Texte intégral
Avec une production de 127 milliards d'euros en 2003, l'activité de la construction demeure à un niveau élevé. Pour l'année 2004, les perspectives de croissance dans le BTP sont confirmées par le niveau des carnets de commande. La croissance de la production devrait se situer entre + 1,7 % et +2 %. L'emploi dans le BTP témoigne en 2003 de la bonne tenue de l'activité puisque l'effectif salarié a progressé de 18.000 salariés. En 2004, il pourrait croître de 15 à 20.000.
Mais aujourd'hui, 72 % des entreprises déclarent éprouver des difficultés de recrutement et 100.000 offres d'emplois sont durablement non pourvues. Cette situation n'est pas acceptable au regard des chiffres du chômage. Les difficultés d'embauche risquent de s'accroître dans les prochaines années, en raison des nombreux départs en retraite de personnels qualifiés.
Les métiers du bâtiment et des travaux publics sont de beaux métiers dont l'image chez nos concitoyens ne correspond pas à la réalité. Nous devons tous nous mobiliser pour les faire découvrir dans leur intérêt et leur variété.
C'est pourquoi, sur les bases de ce constat et de ce que nous nous sommes dit aujourd'hui avec les professionnels, j'ai décidé de lancer un Plan de mobilisation en faveur de l'emploi dans le bâtiment et les travaux publics.
Premièrement, Il faut promouvoir les métiers du BTP pour renforcer leur image et leur notoriété auprès notamment de ceux qui conseillent les jeunes dans leur choix d'orientation scolaire.
Pour que les élèves et leur famille connaissent les métiers du bâtiment et des travaux publics, il faut que leurs interlocuteurs, avec qui ils discutent de leur orientation professionnelle, puissent leur présenter ces métiers dans toute leur dimension.
Pour cela, je vais proposer à M. François Fillon, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, que les présidents des fédérations professionnelles puissent rencontrer les conseillers des services académiques d'information et d'orientation afin qu'ils puissent leur présenter les atouts du secteur et des métiers du BTP.
J'ai aussi proposé que l'ensemble des partenaires concernés, professionnels et institutionnels, se coordonne et travaille ensemble pour mettre en place une "boîte à outils pédagogique des métiers du BTP" pour que l'information diffusée sur les métiers, les formations et les diplômes du BTP, soit la plus lisible possible.
Parallèlement, j'ai décidé de mobiliser le réseau local du ministère de l'équipement, pour qu'en accord avec les recteurs et les inspecteurs d'Académie et avec des entreprises de BTP, ils participent à la semaine "école-entreprise" et qu'ils organisent au printemps 2005 un événement spécifique sur l'intérêt des métiers du Bâtiment et des Travaux Publics.
Enfin, l'édition 2004 de l'opération "Chantiers ouverts au public" organisée par les DDE sera consacrée aux métiers du bâtiment et des travaux publics et privilégiera si possible, outre des visites de chantiers de construction ou d'ouvrages d'art, celles de chantiers de rénovation-réhabilitation pour mettre en valeur notamment les métiers du second oeuvre et de l'artisanat.
Les professionnels du bâtiment et des travaux publics ont déjà fait énormément pour que l'image de leur métier soit conforme à la réalité. Ensemble, nous sommes décidés à aller plus loin.
Deuxièmement, les métiers du bâtiment ont évolué. Il faut savoir faire évoluer les formations.
Je vais donc demander à M. François Fillon de renforcer, dans le cadre de la réforme des filières technologiques, les formations préparant aux métiers du bâtiment et les travaux publics. Ainsi, nous contribuerons au relèvement des niveaux de qualification du secteur - et donc indirectement, à la valorisation et à l'image de ces métiers - et nous apporterons une réponse efficace à la demande forte des entreprises de trouver sur le marché de l'emploi des salariés hautement qualifiés.
Je lui proposerai aussi que soient organisés des "Itinéraires découvertes" dans les collèges et des "projets pluridisciplinaires à caractère professionnel" dans les lycées professionnels, sur des thématiques du bâtiment et des travaux publics.
Les fédérations ont par ailleurs proposé d'étudier l'installation de plates-formes techniques "partagées" entre lycées professionnels, techniques et CFA, dans les régions aux établissements de formation qui ne disposent pas des équipements d'enseignement de pointe nécessaires, les outils performants de formation.
Troisièmement, nous devons promouvoir l'apprentissage comme vecteur important du recrutement et de la formation des jeunes.
Dans le cadre de la réforme de l'apprentissage, Laurent Hénart nous a assuré que les professionnels seront associés aux travaux de préparation de réforme de l'apprentissage. Mais, il vous en dira un peu plus tout à l'heure.
Quatrièmement, promouvoir le recrutement de femme et développer l'égalité entre les hommes et les femmes dans les entreprises du BTP.
Développer l'égalité entre les hommes et les femmes est une nécessité morale, pour laquelle le gouvernement, à l'initiative de Nicole Ameline, et l'ensemble des forces vives de la nation se sont engagées résolument. Les entreprises du BTP avaient de longue date décidé d'agir en lançant une opération pilote.
Au vu des premiers résultats encourageants en matière d'intégration des femmes dans les entreprises du bâtiment, nous avons décidé de généraliser les expériences pilote de recrutement des femmes dans les entreprises en région. Pour cela, des outils méthodologiques seront mis à la disposition des professionnels pour leur permettre de mutualiser, capitaliser et transférer les bonnes pratiques et leur faciliter le montage d'opérations d'insertion durable des femmes.
Cinquièmement, la transmission et la pérennité des entreprises de BTP.
La loi du 1er août 2003 sur l'initiative économique permet déjà de simplifier et faciliter la création et la reprise d'entreprise, notamment, grâce aux mesures d'allègements ou d'exonérations fiscales et sociales prises. En accord avec Christian Jacob, les professionnels du BTP seront tout particulièrement associés aux travaux de préparation du prochain texte législatif sur l'initiative économique qui traitera de notamment de cette question essentielle qu'est la transmission d'entreprise.
Voilà quelques unes des premières mesures que nous avons ce matin décidé de mettre en place pour développer l'emploi dans le BTP. Je dis bien les premières mesures, car dans notre esprit, il s'agit d'enclencher un processus d'action avec tous les partenaires concernés pour répondre aux besoins des entreprises.
Ces premières actions à mettre en oeuvre nécessiteront une mobilisation de tous les partenaires, professionnels et institutionnels. Demain nous évaluerons leur impact, si nécessaire, nous les corrigerons ou les intensifierons. Elles devront être bien sûr compléter par une déclinaison pour le BTP du Plan de cohésion sociale et du Plan de mobilisation en faveur de la reprise des petites et moyennes entreprises du gouvernement.
Nous avons décidé de nous revoir pour évaluer nos premières décisions et examiner d'éventuelles mesures complémentaires qu'il conviendrait de mettre en oeuvre.
Pour que ce processus vive comme nous le souhaitons tous, j'ai décidé de nommer un Monsieur Emploi du BTP qui sera chargé d'animer à Paris et localement ce processus. Il s'agira de M. Jean Paul GARCIA. Je le remercie d'avoir accepter cette lourde tache.
Comme je vous l'indiquai tout à l'heure, il y a 100.000 emplois qui sont durablement non pourvus dans le bâtiment et les travaux publics. Ce n'est pas acceptable quand il y a deux millions de chômeurs.
Notre table ronde nous a montré que chacun d'entre-nous, pris isolément, étions impuissant à résoudre le problème. Ensemble, nous avons au contraire les moyens de faire bouger les choses. C'est notre volonté, c'est notre résolution.
(source http://www.equipement.gouv.fr, le 16 juin 2004)
Madame, Messieurs les Présidents,
Messieurs les Conseillers techniques,
Madame la préfete,
Messieurs les directeurs,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais tout d'abord vous remercier d'être venu aujourd'hui et vous dire tout le plaisir que j'ai d'être avec vous. Depuis ma prise de fonction, j'ai toujours constaté la qualité des échanges et l'esprit d'ouverture des représentants de cette grande profession, de cette grande famille du bâtiment et des travaux publics. Aussi, je suis certain que nos débats nous permettront d'élaborer un plan d'actions qui permettra aux 300.000 entreprises du bâtiment de recruter plus facilement les collaborateurs dont elles ont besoin pour répondre aux besoins de tous nos concitoyens.
Vous représentez en effet l'un des secteurs économiques majeurs de notre économie par l'importance de votre activité (plus de 130 milliards d'euros en prévisions 2004) et surtout des emplois que vous assurez (1.282.000 personnes à fin 2003). Mais vous êtes aussi des acteurs indispensables de l'amélioration du cadre de vie et donc de la qualité de la vie de nos concitoyens par votre rôle dans l'équipement de notre pays en logements, bâtiments publics ou d'activité, en infrastructures, et par votre participation à l'amélioration de nos logements, de nos bureaux ou de nos équipements.
Riche de ses 300.000 entreprises, la profession du bâtiment et des travaux publics doit préserver, son tissu de petites et moyennes entreprises, bien implantées sur le terrain et qui font sa richesse. Elle doit conforter ses grands groupes, présents au tout premier rang sur les grands chantiers nationaux et dans le monde entier. C'est indispensable pour notre pays.
Or, vous m'avez exprimé vos préoccupations en matière d'emploi et notamment vos difficultés de recrutement. Aujourd'hui la situation est difficile, et je sais qu'elle risque de s'aggraver à l'avenir.
Ce n'est pas normal. Ce n'est pas admissible. Dans un pays qui compte trois millions de chômeurs, avoir 100.000 emplois qui durablement ne sont pas pourvus, n'est pas acceptable.
C'est pourquoi, j'ai souhaité vous réunir afin qu'avec l'ensemble des ministères concernés nous puissions réfléchir ensemble, sur la base d'un constat partagé, à ce que nous devons faire pour que vos entreprises puissent effectivement recruter les salariés qualifiés qui leur seront nécessaires dans les années à venir.
Compte tenu de l'importance de ces enjeux, la démarche que je vous propose aujourd'hui doit être l'occasion d'un débat ouvert, qui prenne bien la mesure des réalités du terrain et des attentes des entreprises.
Le gouvernement a pris depuis deux ans un certain nombre de mesures en matière d'emploi, de lutte contre le chômage et de développement des compétences.
Le plan de mobilisation pour l'emploi lancé début 2004 par François FILLON, lorsqu'il était ministre des affaires sociales, constitue une première réponse d'urgence. Il devrait prochainement trouver des prolongements dans les mesures structurelles nécessaires, auxquelles travaille actuellement mon collègue, Jean-Louis BORLOO, pour maintenir et renforcer la cohésion sociale.
L'inscription du "droit à la formation professionnelle tout au long de la vie" dans le Code du travail est un aussi progrès décisif. Il reste maintenant à le mettre en oeuvre pour qu'il devienne une réalité pour tous.
Je sais que le secteur du bâtiment et des travaux publics est prêt à relever ce défi de l'emploi. Il l'a encore récemment démontré puisque l'effectif salarié a progressé de 18.000 personnes en 2003, en dépit des difficultés de recrutement rencontrées sur certains métiers ou bassins d'emplois et alors même que le contexte économique général n'était pas très favorable.
Cette année, un environnement économique plus propice se dessine, qui devrait conforter la reprise des créations nettes d'emplois déjà observée dans le bâtiment et les travaux publics et faire baisser le nombre de demandeurs d'emploi du secteur.
Néanmoins, il nous faut rester très vigilants : l'augmentation des mises en chantiers de logements neufs depuis le 3ème trimestre 2003 et la reconduction de la TVA à 5,5 % dans l'entretien amélioration stimulent l'activité et l'emploi du BTP. Mais inversement, elles poussent aussi à la hausse les besoins et donc les difficultés de recrutement, en particulier dans le gros oeuvre.
Ces perspectives justifient notre mobilisation pour trouver ensemble les solutions qui permettront à vos entreprises de poursuivre leur développement.
Pour ouvrir le débat, je vous propose de donner la parole au directeur des affaires économiques et internationales, M. Paul SCHWACH, afin qu'il nous donne rapidement quelques éléments généraux de diagnostic. Ces éléments sont notamment issus de vos réponses au questionnaire qui vous a été adressé il y a quelques semaines.
Une fois que nous aurons partagé ce constat, je souhaite que nous examinions ensemble les pistes d'action que nous pourrions mettre en oeuvre ensemble pour répondre aux besoins de vos entreprises.
(source http://www.equipement.gouv.fr, le 16 juin 2004)