Déclaration de M. François Huwart, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, sur la création de la Fédération européenne des associations professionnelles des industries du bricolage destinée à soutenir le secteur européen du bricolage, Cologne, le 12 mars 2000.

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Circonstance : Clôture de l'assemblée générale constitutive de la FEDIYMA (Fédération européenne des associations professionnelles des industries du bricolage) à Cologne, le 12 mars 2000

Texte intégral

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux de saluer aujourd'hui la création d'une grande fédération européenne du bricolage.
I L'enjeu sectoriel
1/A l'image de ce Salon, qui réunit près de 4000 entreprises, venus de 54 pays, le marché du bricolage est aujourd'hui prospère : il représente près de 100 Mds de francs en France, 600 Mds en Europe et plus de 2000 Mds de Francs dans le Monde. Le bricolage est ainsi le premier marché français de l'équipement des ménages, on ne le dit pas assez, devant le mobilier, l'électro-ménager, la téléphonie, et la micro-informatique.
Les acteurs les plus visibles de ce marché sont, en raison de leur concentration, les grandes chaînes de distribution spécialisées : en France, par exemple, la grande distribution spécialisée représente plus de 60% des ventes totales et quatre enseignes (dans l'ordre Castorama, Leroy-Merlin, Bricomarché et Monsieur Bricolage) couvrent à elles-seules les trois quarts de la grande distribution spécialisée.
En Allemagne, les " Heimwerkermarkt " s'imposent également comme le premier circuit de distribution, avec plus de 46% des parts de marché. Et, partout en Europe, c'est le développement de la grande distribution qui a permis l'essor du marché du bricolage.
La production en revanche obéit à une logique tout à fait différente. En rencontrant tout-à-l'heure les membres de la fédération allemande du bricolage, certains sont d'ailleurs présents ici, dont la spécificité est de réunir à la fois les distributeurs et les producteurs, j'ai pu noter à quel point l'originalité de ce secteur résidait dans la coopération entre des groupes d'envergure européenne voire mondiale et un tissu de petites entreprises.
Le 30ème Salon de Cologne, avec 1170 exposants allemands, 412 exposants italiens, 181 exposants français et 163 exposants britanniques, montre de manière éclatante que les industries du bricolage appartiennent à l'Europe des petites et moyennes entreprises.
Dans ce contexte, on comprend toute l'importance des plate-formes comme ce salon, mais aussi du rôle joué par les fédérations professionnelles et les pouvoirs publics qui permettent à ces entreprises de se rendre plus visibles auprès des consommateurs et des distributeurs.
2/ Néanmoins, comme vous le souligniez à juste titre, Monsieur le Président, le marché du bricolage européen va devoir affronter de nouvelles évolutions. Il s'ouvre déjà à une concurrence et à une dynamique accrue, comme en témoigne le nouveau record de participation de producteurs internationaux dans ce Salon.
Mais la concurrence risque d'être encore plus aiguë parmi les distributeurs, avec l'arrivée sur le marché européen de la grande distribution américaine.
Cette nouvelle donne exigera de nos producteurs une capacité à nouer de nouveaux partenariats, et c'est, dans le bricolage, comme dans d'autres secteurs d'ailleurs, une orientation que je souhaite donner à la présidence française de l'Union européenne. Pour renforcer la construction du marché unique, au-delà de la mise en place d'un cadre réglementaire et monétaire commun, il appartient, je crois, aux fédérations professionnelles, comme au pouvoir public de créer des passerelles entre les entreprises, afin de dépasser des différences culturelles qui ralentissent parfois les projets d'alliances et de partenariats stratégiques.
Cette nouvelle donne exigera également de nos producteurs qu'ils sachent faire valoir leur solide expérience des attentes de la clientèle européenne, et qu'ils disposent collectivement des instruments de marketing appropriés. C'est d'ailleurs, Monsieur le Président, ce que vous avez initié dans le cadre de cette première étude de synthèse sur les habitudes et les attentes des consommateurs anglais, allemands et français.
Les mutations engendrées par les nouvelles technologies de l'information et de la communication sont d'ailleurs susceptibles d'accélérer la réorganisation des relations entre producteurs et distributeurs, entre distributeurs et consommateurs mais aussi entre producteurs et consommateurs. Les grandes plate-formes d'achat crées par la grande distribution, à l'image de celle qui réunit Carrefour et Sears, vont certes accroître la concurrence entre les fournisseurs. Mais elles devraient aussi créer de nouvelles opportunités ne serait-ce que parce que les fournisseurs auront ainsi accès à d'autres marchés.
Les nouvelles technologies de l'information pourront être également exploitées par les distributeurs et par les producteurs pour fournir de nouveaux services aux clients, qui, comme le souligne la conclusion de votre étude manifestent une forte attente d'assistance et de conseil dans les achats, mais aussi de conseils pratiques dans l'utilisation des produits de bricolage, voire d'idées de décoration.
Quels sont aujourd'hui les atouts de l'industrie du bricolage en Europe ?
Les industries du bricolage, qu'il s'agisse de l'outillage, de l'électricité, de la droguerie, ou de la quincaillerie, sont en effet, dans leur grande majorité des industrie de main d'uvre.
S'agissant de ce type d'industries, l'avenir de l'Europe, face à des concurrents étrangers dont les coûts en travail sont moins élevés, est fondé sur l'innovation, la qualité, une main d'uvre qualifiée, et la capacité à répondre de manière adaptée aux exigences des consommateurs, en Europe, mais également sur les autres marchés mondiaux.
De ce point de vue, le commerce électronique est susceptible de surmonter l'opposition entre deux stratégies industrielles, celle qui consiste à fabriquer des produits standards pour une vaste clientèle potentielle, et celle qui fait le choix de produits de qualités et de services personnalisés à l'attention d'une clientèle restreinte.
C'est, je crois une chance pour l'industrie du bricolage européenne, qui en se concentrant sur ses points forts, peut aujourd'hui espérer accéder à de nouveaux marchés, sans pour autant sacrifier sa tradition de qualité.
A condition cependant de s'organiser.
La globalisation se caractérise en effet par une nouvelle organisation où l'essentiel pour l'entreprise est de s'insérer dans un ou plusieurs réseaux, qui conditionnent notamment son accès aux financements, à la coopération technologique, aux circuits de distributions, et permettent de fonder son développement sur des stratégies viables.
Dans ce contexte, l'action des fédérations professionnelles et celle des pouvoirs publics revêt une nouvelle dimension : au delà de la promotion des ventes de produits et de services des entreprises sur les marchés étrangers, il leur appartient d'aider les entreprises à accéder aux réseaux de l'économie internationale, à leur fournir des moyens d'insertion dans ces réseaux.
II Une nouvelle fédération européenne.
Monsieur le Président, c'est avec un très grand plaisir que j'ai accepté, à votre invitation, d'assister à la naissance de la Fediyma.
En réunissant, dans une structure unique, les fédérations des trois grands pays européens, l'Allemagne, la Grande Bretagne et la France qui représentent à eux seuls 65% du marché européen du bricolage, la Fedyima témoigne de la maturité des acteurs économiques dans le cadre de la construction du marché unique.
L'époque est révolue où l'on craignait les effets néfastes de la compétition intracommunautaire : la dimension européenne, grâce à ce type de réseau de fédérations professionnelles devient au contraire un élément déterminant de la compétitivité de nos entreprises, et tout particulièrement de nos petites et moyennes entreprises, et leur donne les moyens de renforcer leurs positions sur le marché européen du bricolage.
A travers cette vocation collective, la Fediyma illustre la capacité et la volonté des entreprises de s'associer aux priorités européennes, qui sont aujourd'hui, dans le cadre de la Présidence portugaise, l'emploi, la croissance et l'innovation.
C'est pourquoi, je voudrais, pour conclure, saluer une initiative, qui, à mes yeux, dépasse la simple fédération au niveau communautaire de la défense et de la promotion d'un secteur industriel particulier, pour proposer, une forme possible de lien social européen.
(Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 15 mars 2000)