Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, président de l'UMP, sur le fonctionnement interne et les valeurs de l'UMP et sur la future constitution européenne et les négociations sur une éventuelle entrée de la Turquie dans l'Union européenne, Paris le 16 janvier 2005.

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Circonstance : Réunion des cadres de l'UMP à la Maison de la Chimie, à Paris le 16 janvier 2005

Texte intégral

Mes Chers amis,
Je suis sincèrement heureux de cette première occasion de rencontre collective avec les cadres de notre mouvement.
Je vous remercie toutes et tous de l'effort que vous avez fait en sacrifiant ce dimanche, consacré à la famille ou aux activités d'élus de terrain, à l'UMP. Je mesure ce que cela représente de sacrifices. J'ai vécu, il y a quelques années votre vie de délégué de circonscription, de secrétaire départemental, de Président de Fédération, et même de délégué jeune. J'en connais toutes les joies, et elles sont nombreuses. J'en mesure aussi toutes les contraintes, et elles sont innombrables. Mes premiers mots seront donc pour vous remercier du fond du cur de tout ce que vous faites et vous demander de vous préparer à en faire bien davantage.
Voici un mois et demi que j'ai été élu à la présidence de l'UMP. Je vous prie de croire que le travail n'a pas manqué. Il a fallu organiser le Congrès du Bourget où vous avez été si nombreux, mettre en place l'équipe administrative de la rue de la Boétie autour de notre directeur général Jérôme PEYRAT, nommer l'équipe politique aux côtés de notre vice-Président Jean-Claude GAUDIN et de notre Secrétaire général Pierre MEHAIGNERIE, et surtout réfléchir aux pratiques actuelles de la vie politique et aux nouvelles méthodes qu'il nous faut retenir pour rénover en profondeur notre façon de faire de la politique.
Ce point est absolument vital. Après ce qui s'est passé aux régionales et aux cantonales. Après tous ces exemples quotidiens de désaffection pour la vie politique et de faible participation aux différents scrutins, il nous faut évoluer pour nous adapter aux nouvelles attentes des Français. C'est la seule façon de faire renaître un espoir dans la vie politique.
Est-ce que cela sert à quelque chose de s'engager et de militer ? Est-ce que les responsables politiques ont encore la volonté et le pouvoir d'agir ? Est-ce qu'il y a des solutions aux problèmes de la France ? Y a-t-il encore des marges de manuvre ? Avons-nous le courage de regarder les problèmes de notre pays en face tels qu'ils sont et non tels que nous souhaiterions qu'ils soient ? Savons-nous encore parler aux Français de façon simple, claire, compréhensible ? Toutes ces questions nous devons nous les poser pour réhabiliter la politique, lui redonner de la consistance, faire renaître l'envie. L'envie d'y croire, l'envie d'agir, l'envie de s'engager.
J'ai beaucoup réfléchi et plus encore travaillé sur toute cette problématique de la modernité de l'action politique et du renouveau de notre vie démocratique. Nous n'avons pas d'autre choix que celui de réussir. J'y consacrerai toute mon énergie, toute ma force de conviction, toute ma volonté. Nous allons faire de l'Union pour un Mouvement Populaire une force politique exemplaire et parce qu'elle sera exemplaire elle sera aimé et respecté des Français. Voici l'ambition que je vous propose.
Exemplaire, j'entends que l'UMP le soit d'abord dans son fonctionnement démocratique. Que nul ne doute de ma volonté d'aller jusqu'au bout de cette démarche que je crois indispensable en 2005 si nous voulons être à l'unissons des aspirations de la société française. Je veux ainsi que chaque Français qui nous rejoindra puisse se dire : cela a servi à quelque chose, ils m'ont demandé mon avis sur le choix des programmes et sur la sélection des candidats.
Mes chers amis, j'ai pris des engagements devant les adhérents au Bourget. Je les tiendrai scrupuleusement. Qui peut sérieusement imaginer que l'on puisse conduire une grande formation politique de nos jours comme on le faisait il y a 30 ans. Si on ne sollicite pas l'avis de ceux qui nous ont rejoints par conviction, ils nous quitterons sans espoir de retour. Plus grave encore, les plus jeunes de nos compatriotes, tellement avides d'authenticité, de vérité, de sincérité, n'accepteront plus jamais d'être cantonnés à faire la claque, vêtus de tee-shirts à nos effigies alors qu'ils revendiquent la participation à nos décisions comme des responsables politiques à part entière. La démocratie participative n'est pas une alternative, c'est une obligation de notre temps et de notre époque. Comment d'ailleurs porter un message de renouveau de notre République si nous n'étions pas capables d'être exemplaires dans notre fonctionnement interne ?
Comment va se traduire ce grand changement culturel dont je comprends fort bien qu'il puisse bousculer des habitudes. Je suis prêt à assumer ces oppositions et à y faire face tant je considère l'enjeu comme prioritaire. Nous devons mettre en uvre quatre principes.
Le premier sera que la stratégie de l'UMP, soit définie exclusivement par ses instances légitimes et élues. Je ne veux pas de conseiller occulte, pas de cénacle secret. Le débat doit être transparent, les règles du jeu connues à l'avance, les dés jamais pipés. Et quand on viendra à une réunion, ce sera pour participer à la prise de décisions, pas pour prendre note de décisions prises avant sans que l'on sache jamais comment et pourquoi.
Deuxième principe : il faut élargir la représentativité de notre instance principale, le Conseil National. Je proposerai que les délégués de circonscription élus au suffrage universel de nos adhérents en soient membre de droit. La représentativité de notre parlement en sera renforcée. Les adhérents auront ainsi la garantie que leurs voix seront entendues dans les plus hautes instances de notre mouvement.
Troisième principe, s'agissant du choix de nos candidats. En cas de pluralité de candidatures et en l'absence de sortants, je ne connais qu'une solution indiscutable, celle qui consiste à solliciter l'avis de nos adhérents en organisant un vote.
Si on l'avait fait à Paris au moment d'organiser la succession de Jacques CHIRAC, nous nous serions évité 10 années de défaites, de divisions, d'humiliations, pour nos amis parisiens comme pour ceux de toute la France qui ont payé cher eux aussi ce spectacle qui a détourné de nous des milliers de français. Je remercie tous les élus parisiens d'avoir accepté cette procédure qui sera organisé au tout début de 2006. Ainsi, l'UMP de Paris après avoir été le contre exemple deviendra la référence. Chacun sera respecté, sera considéré, sera écouté et en mesure de défendre ses chances. Cette situation n'avait que trop duré. J'ai choisi d'y mettre un terme en proposant à tous une voie de sortie par le haut. Cette méthode sera retenue dans tous les cas où une situation de concurrence inextricable se fera jour.
J'ajoute que je proposerai au bureau politique de réfléchir pour les législatives à un système qui verrait la commission d'investiture, présidée par Jean-Claude GAUDIN, continuer à accorder les investitures sous la réserve que celles-ci soient ratifiées postérieurement par l'assemblée générale des adhérents de la circonscription. J'estime que si nous avons choisi un candidat qui n'est pas capable de rassembler ses propres adhérents ce n'est pas un très bon signe quant à sa capacité à entraîner ses électeurs.
Et ce qui vaut pour les candidats vaudra tout autant pour le programme. Quand des choix politiques, doctrinaux, idéologiques, programmatiques devront être faits et qu'il y aura des désaccords entre nous, il ne faudra nullement les dramatiser. Il faudra les faire trancher comme dans tout organisme démocratique par le vote de nos instances sans s'interdire, chaque fois que nécessaire, de consulter plus largement tous les adhérents. Nous n'avons rien à craindre de la démocratie, de l'ouverture et de la transparence. Chaque fois que dans le passé nous avons fait le choix inverse, cela s'est toujours retourné contre nous.
Dans l'UMP que je préside, il n'y a pas d'un côté le petit nombre de ceux qui savent et de l'autre l'armée de ceux qui servent et se taisent. Il va falloir s'y faire car la démocratie a ses contraintes et ses exigences. Je suis prêt pour ma part à m'y plier totalement, loyalement, complètement.
Dernier principe : tout ceci ne peut fonctionner que si nous sommes capables de bannir l'esprit de clan, l'esprit partisan, l'esprit de chapelle. Chacun doit pouvoir s'exprimer, défendre ses idées et faire valoir ses convictions en étant respecté. Cela sera le cas pour les partisans du non au référendum alors que je militerai de toutes mes forces pour le oui. Tant que le Conseil National du 6 mars n'aura pas fixé définitivement notre ligne on ne va pas se mettre en situation d'affrontements stériles en nous. Débattons sereinement et rassemblons-nous ensuite. Voici la stratégie gagnante.
Cette exemplarité démocratique, je veux qu'elle soit renforcée par notre exemplarité éthique. Je veux dire que pour être respectés des français nous devons être respectables sur tous les plans et à tous les niveaux de notre mouvement. Respectables quant à notre probité - c'est plus important que l'on ne l'imagine aux yeux de nombre de Français. Respectables quant à notre attitude. Chacun peut défendre avec vigueur ses convictions sans pour autant manquer de respect à l'endroit de certaines catégories de français. Ainsi on peut souhaiter, comme je le propose de réduire les effectifs de la Fonction publique sans porter atteinte à la dignité de fonctionnaires qui travaillent dures dans des conditions souvent difficiles. On peut défendre une idée traditionnelle de la famille et ne pas manquer de respect à ceux dont l'identité a pu les conduire à avoir une autre façon de vivre. Nous n'avons rien à gagner à pratiquer l'invective, l'excès, ou à tomber dans la caricature. Je suis garant de l'image de l'UMP, je la défendrai. Il y a des choses que je n'accepterai pas et que je n'ai pas l'intention de laisser se reproduire.
Mes chers amis, si nous faisons de ces règles de bon sens notre comportement quotidien, nous assumerons nos différences, nous surmonterons nos divisions, notre unité en sortira renforcée. Nous donnerons l'image d'un mouvement indestructible, confiant, rassurant.
Je souhaite ensuite que nous soyons exemplaires dans notre contribution aux débats d'idées. Je voudrais vous faire partager ma conviction qu'on ne peut préparer la France aux défis des 10, 20, 30 années qui viennent avec les recettes du passé, les idées qui ont déjà échoué et l'éternelle pensée unique qui cherche à étouffer tous les débats avant même qu'il n'aient eu le temps de prospérer.
D'abord, notre ligne politique sera de débattre de tout ce qui fait question pour les Français et pas seulement de ce que le "politiquement correct " voudrait que nous débattions. Cela fait trop longtemps que la société politique se complait dans le non dit, le consensus mou et parfois la suffisance intellectuelle. Je suis persuadé que l'on peut débattre de tout si c'est avec une certaine hauteur de vue et le souci d'éclairer nos concitoyens. Cela fait trop longtemps que nombre de français ont le sentiment, pas toujours injustifié, qu'une petite technocratie confisque le débat. Pour elle ce n'est jamais le bon moment pour débattre. Je suis d'un avis inverse car sans contenu la politique perd tout intérêt.
Souvenez-vous au début des années 80 si vous prononciez le mot Immigration, vous étiez déjà considéré comme un quasi raciste. Cette chape de plomb nous a valu 15 années triomphantes du Font National. Beau résultat. Et puisque les républicains donnaient le sentiment d'avoir déserté les extrémistes en ont profité.
Souvenez-vous de Lionel JOSPIN et de l'insécurité. Lui aussi a nié la réalité. L'insécurité cela n'existait pas. Tout juste avait-il fini par consentir à reconnaître un vague " sentiment d'insécurité ". Les Français comprennent que nous ne puissions pas tout résoudre, en tout cas pas tout de suite mais ils sont excédés à l'idée qu'on leur conteste même la réalité de leurs souffrances.
Lorsque je suis devenu ministre de l'Intérieur, la cohorte de tous ceux, notamment à gauche, qui aiment à donner des leçons sur la bonne façon de penser, m'a immédiatement accusé " de faire la guerre aux pauvres ", parce que j'affirmais que ce n'était pas une vie quand on avait travaillé dur toute la journée de ne pouvoir pénétrer dans le hall de son immeuble sans baisser la tête, parce qu'une bande vous rendait la vie impossible. Ce n'était pas des jeunes c'étaient des voyous. Et je n'ai toujours pas compris pourquoi on devrait être indulgent avec eux. Je n'ai pas cédé, et à l'arrivée les Français nous ont compris.
Rebelote, quand j'ai voulu démasquer Tariq RAMADAN. Avant même que je n'aie débattu, le cortège de tous ceux qui par peur de prendre des risques protestait de ce qui serait mon " erreur ". Le débat a eu lieu. Et depuis ce monsieur a-t-il progressé ou régressé dans l'esprit de nos compatriotes ?
Je suis persuadé qu'il faut continuer à proposer, à imaginer, à oser, à innover. C'est la seule façon de démontrer aux Français qu'il n'y a pas de fatalité, que des solutions à leurs difficultés sont possibles, qu'un espoir est crédible.
Tous les deux mois nous organiserons donc des conventions thématiques où chacun pourra venir débattre et qui nous permettront de donner du contenu à notre message. Je veux que l'UMP ait des valeurs que chacun puisse identifier sans ambiguïté. Qu'elle pose les bases de raisonnements qui soient compris par tous. Qu'elle fasse des propositions concrètes dont les Français verront immédiatement comment elles peuvent changer leur quotidien. C'est pour cela que j'ai parlé des prix dans les supermarchés plutôt que de l'inflation, concept abstrait qui ne signifie rien rapporté aux préoccupations journalières de celui qui fait ses courses. L'UMP doit être aux côtés des consommateurs. La question du pouvoir d'achat des Français est centrale pour la croissance. Ne pas accepter que les tarifs montent plus chez nous que chez tous les autres pays européens est une affaire de justice. Cela doit donc être notre affaire !
J'ai demandé à Pierre MEHAIGNERIE de préparer l'organisation d'une convention sur notre politique sociale car je suis persuadé qu'il nous faut préciser nos idées et affirmer nos différences avec la gauche. La question des rmistes est particulièrement révélatrice des différences de raisonnement. Je comprends que l'on s'interroge sur le droit au logement pour un bénéficiaire du RMI. Je comprends davantage encore que l'on se préoccupe de son droit à la santé. Je peux trouver généreux que l'on songe à donner une prime de Noël aux chômeurs. Mais toutes ces bonnes intentions font fausse route si l'on veut bien considérer que le problème n'est pas seulement d'installer le moins inconfortablement possible les exclus dans l'exclusion mais de les en sortir le plus rapidement possible. Et pour l'UMP, je vous le dis la première des revendications sociales, le premier des droits sociaux, c'est celui qui consistera à ne pas être condamné à demeurer au RMI sans espérance de pouvoir jamais s'en sortir.
Dans la même logique, je souhaite que nous tranchions un autre débat. A mes yeux la politique sociale ne peut et ne doit se résumer au seul combat, absolument nécessaire de la lutte contre l'exclusion. Elle doit également concerner ceux de nos compatriotes qui pour avoir un travail, un logement, une famille n'en connaissent pas moins des difficultés et même des souffrances. La vie est chère, la vie n'est pas facile. Quelles perspectives proposons-nous à la France du travail. Celle qui est toujours suffisamment à l'aise pour être de toutes les augmentations, et jamais assez pauvre pour bénéficier des allocations. Si cette France là se décourage, perd confiance en l'avenir, se détourne de nous, alors mes amis, c'en sera fini avec les ambitions de la France.
Nous devons travailler sur la signification concrète des mots " promotion sociale " en réhabilitant la valeur du travail. Je ne prendrai qu'un exemple mais il y en aurait bien d'autres. En France les familles qui sont propriétaires de leur logement sont 25 % moins nombreuses que les familles anglaises. Or, celui qui n'a jamais été locataire ne peut comprendre l'inquiétude de ce que peut représenter l'augmentation de son loyer, la perspective de la maladie ou du chômage ou même le simple changement de propriétaire pour celui qui ne possède pas son logement. Permettre aux Français et notamment aux jeunes d'accéder à la propriété, faciliter la vente de logements sociaux à leurs occupants, rendre accessible ce rêve que nous avons tous éprouvé un jour d'être propriétaire : voici un formidable objectif de promotion et de politique sociale. Le gouvernement a commencé à aller dans cette direction. Nous le soutiendrons. Nous lui demanderons d'aller plus loin dans sa politique de promotion sociale, et surtout de ne pas hésiter à porter politiquement ce message.
Vous l'avez sans doute entendu, j'ai proposé que nous débattions de la question de l'immigration. Avant l'été nous organiserons une convention à ce propos. Je suis persuadé que ce n'est pas parce que l'on en parle peu dans le débat public que ce sujet est sorti des préoccupations des français.
Cette question les préoccupe. Ils s'interrogent, et surtout, ils sont prêts à faire preuve de beaucoup plus de générosité qu'on ne le croit, pour peu qu'ils comprennent où nous voulons les conduire. Tous les pays démocratiques ont eu ces débats de façon sereine et responsable. Chez nous cela n'a jamais été possible, coincés comme nous l'avons toujours été entre une extrême droite qui proposait le slogan absurde d'une immigration zéro, et la remise en cause inacceptable, à mes yeux, du droit du sol, et une gauche dont la seule politique au final a consisté à régulariser massivement tous les 10 ans ceux qu'elles n'avaient pu, ni intégrer ni contrôler, transformant ainsi de l'exclusion clandestine en exclusion officielle. Elle n'a toujours pas compris qu'en agissant elle faisait monter l'exaspération et les tensions, elle contribuait à la création de véritables ghettos urbains et au final elle pénalisait les étrangers en situation régulière victimes à leur tour d'amalgame.
Il faut que les républicains de droite et du centre se réapproprient ce débat. Je proposerai que la France se dote d'une politique d'immigration voulue et choisie plutôt que subie. Car enfin nous ne pouvons pas être le seul pays au monde à qui l'on dénierait le droit de décider de qui peut pénétrer sur son territoire et qui n'y est pas souhaité.
De même encore, alors que notre système d'intégration ne fonctionne plus comme il le devrait, nous devons refonder notre politique en la matière. Les droits des nouveaux arrivants sont hélas, biens souvent virtuels car que cela plaise ou non, il existe des discriminations inacceptables.
Enfin, cela ne sert à rien de se battre pour les droits de chacun, si on n'est pas décidé à faire respecter les devoirs qui vont avec. Si l'on n'aime pas nos lois où si l'on ne veut pas les respecter, personne n'est obligé de demeurer en France.
Voyez-vous, je crois à l'exemplarité française mais je veux que dans notre réflexion nous intégrions davantage le fruit des expériences étrangères. Il faut nous ouvrir. Il convient d'être moins nombriliste. Tout ce que font les autres n'est pas forcément à rejeter. Les succès ou les échecs d'autres nations doivent être analysé avec soin. Je proposerai que dans chacune de nos conventions une place soit faite à des invités étrangers afin que nous puissions être davantage ouvert sur le monde et donc sur l'avenir.
Je souhaite enfin que nous soyons exemplaire dans notre engagement européen. L'Europe, la construction européenne, l'Union Européenne représentent depuis 50 ans le processus politique le plus original, le plus abouti, le plus prometteur. Nulle part ailleurs dans le monde on a fait aussi vite, aussi bien, aussi fort.
Ainsi des nations qui avaient passé leur temps à s'entretuer se sont retrouvées successivement amies, associées, puis intégrées. L'Europe dont l'histoire fut nourrie de divisions, de guerres et d'affrontements sans équivalent est devenue, grâce à l'Union Européenne, la zone la plus stable et surtout la plus durablement stable de toute la planète. Voici ce que je pense au plus profond de moi. C'est la raison pour laquelle rejetant toutes les arrière-pensées tactiques et repoussant tous les conseils de prudence intéressés je m'engagerai de toutes mes forces pour faire triompher le oui au référendum que propose J. Chirac sur la constitution Européenne.
Cette constitution reprend les valeurs qui sont les nôtres celles de la démocratie française. Elles deviendront celles de 400 millions d'européens. Il serait étrange de vouloir dire non à la généralisation de nos propres idées.
Cette constitution adapte les règles de fonctionnement de l'Union au nouveau contexte des 25 pays. Qui peut contester le fait qu'à 25 nous ne pouvons garder les mêmes procédures qu'à 9, 12 ou 15 ? Elle comporte des progrès remarquables comme celui qui permettra de décider à la majorité et non plus à l'unanimité dans des domaines où tout était bloqué comme la sécurité et l'immigration. Jusqu'à présent il fallait attendre que tout le monde soit d'accord pour avancer, et il faut bien reconnaître que l'on a plus attendu qu'avancé. Désormais nous pourrons aller plus vite. Qui peut être contre ?
Mieux encore les coopérations renforcées permettront à un groupe de 8 pays de faire davantage sans attendre les autres. C'est exactement ce que, tous nous n'avions cessé de réclamer depuis des années.
Alors bien sûr la construction européenne à 25, cela exige des compromis. Ici on ne va pas assez loin. Là c'est trop compliqué. C'est inévitable, on ne fait pas l'Europe sans faire des concessions. Mais si on ne veut pas en faire alors on reste seul. Et qui pourrait affirmer que la France serait plus forte seule ?
Certains disent, la crise sera salutaire on remettra tout à plat. Certes je n'en doute pas, la crise nous mettra à plat Et, pour combien de temps, et comment s'en relever ? On devra en rediscuter avec les mêmes, nos 24 partenaires. On devra donc faire des compromis semblables. Car qui peut imaginer que 24 pays vont dire à la France, rien que pour vous faire plaisir nous allons renoncer à toutes nos convictions. S'il y a crise, nous aurons perdu du temps, du crédit, et surtout notre capacité à entraîner l'Europe. Voici pourquoi mon oui sera celui de la conviction, de la clarté, et de l'engagement. Je demanderai au Conseil National du 6 mars d'en faire la position de toute l'UMP.
Reste la question de la Turquie qui est d'ailleurs bien davantage celle des frontières futures de l'Europe. Je dois dire à ce propos que certains arguments ne cessent de m'étonner.
Quelques-uns disent de bonne foi, il vaut mieux ne pas en parler. Je suis bien d'accord cela nous faciliterait beaucoup la tâche. Mais pour ne pas avoir à en parler mieux aurait valu ne pas commencer par l'évoquer. Le sujet est sur la table des négociations européennes et il est clairement devenu un objet de préoccupation pour l'opinion publique française. Nous recevons quantité de courriers et d'appels à ce propos. Qui comprendrait que nous soyons le seul lieu où l'on n'en parle pas.
Et surtout qui peut croire sérieusement que parce que nous n'en parlerions pas les Français n'y penseraient plus au moment de se prononcer. C'est vrai que le Président de la République a mis des garanties et il a eu raison : le temps forcément long pour les négociations, le référendum pour que la décision appartienne in fine aux Français. Mais s'il les a mises c'est parce qu'il savait que cela posait question à la société française.
On me dit enfin parler de la Turquie c'est prendre le risque de l'amalgame. Je suis en complet désaccord avec cette analyse qui cherche à infantiliser les Français. Comme s'ils n'étaient pas capables de se faire une idée juste des arguments des uns et des autres. Débattre et parler des grandes questions n'est jamais un risque. Je prendrai donc mes responsabilités en vous disant ma conviction que la Turquie doit être associée à l'Europe par un lien privilégié mais pas intégrée. Et je vous demanderai de participer à ce débat et de donner votre opinion. Nous y gagnerons l'image d'un mouvement qui débat des vrais sujets de façon sereine, apaisée et déterminée. Je souhaite d'ailleurs que lorsque l'un d'entre vous ose une proposition il puisse le faire sans que tous les autres lui en fassent le reproche. Je préférerai toujours celui qui imagine à celui qui suit, celui qui invente à celui qui copie, celui qui ose à celui qui a peur ! Croyez-moi on ne meurt ni d'une indigestion de voix, ni d'un trop plein d'idées.
Je souhaite enfin que nous soyons exemplaire par le nombre de nos adhérents. J'ai fixé un objectif ambitieux celui du doublement de nos effectifs. Nous le tiendrons. Depuis le début de l'année nous avons enregistré plus de 5 000 nouvelles adhésions. C'est près de 40 000 depuis que j'ai déclaré ma candidature en septembre dernier. Nous allons lancer une campagne d'adhésion. Des mailings partiront dans toute la France pour inciter ceux qui croient au volontarisme et qui veulent participer à notre projet de faire partie de la grande famille des Populaires. Je proposerais également à tous ceux qui n'avaient pas renouvelé leurs adhésions en 2004 des réunions systématiques que je présiderai pour comprendre pourquoi ils nous avaient quitté. Je ne me résous pas à leur départ.
J'irai chaque mois m'installer trois jours dans une région pour aller à la rencontre des Français, pour dynamiser nos cadres, pour motiver nos militants, pour convaincre de nouveaux adhérents. L'UMP doit être au cur de nos territoires. Je n'ai pas l'intention d'oublier la France des petites villes et des villages. Je veux que nos permanences soient plus souvent ouvertes. Je veux dépoussiérer le processus d'adhésion. Combien de fois m'a-t-on dit que c'était le parcours du combattant pour avoir sa carte. D'ailleurs celle-ci doit devenir définitive cela évitera bien des difficultés. Un numéro de téléphone sera mis en place. Il suffira d'appeler pour être membre de l'UMP.
Il faut que nous rénovions nos procédures, que nous modernisions nos méthodes, et par-dessus tout que nous considérions qu'un mouvement politique est un lieu ouvert, généreux, accessible et non pas une permanence sombre, étrange, triste, fermée dans laquelle on ne pourrait pénétrer qu'après avoir reçu en héritage un code secret que seuls les initiés seraient censés posséder.
Je souhaite que vous multipliiez les initiatives. Je demande que pas un mois ne passe sans qu'ait été organisé une ou plusieurs réunions dans votre département. Je réfléchis à ce que pourrait être une permanence modèle en 2005 dont nous vous adresserions les caractéristiques. Je souhaite que les 20 plus grandes villes de France soient dotées d'une permanence spacieuse, conviviale et ouverte 7 jours sur 7. Le centre national est prêt à vous aider financièrement comme nous allons aider les 10 plus petites fédérations qui n'ont ni élus, ni moyens mais qui compte pourtant nombre d'électeurs qui souhaitent nous rejoindre.
D'une manière générale je pense que les moyens financiers de l'UMP doivent davantage s'investir sur le terrain que dans des clubs ou fondations dont l'utilité peut parfaitement se comprendre, mais qui me semblent moins prioritaire à aider que ceux de nos amis qui ont des villes, des départements, des régions ou des circonscriptions à conquérir ou à reconquérir. Je sais bien que tout est une question d'équilibre. Je vous proposerai donc des décisions équilibrées. Je le ferai avec d'autant plus de liberté que lorsque je n'étais ni Président de l'UMP ni responsable du RPR, je n'ai jamais rien demandé ce qui a permis que l'on ne m'ait jamais rien donné.
Exemplaire enfin nous devrons l'être en prenant soin de nous adresser à tous les Français sans exception. Nous ne pouvons nous contenter de parler aux seuls chefs d'entreprise, artisans, commerçants, agriculteurs, professions libérales. Il nous faut d'abord créer les conditions de l'émergence d'un puissant courant de jeunes. Je réunirai le mois prochain les responsables départementaux pour travailler une journée entière sur cette question. Elle est vitale. La jeunesse nous apportera son dynamisme, sa foi, son ouverture aux autres, son impertinence, son impatience. Nous deviendrons la force politique la plus jeune de France.
Je souhaite aussi que nous nous adressions à la France multiple. Dans mes déplacements sur le terrain je me rendrai dans tous les quartiers. Je discuterai avec tous. Nous aurons des candidats qui leurs ressembleront à toutes les élections. Cela témoignera de notre volonté de faire une place à chacun. Si nous voulons incarner le visage de la France des 10 ans qui viennent il faut que nos équipes lui ressemblent.
Nous mettrons toute notre énergie pour rattraper notre retard -qui est indiscutable- dans des milieux professionnels où durant trop d'années nous avons été complètement absents. Je pense au monde des salariés, à celui de la fonction publique ou encore à celui de la culture. Ils ne sont pas gagnés à la gauche d'une façon partisane et encore moins définitive. Ils ont plutôt été consternés par notre absence d'attention et de messages à leur endroit. J'ai la conviction que l'on ne peut être coupés de ceux qui créent, qui font rêver les Français, et de ceux qui font vivre notre culture et notre langue.
Mes chers amis,
Vous l'avez compris, je vous demande d'avoir confiance, de prendre des initiatives, d'innover, de vous accaparer cette grande ambition qui consiste à incarner un mouvement politique exemplaire et populaire.
Chacun est maintenant face à ses responsabilités. Moi le premier. Elles sont lourdes mais elles ne sont pas écrasantes. Je suis prêt à les assumer. Je vous ai proposé une feuille de route. A vous de la mettre en uvre. L'Union pour un Mouvement Populaire va devenir puissante. Cela sera un atout pour le gouvernement que nous soutenons. Cela sera utile pour le Président de la République qui porte le message de la Nation. Cela sera une force pour la France qui ne peut se permettre le moindre retard sur chemin de la modernité.
J'ai besoin de vous, de chacun de vous. Merci de l'avoir si bien compris.

(Source http://www.u-m-p.org, le 19 janvier 2005)