Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre de l'outre-mer, sur la politique de soutien au livre d'outre-mer, Paris le 16 octobre 2004.

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Circonstance : Ouverture du 11ème salon du livre de l'outre-mer à Paris le 16 octobre 2004

Texte intégral

Chers amis d'outre-mer et de métropole,

C'est avec beaucoup de joie et de plaisir que j'inaugure ce 11ème salon du livre de l'outre-mer. Cet événement est désormais devenu un rendez-vous incontournable de l'opération Lire en Fête. Et je m'en réjouis. Plus de 3000 personnes se rassemblent chaque automne autour des éditeurs, des écrivains et des auteurs d'outre-mer, dans ces murs et ces jardins.
C'est pour beaucoup de Français de métropole une occasion encore trop rare de découvrir un autre visage de la France, riche de ses talents et de sa diversité. La littérature d'outre-mer, les grands écrivains, et les imaginaires de la Caraïbe, du Pacifique ou de l'Océan Indien comptent dans le monde d'aujourd'hui. La présence ici de nombreuses personnalités reconnues en est un témoignage éclatant.
Je suis particulièrement heureuse qu'Edouard Glissant et Patrick Chamoiseau soient venus spécialement pour nous. Ils partageront, avec nous tous, ces moments de plaisir et de découverte littéraire. Je remercie également Daniel Picouly, Daniel Maximin, Claude Ribbe, Roland Brival, Audrey Pulvar, Flora Devatine et Jimmy Ly qui se prêteront aux rencontres avec le public et tous les intellectuels, penseurs et chercheurs qui participent aux tables-rondes et aux débats. Je sais d'expérience combien le salon du livre de l'outre-mer est un lieu d'échanges et de dialogues fructueux. Je suis sûre que ce onzième salon le sera plus encore !
Merci aussi à nos partenaires : Réseau France Outre-Mer, Radio France Internationale, Médias Tropical grâce auxquels notre salon rencontre le succès auprès du public.
Je mentionnerai plus particulièrement cette année la présence à nos côtés de l'association La Joie par les Livres. Dans la suite du salon du livre précédent, consacré à la jeunesse ultramarine, j'ai souhaité apporter toute mon aide à la sortie d'un numéro spécial de la revue de cette association. Takam Tikou est cette année entièrement dédié à la littérature jeunesse des Caraïbes. Les parents trouveront, dans ce numéro spécial, un tiré à part qui recense toutes les oeuvres jeunesse de cette région du monde. Ce sera pour tous un outil précieux pour la promotion d'un autre imaginaire auprès de notre jeunesse.
Je voudrais en ces temps de commémorations avoir une pensée singulière pour les écrivains d'Haïti. Ce pays, qui traverse aujourd'hui de nombreuses difficultés est une grande terre de culture et de littérature. Il porte depuis toujours des écrivains de grands talents, à la renommée universelle. Je connais les liens historiques et culturels forts qui existent entre les collectivités françaises des Caraïbes et ce pays. Et j'aimerais rendre un hommage mérité à des auteurs comme Franketienne, René Depestre, Lyonel Trouillot, Dany Laferrière, ou encore Gary Victor qui vient de recevoir le prix RFO du livre. La littérature haïtienne est aujourd'hui sans doute l'une des littératures d'expression française les plus fécondes, les plus créatives. Le Festival Etonnants Voyageurs de Saint-Malo, que j'ai soutenu, a contribué, je le crois, à mieux faire connaître les écrivains haïtiens et tous les autres écrivains caribéens au public de France métropolitaine, et à tous les passionnés de la Francophonie.
Pour ce salon du livre 2004, j'ai souhaité mettre les mémoires d'outre-mer au cur de notre réflexion commune. La République a aussi pour mission de réhabiliter et de transmettre les mémoires de toutes les populations qui forment notre Nation. Pour consolider la communauté nationale, pour construire notre destin commun, nous devons faire partager à tous les citoyens français l'ensemble des mémoires qui font la France d'aujourd'hui.
Et je me réjouis que le comité pour la mémoire de l'esclavage (que j'ai installé le 8 avril dernier) ait aussi comme tâche d'adapter les programmes d'enseignement scolaire, pour sensibiliser notre jeunesse à ce crime contre l'humanité que furent la traite et l'esclavage des noirs.
Je sais que vos discussions et vos débats apporteront leur contribution à ce travail indispensable pour bâtir une véritable mémoire nationale.
En liaison avec le ministère de la culture et de la communication, le ministère de l'outre-mer, et c'est son rôle, a engagé, outre-mer, une politique de soutien au livre. En premier lieu par un dispositif de subvention, " La librairie de l'outre-mer ", souhaité par le ministère et mis en place avec le Centre national du livre. Il permet d'accorder des aides à l'édition et à la production d'uvres ultramarines. Ce sont ainsi plus de 50 ouvrages et plus de 21 éditeurs qui ont été aidés entre 2002 et 2004!
J'ai réformé cette année ce dispositif pour le rendre plus efficace au service des éditeurs et des écrivains d'outre-mer en abaissant le nombre d'exemplaires exigibles pour les aides aux ouvrages, et en créant une aide spécifique aux éditeurs ultramarins pour diminuer les frais de transport et de communication lors de leur participation aux manifestations autour du livre en métropole. De plus, le soutien particulier à l'édition ultramarine est aujourd'hui incarné au CNL par un comité spécifique pour l'examen des aides aux ouvrages, installé cet été, et présidé par Daniel Picouly. Je m'en félicite. " La Librairie de l'outre-mer " permet aujourd'hui d'aider davantage les éditeurs et de les aider mieux.
Pour cette onzième édition du salon du livre, j'ai choisi de faire vivre les mémoires d'outre-mer en invitant les arts, tous les arts. L'art comme un cri, qui nous guide pas à pas dans la quête du passé et la ré-appropriation de l'Histoire. Je remercie ici l'association L'image a la parole et sa directrice artistique Claude Bagoë, ainsi que tous les artistes présents, pour ce bel ensemble de créations qu'ils nous proposent. La danse, la poésie, la musique, la peinture rythmeront et scanderont notre manifestation, faisant entendre chacune leur voix pour un éclairage croisé sur les mémoires d'outre-mer. La peinture d'abord. Le visuel de l'événement donne le ton. Gravée dans une toile de Thierry Alet, le poème d'Aimé Césaire rappelle notre enracinement vital dans un lieu, une culture et une histoire et pose avec vigueur l'importance et la force de la parole.
Je vous souhaite à tous un moment inoubliable de partage, de dialogues et d'émotions.
Je vous remercie.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 19 octobre 2004)