Déclaration de M. François d'Aubert, ministre délégué à la recherche, sur le lancement du réseau Eur-Océans, Paris le 14 avril 2005.

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Texte intégral

Monsieur le représentant de la Commission européenne,
Messieurs les présidents, Messieurs les directeurs,
Mesdames et Messieurs,
Je suis particulièrement heureux de vous accueillir ce matin, au Ministère délégué à la Recherche, pour ouvrir la Conférence de lancement du réseau d'excellence " EUR-OCEANS ". Ce réseau d'excellence européen, regroupe 160 scientifiques, appartenant à 66 instituts marins de 25 pays. La France y participe à travers le CNRS, certaines Universités (dont l'université de Bretagne occidentale), l'IFREMER, l'IRD, le CEA, et le CNES.
Ce réseau est financé pour 4 ans à hauteur de 10 millions d'euros par l'Europe, les instituts membres y contribuant pour environ 30 millions d'euros.
La coordination sera assurée par Monsieur le Professeur Paul Tréguer, directeur de l'Institut universitaire européen de la Mer, de Brest, et par Monsieur Louis Legendre, directeur de recherche au CNRS, directeur du laboratoire d'océanographie de Villefranche-sur-Mer, et je les salue tout particulièrement.
Ce réseau se consacrera à l'évolution des écosystèmes marins face au changement climatique et aux problèmes de la pêche, notamment en développant des outils de modélisation avancée.
Les recherches qui y seront menées concerneront aussi bien l'Atlantique nord et ses mers adjacentes (Méditerranée et Baltique), que les océans polaires (Arctique et Antarctique), ou les systèmes d'upwelling côtiers du Portugal à l'Afrique du Sud.
Ce réseau d'excellence se saisira ainsi des problématiques globales et régionales, permettant, à moyen terme, de fournir des orientations essentielles pour la politique européenne de la pêche en l'articulant -sans doute et je l'espère- avec une logique de développement durable.
En effet, l'activité humaine exerce une telle pression sur les fonctions naturelles de la planète que la capacité des écosystèmes à répondre aux demandes des générations futures ne peut plus être considérée comme acquise.
Le récent rapport sur l'état de la planète, élaboré à la demande de l'ONU dans le cadre des objectifs du Millénaire pour le développement, en fait parfaitement état.
Si des progrès sont sensibles dans la lutte contre la faim, le rapport pointe que 60 % des écosystèmes permettant la vie sur terre sont dégradés.
Ce constat est particulièrement pertinent pour les écosystèmes marins, écosystèmes qui jouent de surcroît un rôle primordial dans la régulation du climat.
Les réserves de pêche sont à un niveau inquiétant. En de nombreux endroits, la pêche a largement dépassé la limite au-delà de laquelle la nature ne peut plus renouveler les stocks de poissons. A titre d'exemple rappelons qu'en 1992, le gouvernement canadien a fermé, après plus de cinq siècles d'exploitation, la pêcherie de morue de Terre-Neuve. Dix ans plus tard, la morue n'est pas revenue.
L'apport des scientifiques apparaît donc comme essentiel, afin d'anticiper les évolutions majeures, de les étudier lorsqu'elles surviennent, et de concevoir, avec les pouvoirs publics, les principales orientations devant être mises en uvre pour le futur.
Ces questions, qui dépassent largement les frontières, trouvent leur structuration pertinente dans une approche européenne. Face à l'ampleur et à la complexité de la tâche, l'ensemble des compétences et des moyens de recherche doivent en effet s'associer afin d'assurer une indispensable coopération au niveau européen.
A ce titre, ce Réseau d'Excellence saura j'en suis sûr relever ce défi dans le domaine des écosystèmes marins.
Il rassemblera les meilleurs experts de ce domaine, et permettra la convergence pluridisciplinaire des physiciens et chimistes marins, des biologistes experts en biologie marine, et de tous les spécialistes d'une approche résolument moderne de la pêche.
La recherche dans les domaines de l'environnement et de la mer figurent en bonne place dans le 6ème PCRD, et je pense que, dans les discussions qui commencent sur le contenu thématique du prochain PCRD, ces domaines resteront à un niveau élevé de priorité.
Le réseau EUR-OCEANS constitue un exemple remarquable de ce qu'il faut faire pour contribuer concrètement et activement à la construction de l'Espace européen de la Recherche. Il vous appartient dès maintenant de réfléchir aux mesures à prendre pour assurer l'intégration durable des activités de recherche au niveau européen dans ce domaine de l'évolution des écosystèmes marins et des pêches.
Je tenais à saluer ce projet auquel j'apporte tout mon soutien et à vous dire que je suis tout particulièrement sensible et fier qu'il soit coordonné par des scientifiques français.
Je vous souhaite deux jours de conférence très fructueux et un grand succès au réseau EUR-OCEANS.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 27 avril 2005)