Texte intégral
Mesdames et Messieurs les Directeurs,
Messieurs les Réalisateurs,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais tout d'abord saluer les réalisateurs présents parmi nous aujourd'hui : M. Gaston Kabore et M. Rithy Panh qui se mobilisent pour faire de la sauvegarde des images un enjeu des politiques publiques. Je remercie les directeurs d'institutions cinématographiques publiques d'être venus nous faire part de leur expérience au quotidien et je suis heureux de rendre hommage à Mme Magdalena Acosta Urquidi, représentante du Mexique et à M. Nour-Eddine Saïl, représentant du Maroc. Enfin, je me réjouis de la présence des institutions audiovisuelles publiques françaises, avec M.Emmanuel Hoog, président directeur général de l'INA, et M.Boris Todorovitch, directeur du Patrimoine au CNC, et de celle de l'UNESCO, partenaire du colloque et représentée par M.Georges Poussin, responsable de la division des arts et de l'entreprise culturelle.
Mesdames et Messieurs, nous sommes réunis aujourd'hui pour répondre à l'urgence : d'ici une dizaine d'années, si rien n'est fait, une partie importante de la mémoire audiovisuelle mondiale sera perdue. Cette situation est particulièrement préoccupante pour les pays du Sud, où il n'existe ni cinémathèques, ni archives du film, ni photothèques.
Et quand elles existent, ces archives sont le plus souvent dispersées, conservées dans de mauvaises conditions, peu ou pas exploitées. Je l'ai constaté moi-même lors de mes déplacements : quand on entre dans les pièces où sont entreposées ces archives, on est saisi par une forte odeur de vinaigre. Les professionnels que vous êtes savent bien que ce n'est pas un bon signe.
La disparition progressive de ce patrimoine d'images est donc extrêmement dommageable tant sur le plan culturel que sur le plan social. Elle accroît le fossé numérique entre pays pauvres et pays riches.
Or la numérisation permet aujourd'hui de préserver ces patrimoines menacés de disparition physique, d'en faciliter la conservation et surtout d'en assurer l'exploitation dans de meilleures conditions et à moindre coût.
Pour le grand public des pays concernés, l'utilisation de ces nouvelles technologies constitue une chance sans précédent : en termes d'accès à l'image, mais également dans l'exploitation qui peut être faite de ces images, dans le travail de réflexion, de témoignage, parfois même de mémoire auquel elles sont associées et qui constituent les éléments fondateurs de toute identité culturelle.
C'est bien pourquoi, après plusieurs années d'efforts en faveur de la production et de la distribution des films en provenance des pays qui connaissent structurellement des difficultés à voir leurs expressions représentées dans un paysage culturel de plus en plus concurrentiel, le ministère des Affaires étrangères a voulu diversifier son action et se tourner également vers la sauvegarde et la valorisation des oeuvres du patrimoine.
En étroit partenariat avec les responsables des pays concernés, nous lançons donc, dès le mois prochain, le "Plan Images Archives", doté de 4 millions d'euros sur 3 ans, dont le but est de susciter des initiatives sur le terrain ou de consolider, lorsqu'ils existent, les projets en faveur de la sauvegarde de ces patrimoines.
Dans ce cadre, nous allons procéder, dès cette année, et en accord avec les ayants droit, à la numérisation d'une partie du fonds de la "cinémathèque Afrique". Celle-ci détient environ 1 300 titres, qui constituent un pan important de la mémoire cinématographique africaine. Dans l'immédiat, nous allons assurer la sauvegarde de 350 longs métrages.
Une fois numérisé, le fonds sera mis en valeur avec nos partenaires en France et surtout en Afrique, à commencer par le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), mais aussi par plusieurs cinémathèques africaines nationales. Vous savez combien les images d'archives sont recherchées, surtout lorsqu'elles pérennisent des moments historiques importants. En les sauvegardant, nous permettons aussi aux pays concernés de bénéficier de retombées commerciales non négligeables.
Mais nous ne nous limitons pas à l'Afrique. Notre volonté est d'aider tous ceux qui se mobilisent sur cette question pour démarrer sans tarder avec eux des programmes de sauvegarde de ces patrimoines.
En partenariat avec l'UNESCO, nous répondrons au cours des trois prochaines années aux demandes qui nous parviendront par l'intermédiaire de nos services culturels à l'étranger, en tenant compte notamment de l'engagement des institutions concernées à s'impliquer dans les projet, mais aussi de leur origine géographique et linguistique ainsi que de leur "environnement". La sélection des fonds susceptibles d'être numérisés sera effectuée par un comité composé de représentants de mon ministère, mais aussi d'institutions françaises disposant d'une expertise reconnue et d'institutions internationales spécialisées.
Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que je tenais brièvement à dire en ouverture de ce colloque. Je crois que cette réflexion sur le patrimoine et la mémoire ne pouvait trouver meilleur cadre que le Festival de Cannes, parce que celui-ci est un des hauts lieux de la diversité culturelle. Mais nous sommes tous convaincus, je crois, qu'il ne peut y avoir de réelle défense de la diversité culturelle sans le respect, la connaissance et l'approfondissement de la mémoire collective. Et cette mémoire tire sa force et sa vivacité de tout ce trésor d'images et de films que nous avons le devoir de maintenir intact.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 mai 2005)
Messieurs les Réalisateurs,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais tout d'abord saluer les réalisateurs présents parmi nous aujourd'hui : M. Gaston Kabore et M. Rithy Panh qui se mobilisent pour faire de la sauvegarde des images un enjeu des politiques publiques. Je remercie les directeurs d'institutions cinématographiques publiques d'être venus nous faire part de leur expérience au quotidien et je suis heureux de rendre hommage à Mme Magdalena Acosta Urquidi, représentante du Mexique et à M. Nour-Eddine Saïl, représentant du Maroc. Enfin, je me réjouis de la présence des institutions audiovisuelles publiques françaises, avec M.Emmanuel Hoog, président directeur général de l'INA, et M.Boris Todorovitch, directeur du Patrimoine au CNC, et de celle de l'UNESCO, partenaire du colloque et représentée par M.Georges Poussin, responsable de la division des arts et de l'entreprise culturelle.
Mesdames et Messieurs, nous sommes réunis aujourd'hui pour répondre à l'urgence : d'ici une dizaine d'années, si rien n'est fait, une partie importante de la mémoire audiovisuelle mondiale sera perdue. Cette situation est particulièrement préoccupante pour les pays du Sud, où il n'existe ni cinémathèques, ni archives du film, ni photothèques.
Et quand elles existent, ces archives sont le plus souvent dispersées, conservées dans de mauvaises conditions, peu ou pas exploitées. Je l'ai constaté moi-même lors de mes déplacements : quand on entre dans les pièces où sont entreposées ces archives, on est saisi par une forte odeur de vinaigre. Les professionnels que vous êtes savent bien que ce n'est pas un bon signe.
La disparition progressive de ce patrimoine d'images est donc extrêmement dommageable tant sur le plan culturel que sur le plan social. Elle accroît le fossé numérique entre pays pauvres et pays riches.
Or la numérisation permet aujourd'hui de préserver ces patrimoines menacés de disparition physique, d'en faciliter la conservation et surtout d'en assurer l'exploitation dans de meilleures conditions et à moindre coût.
Pour le grand public des pays concernés, l'utilisation de ces nouvelles technologies constitue une chance sans précédent : en termes d'accès à l'image, mais également dans l'exploitation qui peut être faite de ces images, dans le travail de réflexion, de témoignage, parfois même de mémoire auquel elles sont associées et qui constituent les éléments fondateurs de toute identité culturelle.
C'est bien pourquoi, après plusieurs années d'efforts en faveur de la production et de la distribution des films en provenance des pays qui connaissent structurellement des difficultés à voir leurs expressions représentées dans un paysage culturel de plus en plus concurrentiel, le ministère des Affaires étrangères a voulu diversifier son action et se tourner également vers la sauvegarde et la valorisation des oeuvres du patrimoine.
En étroit partenariat avec les responsables des pays concernés, nous lançons donc, dès le mois prochain, le "Plan Images Archives", doté de 4 millions d'euros sur 3 ans, dont le but est de susciter des initiatives sur le terrain ou de consolider, lorsqu'ils existent, les projets en faveur de la sauvegarde de ces patrimoines.
Dans ce cadre, nous allons procéder, dès cette année, et en accord avec les ayants droit, à la numérisation d'une partie du fonds de la "cinémathèque Afrique". Celle-ci détient environ 1 300 titres, qui constituent un pan important de la mémoire cinématographique africaine. Dans l'immédiat, nous allons assurer la sauvegarde de 350 longs métrages.
Une fois numérisé, le fonds sera mis en valeur avec nos partenaires en France et surtout en Afrique, à commencer par le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), mais aussi par plusieurs cinémathèques africaines nationales. Vous savez combien les images d'archives sont recherchées, surtout lorsqu'elles pérennisent des moments historiques importants. En les sauvegardant, nous permettons aussi aux pays concernés de bénéficier de retombées commerciales non négligeables.
Mais nous ne nous limitons pas à l'Afrique. Notre volonté est d'aider tous ceux qui se mobilisent sur cette question pour démarrer sans tarder avec eux des programmes de sauvegarde de ces patrimoines.
En partenariat avec l'UNESCO, nous répondrons au cours des trois prochaines années aux demandes qui nous parviendront par l'intermédiaire de nos services culturels à l'étranger, en tenant compte notamment de l'engagement des institutions concernées à s'impliquer dans les projet, mais aussi de leur origine géographique et linguistique ainsi que de leur "environnement". La sélection des fonds susceptibles d'être numérisés sera effectuée par un comité composé de représentants de mon ministère, mais aussi d'institutions françaises disposant d'une expertise reconnue et d'institutions internationales spécialisées.
Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que je tenais brièvement à dire en ouverture de ce colloque. Je crois que cette réflexion sur le patrimoine et la mémoire ne pouvait trouver meilleur cadre que le Festival de Cannes, parce que celui-ci est un des hauts lieux de la diversité culturelle. Mais nous sommes tous convaincus, je crois, qu'il ne peut y avoir de réelle défense de la diversité culturelle sans le respect, la connaissance et l'approfondissement de la mémoire collective. Et cette mémoire tire sa force et sa vivacité de tout ce trésor d'images et de films que nous avons le devoir de maintenir intact.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 mai 2005)