Déclaration de M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre, en réponse à une question sur la situation en Côte-d'Ivoire, le rapatriement des ressortissants français victimes de violences et la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU imposant l'embargo sur la livraison d'armes, à l'Assemblée nationale le 16 novembre 2004.

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Circonstance : Séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale le 16 novembre 2004

Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député, A. Poniatowski
Je vous remercie d'avoir, dans votre question, d'abord commencé par rendre hommage à nos soldats, victimes d'une agression caractérisée, alors qu'ils étaient en mission, au nom des organisations internationales, pour défendre la paix. La cérémonie en leur honneur aux Invalides, en présence du chef de l'Etat, le 10 novembre, a été pour la Nation un moment d'une intense émotion, et pour lequel l'ensemble du pays a souhaité exprimer un message de solidarité nationale.
Je voudrais associer à cet hommage l'ensemble de nos force du dispositif Licorne, qui, comme vous le dites, participe avec sang-froid, avec dévouement, à la protection, non seulement de nos ressortissants, mais de nombreux ressortissants étrangers, et ainsi participe à ce que nous souhaitons, c'est-à-dire, le retour à la paix civile.
Nos compatriotes en Côte-d'Ivoire ont subi des épreuves difficiles, de très nombreux drames personnels, des actions qui ont touché au plus profond de leur âme des Françaises et des Français. Le chef de l'Etat a dit combien tout cela était inacceptable. Qu'ils soient chacune et chacun assurés de notre solidarité nationale.
Aujourd'hui sur le terrain, la situation est celle d'un calme très précaire, et je dois vous faire-part de mon inquiétude quand je vois toujours et j'entends encore des discours et des déclarations qui vont jusqu'à mettre en cause la réalité de l'agression dont nos soldats ont été l'objet ! L'action de la communauté internationale est forte et la France se félicite du vote de la résolution 1572, hier, vote à l'unanimité. Je précise, pour l'ensemble de la représentation nationale, le contenu très important de cette résolution de l'ONU : elle impose d'abord un embargo immédiat sur les livraisons d'armes ; elle définit ensuite des sanctions qui seront imposées à ceux qui, d'un côté ou de l'autre, persisteront dans la voie de la violence ; elle exige enfin qu'il soit mis un terme, et je crois, c'est très important - j'appelle votre attention Mesdames et Messieurs sur cet aspect-là de la résolution - elle exige que soit mis un terme aux émissions de la radio-télévision ivoirienne incitant à la haine et à l'intolérance. Ces émissions ne sont pas innocentes de la violence qui a touchée nos compatriotes.
Le président de la République ce matin, après le vote de résolution, a appelé chacune des parties à une véritable relance du dialogue. Nous sommes engagés dans cette relance du dialogue. La paix en Côte-d'Ivoire, mais aussi pour le gouvernement français, seconde priorité, la mobilisation pour l'accueil de nos compatriotes qui ont choisi de rentrer en France.
Je voudrais saluer la mobilisation de tous : les fonctionnaires, les services de l'Etat, mais aussi les organisations non gouvernementales - la Croix Rouge, le Secours catholique, le Comité d'entraide -, 1760 personnes ont bénéficié d'un hébergement provisoire. Elles ont été reçues les unes et les autres, avec le maximum de convivialité, de générosité. Près de 7000 personnes, grâces à nos nombreux avions, ceux que la République a prêtés, mais aussi ceux que nos partenaires européens ont pus affréter, ou aussi ceux que les entreprises ont mobilisés. Je voudrais saluer cette mobilisation qui fait, je crois honneur à notre pays.
Je voudrais dire enfin, qu'il faut poursuivre cette attention auprès des Françaises et des Français qui, revenant de Côte-d'Ivoire, attendent non seulement un accueil chaleureux, mais aussi attendent, de notre pays, une capacité d'insertion sociale et économique. Et je sais que vous y serez chacun et chacune dans vos circonscriptions, très attentifs. La paix en Côte-d'Ivoire, l'insertion de nos compatriotes de retour au pays, telles sont les deux priorités du gouvernement de la France.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 19 novembre 2004