Texte intégral
Ff : Quelles sont les grandes actions de votre gouvernement ?
Roselyne Bachelot : Nous avons bâti la politique de l'écologie et du développement durable sur un socle composé de la Charte de l'Environnement, engagement fort du président de la République, d'une stratégie nationale du développement durable, qui fait que toute la politique écologique est portée par l'ensemble du gouvernement et pas seulement par l'écologie, et par une loi sur les risques que nous avons voté sans aucune voix contre au Parlement. Sur ce socle, deux grands dossiers : la lutte contre le réchauffement climatique et celle contre la perte de la biodiversité. Entre ces deux dossiers, tout ce qui concerne la vie quotidienne des Français : la lutte contre le bruit, la qualité de l'eau et de l'air, la réconciliation de la chasse, la politique des déchets
ff : Quelles mesures concrètes votre ministère a-t-il pris pour éviter les crues ?
Roselyne Bachelot : Tout d'abord une loi sur les risques naturels, qui donne de nouveaux outils aux collectivités et aux acteurs de la lutte contre les crues. Ensuite, un plan qui mobilise 400 millions d'euros, un appel à projet avec une vision révolutionnaire : ralentir les flux dynamiques en amont. Enfin, la réorganisation du service de prévision des crues, qui a été doté de nouveaux moyens et en particulier appuyé par un service central d'hydrométéorologie situé à Toulouse, qui a l'avantage de prévoir les crues mais aussi de les qualifier, c'est-à-dire, de pouvoir dire comment elles vont arriver.
Robert : Où en est-on sur la Charte de l'Environnement ?
Roselyne Bachelot : La Charte de l'Environnement arrive à sa phase parlementaire.
2003 a été consacrée, sous l'égide de la commission que nous avons installée avec le professeur Coppens qui la présidait, à consulter les Français à travers 14 assises territoriales, des groupes de travail, des regroupements de juristes, des syndicalistes, des scientifiques On pouvait également s'exprimer sur le site Internet. La Charte va être présentée au Parlement dans quelques semaines.
Sandy_2 : Depuis votre arrivée au gouvernement, de quel projet ou loi êtes-vous le plus fière ?
Roselyne Bachelot : A l'évidence de cette Charte Parce que porter au plus haut niveau de notre droit, dans la constitution, un texte aussi important, c'est une avancée majeure. Elle sera dans le préambule de la Constitution avec la Déclaration des droits de l'Homme de 1789 et les droits économiques et sociaux de 1946.
Jo : On parle beaucoup de développement durable. C'est quoi exactement pour vous le développement durable ?
Roselyne Bachelot : Je me réfère volontiers à la définition de Gro Harlem Brutland, la personne qui a imaginé à l'Onu ce concept : assurer le développement de sa génération sans nuire à celui des générations futures. Et pour cela, toujours concilier trois choses : la protection de l'environnement, le développement économique et la justice sociale. Chaque fois que l'on s'exonère de l'un de ces items, on n'est pas dans le développement durable.
Robert : Que pensez-vous de la position des Américains qui refusent de signer les accords de Kyoto ?
Roselyne Bachelot : Nous condamnons fermement l'attitude des Etats-Unis dans ce domaine. Car la principale menace écologique qui pèse sur la planète, c'est le réchauffement climatique. Il est en grande partie d'origine humaine. Il menace les conditions de vie de millions de gens. Or, les Américains émettent 33 % des gaz à effets de serre, en particulier des gaz carboniques, qui sont responsables de ce réchauffement. C'est un crime contre la planète.
Simonklotz : Qu'y a-t-il eu de fait pour enrayer la pollution maritime des côtes françaises et européennes par le gouvernement ?
Roselyne Bachelot : A la suite d'un naufrage catastrophique, celui du Prestige, le gouvernement s'est déployé sur plusieurs fronts. D'abord, nous avons lutté au Fipol pour que les plafonds d'indemnisation soient nettement augmentés. Le Président Jacques Chirac, lors du sommet de Malaga, a voulu que l'Europe soit en pointe dans le renforcement de la législation. En particulier sur l'interdiction des bateaux à simple coque, plus anciens. Nous avons voulu aussi renforcer les contrôles dans les ports français. Le taux de vérification n'était que de 9 %. En six mois, nous avons porté ce taux de contrôle des bateaux à 33 %. Ce qui veut dire qu'aujourd'hui 100 % des bateaux dangereux sont inspectés dans les ports français. Enfin nous avons spécialisé trois tribunaux dans le domaine des pollutions maritimes. Il y a quelques semaines, un bateau qui avait dégazé a été condamné par le tribunal de Brest.
Jc10 : Où en est la loi sur l'eau et ses applications pour 2005 ?
Roselyne Bachelot : Nous avons trouvé un projet technocratique de nos prédécesseurs. En 2003, je me suis tournée vers les acteurs de l'eau. Car la gestion de l'eau en France est très décentralisée, elle est gérée par des comités de bassins et des agences de l'eau. Les comités n'avaient jamais reçu la visite d'une ministre de l'Environnement. Je suis la première à le faire. Aujourd'hui la consultation est terminée. Nous allons proposer un projet de loi très bientôt, tout en poursuivant le travail de transposition de la directive cadre européenne.
Lucien : Etes-vous favorable au développement des énergies alternatives : solaire, éoliennes ?
Roselyne Bachelot : Tout a fait. Je suis militante des énergies renouvelables. J'ai fait de ma région des Pays de la Loire, en tant que présidente de l'environnement, une région pilote pour les énergies renouvelables. J'y crois. Nous nous sommes engagé pour qu'en 2010, 20 % des énergies utilisées en France soient renouvelables. Je pense même que cet objectif est trop modeste. Pour limiter l'effet de serre, il nous faut garder le nucléaire, développer les énergies renouvelables et améliorer l'efficacité énergétique : isolation des maisons, etc
Sandy_2 : Allez-vous vous mobiliser pour les élections régionales ?
Roselyne Bachelot : Je suis tête de section dans le Maine-et-Loire, avec François Fillon. Nous formons une équipe " à chaux et à sable ".
Lucien : Que pensez-vous des positions des Verts sur l'écologie ?
Roselyne Bachelot : C'est difficile d'en parler car les Verts parlent de tout, se regardent le nombril mais parlent rarement d'écologie. J'attends avec intérêt que ce parti s'exprime sur les sujets d'écologie qui intéressent les Français. Nous avons sorti un projet de Charte, ils n'ont fait aucune préconisation, ni aucune remarque. On peut dire que c'est le silence le plus total.
Flux : Quels sont vos espoirs pour les élections du printemps prochain ?
Roselyne Bachelot : Ceux qui veulent en faire un test national peuvent le faire. Mais il faut surtout présenter un projet, car gérer une région c'est se charger de dossiers importants : la formation professionnelle, l'animation économique, la culture, l'environnement.
Seb17: Une polémique sur le principe de précaution, même au sein de l'UMP : que répondez-vous à Alain Madelin, qui le désapprouve ?
Roselyne Bachelot : On est dans une stratégie " gagnant gagnant ". Le principe de précaution, nous l'avons cadré dans la Charte de l'Environnement en disant que face à un danger incertain, dans l'attente de voir lever les incertitudes, l'autorité publique devait prendre des mesures proportionnées pour gérer ce problème. Il faut faire en sorte que notre pays reste un grand pays industrialisé et qu'il y ait une véritable acceptation sociale de l'activité industrielle. Le principe de précaution est une façon de conserver ces acquis.
Sandy_2 : Quelle est votre priorité pour 2004 ?
Roselyne Bachelot : La Charte de l'Environnement, évidemment. Elle conditionne tout et il faudra la faire vivre. Le second élément, c'est la stratégie nationale de biodiversité. Je présenterai le projet de la France à la conférence des partis à la biodiversité de Kuala Lumpur. D'ici 2010, nous devons stopper cette perte de la biodiversité. Si nous n'agissons pas, la moitié des espèces de faune et de flore disparaîtront d'ici la fin du siècle. Voilà les deux chantiers auxquels je suis la plus attachée.
(source http://www.u-m-p.org, le 23 février 2004)
Roselyne Bachelot : Nous avons bâti la politique de l'écologie et du développement durable sur un socle composé de la Charte de l'Environnement, engagement fort du président de la République, d'une stratégie nationale du développement durable, qui fait que toute la politique écologique est portée par l'ensemble du gouvernement et pas seulement par l'écologie, et par une loi sur les risques que nous avons voté sans aucune voix contre au Parlement. Sur ce socle, deux grands dossiers : la lutte contre le réchauffement climatique et celle contre la perte de la biodiversité. Entre ces deux dossiers, tout ce qui concerne la vie quotidienne des Français : la lutte contre le bruit, la qualité de l'eau et de l'air, la réconciliation de la chasse, la politique des déchets
ff : Quelles mesures concrètes votre ministère a-t-il pris pour éviter les crues ?
Roselyne Bachelot : Tout d'abord une loi sur les risques naturels, qui donne de nouveaux outils aux collectivités et aux acteurs de la lutte contre les crues. Ensuite, un plan qui mobilise 400 millions d'euros, un appel à projet avec une vision révolutionnaire : ralentir les flux dynamiques en amont. Enfin, la réorganisation du service de prévision des crues, qui a été doté de nouveaux moyens et en particulier appuyé par un service central d'hydrométéorologie situé à Toulouse, qui a l'avantage de prévoir les crues mais aussi de les qualifier, c'est-à-dire, de pouvoir dire comment elles vont arriver.
Robert : Où en est-on sur la Charte de l'Environnement ?
Roselyne Bachelot : La Charte de l'Environnement arrive à sa phase parlementaire.
2003 a été consacrée, sous l'égide de la commission que nous avons installée avec le professeur Coppens qui la présidait, à consulter les Français à travers 14 assises territoriales, des groupes de travail, des regroupements de juristes, des syndicalistes, des scientifiques On pouvait également s'exprimer sur le site Internet. La Charte va être présentée au Parlement dans quelques semaines.
Sandy_2 : Depuis votre arrivée au gouvernement, de quel projet ou loi êtes-vous le plus fière ?
Roselyne Bachelot : A l'évidence de cette Charte Parce que porter au plus haut niveau de notre droit, dans la constitution, un texte aussi important, c'est une avancée majeure. Elle sera dans le préambule de la Constitution avec la Déclaration des droits de l'Homme de 1789 et les droits économiques et sociaux de 1946.
Jo : On parle beaucoup de développement durable. C'est quoi exactement pour vous le développement durable ?
Roselyne Bachelot : Je me réfère volontiers à la définition de Gro Harlem Brutland, la personne qui a imaginé à l'Onu ce concept : assurer le développement de sa génération sans nuire à celui des générations futures. Et pour cela, toujours concilier trois choses : la protection de l'environnement, le développement économique et la justice sociale. Chaque fois que l'on s'exonère de l'un de ces items, on n'est pas dans le développement durable.
Robert : Que pensez-vous de la position des Américains qui refusent de signer les accords de Kyoto ?
Roselyne Bachelot : Nous condamnons fermement l'attitude des Etats-Unis dans ce domaine. Car la principale menace écologique qui pèse sur la planète, c'est le réchauffement climatique. Il est en grande partie d'origine humaine. Il menace les conditions de vie de millions de gens. Or, les Américains émettent 33 % des gaz à effets de serre, en particulier des gaz carboniques, qui sont responsables de ce réchauffement. C'est un crime contre la planète.
Simonklotz : Qu'y a-t-il eu de fait pour enrayer la pollution maritime des côtes françaises et européennes par le gouvernement ?
Roselyne Bachelot : A la suite d'un naufrage catastrophique, celui du Prestige, le gouvernement s'est déployé sur plusieurs fronts. D'abord, nous avons lutté au Fipol pour que les plafonds d'indemnisation soient nettement augmentés. Le Président Jacques Chirac, lors du sommet de Malaga, a voulu que l'Europe soit en pointe dans le renforcement de la législation. En particulier sur l'interdiction des bateaux à simple coque, plus anciens. Nous avons voulu aussi renforcer les contrôles dans les ports français. Le taux de vérification n'était que de 9 %. En six mois, nous avons porté ce taux de contrôle des bateaux à 33 %. Ce qui veut dire qu'aujourd'hui 100 % des bateaux dangereux sont inspectés dans les ports français. Enfin nous avons spécialisé trois tribunaux dans le domaine des pollutions maritimes. Il y a quelques semaines, un bateau qui avait dégazé a été condamné par le tribunal de Brest.
Jc10 : Où en est la loi sur l'eau et ses applications pour 2005 ?
Roselyne Bachelot : Nous avons trouvé un projet technocratique de nos prédécesseurs. En 2003, je me suis tournée vers les acteurs de l'eau. Car la gestion de l'eau en France est très décentralisée, elle est gérée par des comités de bassins et des agences de l'eau. Les comités n'avaient jamais reçu la visite d'une ministre de l'Environnement. Je suis la première à le faire. Aujourd'hui la consultation est terminée. Nous allons proposer un projet de loi très bientôt, tout en poursuivant le travail de transposition de la directive cadre européenne.
Lucien : Etes-vous favorable au développement des énergies alternatives : solaire, éoliennes ?
Roselyne Bachelot : Tout a fait. Je suis militante des énergies renouvelables. J'ai fait de ma région des Pays de la Loire, en tant que présidente de l'environnement, une région pilote pour les énergies renouvelables. J'y crois. Nous nous sommes engagé pour qu'en 2010, 20 % des énergies utilisées en France soient renouvelables. Je pense même que cet objectif est trop modeste. Pour limiter l'effet de serre, il nous faut garder le nucléaire, développer les énergies renouvelables et améliorer l'efficacité énergétique : isolation des maisons, etc
Sandy_2 : Allez-vous vous mobiliser pour les élections régionales ?
Roselyne Bachelot : Je suis tête de section dans le Maine-et-Loire, avec François Fillon. Nous formons une équipe " à chaux et à sable ".
Lucien : Que pensez-vous des positions des Verts sur l'écologie ?
Roselyne Bachelot : C'est difficile d'en parler car les Verts parlent de tout, se regardent le nombril mais parlent rarement d'écologie. J'attends avec intérêt que ce parti s'exprime sur les sujets d'écologie qui intéressent les Français. Nous avons sorti un projet de Charte, ils n'ont fait aucune préconisation, ni aucune remarque. On peut dire que c'est le silence le plus total.
Flux : Quels sont vos espoirs pour les élections du printemps prochain ?
Roselyne Bachelot : Ceux qui veulent en faire un test national peuvent le faire. Mais il faut surtout présenter un projet, car gérer une région c'est se charger de dossiers importants : la formation professionnelle, l'animation économique, la culture, l'environnement.
Seb17: Une polémique sur le principe de précaution, même au sein de l'UMP : que répondez-vous à Alain Madelin, qui le désapprouve ?
Roselyne Bachelot : On est dans une stratégie " gagnant gagnant ". Le principe de précaution, nous l'avons cadré dans la Charte de l'Environnement en disant que face à un danger incertain, dans l'attente de voir lever les incertitudes, l'autorité publique devait prendre des mesures proportionnées pour gérer ce problème. Il faut faire en sorte que notre pays reste un grand pays industrialisé et qu'il y ait une véritable acceptation sociale de l'activité industrielle. Le principe de précaution est une façon de conserver ces acquis.
Sandy_2 : Quelle est votre priorité pour 2004 ?
Roselyne Bachelot : La Charte de l'Environnement, évidemment. Elle conditionne tout et il faudra la faire vivre. Le second élément, c'est la stratégie nationale de biodiversité. Je présenterai le projet de la France à la conférence des partis à la biodiversité de Kuala Lumpur. D'ici 2010, nous devons stopper cette perte de la biodiversité. Si nous n'agissons pas, la moitié des espèces de faune et de flore disparaîtront d'ici la fin du siècle. Voilà les deux chantiers auxquels je suis la plus attachée.
(source http://www.u-m-p.org, le 23 février 2004)