Déclaration de M. Léon Bertrand, ministre délégué au tourisme, sur la promotion du tourisme durable, Paris le 18 juin 2004.

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Circonstance : Installation du Comité permanent pour le développement durable à Paris le 18 juin 2004

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
J'ai voulu vous réunir, aujourd'hui, pour vous faire part de l'impulsion que je souhaite donner à l'intégration du développement durable dans notre domaine d'activités.
Il est aussi hautement symbolique que cette mise en place se fasse cette semaine, puisque nous sommes au coeur de la semaine du développement durable.
Mettre en place ce comité permanent pour le développement durable du tourisme n'est motivé ni par un affichage " tendance " ni par la culpabilité que devrait, selon certains, ressentir le secteur du tourisme, classé souvent dans la catégorie des grands prédateurs.
Bien au contraire !
Ma démarche s'inscrit au sein de celle du Gouvernement, dans une vision politique à long terme, fondée sur la prise de conscience des risques collectifs majeurs liés à l'impact de l'activité humaine et sur la réponse responsable que le Gouvernement doit y apporter.
Le Président de la République l'a dit lors du sommet de Johannesburg : " La maison brûle et nous regardons ailleurs... "
Il y a donc urgence.
Urgence à apporter une autre vision qui ne sécrète pas sa propre élimination.
Urgence à agir.
Or, on ne saurait réduire l'expression " développement durable " aux seules questions d'environnement.
La définition qu'en a donnée, récemment, mon collègue Serge Lepeltier, Ministre de l'Ecologie et du Développement Durable, me paraît plus explicite : il s'agit de " progrès économique et social préservant les ressources naturelles et énergétiques. "
Elle implique l'engagement de toutes les composantes de la société, de l'Etat, bien sûr, des entreprises mais aussi de tous les citoyens.
L'Etat, seul, ne peut rien faire et, dans notre secteur, nous le savons bien.
Et cette définition, en évoquant " le progrès économique et social ", s'adapte parfaitement au tourisme, qui y a toute sa place : de " prédateur ", il devient " salvateur " et c'est notre rôle de gérer cette ambivalence : d'un côté, le tourisme est redouté car source de nuisances, de l'autre il est souhaité, car source de revenus et d'emploi pour les populations locales.
Il nous appartient donc de garantir la pérennité de nos activités dans un souci constant de durabilité qui confortera ses bienfaits sociaux (à travers la découverte d'autres cultures, la pratique d'activités de loisirs ..) et économiques (maintien et développement des emplois, création de richesses pour les territoires réceptifs ..) tout en s'efforçant de réduire, voire neutraliser les nuisances environnementales et de parvenir à une utilisation économe des ressources.
Le préambule nécessaire à l'intégration de cette démarche est une bonne pédagogie : c'est le but de la deuxième édition de cette semaine du développement durable qui, du 16 au 27 juin permettra de sensibiliser les Français à ces questions.
J'ai souhaité que le Ministère du Tourisme fasse connaître, à cette occasion, ses initiatives en matière de pédagogie, d'éco-responsabilité au sein de l'Administration et d'actions destinées à promouvoir un tourisme plus durable.
Il s'agit, tout d'abord, de la Stratégie Nationale de Développement Durable (SNDD).
Adoptée en juin 2003 pour cinq ans, elle fixe des orientations claires et des programmes d'actions comprenant des objectifs concrets et des indicateurs de suivi.
Nous n'avons pas été absents de cette stratégie et, à l'occasion du premier anniversaire de son adoption, une communication est envisagée par le Gouvernement sur les principales initiatives et réalisations de chaque ministère.
Notre participation est encourageante et j'ai demandé à l'AFIT de servir dans ce cadre, de pôle de ressource national pour la déclinaison territoriale des plans d'action et des indicateurs de développement durable à mettre en place.
S'agissant, des structures et des outils.
Vous savez que la SNDD est animée par le Comité Interministériel du Développement Durable (CIDD) organisé autour d'un Comité des Hauts Fonctionnaires du Développement Durable, référents de chaque ministère, qui participent à sa définition et à sa mise en uvre.
J'ai obtenu pour notre ministère, compte tenu de la spécificité de notre secteur, de pouvoir désigner un Haut Fonctionnaire séparément de celui du Ministère de l'Equipement.
Ainsi, j'ai donc désigné Madame Chantal MERCHADOU à qui j'ai fixé la mission d'animer la politique de développement durable au sein du ministère du Tourisme.
Pour ce faire, elle aura besoin de votre aide, à tous.
Je sais que, d'ores et déjà vous lui avez réservé le meilleur accueil.
Mais il faut aller plus loin et instaurer, au sein de vos structures, une véritable culture du développement durable pour que chaque agent, à son niveau, ait conscience de sa responsabilité individuelle dans cette démarche.
Le slogan de la semaine du développement durable est, d'ailleurs, suffisamment éloquent : "Un geste de tous les jours, un réflexe pour toujours ".
Mesdames, Messieurs,
Si l'Etat ne donne pas l'exemple, nous aurons peu de chances de relever le défi du développement durable.
C'est pourquoi, j'ai décidé que le volet " Etat exemplaire " de la SNDD devait être mis en oeuvre en priorité au sein du Ministère, au moment où une nouvelle implantation spatiale est recherchée pour nos services.
Je compte sur vous pour que cette sensibilisation au développement durable et la mise en oeuvre de pratiques éco-responsables soient généralisées dans vos structures.
Chantal MERCHADOU, en liaison avec la Direction du Tourisme, organisera des séminaires de sensibilisation et je crois savoir que celui qui s'est déjà tenu le 15 juin à la Direction du Tourisme a suscité un grand intérêt.
J'insiste également sur l'apport de la démarche de développement durable à la réforme de l'Etat engagée par le Gouvernement : les fonctionnaires et agents de l'Etat doivent être les acteurs de ce changement d'ère administrative et doivent s'impliquer dans ce nouvel enjeu individuel et collectif.
Il vous revient de les motiver et de les évaluer à l'aune de leur implication dans ce projet.
Vous êtes réunis aujourd'hui dans la configuration que je souhaitais : le Comité Permanent du Développement Durable du Tourisme.
Vous vous réunirez périodiquement et me ferez des propositions pour amender la SNDD et mettre en oeuvre des plans d'action, à l'intérieur et à l'extérieur de vos services.
Chantal MERCHADOU animera ce Comité et assurera l'interface avec le Comité Interministériel du Développement Durable.
Je me tiendrai régulièrement informé de l'évolution de vos travaux et je propose que leur première évaluation intervienne lors des Assises Nationales du Tourisme qui devraient se tenir à la fin de l'année.
Je souhaite, en guise de conclusion, vous redire que le développement durable est un enjeu.
Un enjeu qui va bien au-delà de nous-mêmes puisqu'il en va du témoignage que nous voulons laisser aux générations futures.
Et je ne pense pas que, comme moi, vous souhaitiez qu'elles constatent que nos pratiques quotidiennes comme nos politiques touristiques aient été marquées par le sacrifice de notre bien le plus précieux, notre planète.
Je vous remercie.

(Source http://www.tourisme.gouv.fr, le 28 juin 2004)