Déclaration de M. Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la culture et de la communication, sur les métiers d'art comme patrimoine culturel des régions, Evian le 18 février 2005.

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Circonstance : Inauguration de la 1ère Rencontre des Maîtres d'Arts, à l'Hôtel Ermitage à Evian (Haute-Savoie) le 18 février 2005

Texte intégral

Monsieur le Député-Maire,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Sous-Préfet,
Monsieur le Secrétaire général,
Monsieur l'Administrateur,
Mesdames, Messieurs,
J'ai souhaité venir personnellement inaugurer cette première manifestation culturelle au sein de ce lieu prestigieux en raison de l'importance que j'attache aux métiers d'art et en particulier aux Maîtres d'art.
Le titre de Maître d'art a été créé il y a dix ans par le Ministère de la culture et de la communication, afin de reconnaître un véritable patrimoine : les métiers d'art d'exception alliant la tradition et la création contemporaine. En une décennie, soixante-trois maîtres d'art ont été désignés pour honorer l'excellence de leur savoir-faire, leurs compétences et leur immense talent. Non pas seulement le leur. Mais aussi celui qu'ils se sont engagés solennellement à transmettre, avec leurs connaissances et leurs techniques, afin d'assurer personnellement la formation d'un élève dans leur atelier. Depuis dix ans, plus d'une cinquantaine de jeunes professionnels ont ainsi été formés. Et leur réussite est telle que plusieurs d'entre eux ont déjà créé leur propre atelier.
Cette transmission du talent, des connaissances, des savoir-faire, de l'intelligence, est essentielle et indispensable à notre environnement culturel, lié à notre histoire, à notre héritage, à nos racines, à ce que nous sommes, dans le monde d'aujourd'hui.
Et j'ajoute, comme me l'a dit Etienne Vatelot, que les métiers d'art sont l'un des " laboratoires du futur ". Oui, nos Maîtres d'art sont comparables aux " trésors nationaux vivants " du Japon, parce qu'ils sont porteurs de notre culture, de notre patrimoine, et même s'ils demeurent souvent anonymes et parfois en retrait par rapport aux artistes, il y a dans leur confrontation quotidienne entre la matière et l'art, une exigence qui est une véritable vision du monde, enracinée, comme ici, dans un territoire, dans une région, qui favorisent leur expression.
Vous avez choisi ici, à Evian, magnifique ville d'art et d'eau, de mettre en valeur le métal où Messieurs, Maîtres Pierre Gaucher, nommé Maître d'art par le ministère en 1996, et Jean-Louis Hurlin, nommé en 2000, se sont particulièrement illustrés par leur talent créateur. Et je me réjouis de l'initiative du groupe Danone et de l'hôtel L'Ermitage, qui permet de valoriser et de faire connaître leur travail et leurs créations. Je me réjouis aussi qu'ils soient associés ici à un grand artisan d'art, Claude Bétemps, qui se qualifie lui-même, à juste titre, d'artiste-ferronnier.
La Région Rhône-Alpes a joué un rôle pilote dans le domaine des métiers d'art et dans l'association des professionnels en particulier, à laquelle j'attache une grande importance, parce qu'elle permet de faire le lien entre la dimension artistique et culturelle d'une part, et le développement de l'emploi et des activités économiques d'autre part.
Votre région pourra, dans ce domaine, communiquer l'expérience acquise depuis l'an 2000 aux autres régions et organiser un réseau de compétences inter-régionales.
En suivant votre exemple, chaque région pourra être identifiée plus particulièrement à un matériau ou à une technique. Par exemple, à partir de 2005, la Lorraine sera associée au verre, l'Alsace, aux métiers du livre et de l'estampe, les Pays-de-Loire aux métiers attachés aux monuments historiques, la Picardie à la nacre.
J'ai chargé, dans chaque région, un comité de pilotage de veiller aux orientations et au suivi de ce dispositif. Les organismes de formation sont choisis parmi les écoles relevant des ministères de l'Education nationale et de la Culture.
Je tiens beaucoup à cette relation entre les écoles des beaux-arts, d'arts décoratifs, d'arts appliqués et les métiers d'art. Ces échanges sont enrichissants et maintiennent le lien entre les formations et les activités professionnelles de terrain.
Je souhaite étendre ces dispositifs à de nombreuses régions, pour enrichir les connaissances et redonner une véritable dynamique à des secteurs dont je suis convaincu qu'ils sont déterminants pour l'avenir.
Je tiens à féliciter tous ceux qui se sont engagés pour la réussite de ces rencontres de l'artisanat d'art, au carrefour de l'économie et de la culture, des traditions et de la modernité, des héritages et de l'ouverture. Je souhaite que vous fassiez école, non seulement dans d'autres régions de France, mais aussi, bien sûr, et Evian est à cet égard remarquablement située, en Europe. Car vous avez toute votre part, par les échanges, les découvertes, les curiosités que vous allez susciter, dans la construction d'une Europe de la culture, qui a besoin de votre savoir-faire et de cette alliance nécessaire entre la tradition, le patrimoine et la création.
Je vous remercie.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 23 février 2005)