Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Je suis très heureux de vous accueillir à l'occasion de la parution du Petit Décodeur, fruit de la collaboration entre le secrétariat d'Etat à la réforme de l'Etat et les éditions Le Robert.
Cette parution est une étape importante dans les travaux du Comité de simplification du langage administratif (COSLA), qui sont à l'origine de cet ouvrage.
I. Remerciements.
Avant d'aller plus loin, je tiens à remercier publiquement ceux qui ont été les principaux artisans de cette entreprise collective :
- M. Pierre Encrevé, linguiste bien connu, qui fut l'inventeur de l'expression " mise en examen ", et qui a animé pendant trois ans le COSLA, avec une énergie infatigable ;
- M. Jean-Claude Bourquin, président du COSLA, successeur de M. Encrevé. Il est aussi le représentant de l'association de consommateurs UFC-Que Choisir au sein du comité : il y représente les usagers, et nous donne un point de vue précieux les propositions qui sont faites ;
- Je salue aussi M. Alain Rey, rédacteur du Robert, partenaire du COSLA, et l'éditeur du Petit Décodeur.
D'autres personnalités nous ont fait l'honneur de participer aux travaux de réforme de simplification du langage administratif :
- Yves Duteil, qui a suivi avec soin la question des mots que l'Etat emploie quand il s'adresse aux enfants : ces mots sont parfois blessants, et nous cherchons, avec son aide, à les rendre plus humains ;
- Enfin, je salue Bernard Pivot, qu'on ne présente plus, et qui est un des grands animateurs de notre vie intellectuelle.
A tous les membres du COSLA qui ont pris part, à un titre ou un autre, à cette entreprise, j'adresse mes remerciements les plus sincères.
II. L'ambition du COSLA
Avant de dire un mot du Petit Décodeur, j'aimerais rappeler quels sont les objectifs du Comité de Simplification du langage administratif, dont les travaux ont nourri cet ouvrage.
Le COSLA n'a qu'un seul but : rendre " parole humaine " à notre Etat en rendant les formulaires plus clairs, le langage plus simple, moins technique, moins blessant aussi parfois.
Que l'administration soit comprise des citoyens, c'est une exigence du bon sens et un impératif démocratique.
Exigence de bon sens : complexes, labyrinthiques, sibyllins, les formulaires peuvent décourager, induire en erreur. Cela entraîne de fâcheuses conséquences : formulaires mal remplis, inutilisables, démarche à recommencer.
Impératif démocratique. Parfois l'usager renonce à sa démarche plutôt que d'affronter l'épreuve du remplissage, etc. Cela contribue à la coupure entre l'Etat et l'administré, et au discrédit de l'Etat, considéré comme une forteresse hostile et fermée. Améliorer la compréhension de l'Etat, c'est l'ouvrir aux citoyens.
En trois ans, 30 formulaires ont été révisés et simplifiés, notamment ceux de la demande de RMI, de carte d'identité, celui de la feuille de soins.
Au fond, nous poursuivons l'oeuvre commencée par François Ier dans son ordonnance de Villers-Cotterêts. Ce n'est certes plus au latin que nous devons renoncer, mais à une forme particulièrement obscure de jargon administratif, qui a peu à peu envahi notre Etat.
Ce jargon, nos concitoyens le retrouvent sur les formulaires que l'administration leur demande de remplir, et le Petit Décodeur leur permet désormais de mieux comprendre ces termes techniques.
III. Le Petit Décodeur.
Le Petit Décodeur est la version grand public du Lexique Administratif qui avait été élaboré grâce aux travaux du COSLA.
Le Petit Décodeur est le résultat de la collaboration entre le Secrétariat d'Etat et les éditions Le Robert.
Il comprend 3000 mots et expressions traduits en langage clair, 200 sigles expliqués. Il sera vendu au prix de 5,95 Euros.
Il donne des exemples concrets de phrases complexes reformulées simplement.
C'est une étape dans la fin des malentendus entre l'administration et l'usager.
Cela renvoie à des situations parfois douloureuses : une personne pourrait s'effrayer de recevoir un courrier lui signifiant que sa retraite va être " liquidée ". Ici l'usager risque de comprendre le contraire de ce qu'on veut lui dire ! " Liquider " veut dire ici non pas supprimer mais payer.
Notons que le Lexique qui sera distribué aux fonctionnaires, indique une formule de réécriture. " Afin de pouvoir liquider votre retraite " devient : " pour pouvoir calculer et verser votre retraite ". C'est tout de même plus simple !
Cher Bernard Pivot, vous serez, je suppose, d'accord avec moi pour trouver salutaire la lecture du Petit Décodeur, qu'on pourrait proposer aussi à tous les candidats de vos fameuses dictées.
Ainsi, grâce au Petit Décodeur, vous comprendrez qu'un tube de super-glu n'est pas nécessaire pour faire un récolement, puisqu'il s'agit d'un inventaire ;
- que l'ampliation n'est pas le mode de déplacement d'un quelconque reptile, mais désigne une copie légale d'un document ;
- que le pacte tontinier n'est pas une association de pêcheurs, mais un accord entre acheteurs d'un bien ;
- enfin que la licéité n'est pas une maladie affectant les jeunes gens qui auraient passé un peu trop de temps sur les bancs de l'école
Perspectives et Conclusion
- Sur LARA.
Maintenant que s'achève le chantier du Petit Décodeur, il est temps de dire un mot des nouvelles initiatives que nous avons lancées.
Il y a tout d'abord le programme LARA. Il s'agit un logiciel d'aide à la rédaction administrative, mis au point en collaboration avec le Robert.
C'est en quelque sorte l'équivalent administratif du correcteur d'orthographe : grâce à lui on peut simplifier la rédaction.
Son utilisation n'est pas encore optimale dans tous les services. Mais il y a déjà des exemples de bonne appropriation : la Caisse d'Allocation Familiale a complètement adopté cet instrument.
Ce logiciel sera réédité pour le mois de mai prochain, et plus largement distribué au sein des administrations.
- Concours de réécriture.
Le COSLA organise avec les Sciences PO de Paris et de Province un concours de réécriture de formulaires administratifs.
Un jury se réunira en juin pour examiner les propositions et récompenser les meilleures d'entre elles.
Pourquoi réécrire ? Refaire des formulaires n'est pas une action superficielle : car ils sont le premier contact, et souvent le principal contact de nos concitoyens avec l'Etat. Il importe au plus haut point que ce contact soit de bonne qualité ! C'est aussi cela, la réforme de l'Etat.
Mesdames et Messieurs, je salue pour conclure la parution de cet utile outil de communication qu'est le Petit Décodeur, en lui souhaitant un grand succès de librairie.
J'espère qu'il deviendra en quelque sorte le livre de chevet de l'administré.
Je vous remercie.
(Source http://www.fonction-publique.gouv.fr, le 1er mars 2005)
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Je suis très heureux de vous accueillir à l'occasion de la parution du Petit Décodeur, fruit de la collaboration entre le secrétariat d'Etat à la réforme de l'Etat et les éditions Le Robert.
Cette parution est une étape importante dans les travaux du Comité de simplification du langage administratif (COSLA), qui sont à l'origine de cet ouvrage.
I. Remerciements.
Avant d'aller plus loin, je tiens à remercier publiquement ceux qui ont été les principaux artisans de cette entreprise collective :
- M. Pierre Encrevé, linguiste bien connu, qui fut l'inventeur de l'expression " mise en examen ", et qui a animé pendant trois ans le COSLA, avec une énergie infatigable ;
- M. Jean-Claude Bourquin, président du COSLA, successeur de M. Encrevé. Il est aussi le représentant de l'association de consommateurs UFC-Que Choisir au sein du comité : il y représente les usagers, et nous donne un point de vue précieux les propositions qui sont faites ;
- Je salue aussi M. Alain Rey, rédacteur du Robert, partenaire du COSLA, et l'éditeur du Petit Décodeur.
D'autres personnalités nous ont fait l'honneur de participer aux travaux de réforme de simplification du langage administratif :
- Yves Duteil, qui a suivi avec soin la question des mots que l'Etat emploie quand il s'adresse aux enfants : ces mots sont parfois blessants, et nous cherchons, avec son aide, à les rendre plus humains ;
- Enfin, je salue Bernard Pivot, qu'on ne présente plus, et qui est un des grands animateurs de notre vie intellectuelle.
A tous les membres du COSLA qui ont pris part, à un titre ou un autre, à cette entreprise, j'adresse mes remerciements les plus sincères.
II. L'ambition du COSLA
Avant de dire un mot du Petit Décodeur, j'aimerais rappeler quels sont les objectifs du Comité de Simplification du langage administratif, dont les travaux ont nourri cet ouvrage.
Le COSLA n'a qu'un seul but : rendre " parole humaine " à notre Etat en rendant les formulaires plus clairs, le langage plus simple, moins technique, moins blessant aussi parfois.
Que l'administration soit comprise des citoyens, c'est une exigence du bon sens et un impératif démocratique.
Exigence de bon sens : complexes, labyrinthiques, sibyllins, les formulaires peuvent décourager, induire en erreur. Cela entraîne de fâcheuses conséquences : formulaires mal remplis, inutilisables, démarche à recommencer.
Impératif démocratique. Parfois l'usager renonce à sa démarche plutôt que d'affronter l'épreuve du remplissage, etc. Cela contribue à la coupure entre l'Etat et l'administré, et au discrédit de l'Etat, considéré comme une forteresse hostile et fermée. Améliorer la compréhension de l'Etat, c'est l'ouvrir aux citoyens.
En trois ans, 30 formulaires ont été révisés et simplifiés, notamment ceux de la demande de RMI, de carte d'identité, celui de la feuille de soins.
Au fond, nous poursuivons l'oeuvre commencée par François Ier dans son ordonnance de Villers-Cotterêts. Ce n'est certes plus au latin que nous devons renoncer, mais à une forme particulièrement obscure de jargon administratif, qui a peu à peu envahi notre Etat.
Ce jargon, nos concitoyens le retrouvent sur les formulaires que l'administration leur demande de remplir, et le Petit Décodeur leur permet désormais de mieux comprendre ces termes techniques.
III. Le Petit Décodeur.
Le Petit Décodeur est la version grand public du Lexique Administratif qui avait été élaboré grâce aux travaux du COSLA.
Le Petit Décodeur est le résultat de la collaboration entre le Secrétariat d'Etat et les éditions Le Robert.
Il comprend 3000 mots et expressions traduits en langage clair, 200 sigles expliqués. Il sera vendu au prix de 5,95 Euros.
Il donne des exemples concrets de phrases complexes reformulées simplement.
C'est une étape dans la fin des malentendus entre l'administration et l'usager.
Cela renvoie à des situations parfois douloureuses : une personne pourrait s'effrayer de recevoir un courrier lui signifiant que sa retraite va être " liquidée ". Ici l'usager risque de comprendre le contraire de ce qu'on veut lui dire ! " Liquider " veut dire ici non pas supprimer mais payer.
Notons que le Lexique qui sera distribué aux fonctionnaires, indique une formule de réécriture. " Afin de pouvoir liquider votre retraite " devient : " pour pouvoir calculer et verser votre retraite ". C'est tout de même plus simple !
Cher Bernard Pivot, vous serez, je suppose, d'accord avec moi pour trouver salutaire la lecture du Petit Décodeur, qu'on pourrait proposer aussi à tous les candidats de vos fameuses dictées.
Ainsi, grâce au Petit Décodeur, vous comprendrez qu'un tube de super-glu n'est pas nécessaire pour faire un récolement, puisqu'il s'agit d'un inventaire ;
- que l'ampliation n'est pas le mode de déplacement d'un quelconque reptile, mais désigne une copie légale d'un document ;
- que le pacte tontinier n'est pas une association de pêcheurs, mais un accord entre acheteurs d'un bien ;
- enfin que la licéité n'est pas une maladie affectant les jeunes gens qui auraient passé un peu trop de temps sur les bancs de l'école
Perspectives et Conclusion
- Sur LARA.
Maintenant que s'achève le chantier du Petit Décodeur, il est temps de dire un mot des nouvelles initiatives que nous avons lancées.
Il y a tout d'abord le programme LARA. Il s'agit un logiciel d'aide à la rédaction administrative, mis au point en collaboration avec le Robert.
C'est en quelque sorte l'équivalent administratif du correcteur d'orthographe : grâce à lui on peut simplifier la rédaction.
Son utilisation n'est pas encore optimale dans tous les services. Mais il y a déjà des exemples de bonne appropriation : la Caisse d'Allocation Familiale a complètement adopté cet instrument.
Ce logiciel sera réédité pour le mois de mai prochain, et plus largement distribué au sein des administrations.
- Concours de réécriture.
Le COSLA organise avec les Sciences PO de Paris et de Province un concours de réécriture de formulaires administratifs.
Un jury se réunira en juin pour examiner les propositions et récompenser les meilleures d'entre elles.
Pourquoi réécrire ? Refaire des formulaires n'est pas une action superficielle : car ils sont le premier contact, et souvent le principal contact de nos concitoyens avec l'Etat. Il importe au plus haut point que ce contact soit de bonne qualité ! C'est aussi cela, la réforme de l'Etat.
Mesdames et Messieurs, je salue pour conclure la parution de cet utile outil de communication qu'est le Petit Décodeur, en lui souhaitant un grand succès de librairie.
J'espère qu'il deviendra en quelque sorte le livre de chevet de l'administré.
Je vous remercie.
(Source http://www.fonction-publique.gouv.fr, le 1er mars 2005)