Déclaration de M. Pierre-André Wiltzer, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur le rôle de l'Agence française de développement dans la politique française d'aide au développement, à Paris le 29 janvier 2004.

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Circonstance : Journées du réseau de l'Agence française de développement, à Paris les 29 et 30 janvier 2004

Texte intégral

Monsieur le Directeur général,
Mesdames et Messieurs les Directeurs,
Mesdames et Messieurs,
Les journées du réseau de l'Agence française de Développement ne s'achèveront que demain. Mais je constate d'ores et déjà qu'elles ont été très riches en échanges d'idées et d'expériences, en réflexion sur nos moyens financiers destinés au développement.
Ce qui nous rassemble, dans nos activités respectives - et je m'adresse là à celles et à ceux qui font partie du réseau - c'est la volonté de servir le développement dans sa vision française. Je veux saluer votre engagement personnel, la passion qui vous anime, les compétences qui sont les vôtres et la qualité de votre travail dans des conditions parfois difficiles.
I - La politique du gouvernement
Le groupe AFD, sur lequel le ministère des Affaires étrangères exerce une tutelle pleine de sympathie et en même temps d'attention et d'intérêt, constitue un instrument majeur de la mise en oeuvre de la politique du gouvernement en matière d'aide au développement, à la fois comme instrument de financement et comme opérateur de dons-projets pour le compte de l'Etat.
Comme vous le savez, le président de la République a décidé que l'APD française atteindrait 0,5% du PNB en 5 ans et 0,7 % en 10 ans.
D'où l'engagement de la France, sous l'impulsion du chef de l'Etat, en vue de réaliser les "Objectifs du millénaire pour le développement". Les grands axes de notre politique nationale de coopération sont orientés vers ces objectifs.
D'ici 2015, il s'agit de réduire de moitié le nombre de personnes vivant dans la grande pauvreté.
Certains prétendent qu'il serait déjà trop tard. Nous devons leur donner tort, redoubler d'efforts pour contribuer à satisfaire les besoins vitaux de tous ces peuples. Cela pose la question de la mobilisation des importantes ressources financières nécessaires. Pour cela il faudra sans doute imaginer de nouveaux instruments.
De quoi s'agit-il en effet ? De donner aux populations la possibilité de se nourrir convenablement, d'accéder à l'eau potable, à un système de santé fiable. D'apporter aux enfants, aux filles comme aux garçons, une éducation de base solide. D'aider leur pays à trouver le chemin de la croissance, à protéger leur environnement. Il s'agit également de lutter contre les discriminations, en particulier à l'égard des femmes.
En faisant nôtres les "Objectifs du millénaire pour le développement", il s'agit aussi d'accompagner la démarche du NEPAD, ce qui nous conduira à faire évoluer nos méthodes. Il faut y réfléchir dès maintenant.
Le relèvement de notre l'Aide publique au développement s'inscrit dans cette démarche, de même que le renforcement et la modernisation de tous les instruments de coopération et de développement. L'AFD apporte un concours essentiel aux efforts que réclament ces objectifs.
II - Plan d'orientation stratégique
A ce titre, je confirme tout l'intérêt du plan d'orientation stratégique de l'AFD, repris dans la lettre de mission du gouvernement, qui fixe quatre grands objectifs :
- recentrer les subventions sur l'Afrique ;
- étendre l'activité de prêt à de nouveaux pays ;
- participer à la réflexion sur l'aide au développement ;
- enfin, évaluer l'impact des financements mis en oeuvre par l'AFD.
Si les trois premiers objectifs sont désormais atteints, le dernier requiert encore un certain nombre d'efforts. Je sais que vous en comprenez l'importance pour le gouvernement puisqu'il s'agit de mesurer l'efficacité du groupe AFD et de mettre en avant les résultats concrets de son travail. Je voudrais saluer à cet égard votre souci de faire aboutir au mieux les financements de l'AFD et de leur donner le meilleur effet d'entraînement possible sur l'économie des pays pauvres.
III - Coordination avec le ministère des Affaires étrangères
J'attache une importance particulière à une coordination de qualité entre l'Agence française de Développement et le ministère des Affaires étrangères, à Paris, dans les services centraux, comme sur le terrain avec les ambassadeurs. Cette coordination s'appuie sur plusieurs outils. J'en distingue trois catégories :
1. Un outil de cohérence par pays : ce sont les "Documents stratégiques-pays" (DSP). Ils constituent les documents de référence pour l'ensemble des acteurs de la coopération française, ce qui implique naturellement que l'Agence et ses représentants sur place participent pleinement à l'exercice d'élaboration et prennent en compte cette référence dans la mise en oeuvre des politiques menées dans chaque pays.
2. Un outil de cohérence par secteur : ce sont les "cadres d'intervention sectoriels", préparés conjointement par l'Agence et la direction générale de la Coopération internationale et du Développement (DGCID) à l'issue de concertations approfondies.
3. Des instruments de financement. Faut-il le rappeler ? L'Agence met en oeuvre les concours financiers et les dons-projets inscrits au budget du ministère des Affaires étrangères, ce qui implique une programmation de ces moyens étroitement concertée avec le Quai d'Orsay.
IV - Le développement du secteur privé
Mais votre rôle est aussi d'apporter un appui au secteur privé. Cet appui est devenu une priorité du groupe AFD, qu'il soit apporté de façon directe ou par l'intermédiaire de la PROPARCO. C'est là un élément capital pour le développement harmonieux de nos pays partenaires : s'il n'y a de développement sans sécurité, il ne peut y avoir non plus de stabilité sans développement économique et donc sans investissement privé.
L'apparition d'une classe moyenne capable de prospérer grâce aux fruits de son travail constitue en effet la base de la stabilité sociale et politique.
Notre rôle est d'accompagner, ensemble, tous les efforts, qu'ils viennent du public ou du privé, pour promouvoir ces entreprises.
Là aussi, il doit exister une complémentarité avec les activités du ministère des Affaires étrangères.
Conclusion
Pour terminer, je voudrais vous faire part de ma satisfaction de voir le plan d'affaires 2004 approuvé par le dernier Conseil de surveillance. Ce plan a fait l'objet d'intenses échanges, notamment entre le ministère des Affaires étrangères et l'AFD.
Cette procédure d'approbation est un progrès très appréciable dans l'organisation du groupe et l'exercice de la tutelle. Au risque de me répéter, j'insiste sur le fait qu'il est important que cette tutelle s'exerce avec la même qualité dans les postes qu'à Paris. Il revient par conséquent aux ambassadeurs d'exercer pleinement leur autorité sur l'ensemble des activités de l'Agence de leur pays de résidence : il en va de la cohérence de l'action extérieure de la France.
Sur ce point, le président de la République et le gouvernement ont affiché clairement leur volonté. Nous avons pour mission de traduire cette volonté dans les faits, en utilisant au mieux les moyens disponibles, en faisant partager cette volonté et cette confiance à nos interlocuteurs dans les pays avec lesquels nous coopérons et auxquels nous apportons notre aide.
Notre détermination doit servir d'exemple, surtout dans les circonstances actuelles où la France se porte aux avant-postes du combat pour le développement et la lutte contre la pauvreté et les maladies, malgré la conjoncture qu'elle a rencontrée l'année passée tout comme ses partenaires européens.
Je suis confiant dans la capacité des agents du réseau AFD à s'investir dans cette noble mission. Je pense en particulier à celles et ceux d'entre vous qui les exercent sur le terrain, au contact quotidien de nos partenaires et de nos opérateurs.
Qu'ils sachent que nous portons, et que je porte personnellement, une grande attention à leur action au jour le jour.
Je leur souhaite, je nous souhaite, beaucoup de succès au cours de l'année qui vient de commencer.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 février 2004)