Texte intégral
Concilier la diversité de l'outre-mer, qui participe à sa richesse, et son unité, qui seule permet d'acquérir un certain poids, voilà un enjeu auquel nous sommes confrontés.
La diversité de l'outre-mer est un élément constitutif de son identité. Le Gouvernement met en place des règles, des procédures, des structures adaptées à chaque contexte. Engagée pour la Nouvelle Calédonie et la Polynésie française, cette démarche se poursuit à Mayotte et dans les DOM.
Mais la reconnaissance de cette diversité prendra d'autant plus de sens que des facteurs d'unité seront en parallèle valorisés. Un de ces facteurs nous rassemble aujourd'hui : il s'agit des conditions et des opportunités de la recherche outre-mer. Votre démarche est un exemple particulièrement intéressant à mes yeux. Je pense en effet, et je l'ai dit à maintes reprises, qu'une bonne recherche, si l'échelon local peut participer à la définition de ses objectifs, est une des conditions du développement économique de l'outre-mer.
A cette occasion je veux rappeler mon souhait d'organiser courant 2001 une exposition qui mette en valeur la richesse de la recherche française outre-mer et le potentiel que celle-ci apporte à la nation. Je ne doute pas de votre appui pour l'organisation de cette manifestation.
Le risque de la dépendance existe en effet pour l'outre-mer. Dépendance par rapport aux transferts financiers selon certains, mais surtout par rapport à des décisions prises de façon trop centralisée.
Le projet de loi d'orientation sur l'outre-mer en cours de discussion, en réduisant fortement le coût du travail pour les entreprises, en accentuant la lutte contre le chômage des jeunes, permettra de compenser en partie les handicaps propres à l'outre-mer.
Ce projet de loi vise aussi à transférer des compétences au niveau local. Les services parisiens, les miens en premier lieu, doivent tenir leurs légitimités de leurs compétences et non pas de leur situation géographique. Sur nombre de points les services locaux doivent être leaders. Il s'agit en somme de mettre en place une logique de réseau, s'appuyant sur une juste répartition des compétences. Un des exemples les plus forts en est fourni par la coopération régionale, pour laquelle les collectivités sont évidemment des interlocuteurs plus naturels que Paris dans les relations avec les pays voisins.
Messieurs les présidents, la convention de concertation que vous vous apprêtez à signer me paraît venir à point nommé en écho à cette politique du gouvernement. Elle crée de facto un réseau de la recherche outre-mer auquel chaque organisme collabore et apporte ses compétences. Une cellule opérationnelle sera créée, qui rassemblera les demandes d'expertise, et organisera la réponse à apporter en fonction des compétences de chacun des organismes.
Pouvoir accéder à un tel réseau, sans avoir à se préoccuper de savoir si l'on frappe à la bonne porte, mais être assuré que la demande formulée sera répercutée au bon endroit, voilà un progrès considérable pour tout décideur. Pour l'efficacité de vos recherches, voilà aussi une sécurité.
Les thèmes de concertation privilégiée que vous retenez dans votre convention sont pertinents : l'agriculture, la mer, les autres ressources vivantes sont à l'évidence des éléments forts de l'outre-mer. Valoriser l'outre-mer français comme point de départ d'actions avec le monde tropical constitue également un objectif important, qui doit venir en appui de la politique de coopération régionale.
Peut-être faudrait-il que cette convention soit aussi l'occasion d'aider la création d'entreprises par les chercheurs. De nombreux experts considèrent en effet que le succès dans ce domaine tient à la qualité du réseau dans lequel baigne le créateur d'entreprise. Votre réseau devrait pouvoir jouer ce rôle.
Messieurs les présidents, en acceptant de collaborer ensemble de manière aussi ouverte, vous avez passé outre les tendances souvent fortes du " chacun pour soi ". Je suis convaincu que vous donnez ainsi à la recherche outre-mer l'occasion d'être plus exemplaire. Vous montrez comment la diversité de vos objets peut s'accommoder d'une unité d'action.
Il me paraîtrait important que, dans un an ou un an et demi, un bilan puisse être établi sur la mise en oeuvre de votre convention. Je suis convaincu que l'on pourra constater l'évolution des mentalités qu'il aura permis.
(source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 19 juin 2000)