Déclaration de Mme Michèle Demessine, secrétaire d'Etat au tourisme, sur les comités d'entreprise, principaux acteurs de la démocratisation des loisirs et des vacances et sur les mesures gouvernementales favorisant le tourisme social : extension des chèques-vacances aux salariés des PME et création des bourses solidarité vacances, Paris, le 23 février 2000.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Inauguration de l'Espace Comité d'Entreprise 2000 organisé par l'Union régionale Ile-de-France-CGT à Paris, le 23 février 2000

Texte intégral

Monsieur le Secrétaire Général,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Je veux tout d'abord vous remercier pour l'accueil chaleureux que vous m'avez réservé et vous dire tout le plaisir que j'ai d'être parmi vous, ce matin, à l'occasion de la 4ème édition de cet Espace Comité d'Entreprise, organisé par l'Union Régionale Ile de France-C.G.T.
C'est en effet un grand plaisir pour moi d'inaugurer ce salon professionnel entièrement dédié aux Comités d'entreprises, ce qui en fait sa force et son originalité.
Ainsi, dans cet espace, ce ne sont pas moins d'une centaine d'institutions, d'entreprises nationales et de grandes sociétés privées qui y sont représentées, marquant par leur présence, leur volonté de s'adresser aux salariés pour répondre à ce besoin que vous venez d'évoquer Monsieur le Secrétaire général, besoin de partager des expériences et de nouer des relations nouvelles entre acteurs des comités d'entreprises et leurs partenaires économiques, commerciaux et institutionnels.
Pendant trois jours, dans cet espace, des forums et des débats seront organisés.
Ils permettront d'aborder, avec des syndicalistes français et européens, des chercheurs, mais aussi avec des dirigeants d'entreprise, des élus politiques et des ministres, des questions aussi essentielles que celles du développement humain au travail et dans la société, de la formation professionnelle tout au long de la vie, ou encore de l'aménagement du territoire, du développement et de l'emploi...
Il y sera également question de cette Europe sociale qu'il nous faut construire, de l'utilisation de l'argent dans l'entreprise et de ces droits nouveaux que vous souhaitez conquérir.
Vous y débattrez aussi de la loi sur la réduction du temps de travail avec ses ombres et ses lumières des avancées qu'elle engendre, mais aussi des difficultés que les salariés rencontrent dans sa mise en oeuvre.
En fait, plus qu'un simple espace de rencontres et d'expositions, vous avez souhaité que ce salon soit une véritable occasion d'aborder de front, et avec audace, les grands défis posés aux acteurs de la vie sociale et syndicale, dans un monde en pleine mutation, où l'entreprise n'est pas une entité à part, hermétique aux débats qui traversent la société.
Oui, cet Espace Comité d'Entreprise se déroule dans un contexte particulier de l'actualité sociale et économique nationale et internationale.
À l'aube du 3ème millénaire, c'est toute la question de la place et du rôle des hommes et des femmes dans le monde du travail, un nouvel élan pour la citoyenneté, que ce salon fait vivre... Ce qui, en soi, constitue déjà un événement peu banal.
En effet, à voir la qualité et la diversité, non seulement des partenaires de ce salon, mais également des personnalités et des organisations invitées à participer à vos débats, la démarche qui est mise en uvre, ici, est une démarche d'ouverture vers l'extérieur, qui ne peut, à mes yeux, que renforcer le rôle et la place des Comités d'entreprises dans notre pays.
C'est une démarche qui pose clairement la question des nouvelles coopérations à imaginer et des nouveaux partenariats à créer. D'une part, pour solidariser les salariés entre eux au travers d'actions communes. Mais également, pour permettre dans un dialogue constructif, une véritable confrontation des idées pour faire face aux défis de l'avenir en associant des élus syndicaux dans leur diversité, des élus politiques, des associations, des responsables du patronat, l'Etat et l'ensemble des acteurs institutionnels...
C'est d'ailleurs cet esprit de dialogue renforcé et d'échanges que j'ai souhaité enclencher en organisant, il y a maintenant près d'un an, à Paris, les 1ers États Généraux du Tourisme social et associatif, dans lesquels les Comités d'entreprises ont pris toute leur place.
A ce propos, permettez-moi de saluer l'initiative que vous avez prise d'organiser, à partir d'aujourd'hui, ici même, deux journées d'études au niveau de votre confédération dont l'ambition est d'approfondir, avec tous les acteurs concernés, la réflexion pour permettre aux Comités d'entreprises de mieux répondre aux attentes des salariés en matière d'activités sociales, sportives et culturelles dans une société que nous savons en pleine mutation des besoins.
De par l'histoire, les comités d'entreprises occupent une place tout à fait originale et jouent un rôle essentiel dans notre paysage social.
Ils sont évidemment un lieu d'expression des salariés sur la marche et la gestion, au sens large, de l'entreprise qu'il leur appartient d'amplifier. Mais ils remplissent également un rôle important en faveur de la démocratisation des loisirs et des vacances que je tiens, ici, à saluer.
La Ministre du Tourisme que je suis ne saurait oublier l'élan social et culturel qu'a connu la France à la Libération grâce à la création des comités d'entreprises.
Pour des millions de nos concitoyens salariés, pour leurs familles, pour leurs enfants, les Comités d'entreprises ont été et demeurent, en effet, la structure qui, au sein de l'entreprise, a permis de favoriser l'accès aux loisirs, à la culture, aux voyages.
Avec leurs villages de vacances, ils ont non seulement contribué à faire vivre la mixité sociale, en permettant à toutes les catégories de salariés d'accéder aux activités proposées, mais leur implantation sur l'ensemble du territoire participe aussi au développement local et à un aménagement équilibré du territoire.
On estime à 12 milliards de francs l'investissement des comités d'entreprises dans les seules activités sociales et culturelles...
Autant dire qu'ils sont un élément important de l'économie touristique et de la création d'emplois dans ce secteur.
A travers leur patrimoine - plus de 800 villages de vacances représentant 250.000 lits - les comités d'entreprises représentent, de fait, la moitié des capacités d'hébergement du tourisme social et associatif.
Bien sûr je n'ignore pas les difficultés auxquelles ils sont confrontés pour répondre aux aspirations croissantes des salariés en matière d'activités sociales, d'aspiration au départ individuel en vacances.
Je sais aussi, les problèmes rencontrés pour assurer l'équilibre économique des structures et leur nécessaire modernisation.
Et nous savons tous ici que l'un des problèmes essentiels réside dans la diminution des dotations des Comités d'entreprises, liées bien souvent aux restructurations et aux pertes d'emplois qui en découlent, mais aussi - il faut le dire - au désengagement des employeurs.
C'est ce qui m'avait fait souligner, en conclusion des États Généraux du Tourisme Social et Associatif, l'importance de remettre le droit aux vacances, au coeur des exigences exprimées par les salariés au sein des entreprises... De la même manière que j'ai souhaité, au sein de la politique du gouvernement, donner toute sa place au droit aux vacances pour tous.
Ainsi, depuis bientôt trois ans, je m'efforce d'impulser une politique sociale du tourisme.
Je ne ferai pas ici l'inventaire de toutes les mesures que j'ai eu l'occasion de prendre depuis mon arrivée au Secrétariat d'Etat au Tourisme.
Permettez-moi toute fois, de revenir sur certaines d'entre elle :
Je pense notamment à l'extension des chèques-vacances aux salariés des PME-PMI de moins de 50 salariés.
Désormais, ce sont plus de 7 millions de salariés supplémentaires qui peuvent y avoir accès dans le cadre d'accords d'entreprise avec les représentants syndicaux ou par le biais de salariés mandatés.
Plus récemment, dans le prolongement des États Généraux du Tourisme social et associatif, j'ai installé la Coordination Nationale du Tourisme social et associatif.
Cette coordination qui réunit les associations du tourisme, les comités d'entreprises et les collectivités territoriales permettra à l'ensemble de ces acteurs de travailler ensemble pour renforcer leurs actions de partenariat et pour donner au secteur du tourisme social et associatif une image forte et une capacité d'adaptation aux mutations de toute nature opérées dans notre société.
Les missions de la coordination, conçues de manière très large, incluent notamment l'amélioration de la connaissance du secteur (activités, populations accueillies, modes de gestion), la réflexion sur la mutualisation du patrimoine et des moyens des organismes du tourisme social et associatif, la prise en compte des préoccupations du secteur dans les contrats de plan États-Régions, ainsi qu'un rôle de conseil aux acteurs du tourisme social.
Au cours de cette année, l'action menée par mon ministère, en direction du Tourisme Social et Associatif, se traduira également par la mise en place d'une vaste campagne institutionnelle visant à valoriser ce secteur qui concourt par les valeurs qu'il porte à donner ses lettres de noblesse au tourisme français.
Enfin, je ne saurai terminer mon propos en cette année consacrée à la solidarité, sans évoquer la création de la Bourse Solidarité Vacances.
En rapprochant associations caritatives et acteurs du tourisme, qu'ils soient privés, associatifs ou comités d'entreprises, elle a permis en quelques mois l'an dernier le départ en vacances de plus de 1 300 personnes "oubliées des vacances".
Notre objectif pour l'an 2000 est de permettre à 10.000 de nos concitoyens qui sont encore privés de ce droit, de pouvoir bénéficier de ce moment si précieux pour l'épanouissement, la découverte et l'échanges.
En conclusion, Monsieur le Secrétaire Général, je partage avec vous l'idée selon laquelle "la solidarité et la citoyenneté sont des enjeux majeurs au coeur des attentes et des besoins du salariat actuel".
J'ajouterai pour ma part, que ces valeurs qui nous sont communes sont probablement le défi à relever pour le 21ème siècle et c'est sûrement la tâche humaine la plus exaltante à faire vivre.
Sachons nous emparer de tous les espaces qui s'ouvrent à nous a commencer bien entendu par le 4ème espace Comité d'Entreprise 2000.
(Source http://www.tourisme.gouv.fr, le 1er mars 2000).