Texte intégral
Q- Hier soir, L. Jospin a fait sa grande rentrée politique sur France 2 pour entrer dans la campagne en faveur du "oui". Cette intervention de L. Jospin, est-ce un coup dur pour ceux qui, comme vous, à gauche, militent pour le "non" ?
R- Je n'ai pas entendu d'arguments nouveaux par rapport à ce projet de traité constitutionnel. A nouveau, L. Jospin nous a expliqué, comme les autres partisans du "oui", que la partie III était simplement la redite des traités existants, alors qu'en fin de compte, on est en train d'inscrire dans le marbre constitutionnel une politique libérale, celle que l'on connaît au niveau de l'Union européenne depuis déjà des années, qui fait déjà tant de mal, tant de souffrances sociales. Donc, je crois qu'au contraire, nous continuons, nous les partisans du "non", à travailler à partir du texte, à montrer aux gens les enjeux qu'il recouvre. Et je crois que la campagne du "non" continue calmement.
Q- Mais ce qui est frappant, c'est que la plupart des grandes figures du Parti socialiste, que ce soit Rocard, Delors, d'autres encore -,militent pour le "oui". Mouilleraient-ils la chemise comme cela si le traité, comme le dites, était trop libéral, était de droite ?
R- C'est un grand débat qui traverse la gauche. Toute une partie de la gauche se retrouve, se rassemble sur le "non" à ce projet de Traité libéral. Et puis, une autre partie pense qu'il n'est pas possible de faire autrement. C'est ce que l'on nous explique, c'est-à-dire que le traité ne serait pas terrible, que c'est un compromis mais on ne peut pas faire mieux, donc il faudrait accepter de se ranger dans cette construction libérale de l'Europe.
Q- J. Delors dit par exemple, que l'on relève 89 fois le mot "social" dans la Constitution.
R- Oui, mais on peut faire comme cela des études de texte ! Vous savez, quand le projet indique que "l'objectif de l'Europe est de construire un marché où la concurrence est libre et non faussée", c'est cela l'essentiel, c'est cela la logique du texte. Après, tout est soumis à cela. Ensuite, on compter le nombre. Alors, il y a des gens qui comptent le nombre de fois où il y a marqué "banque", "marché" etc. ! Ce n'est pas cela qui est sérieux !
Q- Ce que disent les partisans du "oui", c'est que, finalement, ce texte, c'est un cadre, et qu'à l'intérieur de ce cadre on pourra faire, si l'on veut, une politique de gauche.
R- Mais c'est faux ! Je vais prendre un seul exemple pour illustrer ce que je viens de dire : si demain, un gouvernement de gauche veut redonner à EDF et à GDF leur statut d'entreprise publique, avec, vraiment l'égalité des droits pour chaque citoyens pour l'accès à l'énergie, on ne pourra pas le faire parce que, n'importe quel fournisseur d'énergie privée portera plainte devant la Cour européenne de justice, et la Cour européenne de justice lui donnera raison, parce que le Traité constitutionnel, si par malheur il passait, interdit le retour aux services publics. Donc, voilà, c'est un exemple extrêmement concret que je peux donner et qui montre que, si on acceptait ce Traité constitutionnel, la gauche se mettrait un boulet au pied pour demain, je dirais pour mener une politique qui soit vraiment à gauche.
Q- Dans l'affaire de l'importation des textiles chinois qui envahissent l'Europe, la Commission de Bruxelles a pris une décision hier : elle a décidé de lancer une enquête...
R- C'est terrible !
Q- Finalement, elle agit.
R- C'est terrible ! Oui, "elle agit" : elle lance une enquête ! Et pourquoi ne peut-elle pas faire plus ? Parce que le commissaire au Commerce l'a encore dit hier : "il faut être très prudent". Parce qu'à partir du moment où l'Europe se construit sur la base de la concurrence libre et non faussée, bien sûr, il lui est difficile de réagir à l'invasion des textiles chinois. Quand on entend...
Q- Les Américains n'en font pas plus que nous là-dessus...
R- Les Américains sont très protectionnistes, cela, ils savent faire, ils savent protéger...
Q- Oui, mais sur ce plan, ils lancent également une enquête...
R- Oui, ils lancent une enquête ! Mais parce que tout le monde, le monde entier construit sur cette règle la marchandisation complète. C'est l'OMC, c'est l'accord général sur les services et les commerces qui disent que tout doit être soumis à la concurrence, on doit laisser la liberté des capitaux, on doit laisser la liberté d'entreprise. Le reste, les droits sociaux, la protection, tout cela, c'est nié. Quand j'entends les nouvelles depuis hier : il y a ce patron qui propose à ses ouvrières d'aller travailler en Roumanie, et puis, ce matin, on apprend qu'un autre patron propose à ses ouvriers d'aller travailler à l'Ile Maurice pour des salaires de 110 euros ! Mais dans quel monde vivons-nous ! Est-cela l'Europe que nous voulons ?!
Q- Mais ce n'est pas dans la Constitution ?
R- Mais justement. Il faut que l'Europe renonce..."Ce n'est pas dans la Constitution" ? La Constitution dit : "laissez faire" ! Je souhaite une constitution qui permette justement de lutter contre toutes les formes de dumping social, de délocalisations, en faisant en sorte que les salariés ne soient pas mis en concurrence mais que, au contraire, on harmonise leurs droits par le haut. Et pour cela, il faudrait une charte des droits fondamentaux et des droits sociaux qui soit contraignante, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui dans le projet de traité.
Q- Pour en revenir à l'affaire des textiles chinois, les partisans du "oui" disent qu'à vingt-cinq, on est plus forts pour parler aux Chinois.
R- A vingt-cinq, on est plus forts pour parler aux Chinois, si l'on veut créer à vingt-cinq un espace de coopération, de codéveloppement, entre les vingt-cinq, mais aussi entre les vingt-cinq et le reste du monde. Or, aujourd'hui, ce n'est pas ce que l'on nous propose. On nous propose de faire de l'Europe un marché, qui va rentrer en concurrence avec d'autres marchés. Ce n'est pas cela l'Europe dont nous avons besoin.
Q- L'autre événement de la semaine, c'est le lancement de l'Airbus, qui est un grand succès. Et là, les partisans du "oui" disent que c'est une bonne raison de voter pour la Constitution.
R- Justement, Airbus, c'est un merveilleux exemple. Airbus, c'est une volonté, de plusieurs Etats, d'avoir une politique industrielle forte, de mettre des moyens dans la recherche et le développement industriels. Aujourd'hui, si un Etat voulait apporter l'aide économique que l'Etat français a apporté pour justement réaliser ce magnifique avion, le projet de traité constitutionnel le lui interdirait parce que, aujourd'hui, on n'a plus le droit d'aider, de mettre des fonds publics dans une entreprise.
Q- On n'a pas le droit, mais enfin, on voit bien qu'Airbus continue à fonctionner ?
R- Airbus continue à fonctionner aujourd'hui, avec, vous avez vu, les plaintes de Boeing, parce qu'on dit qu'Airbus ne devrait pas bénéficier des aides dont il bénéficie aujourd'hui.
Q- Autre argument des partisans du "oui" : il consiste à dire que, si la France dit "non", elle va être complètement marginalisée.
R- Non, je crois que la France, au contraire, va être à l'avant-garde d'un mouvement qui va se retrouver dans toute l'Europe. Je pense que beaucoup d'hommes et de femmes en Europe attendent un signe fort, et je crois que le peuple français peut donner ce signe fort en disant "non" à cette Europe libérale, "oui" à une autre Europe. Je pense que, quelques jours après les Pays-Bas vont faire la même chose que nous, et peut-être d'autres pays qui vont avoir droit à un référendum. Et je pense que là où les peuples se sont vu interdire le référendum, ils vont manifester leur contentement de voir que l'on va enfin ouvrir la porte à une autre Europe.
Q- On voit pourtant beaucoup de dirigeants européens dire en ce moment que si la France dit non, l'Europe va s'arrêter.
R- Mais l'Europe ne va pas s'arrêter ! L'Europe va continuer, sous le Traité de Nice, ce n'est pas vraiment ce que je souhaite. Mais ils seront obligés de renégocier. Vous savez, c'est comme dans une entreprise : le patron dit souvent "je ne veux pas négocier, on ne peut pas négocier". Mais lorsqu'il y a mouvement social, le patron est obligé de s'asseoir à la table des négociations. C'est vrai aussi au niveau de l'Union européenne. Si les peuples se manifestent, si le peuple français dit "non", on sera obligés de renégocier au niveau de l'Union européenne.
Q- Il y a une polémique qui est en train de naître autour de l'entrée en campagne de S. Veil pour le "oui" ; elle est membre du Conseil constitutionnel, elle a décidée de se mettre en congé, et certains disent que c'est incompatible. Quelle est votre position là-dessus ?
R- Normalement, il y a droit de réserve pour les membres du Conseil constitutionnel. A partir du moment où elle demandé à se mettre en congé et que ce congé lui a été accordé, je ne veux pas faire de commentaire.
Q- Cela ne vous gêne pas ?
R- Je souhaite le débat le plus large possible, et donc je n'ai pas peur qu'une personne ou une autre prenne la parole. Voilà. Ayons le débat, menons-le jusqu'au bout tranquillement.
Q- Dans un tout autre domaine, sur le lundi de Pentecôte, J.-P. Raffarin reste sur sa position : le lundi de Pentecôte sera travaillé. Comment réagissez-vous ?
R- On a l'impression d'une immense arnaque. Parce qu'il y a besoin de moyens pour la protection sociale, il y a besoin de moyens pour les personnes âgées, pour les handicapés. Mais ces moyens on pouvait les trouver en allant taxer les revenus financiers. Une fois encore, le Gouvernement a fait le choix de faire travailler les salariés. Ce sont une nouvelle fois les salariés qui contribuent et les patrons, eux, peuvent être tranquilles. Donc je comprends que cela suscite beaucoup de mécontentement, et je ne suis pas sûre qu'il y ait beaucoup de gens qui travaillent le lundi de Pentecôte.
Q- Misez-vous sur ce mécontentement pour que le "non" marque des points ?
R- Mais, je ne "mise pas sur le mécontentement". Les gouvernements successifs ont toujours dit : voilà, nous privatisons, nous rendons obligatoire le travail de nuit des femmes, nous cassons le système des retraites et de la protection sociale, au nom de l'Europe. Et aujourd'hui, les hommes et les femmes disent que cette Europe-là, ils n'en veulent plus ! Et c'est pour cela que nous allons voter "non". Je trouve cela tout à fait de bon sens.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 29 avril 2005)
R- Je n'ai pas entendu d'arguments nouveaux par rapport à ce projet de traité constitutionnel. A nouveau, L. Jospin nous a expliqué, comme les autres partisans du "oui", que la partie III était simplement la redite des traités existants, alors qu'en fin de compte, on est en train d'inscrire dans le marbre constitutionnel une politique libérale, celle que l'on connaît au niveau de l'Union européenne depuis déjà des années, qui fait déjà tant de mal, tant de souffrances sociales. Donc, je crois qu'au contraire, nous continuons, nous les partisans du "non", à travailler à partir du texte, à montrer aux gens les enjeux qu'il recouvre. Et je crois que la campagne du "non" continue calmement.
Q- Mais ce qui est frappant, c'est que la plupart des grandes figures du Parti socialiste, que ce soit Rocard, Delors, d'autres encore -,militent pour le "oui". Mouilleraient-ils la chemise comme cela si le traité, comme le dites, était trop libéral, était de droite ?
R- C'est un grand débat qui traverse la gauche. Toute une partie de la gauche se retrouve, se rassemble sur le "non" à ce projet de Traité libéral. Et puis, une autre partie pense qu'il n'est pas possible de faire autrement. C'est ce que l'on nous explique, c'est-à-dire que le traité ne serait pas terrible, que c'est un compromis mais on ne peut pas faire mieux, donc il faudrait accepter de se ranger dans cette construction libérale de l'Europe.
Q- J. Delors dit par exemple, que l'on relève 89 fois le mot "social" dans la Constitution.
R- Oui, mais on peut faire comme cela des études de texte ! Vous savez, quand le projet indique que "l'objectif de l'Europe est de construire un marché où la concurrence est libre et non faussée", c'est cela l'essentiel, c'est cela la logique du texte. Après, tout est soumis à cela. Ensuite, on compter le nombre. Alors, il y a des gens qui comptent le nombre de fois où il y a marqué "banque", "marché" etc. ! Ce n'est pas cela qui est sérieux !
Q- Ce que disent les partisans du "oui", c'est que, finalement, ce texte, c'est un cadre, et qu'à l'intérieur de ce cadre on pourra faire, si l'on veut, une politique de gauche.
R- Mais c'est faux ! Je vais prendre un seul exemple pour illustrer ce que je viens de dire : si demain, un gouvernement de gauche veut redonner à EDF et à GDF leur statut d'entreprise publique, avec, vraiment l'égalité des droits pour chaque citoyens pour l'accès à l'énergie, on ne pourra pas le faire parce que, n'importe quel fournisseur d'énergie privée portera plainte devant la Cour européenne de justice, et la Cour européenne de justice lui donnera raison, parce que le Traité constitutionnel, si par malheur il passait, interdit le retour aux services publics. Donc, voilà, c'est un exemple extrêmement concret que je peux donner et qui montre que, si on acceptait ce Traité constitutionnel, la gauche se mettrait un boulet au pied pour demain, je dirais pour mener une politique qui soit vraiment à gauche.
Q- Dans l'affaire de l'importation des textiles chinois qui envahissent l'Europe, la Commission de Bruxelles a pris une décision hier : elle a décidé de lancer une enquête...
R- C'est terrible !
Q- Finalement, elle agit.
R- C'est terrible ! Oui, "elle agit" : elle lance une enquête ! Et pourquoi ne peut-elle pas faire plus ? Parce que le commissaire au Commerce l'a encore dit hier : "il faut être très prudent". Parce qu'à partir du moment où l'Europe se construit sur la base de la concurrence libre et non faussée, bien sûr, il lui est difficile de réagir à l'invasion des textiles chinois. Quand on entend...
Q- Les Américains n'en font pas plus que nous là-dessus...
R- Les Américains sont très protectionnistes, cela, ils savent faire, ils savent protéger...
Q- Oui, mais sur ce plan, ils lancent également une enquête...
R- Oui, ils lancent une enquête ! Mais parce que tout le monde, le monde entier construit sur cette règle la marchandisation complète. C'est l'OMC, c'est l'accord général sur les services et les commerces qui disent que tout doit être soumis à la concurrence, on doit laisser la liberté des capitaux, on doit laisser la liberté d'entreprise. Le reste, les droits sociaux, la protection, tout cela, c'est nié. Quand j'entends les nouvelles depuis hier : il y a ce patron qui propose à ses ouvrières d'aller travailler en Roumanie, et puis, ce matin, on apprend qu'un autre patron propose à ses ouvriers d'aller travailler à l'Ile Maurice pour des salaires de 110 euros ! Mais dans quel monde vivons-nous ! Est-cela l'Europe que nous voulons ?!
Q- Mais ce n'est pas dans la Constitution ?
R- Mais justement. Il faut que l'Europe renonce..."Ce n'est pas dans la Constitution" ? La Constitution dit : "laissez faire" ! Je souhaite une constitution qui permette justement de lutter contre toutes les formes de dumping social, de délocalisations, en faisant en sorte que les salariés ne soient pas mis en concurrence mais que, au contraire, on harmonise leurs droits par le haut. Et pour cela, il faudrait une charte des droits fondamentaux et des droits sociaux qui soit contraignante, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui dans le projet de traité.
Q- Pour en revenir à l'affaire des textiles chinois, les partisans du "oui" disent qu'à vingt-cinq, on est plus forts pour parler aux Chinois.
R- A vingt-cinq, on est plus forts pour parler aux Chinois, si l'on veut créer à vingt-cinq un espace de coopération, de codéveloppement, entre les vingt-cinq, mais aussi entre les vingt-cinq et le reste du monde. Or, aujourd'hui, ce n'est pas ce que l'on nous propose. On nous propose de faire de l'Europe un marché, qui va rentrer en concurrence avec d'autres marchés. Ce n'est pas cela l'Europe dont nous avons besoin.
Q- L'autre événement de la semaine, c'est le lancement de l'Airbus, qui est un grand succès. Et là, les partisans du "oui" disent que c'est une bonne raison de voter pour la Constitution.
R- Justement, Airbus, c'est un merveilleux exemple. Airbus, c'est une volonté, de plusieurs Etats, d'avoir une politique industrielle forte, de mettre des moyens dans la recherche et le développement industriels. Aujourd'hui, si un Etat voulait apporter l'aide économique que l'Etat français a apporté pour justement réaliser ce magnifique avion, le projet de traité constitutionnel le lui interdirait parce que, aujourd'hui, on n'a plus le droit d'aider, de mettre des fonds publics dans une entreprise.
Q- On n'a pas le droit, mais enfin, on voit bien qu'Airbus continue à fonctionner ?
R- Airbus continue à fonctionner aujourd'hui, avec, vous avez vu, les plaintes de Boeing, parce qu'on dit qu'Airbus ne devrait pas bénéficier des aides dont il bénéficie aujourd'hui.
Q- Autre argument des partisans du "oui" : il consiste à dire que, si la France dit "non", elle va être complètement marginalisée.
R- Non, je crois que la France, au contraire, va être à l'avant-garde d'un mouvement qui va se retrouver dans toute l'Europe. Je pense que beaucoup d'hommes et de femmes en Europe attendent un signe fort, et je crois que le peuple français peut donner ce signe fort en disant "non" à cette Europe libérale, "oui" à une autre Europe. Je pense que, quelques jours après les Pays-Bas vont faire la même chose que nous, et peut-être d'autres pays qui vont avoir droit à un référendum. Et je pense que là où les peuples se sont vu interdire le référendum, ils vont manifester leur contentement de voir que l'on va enfin ouvrir la porte à une autre Europe.
Q- On voit pourtant beaucoup de dirigeants européens dire en ce moment que si la France dit non, l'Europe va s'arrêter.
R- Mais l'Europe ne va pas s'arrêter ! L'Europe va continuer, sous le Traité de Nice, ce n'est pas vraiment ce que je souhaite. Mais ils seront obligés de renégocier. Vous savez, c'est comme dans une entreprise : le patron dit souvent "je ne veux pas négocier, on ne peut pas négocier". Mais lorsqu'il y a mouvement social, le patron est obligé de s'asseoir à la table des négociations. C'est vrai aussi au niveau de l'Union européenne. Si les peuples se manifestent, si le peuple français dit "non", on sera obligés de renégocier au niveau de l'Union européenne.
Q- Il y a une polémique qui est en train de naître autour de l'entrée en campagne de S. Veil pour le "oui" ; elle est membre du Conseil constitutionnel, elle a décidée de se mettre en congé, et certains disent que c'est incompatible. Quelle est votre position là-dessus ?
R- Normalement, il y a droit de réserve pour les membres du Conseil constitutionnel. A partir du moment où elle demandé à se mettre en congé et que ce congé lui a été accordé, je ne veux pas faire de commentaire.
Q- Cela ne vous gêne pas ?
R- Je souhaite le débat le plus large possible, et donc je n'ai pas peur qu'une personne ou une autre prenne la parole. Voilà. Ayons le débat, menons-le jusqu'au bout tranquillement.
Q- Dans un tout autre domaine, sur le lundi de Pentecôte, J.-P. Raffarin reste sur sa position : le lundi de Pentecôte sera travaillé. Comment réagissez-vous ?
R- On a l'impression d'une immense arnaque. Parce qu'il y a besoin de moyens pour la protection sociale, il y a besoin de moyens pour les personnes âgées, pour les handicapés. Mais ces moyens on pouvait les trouver en allant taxer les revenus financiers. Une fois encore, le Gouvernement a fait le choix de faire travailler les salariés. Ce sont une nouvelle fois les salariés qui contribuent et les patrons, eux, peuvent être tranquilles. Donc je comprends que cela suscite beaucoup de mécontentement, et je ne suis pas sûre qu'il y ait beaucoup de gens qui travaillent le lundi de Pentecôte.
Q- Misez-vous sur ce mécontentement pour que le "non" marque des points ?
R- Mais, je ne "mise pas sur le mécontentement". Les gouvernements successifs ont toujours dit : voilà, nous privatisons, nous rendons obligatoire le travail de nuit des femmes, nous cassons le système des retraites et de la protection sociale, au nom de l'Europe. Et aujourd'hui, les hommes et les femmes disent que cette Europe-là, ils n'en veulent plus ! Et c'est pour cela que nous allons voter "non". Je trouve cela tout à fait de bon sens.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 29 avril 2005)