Texte intégral
Q - Avant que nous n'évoquions le Liban ou l'Europe, un mot rituel - malheureusement rituel - à propos de Florence Aubenas. Au sortir d'une rencontre avec Jean-Pierre Raffarin, Serge July disait : "Le gouvernement n'a pas de preuve de vie". Et vous-même, vous avez dit, à l'inverse : "Nous avons eu des indications qui nous donnent l'espoir qu'ils paraissent pouvoir revenir un jour". Est-ce qu'il n'y a pas contradiction entre ces deux expressions ?
R - Non, il n'y a pas de contradiction, ce ne sont d'ailleurs pas les mêmes mots. Nous avons eu, depuis malheureusement plusieurs semaines, dès le moment où ils ont disparu tous les deux - je parle de Florence Aubenas et de Hussein Hanoun - des indications, je pourrais ajouter "indirectes", qui nous donnent l'espoir qu'ils sont en vie et que nous pourrons les ramener à la maison. Voilà ce que j'ai dit et ce qu'a dit exactement, de la même manière, peut-être avec d'autres mots, le Premier ministre.
C'est toujours difficile pour moi d'évoquer cette situation, sans pouvoir dire les choses précises, Je souhaite que ceux qui nous écoutent comprennent cela, parce que la discrétion, qui a été également la mienne tout au long de la disparition de Christian Chesnot et de Georges Malbrunot, est une condition - la condition - de leur sécurité. Et pour moi, la sécurité de Florence Aubenas, d'Hussein Hanoun, c'est la priorité. Ce que je peux simplement dire à tous ceux qui sont légitimement inquiets, solidaires - vous-même son confrère, la rédaction de "Libération", sa famille, qui est très digne - c'est que nous faisons tout ce que nous devons pour qu'ils reviennent. Voilà ce que je peux dire, et, en même temps, je trouve très important, très utile la mobilisation pour eux et autour de cette exigence qu'est la liberté de la presse, la liberté de commenter, de rendre compte, la démocratie tout simplement.
Q - On va beaucoup parler, pendant ce week-end, de l'Europe, puisque les Espagnols vont, par un référendum, dire "oui" ou "non" à la Constitution européenne, probablement "oui", en tout cas au vu des sondages. En ce qui concerne la France, est-ce que la date du Congrès va bientôt être annoncée de manière officielle, et donc la date du référendum et, question annexe mais importante, et est-ce que vous, vous souhaitez, comme semble le souhaiter le gouvernement, qu'on aille le plus vite possible ?
R - Il n'y a pas de raison de perdre trop de temps sans se précipiter non plus. Les Espagnols vont ouvrir ce long moment de débat démocratique européen, puisqu'il s'agit d'un débat démocratique européen et non pas de débats nationaux sur des sujets de politique intérieure. Il s'agit vraiment, sur ce petit texte que chacun peut lire, et d'ailleurs que chacun peut se faire communiquer en téléphonant à un numéro qui est 0810.2005.25.
Q - Là, vous êtes en campagne
R - Je suis en campagne pour l'information et pour l'explication, à laquelle ceux qui nous écoutent ont droit. A partir de maintenant et pendant un an, un an et demi, il y aura ce débat démocratique avec des référendums ici ou des consultations parlementaires ailleurs.
Q - Alors le calendrier ?
R - Je suis sûr que la date va être annoncée bientôt par celui qui doit l'annoncer, c'est-à-dire par le chef de l'Etat. Donc, ne me demandez pas de vous dire à l'avance sa décision. Il va la prendre en conscience, et comme c'est sa responsabilité. Il a besoin d'un Congrès, c'est-à-dire une réunion du Sénat et de l'Assemblée nationale...
Q - Qui devrait avoir lieu le 14 mars, comme on l'a dit ?
R - Cela ne sert à rien que vous me posiez cette question, si je puis dire. C'est le président de la République qui, au moment qu'il choisira, annoncera cette date, et pour le Congrès et pour la date du référendum. Ce que je souhaite pouvoir dire, c'est que nous avons besoin, avant le référendum, du temps de l'explication, de l'information et du temps du débat démocratique, parce que c'est un texte important, c'est un texte utile et il faut en parler, et parler de ce texte et pas d'autre chose.
Q - Une précision : la fameuse directive Bolkestein a pollué un peu le débat autour de ce problème européen. Question simple : est-ce que, comme M. Barroso, le président de la Commission européenne, vous pensez qu'il suffit d'attendre que le Parlement européen à Strasbourg, lors de sa session de juin, amende ce texte pour qu'il soit recevable ? Ou quand vous dites et quand le président de la République dit, "remise à plat", est-ce que vous souhaitez davantage ?
R - Vous me dites "amendement"... S'il y a beaucoup d'amendements sur des points importants pour nous donner les garanties, s'agissant par exemple de l'audiovisuel, de la santé publique, des services publics, si ce sont des amendements importants tels que nous les souhaitons, cela reviendra à une remise à plat, et c'est au fond ce que nous avons demandé, sur un texte qui, dans le principe est utile. Parce que je vous rappelle que les services - les banques, les assurances - ce sont des secteurs très importants pour notre économie, ce sont des centaines de milliers d'emplois. Donc, on a intérêt à ne pas être chacun chez soi et chacun pour soi, alors qu'on est dans le même marché. On a intérêt à avoir des règles communes, à condition que ce ne soit pas un nivellement par le bas. Nous voulons une harmonisation vers le haut, et si on aboutit finalement, grâce au travail du Parlement européen, grâce au travail des ministres, à une amélioration de ce texte, à une remise à plat, tant mieux. Mais nous n'en sommes pas là. Voilà pourquoi nous avons demandé cette remise à plat.
Q - Lundi, vous allez être à Bruxelles, puisque lundi soir vous dînez avec le président Chirac, le président Bush et votre homologue, l'Américaine Condi Rice. Vous allez beaucoup parler du Liban et de la Syrie.
R - Pas seulement du Liban et de la Syrie.
Q - J'entends bien, mais cela risque d'être un des sujets importants. Les Américains semblent souhaiter que les Européens, et la France en particulier, soient plus actifs dans leurs pressions sur la Syrie. Est-ce que, comme Washington, vous estimez que Damas directement ou indirectement, est responsable de l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais ?
R - Cet assassinat de Rafic Hariri, et de plusieurs autres personnes qui lui étaient proches, nous a tous beaucoup touchés, comme d'ailleurs tout ce qui concerne le Liban nous touche, et depuis toujours. C'est un peuple ami de la France, comme l'a dit Jacques Chirac sur place, à Beyrouth. C'est l'enquête qui dira qui est responsable. Cette enquête qui doit être une vraie enquête impartiale, rapide, conduite par les autorités libanaises, et, nous l'espérons, dans un cadre international, sous le contrôle du Secrétaire général des Nations unies.
Q - Mais vous trouvez que les Américains vont trop vite en besogne ?
R - Les Américains évoquent une situation générale dans cette région : c'est le fait que le Liban n'a pas de souveraineté ; le Liban est sous la pression, sous la tutelle d'un pays voisin qui s'appelle la Syrie. Et nous avons demandé, avant l'assassinat de Rafic Hariri, que la présence étrangère se retire du Liban.
Q - Oui mais... Pardonnez-moi, pour faire pression sur la Syrie par exemple, Washington a décidé de rappeler son ambassadrice à Damas pour consultation indéfinie. Est-ce que vous seriez tenté de faire la même chose vis-à-vis de notre ambassadeur à Damas ?
R - Je ne sais pas si c'est ce rappel d'un ambassadeur qui consiste en une pression. C'est beaucoup plus important que la communauté internationale ait adopté, je vous le rappelle, une résolution et une déclaration présidentielle des Nations unies, à l'unanimité. C'est la résolution 1559 ; pour ceux qui nous écoutent, c'est un peu compliqué, mais ce sont des textes fondamentaux, et c'est le droit international qui est dit par de telles résolutions. En outre, le Conseil européen - j'étais aux côtés de Jacques Chirac quand cela a été décidé - à l'unanimité, c'est-à-dire l'ensemble des vingt-cinq chefs d'Etat et de gouvernement, il y a quelques semaines, a demandé qu'on applique la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies. Cela veut dire que la présence étrangère, celle de la Syrie, doit se retirer, et que le Liban doit retrouver sa souveraineté démocratique, politique. Il y aura un test, une preuve de l'attitude de la Syrie et de cette souveraineté que nous souhaitons pour le Liban : ce seront les prochaines élections. Et je pense que le plus bel hommage qu'on peut rendre, que les Libanais peuvent rendre à la mémoire et à l'action de Rafic Hariri, c'est que les élections prochaines au Liban soient démocratiques et vraiment libres ; voilà la preuve et le test.
Q - Bush vient à Bruxelles, il va rencontrer Jacques Chirac. Le ton est un peu à "Embrassons-nous, Follevile", après que, il n'y a pas très longtemps encore, Condi Rice disait : "Il faut punir la France". Alors qui a changé ? Est-ce que c'est la France, Jacques Chirac ou est-ce que ce sont les Etats-Unis, George Bush ?
R - Ce sont des propos qui appartiennent à une autre époque et à d'autres circonstances, c'était le moment de la guerre. Maintenant nous sommes décidés à regarder devant nous, mais sans rien oublier. Vous me dites : "Qui a changé" ? Je crois que personne n'a changé. Franchement, je ne crois pas que le président des Etats-Unis ait changé de ligne, et nous-mêmes, nous gardons notre conviction sur la manière de gérer les problèmes du monde, de combattre, bien sûr pour la démocratie, pour la liberté, mais aussi pour la justice, partout. C'est l'injustice, l'humiliation, la misère qui créent beaucoup de problèmes dans le monde. La question n'est pas de savoir qui a changé, la question est de savoir ce que nous pouvons, Américains et Européens, faire ensemble pour affronter les problèmes du monde. Et nous sommes dans cet état d'esprit, aujourd'hui, sans rien oublier de nos différends, mais aussi de ce que nous faisons ensemble, parce que, dans beaucoup d'endroits, nous agissons ensemble : en Afghanistan, au Kosovo, en Afrique.
Q - Mais pas vis-à-vis de l'Iran ? Vous n'avez pas la même position ?
R - L'Iran est un problème très important...
Q - Par rapport à Damas d'ailleurs, vous êtes beaucoup plus prudents ?
R - Nous ne sommes pas prudents pour l'Iran, ni d'ailleurs pour la question de la Syrie et du Liban. Simplement, pour l'Iran, nous avons décidé d'agir par la diplomatie, les Britanniques, les Français et les Allemands ensemble, en avant-garde. Et jusqu'à présent, cette médiation européenne fonctionne, elle obtient des résultats, nous avançons les yeux ouverts avec les Iraniens, et nous avons besoin de la confiance des Américains, des Russes ou des Chinois, pour réussir.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 février 2005)
R - Non, il n'y a pas de contradiction, ce ne sont d'ailleurs pas les mêmes mots. Nous avons eu, depuis malheureusement plusieurs semaines, dès le moment où ils ont disparu tous les deux - je parle de Florence Aubenas et de Hussein Hanoun - des indications, je pourrais ajouter "indirectes", qui nous donnent l'espoir qu'ils sont en vie et que nous pourrons les ramener à la maison. Voilà ce que j'ai dit et ce qu'a dit exactement, de la même manière, peut-être avec d'autres mots, le Premier ministre.
C'est toujours difficile pour moi d'évoquer cette situation, sans pouvoir dire les choses précises, Je souhaite que ceux qui nous écoutent comprennent cela, parce que la discrétion, qui a été également la mienne tout au long de la disparition de Christian Chesnot et de Georges Malbrunot, est une condition - la condition - de leur sécurité. Et pour moi, la sécurité de Florence Aubenas, d'Hussein Hanoun, c'est la priorité. Ce que je peux simplement dire à tous ceux qui sont légitimement inquiets, solidaires - vous-même son confrère, la rédaction de "Libération", sa famille, qui est très digne - c'est que nous faisons tout ce que nous devons pour qu'ils reviennent. Voilà ce que je peux dire, et, en même temps, je trouve très important, très utile la mobilisation pour eux et autour de cette exigence qu'est la liberté de la presse, la liberté de commenter, de rendre compte, la démocratie tout simplement.
Q - On va beaucoup parler, pendant ce week-end, de l'Europe, puisque les Espagnols vont, par un référendum, dire "oui" ou "non" à la Constitution européenne, probablement "oui", en tout cas au vu des sondages. En ce qui concerne la France, est-ce que la date du Congrès va bientôt être annoncée de manière officielle, et donc la date du référendum et, question annexe mais importante, et est-ce que vous, vous souhaitez, comme semble le souhaiter le gouvernement, qu'on aille le plus vite possible ?
R - Il n'y a pas de raison de perdre trop de temps sans se précipiter non plus. Les Espagnols vont ouvrir ce long moment de débat démocratique européen, puisqu'il s'agit d'un débat démocratique européen et non pas de débats nationaux sur des sujets de politique intérieure. Il s'agit vraiment, sur ce petit texte que chacun peut lire, et d'ailleurs que chacun peut se faire communiquer en téléphonant à un numéro qui est 0810.2005.25.
Q - Là, vous êtes en campagne
R - Je suis en campagne pour l'information et pour l'explication, à laquelle ceux qui nous écoutent ont droit. A partir de maintenant et pendant un an, un an et demi, il y aura ce débat démocratique avec des référendums ici ou des consultations parlementaires ailleurs.
Q - Alors le calendrier ?
R - Je suis sûr que la date va être annoncée bientôt par celui qui doit l'annoncer, c'est-à-dire par le chef de l'Etat. Donc, ne me demandez pas de vous dire à l'avance sa décision. Il va la prendre en conscience, et comme c'est sa responsabilité. Il a besoin d'un Congrès, c'est-à-dire une réunion du Sénat et de l'Assemblée nationale...
Q - Qui devrait avoir lieu le 14 mars, comme on l'a dit ?
R - Cela ne sert à rien que vous me posiez cette question, si je puis dire. C'est le président de la République qui, au moment qu'il choisira, annoncera cette date, et pour le Congrès et pour la date du référendum. Ce que je souhaite pouvoir dire, c'est que nous avons besoin, avant le référendum, du temps de l'explication, de l'information et du temps du débat démocratique, parce que c'est un texte important, c'est un texte utile et il faut en parler, et parler de ce texte et pas d'autre chose.
Q - Une précision : la fameuse directive Bolkestein a pollué un peu le débat autour de ce problème européen. Question simple : est-ce que, comme M. Barroso, le président de la Commission européenne, vous pensez qu'il suffit d'attendre que le Parlement européen à Strasbourg, lors de sa session de juin, amende ce texte pour qu'il soit recevable ? Ou quand vous dites et quand le président de la République dit, "remise à plat", est-ce que vous souhaitez davantage ?
R - Vous me dites "amendement"... S'il y a beaucoup d'amendements sur des points importants pour nous donner les garanties, s'agissant par exemple de l'audiovisuel, de la santé publique, des services publics, si ce sont des amendements importants tels que nous les souhaitons, cela reviendra à une remise à plat, et c'est au fond ce que nous avons demandé, sur un texte qui, dans le principe est utile. Parce que je vous rappelle que les services - les banques, les assurances - ce sont des secteurs très importants pour notre économie, ce sont des centaines de milliers d'emplois. Donc, on a intérêt à ne pas être chacun chez soi et chacun pour soi, alors qu'on est dans le même marché. On a intérêt à avoir des règles communes, à condition que ce ne soit pas un nivellement par le bas. Nous voulons une harmonisation vers le haut, et si on aboutit finalement, grâce au travail du Parlement européen, grâce au travail des ministres, à une amélioration de ce texte, à une remise à plat, tant mieux. Mais nous n'en sommes pas là. Voilà pourquoi nous avons demandé cette remise à plat.
Q - Lundi, vous allez être à Bruxelles, puisque lundi soir vous dînez avec le président Chirac, le président Bush et votre homologue, l'Américaine Condi Rice. Vous allez beaucoup parler du Liban et de la Syrie.
R - Pas seulement du Liban et de la Syrie.
Q - J'entends bien, mais cela risque d'être un des sujets importants. Les Américains semblent souhaiter que les Européens, et la France en particulier, soient plus actifs dans leurs pressions sur la Syrie. Est-ce que, comme Washington, vous estimez que Damas directement ou indirectement, est responsable de l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais ?
R - Cet assassinat de Rafic Hariri, et de plusieurs autres personnes qui lui étaient proches, nous a tous beaucoup touchés, comme d'ailleurs tout ce qui concerne le Liban nous touche, et depuis toujours. C'est un peuple ami de la France, comme l'a dit Jacques Chirac sur place, à Beyrouth. C'est l'enquête qui dira qui est responsable. Cette enquête qui doit être une vraie enquête impartiale, rapide, conduite par les autorités libanaises, et, nous l'espérons, dans un cadre international, sous le contrôle du Secrétaire général des Nations unies.
Q - Mais vous trouvez que les Américains vont trop vite en besogne ?
R - Les Américains évoquent une situation générale dans cette région : c'est le fait que le Liban n'a pas de souveraineté ; le Liban est sous la pression, sous la tutelle d'un pays voisin qui s'appelle la Syrie. Et nous avons demandé, avant l'assassinat de Rafic Hariri, que la présence étrangère se retire du Liban.
Q - Oui mais... Pardonnez-moi, pour faire pression sur la Syrie par exemple, Washington a décidé de rappeler son ambassadrice à Damas pour consultation indéfinie. Est-ce que vous seriez tenté de faire la même chose vis-à-vis de notre ambassadeur à Damas ?
R - Je ne sais pas si c'est ce rappel d'un ambassadeur qui consiste en une pression. C'est beaucoup plus important que la communauté internationale ait adopté, je vous le rappelle, une résolution et une déclaration présidentielle des Nations unies, à l'unanimité. C'est la résolution 1559 ; pour ceux qui nous écoutent, c'est un peu compliqué, mais ce sont des textes fondamentaux, et c'est le droit international qui est dit par de telles résolutions. En outre, le Conseil européen - j'étais aux côtés de Jacques Chirac quand cela a été décidé - à l'unanimité, c'est-à-dire l'ensemble des vingt-cinq chefs d'Etat et de gouvernement, il y a quelques semaines, a demandé qu'on applique la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies. Cela veut dire que la présence étrangère, celle de la Syrie, doit se retirer, et que le Liban doit retrouver sa souveraineté démocratique, politique. Il y aura un test, une preuve de l'attitude de la Syrie et de cette souveraineté que nous souhaitons pour le Liban : ce seront les prochaines élections. Et je pense que le plus bel hommage qu'on peut rendre, que les Libanais peuvent rendre à la mémoire et à l'action de Rafic Hariri, c'est que les élections prochaines au Liban soient démocratiques et vraiment libres ; voilà la preuve et le test.
Q - Bush vient à Bruxelles, il va rencontrer Jacques Chirac. Le ton est un peu à "Embrassons-nous, Follevile", après que, il n'y a pas très longtemps encore, Condi Rice disait : "Il faut punir la France". Alors qui a changé ? Est-ce que c'est la France, Jacques Chirac ou est-ce que ce sont les Etats-Unis, George Bush ?
R - Ce sont des propos qui appartiennent à une autre époque et à d'autres circonstances, c'était le moment de la guerre. Maintenant nous sommes décidés à regarder devant nous, mais sans rien oublier. Vous me dites : "Qui a changé" ? Je crois que personne n'a changé. Franchement, je ne crois pas que le président des Etats-Unis ait changé de ligne, et nous-mêmes, nous gardons notre conviction sur la manière de gérer les problèmes du monde, de combattre, bien sûr pour la démocratie, pour la liberté, mais aussi pour la justice, partout. C'est l'injustice, l'humiliation, la misère qui créent beaucoup de problèmes dans le monde. La question n'est pas de savoir qui a changé, la question est de savoir ce que nous pouvons, Américains et Européens, faire ensemble pour affronter les problèmes du monde. Et nous sommes dans cet état d'esprit, aujourd'hui, sans rien oublier de nos différends, mais aussi de ce que nous faisons ensemble, parce que, dans beaucoup d'endroits, nous agissons ensemble : en Afghanistan, au Kosovo, en Afrique.
Q - Mais pas vis-à-vis de l'Iran ? Vous n'avez pas la même position ?
R - L'Iran est un problème très important...
Q - Par rapport à Damas d'ailleurs, vous êtes beaucoup plus prudents ?
R - Nous ne sommes pas prudents pour l'Iran, ni d'ailleurs pour la question de la Syrie et du Liban. Simplement, pour l'Iran, nous avons décidé d'agir par la diplomatie, les Britanniques, les Français et les Allemands ensemble, en avant-garde. Et jusqu'à présent, cette médiation européenne fonctionne, elle obtient des résultats, nous avançons les yeux ouverts avec les Iraniens, et nous avons besoin de la confiance des Américains, des Russes ou des Chinois, pour réussir.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 février 2005)