance et son personnel.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 novembre 2004)