Texte intégral
Q- "Les turqueries du grand Mamamouchi, adresse à J. Chirac", c'est le titre d'un livre de P. de Villiers, qui paraît chez Albin Michel. Vous êtes président du MPF, député européen, président du conseil général de Vendée et ce livre est un sévère réquisitoire pour dire "non" à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne, peut-être dans dix ou quinze ans, un livre rempli de formules définitives : "partout où ils passent, les Turcs mettent le feu au lac" ; "les rapports entre la Turquie et l'Europe sont marqués par la conquête, l'oppression, la terreur et la colonisation" ; "la Turquie est le pont entre l'Union européenne et le Croissant d'Or, le pont de la drogue et du crime" ; "entre la Turquie et l'Europe, il n'y a rien de commun". Quand on referme votre livre, on a l'impression que l'Europe est confrontée à un véritable péril turc. Susciter la peur, est-ce efficace électoralement ? J.-M. Le Pen utilise l'immigration ; vous, ce sont les Turcs ?
R- C'est une manière de voir les choses que je ne partage absolument pas. Vous oubliez quelques citations qui sont importantes, qui vont dans un tout autre sens, dans le sens d'un partenariat privilégié...
Q- Mais les Turcs, eux, n'en veulent pas...
R- Attendez, mais moi, je vous dis ce dont je parle dans mon livre, que les Turcs n'ont peut-être pas encore lu, mais que vous avez lu. Donc, partenariat privilégié entre deux mondes. J'ai beaucoup d'amis marocains et tunisiens, et voilà ce qu'ils me disent : "Vous êtes en train de faire un club colonial". C'est une illusion de croire que l'on va jeter un pont, en faisant rentrer la Turquie dans l'Union européenne, entre le monde européen et le monde musulman en général. Il y a des mondes qui existent, avec des cultures, des civilisations, des traditions. Je crois qu'il faut respecter ces mondes et ne pas chercher, par exemple, à forcer l'histoire ou la géographie.
Q- D'ailleurs, vous parlez beaucoup dans votre livre des "racines chrétiennes" de l'Europe. Cela semble être pour vous un élément très important... Voulez-vous que je vous donne la liste des églises que l'on peut trouver actuellement à Istanbul ?
R- Justement, parlons-en. C'est le fameux "club chrétien" dont parle M. Erdogan... Je voulais d'abord terminer sur le premier point : ce que je dis dans mon livre, c'est qu'il y a une mission exceptionnelle à l'avenir à remplir pour la Turquie : c'est le pont de l'esprit entre deux civilisations, entre l'Europe et l'Asie. La Turquie peut y jouer un rôle très important. Mais si la Turquie entre dans l'Europe, cela pose trois problèmes. Un premier problème : c'est que ce n'est plus l'Europe, c'est l'Eurasie, donc ce n'est plus tout l'Europe des pères fondateurs.
Q- Qu'est-ce que cela veut dire "l'Eurasie", je ne comprends pas ?
R- L'Eurasie, cela veut dire que l'Asie, ce n'est plus l'Europe. Je reprends ce que M. Giscard d'Estaing vous a dit à ce micro il y a deux jours : il vous a même proposé de consulter tous les auditeurs, pour les renvoyer aux livres d'école de géographie et d'histoire de leurs enfants...
Q- Mais justement, tous les géographes disent que la Turquie est à cheval entre l'Europe et l'Asie...
R- Ne me posez pas 36.000 questions en même temps, sinon je ne pourrais répondre à aucune d'entre elles ! Je voudrais répondre à la question sur les racines chrétiennes. M. Erdogan parle de "l'Europe club chrétien" pour nous complexer. L'Europe n'est pas un club chrétien, elle ne l'est plus depuis deux siècles, elle est multiconfessionnelle, elle est laïque ; elle a des racines chrétiennes, personne ne peut l'ignorer. Elle fait mine aujourd'hui d'ignorer son histoire, sa géographie et ses racines, mais elle a des racines chrétiennes. C'est la définition de P. Valéry : j'appelle "européenne" toute terre qui a été successivement romanisée, christianisée et soumise à l'esprit et à la discipline des Grecs. Ce que je veux vous dire, c'est que l'Europe n'est pas un club chrétien, mais qu'en revanche, la Turquie est un club musulman. La preuve : elle a reçu en juin dernier l'Organisation de la communauté islamique, avec des propos très forts. Si vous prônez la laïcité turque aujourd'hui, cela n'a rien à voir avec l'idée que l'on s'en fait en France. L'Etat salarie 90.000 imams, dont il fait les prêches...
Q- Mais on le fait en France, en Espagne, [inaud] ce n'est pas tellement original !
R- En France, à ma connaissance, ce n'est pas l'Etat qui salarie les rabbins et les prêtres et qui paie la formation des séminaristes ! Il y a une religion d'Etat en Turquie. 70 % des femmes sont voilées...
Q- D'où sortez-vous ces chiffres ?! Vous vous êtes rendu en Turquie il y a combien de temps ?!
R- Plusieurs fois... Trois ou quatre fois.
Q- Récemment ?
R- Pas récemment, mais assez pour me rendre compte de la situation... [...] "D'où sortez-vous ces chiffres" ? C'est-à-dire que vous êtes en train de sous-entendre pour les auditeurs que ce que dit P. de Villiers, c'est fantaisiste ! Eh bien, je vais vous le dire d'où je les sors ces chiffres. C'est le rapport Ostendère [phon.], un député européen qui est allé plusieurs fois en Turquie, un rapport de la Commission européenne et un rapport de la Délégation nationale au Parlement français : trois rapports confirmés par des rapports confidentiels de la police de l'air et des frontières et de la police turque, qui figurent en annexe de mon livre et qui sont naturellement à votre disposition. Je vais vous dire quelque chose que j'ai vérifié à travers le rapport Ostendère [phon.], qui se plaint de ce que les minorités religieuses ne peuvent pas, aujourd'hui, exercer leurs missions et avoir un statut juridique aujourd'hui en Turquie.
Q- Je vous parlais des femmes voilées : quand on se promène dans les rues d'Istanbul, on voit des femmes voilées, on voit aussi des filles en mini-jupe, des filles aux cheveux découverts, des filles très maquillées... On n'a pas l'impression de se retrouver par exemple en Arabie saoudite. Et c'est un petit peu ce qui semble ressortir de votre livre...
R- Le rapport Ostendère [phon.] dit très bien qu'il y a deux Turquie : il y a une Turquie occidentalisée, la Turquie de certaines grandes villes, dont Istanbul, donc vous avez tout à fait raison ; mais il y a aussi une toute autre Turquie qui, par rapport à nous, représente évidemment un décalage énorme. Si on prend la question de la sécurité, de l'immigration et de l'économie, le décalage est énorme. Il y a un déséquilibre entre les économies : 50 % du PIB de la Turquie, c'est l'économie mafieuse et non mafieuse, l'économie souterraine...
Q- Mais il n'y a pas de mafia en France, en Italie ?!
R- Si on prend maintenant la question de l'immigration, savez-vous que dans un rapport qui a été remis au ministre de l'Intérieur, N. Sarkozy, combien il y a d'immigrants clandestins, c'est-à-dire de migrants en situation irrégulière, qui attendent à Istanbul pour passer dans l'Union européenne ? Un million ! C'est un chiffre du ministère de l'Intérieur. Ce sont des mondes différents et ce qui me fait peur, outre le fait que la Turquie n'est pas en Europe, c'est que l'on va déplacer la frontière de l'Europe. La Turquie dans l'Union européenne, cela veut dire plus de frontière. Et on va déplacer notre frontière qui sera la frontière de l'Irak, la frontière du Caucase, la frontière de ce qu'un journaliste a appelé récemment "l'axe de l'épouvante", qui s'est déplacé vers cette zone. C'est donc une folie pour toute l'Europe, à la fois en termes de sécurité, mais aussi en termes de confusion des genres.
Q- Ne croyez-vous pas qu'au fil des années, en dix ou quinze ans, la Turquie... On sait très bien qu'aujourd'hui, elle n'est pas prête, n'est pas aux normes européennes. Pourquoi lui faites-vous un procès d'intention, en disant qu'il ne sera jamais aux normes européennes ?
R- Ce n'est pas du tout le procès que je fais. Je dis que dans dix ou quinze ans, il restera des problèmes qui n'auront pas changé. Par exemple, celui de la frontière n'aura pas changé : si vous abolissez la frontière entre la Turquie et l'Union européenne, le problème sera le même...
Q- Mais les Turcs ne sont-ils capables de surveiller leurs frontières ?
R- Actuellement, le projet de Constitution est de faire une seule frontière de 60.000 kilomètres. Est-ce bien raisonnable ? La Turquie, c'est 10.000 kilomètres de frontière, dont 7.500 kilomètres de côtes. Est-ce bien raisonnable ? Et qui ne sont pas gardés : il y a toute une partie de la frontière, par rapport à l'Irak, avec le Kurdistan, etc. qui n'est pas une frontière gardée aujourd'hui. Ce qui me paraît le plus important à dire, c'est que le président de la République propose aux Français une constitution. Cette constitution propose un cadre étatique, avec la primauté du droit européen sur tous les droits nationaux, y compris constitutionnels. C'est très important. C'était admis par la jurisprudence, maintenant c'est dans les textes : cela veut dire qu'une loi européenne, un règlement européen
Q- On est un peu un retard...
R- Laissez-moi aller jusqu'au bout, c'est très important, je termine. Donc, primauté du droit européen. Ce droit européen sera défini désormais à la règle de la majorité. Or cette majorité - Giscard l'a voulu ainsi, à mon avis c'est une erreur, mais c'est ainsi - est indexée sur un critère de population, avec des règles très complexes, mais qui vont donner à la Turquie, si elle entre dans l'Union européenne, un poids considérable, qui lui permettra de faire et de défaire les majorités. Je ne veux pas d'une Europe dominée par la Turquie.
Q- La Turquie aura des députés dans les différents partis représentés au Parlement européen...
R- Mais je ne vous parle pas de ça : elle aura 99 députés, c'est-à-dire plus de députés que la France et autant que l'Allemagne...
Q- Mais pas 99 députés d'un bloc ! De différents partis !
R- Je vous parle de l'organe de décision, du Conseil ! L'instance de décision sera dominée par la Turquie, c'est-à-dire qu'aucune majorité ne pourra se faire sans elle ! Il faut que les auditeurs l'entendent, c'est très important.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 7 janvier 2004)
R- C'est une manière de voir les choses que je ne partage absolument pas. Vous oubliez quelques citations qui sont importantes, qui vont dans un tout autre sens, dans le sens d'un partenariat privilégié...
Q- Mais les Turcs, eux, n'en veulent pas...
R- Attendez, mais moi, je vous dis ce dont je parle dans mon livre, que les Turcs n'ont peut-être pas encore lu, mais que vous avez lu. Donc, partenariat privilégié entre deux mondes. J'ai beaucoup d'amis marocains et tunisiens, et voilà ce qu'ils me disent : "Vous êtes en train de faire un club colonial". C'est une illusion de croire que l'on va jeter un pont, en faisant rentrer la Turquie dans l'Union européenne, entre le monde européen et le monde musulman en général. Il y a des mondes qui existent, avec des cultures, des civilisations, des traditions. Je crois qu'il faut respecter ces mondes et ne pas chercher, par exemple, à forcer l'histoire ou la géographie.
Q- D'ailleurs, vous parlez beaucoup dans votre livre des "racines chrétiennes" de l'Europe. Cela semble être pour vous un élément très important... Voulez-vous que je vous donne la liste des églises que l'on peut trouver actuellement à Istanbul ?
R- Justement, parlons-en. C'est le fameux "club chrétien" dont parle M. Erdogan... Je voulais d'abord terminer sur le premier point : ce que je dis dans mon livre, c'est qu'il y a une mission exceptionnelle à l'avenir à remplir pour la Turquie : c'est le pont de l'esprit entre deux civilisations, entre l'Europe et l'Asie. La Turquie peut y jouer un rôle très important. Mais si la Turquie entre dans l'Europe, cela pose trois problèmes. Un premier problème : c'est que ce n'est plus l'Europe, c'est l'Eurasie, donc ce n'est plus tout l'Europe des pères fondateurs.
Q- Qu'est-ce que cela veut dire "l'Eurasie", je ne comprends pas ?
R- L'Eurasie, cela veut dire que l'Asie, ce n'est plus l'Europe. Je reprends ce que M. Giscard d'Estaing vous a dit à ce micro il y a deux jours : il vous a même proposé de consulter tous les auditeurs, pour les renvoyer aux livres d'école de géographie et d'histoire de leurs enfants...
Q- Mais justement, tous les géographes disent que la Turquie est à cheval entre l'Europe et l'Asie...
R- Ne me posez pas 36.000 questions en même temps, sinon je ne pourrais répondre à aucune d'entre elles ! Je voudrais répondre à la question sur les racines chrétiennes. M. Erdogan parle de "l'Europe club chrétien" pour nous complexer. L'Europe n'est pas un club chrétien, elle ne l'est plus depuis deux siècles, elle est multiconfessionnelle, elle est laïque ; elle a des racines chrétiennes, personne ne peut l'ignorer. Elle fait mine aujourd'hui d'ignorer son histoire, sa géographie et ses racines, mais elle a des racines chrétiennes. C'est la définition de P. Valéry : j'appelle "européenne" toute terre qui a été successivement romanisée, christianisée et soumise à l'esprit et à la discipline des Grecs. Ce que je veux vous dire, c'est que l'Europe n'est pas un club chrétien, mais qu'en revanche, la Turquie est un club musulman. La preuve : elle a reçu en juin dernier l'Organisation de la communauté islamique, avec des propos très forts. Si vous prônez la laïcité turque aujourd'hui, cela n'a rien à voir avec l'idée que l'on s'en fait en France. L'Etat salarie 90.000 imams, dont il fait les prêches...
Q- Mais on le fait en France, en Espagne, [inaud] ce n'est pas tellement original !
R- En France, à ma connaissance, ce n'est pas l'Etat qui salarie les rabbins et les prêtres et qui paie la formation des séminaristes ! Il y a une religion d'Etat en Turquie. 70 % des femmes sont voilées...
Q- D'où sortez-vous ces chiffres ?! Vous vous êtes rendu en Turquie il y a combien de temps ?!
R- Plusieurs fois... Trois ou quatre fois.
Q- Récemment ?
R- Pas récemment, mais assez pour me rendre compte de la situation... [...] "D'où sortez-vous ces chiffres" ? C'est-à-dire que vous êtes en train de sous-entendre pour les auditeurs que ce que dit P. de Villiers, c'est fantaisiste ! Eh bien, je vais vous le dire d'où je les sors ces chiffres. C'est le rapport Ostendère [phon.], un député européen qui est allé plusieurs fois en Turquie, un rapport de la Commission européenne et un rapport de la Délégation nationale au Parlement français : trois rapports confirmés par des rapports confidentiels de la police de l'air et des frontières et de la police turque, qui figurent en annexe de mon livre et qui sont naturellement à votre disposition. Je vais vous dire quelque chose que j'ai vérifié à travers le rapport Ostendère [phon.], qui se plaint de ce que les minorités religieuses ne peuvent pas, aujourd'hui, exercer leurs missions et avoir un statut juridique aujourd'hui en Turquie.
Q- Je vous parlais des femmes voilées : quand on se promène dans les rues d'Istanbul, on voit des femmes voilées, on voit aussi des filles en mini-jupe, des filles aux cheveux découverts, des filles très maquillées... On n'a pas l'impression de se retrouver par exemple en Arabie saoudite. Et c'est un petit peu ce qui semble ressortir de votre livre...
R- Le rapport Ostendère [phon.] dit très bien qu'il y a deux Turquie : il y a une Turquie occidentalisée, la Turquie de certaines grandes villes, dont Istanbul, donc vous avez tout à fait raison ; mais il y a aussi une toute autre Turquie qui, par rapport à nous, représente évidemment un décalage énorme. Si on prend la question de la sécurité, de l'immigration et de l'économie, le décalage est énorme. Il y a un déséquilibre entre les économies : 50 % du PIB de la Turquie, c'est l'économie mafieuse et non mafieuse, l'économie souterraine...
Q- Mais il n'y a pas de mafia en France, en Italie ?!
R- Si on prend maintenant la question de l'immigration, savez-vous que dans un rapport qui a été remis au ministre de l'Intérieur, N. Sarkozy, combien il y a d'immigrants clandestins, c'est-à-dire de migrants en situation irrégulière, qui attendent à Istanbul pour passer dans l'Union européenne ? Un million ! C'est un chiffre du ministère de l'Intérieur. Ce sont des mondes différents et ce qui me fait peur, outre le fait que la Turquie n'est pas en Europe, c'est que l'on va déplacer la frontière de l'Europe. La Turquie dans l'Union européenne, cela veut dire plus de frontière. Et on va déplacer notre frontière qui sera la frontière de l'Irak, la frontière du Caucase, la frontière de ce qu'un journaliste a appelé récemment "l'axe de l'épouvante", qui s'est déplacé vers cette zone. C'est donc une folie pour toute l'Europe, à la fois en termes de sécurité, mais aussi en termes de confusion des genres.
Q- Ne croyez-vous pas qu'au fil des années, en dix ou quinze ans, la Turquie... On sait très bien qu'aujourd'hui, elle n'est pas prête, n'est pas aux normes européennes. Pourquoi lui faites-vous un procès d'intention, en disant qu'il ne sera jamais aux normes européennes ?
R- Ce n'est pas du tout le procès que je fais. Je dis que dans dix ou quinze ans, il restera des problèmes qui n'auront pas changé. Par exemple, celui de la frontière n'aura pas changé : si vous abolissez la frontière entre la Turquie et l'Union européenne, le problème sera le même...
Q- Mais les Turcs ne sont-ils capables de surveiller leurs frontières ?
R- Actuellement, le projet de Constitution est de faire une seule frontière de 60.000 kilomètres. Est-ce bien raisonnable ? La Turquie, c'est 10.000 kilomètres de frontière, dont 7.500 kilomètres de côtes. Est-ce bien raisonnable ? Et qui ne sont pas gardés : il y a toute une partie de la frontière, par rapport à l'Irak, avec le Kurdistan, etc. qui n'est pas une frontière gardée aujourd'hui. Ce qui me paraît le plus important à dire, c'est que le président de la République propose aux Français une constitution. Cette constitution propose un cadre étatique, avec la primauté du droit européen sur tous les droits nationaux, y compris constitutionnels. C'est très important. C'était admis par la jurisprudence, maintenant c'est dans les textes : cela veut dire qu'une loi européenne, un règlement européen
Q- On est un peu un retard...
R- Laissez-moi aller jusqu'au bout, c'est très important, je termine. Donc, primauté du droit européen. Ce droit européen sera défini désormais à la règle de la majorité. Or cette majorité - Giscard l'a voulu ainsi, à mon avis c'est une erreur, mais c'est ainsi - est indexée sur un critère de population, avec des règles très complexes, mais qui vont donner à la Turquie, si elle entre dans l'Union européenne, un poids considérable, qui lui permettra de faire et de défaire les majorités. Je ne veux pas d'une Europe dominée par la Turquie.
Q- La Turquie aura des députés dans les différents partis représentés au Parlement européen...
R- Mais je ne vous parle pas de ça : elle aura 99 députés, c'est-à-dire plus de députés que la France et autant que l'Allemagne...
Q- Mais pas 99 députés d'un bloc ! De différents partis !
R- Je vous parle de l'organe de décision, du Conseil ! L'instance de décision sera dominée par la Turquie, c'est-à-dire qu'aucune majorité ne pourra se faire sans elle ! Il faut que les auditeurs l'entendent, c'est très important.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 7 janvier 2004)