Texte intégral
Q- A. Hausser-. Avant de parler de l'assurance-maladie, je voudrais que vous commentiez cette information révélée par nos confrères du Parisien : dans le cadre de la privatisation du Service du contrôle technique des poids-lourds, qui relève de Bercy, le ministère des Finances proposerait une prime de 45 000 euros à ceux qui accepteraient de quitter l'administration.
R- "Ce genre de mesure, on a l'habitude de les voir dans le secteur privé. C'est une première que l'on voit ce type de mesure dans le public."
Q- Cela vous choque-t-il ?
R- "Je suis un peu surpris. Le Gouvernement doit tenir la promesse qu'il doit à la CFDT et qu'il n'a pas encore tenue..."
Q- Qu'il commence à tenir ou qu'il n'a pas encore tenue ?
R- "Qu'il n'a pas encore tenue. Et j'y viens, car nous demandons que le Gouvernement permette à tous les salariés qui ont commencé à travailler à 14-15 ou 16 ans dans la fonction publique, de pouvoir partir avant 60 ans. Ils sont 37 000 qui peuvent en bénéficier en 2004. Le Gouvernement, pour le moment, pour des raisons soi-disant financières, n'accepte pas de mettre en oeuvre cette promesse. Or, là, on voit qu'il a les moyens pour négocier des départs comme on le fait à l'habitude dans le privé. Là, il y a une incohérence. Mettons en place cette mesure, on en a 200 000 qui vont en bénéficier dans le privé ; 58 000, qui en ont déjà bénéficiée au mois de janvier. Qu'il fasse cette mesure, qui est une vraie mesure de justice sociale."
Q- Qui concerne combien de personnes ?
R- "37 000 pour l'année 2004."
Q- Cela fait beaucoup plus de monde que pour ce petit service de contrôle qui compte 1 millier de personnes à peu près.
R- "Oui, et cela serait vraiment une mesure de justice, puisque ces salariés vont encore cotiser 46 ans, 44 ans, 42 ans, selon l'âge de début de travail. On voit bien que là, on a, d'un côté, une promesse non tenue et puis de l'autre côté, chercher à faire partir des gens. Non, faisons ce que le Gouvernement nous a promis et je crois que l'on pourra avancer vers un vrai équilibre sur les systèmes de retraite."
Q- Comment comptez-vous peser pour que cette promesse soit tenue ?
R- "Nous l'avons dit : si le Gouvernement, dans les jours qui viennent, ne met pas en place cette mesure, il y aura un conflit avec la CFDT. Alors de quel ordre ? Je le réserve pour le moment. Mais à partir du moment où on est allé sur un équilibre des systèmes de retraite, public-privé, que l'on a demandé aux fonctionnaires de cotiser 40 ans comme ceux du privé, cette mesure qui bénéficie déjà à ceux du privé, de partir avant 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler à 14, 15 et 16 ans, doit s'appliquer dans le public. C'est une mesure de justice sociale."
Q- Vous dites qu'on ne réforme pas un Etat en réduisant simplement le nombre de fonctionnaires.
R- "Qu'est-ce que le Gouvernement veut faire pour l'Etat ? On n'a pas de projet pour les services publics, on n'a pas de projet pour l'Etat. Discutons fonction publique par fonction publique, quel est le projet pour les différents services publics, et après, on discutera du nombre de fonctionnaires. Or, on voit que, pour des raisons d'économies, on fait l'inverse. Je crois, encore une fois, que le Gouvernement met la charrue avant les boeufs."
Q- On va en revenir à cette fameuse réforme de la Sécu. Vous allez rencontrer J.-F. Mattei ?
R- "Personnellement, je n'y serai pas parce que c'est une réunion d'ordre plutôt technique, c'est-à-dire, que les responsables de protection sociale de la CFDT et d'autres syndicats vont discuter du calendrier et des méthodes de travail. Mais, inévitablement..."
Q- Vous suivrez les choses de près ?
R- "Bien sûr."
Q- Et vous exprimez. Vous dites que, finalement, il faudra, sans doute, augmenter les recettes, ce que refuse le patronat. Comment allez-vous arriver à un accord et sur quoi êtes-vous prêt à faire un effort ?
R- "Tout d'abord, je dis qu'avant de décider de l'augmentation des recettes, il faut savoir comment va fonctionner le système. Ce qui est intéressant dans le rapport Fragonnard sur l'assurance-maladie, c'est qu'il nous dit très bien qu'il y a trois points sur lesquels il faut discuter en même temps et qu'il ne sert à rien d'en discuter un. Le premier, c'est celui de l'organisation du système, faire en sorte que le système soit mieux organisé afin de mieux soigner et de mieux dépenser. Deuxième..."
Q- Cela veut dire : une meilleure coordination entre...
R- "Cela veut dire beaucoup de choses et en particulier une meilleure coordination entre la médecine de ville et la médecine de l'hôpital. On l'a vu cet été au moment de la canicule, on le voit à chaque fois qu'il y a une épidémie. Les usagers de la santé par suite des difficultés d'accéder à la médecine de ville, vont à l'hôpital, aux urgences. 40 % des urgences sont des personnes qui, normalement, ne devraient pas avoir l'utilité d'aller aux urgences. C'est-à-dire, qu'ils devraient avoir réponse à médecine de ville. Et là, c'est facteur de dépense inutile. Faisons en sorte que les gens soient mieux soignés à domicile. Je vois bien que dans certaines régions - je l'ai vu en Midi-Pyrénées hier, je l'ai vu aussi en Basse-Normandie - il y a des systèmes qui se mettent en place pour faire en sorte qu'il y ait des permanences téléphoniques et des orientations vers les médecins de ville, de telle façon que les gens soient mieux pris en charge au lieu d'aller à l'hôpital. Ca, c'est une façon de mieux organiser le système. Deuxième direction, c'est de savoir qui fait quoi. Pour le moment, le gros problème, c'est que l'on ne sait pas qui décide : est-ce l'Etat, sont-ce les caisses ? Alors faisons en sorte que l'Etat ait des responsabilités bien définies, aidé par des techniciens, des personnes qui sont spécialisées dans la santé, pour leur dire : qu'est-ce qu'on rembourse et qu'est-ce qui est utile à la santé ? Et puis enfin, après, une fois que l'on aura mis cela en place, discutons éventuellement s'il faut augmenter les recettes."
Q- C'est-à-dire, augmenter la CSG ?
R- "La CSG, le rapport Fragonnard dit que c'est le moyen le plus efficace et le plus juste..."
Q- Vous le dites aussi ?
R- "...parce qu'il permet de faire payer tous les revenus, ceux du travail, bien sûr, mais aussi ceux du capital et du patrimoine. C'est une invention de la CFDT, qui l'avait proposée à l'époque au Gouvernement Rocard. Donc pour nous, c'est la meilleure façon d'aller. Mais avant de décider une CSG éventuelle, réorganisons le système, sinon augmenter la CSG, aujourd'hui, sans réorganiser le système, c'est, demain, réaugmenter dans quelques années et ainsi de suite."
Q- Les déremboursements de médicaments, cela rentre dans le système ?
R- "La CFDT a une position assez claire là-dessus : ce n'est pas à nous d'abord de décider si un médicament est bon ou mauvais. C'est la communauté scientifique qui doit le dire, elle doit conseiller le Gouvernement. Si un médicament n'est pas utile à la santé, il ne doit pas être remboursé, s'il est utile, il doit être remboursé à 100 %. Et ce sont ces médicaments-là qui doivent être pris en charge. Mais ce que je dois dire, c'est que, ce n'est pas parce que l'on dérembourse un médicament que l'on fera des économies. Parce que, inévitablement, ce sont des médicaments plus utiles qui, eux, sont remboursés, seront utilisés."
Q- Vous avez été critiqué parce que vous avez cédé un peu vite, vous avez signe un peu vite avec le Gouvernement pour la réforme des retraites. Vous serez plus attentif, plus vigilant cette fois-ci ?
R- "Vous savez, si l'on ne fait pas cette réforme, comme pour la réforme des retraites, ce sont les salariés, les Français en général, puisqu'il y a les retraités aussi qui sont concernés, bien évidemment, les plus modestes, qui vont en subir les conséquences. En particulier, ceux qui n'ont pas de mutuelle. Donc, nous, notre objectif, c'est de lutter contre l'exclusion en particulier celle des plus modestes, par l'argent. C'est une des raisons pour lesquelles nous allons être très clairs et nous allons demander, et je le demande dans mon interview aux Echos, ce matin, c'est d'une part que le Gouvernement évacue la mise en concurrence des caisses avec les assurances privées qui, inévitablement créera plus d'exclusion du système. Et d'autre part, refuse un système d'étatisation qui, dans un deuxième temps, amènera une privatisation partielle du système."
Q- C'est le statu quo en somme.
R- "Non, ce n'est pas le statu quo, parce que l'on voit bien que le statu quo n'est pas très clair en termes de responsabilité. Nous voulons que l'Etat ait la responsabilité de la politique de santé, qu'il définisse ce qui est bon pour la santé, aidé par des scientifiques, et qu'il fixe le budget. Quitte maintenant, une fois que le budget est donné aux partenaires sociaux, dans un paritarisme élargi, parce qu'il y a, d'une part, les patrons, les salariés, les organisations patronales, les organisations de salariés, mais aussi d'autres secteurs de la société civile qui peuvent gérer, et qui gèreront cette enveloppe budgétaire qui est confiée par l'Etat."
Q- Question inévitable : vous avez un nouveau collègue à la tête de FO, vous ne le connaissez pas, J.-C. Mailly.
R- "Non, je ne le connais pas mais je vais faire connaissance certainement."
Q- Qui prendra l'initiative : lui ou vous ?
R- "S'il souhaite que l'on se voie, il va me téléphoner. Mais je pense que cela se fait d'une façon naturelle et il est normal que les responsables syndicaux se rencontrent."
Q- Et quand vous vous faites traiter, et par B. Thibault et par M. Blondel de "syndicaliste d'accompagnement", qui veut partager le pouvoir avec la droite, que dites-vous ?
R- "On voit bien qu'il y a une convergence entre la CGT et FO sur ce sujet-là. Pour la CFDT, le syndicalisme, c'est celui amène des résultats. Et on le voit bien au moment de la réforme des retraites, les syndicats qui n'ont pas amené de résultats et qui ont été à l'échec, ce sont ceux qui se sont opposés systématiquement à une réforme. La CFDT a préféré négocier cette réforme. Et les résultats qui sont là, sur la table maintenant, c'est le départ anticipé dans le privé pour ceux qui ont commencé à travailler jeunes
- 200 000 -, c'est une augmentation des basses pensions. Et il me semble qu'au départ ce n'est pas cela qui était prévu. Donc, accompagner les salariés pour qu'ils aient de meilleurs droits sociaux, et qu'il y ait des résultats concrets de l'action syndicale, je crois que c'est préférable à l'opposition systématique."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 11 février 2004)
R- "Ce genre de mesure, on a l'habitude de les voir dans le secteur privé. C'est une première que l'on voit ce type de mesure dans le public."
Q- Cela vous choque-t-il ?
R- "Je suis un peu surpris. Le Gouvernement doit tenir la promesse qu'il doit à la CFDT et qu'il n'a pas encore tenue..."
Q- Qu'il commence à tenir ou qu'il n'a pas encore tenue ?
R- "Qu'il n'a pas encore tenue. Et j'y viens, car nous demandons que le Gouvernement permette à tous les salariés qui ont commencé à travailler à 14-15 ou 16 ans dans la fonction publique, de pouvoir partir avant 60 ans. Ils sont 37 000 qui peuvent en bénéficier en 2004. Le Gouvernement, pour le moment, pour des raisons soi-disant financières, n'accepte pas de mettre en oeuvre cette promesse. Or, là, on voit qu'il a les moyens pour négocier des départs comme on le fait à l'habitude dans le privé. Là, il y a une incohérence. Mettons en place cette mesure, on en a 200 000 qui vont en bénéficier dans le privé ; 58 000, qui en ont déjà bénéficiée au mois de janvier. Qu'il fasse cette mesure, qui est une vraie mesure de justice sociale."
Q- Qui concerne combien de personnes ?
R- "37 000 pour l'année 2004."
Q- Cela fait beaucoup plus de monde que pour ce petit service de contrôle qui compte 1 millier de personnes à peu près.
R- "Oui, et cela serait vraiment une mesure de justice, puisque ces salariés vont encore cotiser 46 ans, 44 ans, 42 ans, selon l'âge de début de travail. On voit bien que là, on a, d'un côté, une promesse non tenue et puis de l'autre côté, chercher à faire partir des gens. Non, faisons ce que le Gouvernement nous a promis et je crois que l'on pourra avancer vers un vrai équilibre sur les systèmes de retraite."
Q- Comment comptez-vous peser pour que cette promesse soit tenue ?
R- "Nous l'avons dit : si le Gouvernement, dans les jours qui viennent, ne met pas en place cette mesure, il y aura un conflit avec la CFDT. Alors de quel ordre ? Je le réserve pour le moment. Mais à partir du moment où on est allé sur un équilibre des systèmes de retraite, public-privé, que l'on a demandé aux fonctionnaires de cotiser 40 ans comme ceux du privé, cette mesure qui bénéficie déjà à ceux du privé, de partir avant 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler à 14, 15 et 16 ans, doit s'appliquer dans le public. C'est une mesure de justice sociale."
Q- Vous dites qu'on ne réforme pas un Etat en réduisant simplement le nombre de fonctionnaires.
R- "Qu'est-ce que le Gouvernement veut faire pour l'Etat ? On n'a pas de projet pour les services publics, on n'a pas de projet pour l'Etat. Discutons fonction publique par fonction publique, quel est le projet pour les différents services publics, et après, on discutera du nombre de fonctionnaires. Or, on voit que, pour des raisons d'économies, on fait l'inverse. Je crois, encore une fois, que le Gouvernement met la charrue avant les boeufs."
Q- On va en revenir à cette fameuse réforme de la Sécu. Vous allez rencontrer J.-F. Mattei ?
R- "Personnellement, je n'y serai pas parce que c'est une réunion d'ordre plutôt technique, c'est-à-dire, que les responsables de protection sociale de la CFDT et d'autres syndicats vont discuter du calendrier et des méthodes de travail. Mais, inévitablement..."
Q- Vous suivrez les choses de près ?
R- "Bien sûr."
Q- Et vous exprimez. Vous dites que, finalement, il faudra, sans doute, augmenter les recettes, ce que refuse le patronat. Comment allez-vous arriver à un accord et sur quoi êtes-vous prêt à faire un effort ?
R- "Tout d'abord, je dis qu'avant de décider de l'augmentation des recettes, il faut savoir comment va fonctionner le système. Ce qui est intéressant dans le rapport Fragonnard sur l'assurance-maladie, c'est qu'il nous dit très bien qu'il y a trois points sur lesquels il faut discuter en même temps et qu'il ne sert à rien d'en discuter un. Le premier, c'est celui de l'organisation du système, faire en sorte que le système soit mieux organisé afin de mieux soigner et de mieux dépenser. Deuxième..."
Q- Cela veut dire : une meilleure coordination entre...
R- "Cela veut dire beaucoup de choses et en particulier une meilleure coordination entre la médecine de ville et la médecine de l'hôpital. On l'a vu cet été au moment de la canicule, on le voit à chaque fois qu'il y a une épidémie. Les usagers de la santé par suite des difficultés d'accéder à la médecine de ville, vont à l'hôpital, aux urgences. 40 % des urgences sont des personnes qui, normalement, ne devraient pas avoir l'utilité d'aller aux urgences. C'est-à-dire, qu'ils devraient avoir réponse à médecine de ville. Et là, c'est facteur de dépense inutile. Faisons en sorte que les gens soient mieux soignés à domicile. Je vois bien que dans certaines régions - je l'ai vu en Midi-Pyrénées hier, je l'ai vu aussi en Basse-Normandie - il y a des systèmes qui se mettent en place pour faire en sorte qu'il y ait des permanences téléphoniques et des orientations vers les médecins de ville, de telle façon que les gens soient mieux pris en charge au lieu d'aller à l'hôpital. Ca, c'est une façon de mieux organiser le système. Deuxième direction, c'est de savoir qui fait quoi. Pour le moment, le gros problème, c'est que l'on ne sait pas qui décide : est-ce l'Etat, sont-ce les caisses ? Alors faisons en sorte que l'Etat ait des responsabilités bien définies, aidé par des techniciens, des personnes qui sont spécialisées dans la santé, pour leur dire : qu'est-ce qu'on rembourse et qu'est-ce qui est utile à la santé ? Et puis enfin, après, une fois que l'on aura mis cela en place, discutons éventuellement s'il faut augmenter les recettes."
Q- C'est-à-dire, augmenter la CSG ?
R- "La CSG, le rapport Fragonnard dit que c'est le moyen le plus efficace et le plus juste..."
Q- Vous le dites aussi ?
R- "...parce qu'il permet de faire payer tous les revenus, ceux du travail, bien sûr, mais aussi ceux du capital et du patrimoine. C'est une invention de la CFDT, qui l'avait proposée à l'époque au Gouvernement Rocard. Donc pour nous, c'est la meilleure façon d'aller. Mais avant de décider une CSG éventuelle, réorganisons le système, sinon augmenter la CSG, aujourd'hui, sans réorganiser le système, c'est, demain, réaugmenter dans quelques années et ainsi de suite."
Q- Les déremboursements de médicaments, cela rentre dans le système ?
R- "La CFDT a une position assez claire là-dessus : ce n'est pas à nous d'abord de décider si un médicament est bon ou mauvais. C'est la communauté scientifique qui doit le dire, elle doit conseiller le Gouvernement. Si un médicament n'est pas utile à la santé, il ne doit pas être remboursé, s'il est utile, il doit être remboursé à 100 %. Et ce sont ces médicaments-là qui doivent être pris en charge. Mais ce que je dois dire, c'est que, ce n'est pas parce que l'on dérembourse un médicament que l'on fera des économies. Parce que, inévitablement, ce sont des médicaments plus utiles qui, eux, sont remboursés, seront utilisés."
Q- Vous avez été critiqué parce que vous avez cédé un peu vite, vous avez signe un peu vite avec le Gouvernement pour la réforme des retraites. Vous serez plus attentif, plus vigilant cette fois-ci ?
R- "Vous savez, si l'on ne fait pas cette réforme, comme pour la réforme des retraites, ce sont les salariés, les Français en général, puisqu'il y a les retraités aussi qui sont concernés, bien évidemment, les plus modestes, qui vont en subir les conséquences. En particulier, ceux qui n'ont pas de mutuelle. Donc, nous, notre objectif, c'est de lutter contre l'exclusion en particulier celle des plus modestes, par l'argent. C'est une des raisons pour lesquelles nous allons être très clairs et nous allons demander, et je le demande dans mon interview aux Echos, ce matin, c'est d'une part que le Gouvernement évacue la mise en concurrence des caisses avec les assurances privées qui, inévitablement créera plus d'exclusion du système. Et d'autre part, refuse un système d'étatisation qui, dans un deuxième temps, amènera une privatisation partielle du système."
Q- C'est le statu quo en somme.
R- "Non, ce n'est pas le statu quo, parce que l'on voit bien que le statu quo n'est pas très clair en termes de responsabilité. Nous voulons que l'Etat ait la responsabilité de la politique de santé, qu'il définisse ce qui est bon pour la santé, aidé par des scientifiques, et qu'il fixe le budget. Quitte maintenant, une fois que le budget est donné aux partenaires sociaux, dans un paritarisme élargi, parce qu'il y a, d'une part, les patrons, les salariés, les organisations patronales, les organisations de salariés, mais aussi d'autres secteurs de la société civile qui peuvent gérer, et qui gèreront cette enveloppe budgétaire qui est confiée par l'Etat."
Q- Question inévitable : vous avez un nouveau collègue à la tête de FO, vous ne le connaissez pas, J.-C. Mailly.
R- "Non, je ne le connais pas mais je vais faire connaissance certainement."
Q- Qui prendra l'initiative : lui ou vous ?
R- "S'il souhaite que l'on se voie, il va me téléphoner. Mais je pense que cela se fait d'une façon naturelle et il est normal que les responsables syndicaux se rencontrent."
Q- Et quand vous vous faites traiter, et par B. Thibault et par M. Blondel de "syndicaliste d'accompagnement", qui veut partager le pouvoir avec la droite, que dites-vous ?
R- "On voit bien qu'il y a une convergence entre la CGT et FO sur ce sujet-là. Pour la CFDT, le syndicalisme, c'est celui amène des résultats. Et on le voit bien au moment de la réforme des retraites, les syndicats qui n'ont pas amené de résultats et qui ont été à l'échec, ce sont ceux qui se sont opposés systématiquement à une réforme. La CFDT a préféré négocier cette réforme. Et les résultats qui sont là, sur la table maintenant, c'est le départ anticipé dans le privé pour ceux qui ont commencé à travailler jeunes
- 200 000 -, c'est une augmentation des basses pensions. Et il me semble qu'au départ ce n'est pas cela qui était prévu. Donc, accompagner les salariés pour qu'ils aient de meilleurs droits sociaux, et qu'il y ait des résultats concrets de l'action syndicale, je crois que c'est préférable à l'opposition systématique."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 11 février 2004)