Interview de M. Eric Woerth, secrétaire d'Etat à la réforme de l'Etat, dans "Le Parisien" le 17 février 2005, sur la publication de l'ouvrage "Le Petit Décodeur", lexique du langage administratif version grand public, élaboré par le Comité d'orientation pour la simplification du langage administratif (COSLA).

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Le Parisien

Texte intégral

Q - " Le Petit Décodeur ", pourquoi un tel ouvrage ?
R - Au fil du temps et des formulaires, le jargon administratif a envahi notre Etat, c'est à lui que nous nous attaquons aujourd'hui. " Le Petit Décodeur " que nous publions avec les Editions Le Robert est la version grand public du lexique administratif qui avait été élaboré par le comité de simplification du langage administratif. En vente dans toutes les bonnes librairies dès ce jeudi au prix modique de 5,95 euros, l'ouvrage comprend la bagatelle de 3 000 mots et expressions " administratives " traduits en langage clair. Il donne aussi des exemples de phrases complexes reformulées simplement. Car la complexité peut avoir des conséquences très importantes dans la vie quotidienne.
Q - " Certains renoncent à leurs démarches plutôt que de remplir des formulaires "
Comment cela ?
R - Le jargon crée des malentendus entre l'administration et l'usager. On a vu des personnes s'effrayant par exemple de recevoir des courriers indiquant que leur retraite allait être " liquidée ". Les usagers pensaient qu'on allait la leur supprimer, alors qu'au contraire, dans le langage administratif, liquider signifie payer.
Q - Avez-vous d'autres exemples concrets de charabia administratif décodé ?
R - Prenez le mot recollement, couramment utilisé dans le langage administratif, il n'a rien à voir avec la colle glu puisqu'il signifie inventaire. De même, une ampliation n'est pas le mode de déplacement d'un quelconque reptile mais désigne une copie légale d'un document. Enfin, le pacte tontinier n'est pas une association de pêcheurs mais un accord entre acheteurs d'un bien.
Q - Les usagers pourront sans doute mieux comprendre l'administration. Mais c'est d'abord aux fonctionnaires qu'il faudrait diffuser votre ouvrage, non ?
R - Ils ne seront pas oubliés, le lexique administratif du Comité d'orientation pour la simplification du langage administratif (Cosla) sera progressivement distribué à tous ceux qui écrivent à destination du public. Dans la foulée, nous mettons à leur disposition le logiciel d'aide à la rédaction administrative Lara, mis au point en collaboration avec Le Robert. C'est en quelque sorte l'équivalent administratif du correcteur d'orthographe, grâce à lui on peut simplifier la rédaction. Enfin, avec Sciences-po, nous allons lancer un concours de réécriture de formulaires administratifs. Une trentaine d'entre eux ont déjà été simplifiés, nous allons continuer dans cette voie.
Q - Tout cela n'est-il pas un peu gadget ?
R - Pas du tout ! Certains usagers préfèrent renoncer à leurs démarches plutôt que d'affronter l'épreuve du remplissage des formulaires. Cela contribue à la coupure entre l'Etat et ses administrés, et donc au discrédit de l'Etat. Améliorer la compréhension de l'Etat, c'est l'ouvrir aux citoyens.
(Source http://www.u-m-p.org, le 17 février 2005)