Texte intégral
(Extraits de l'entretien de Michel Barnier avec Europe 1, le 3 avril 2004) :
Q - Michel Barnier, bonjour.
R - Bonjour, Dominique Souchier.
Q - Dans les nouveaux ministres, ceux qui arrivent au gouvernement, vous êtes celui qui va occuper la charge la plus importante. Et dans cette émission où vous êtes souvent venu comme commissaire européen - je vous remercie d'avoir accepté d'être là ce matin comme ministre des Affaires étrangères. Je vais commencer par une question qu'on entend à demi-mots ou qu'on lit entre les lignes dans les nombreux portraits qui sont faits ces jours-ci de vous. Michel Barnier, qui a travaillé en si bonne intelligence à Bruxelles auprès du commissaire européen français, le socialiste Pascal Lamy. Michel Barnier qui accueille dans son club "Nouvelle République" des personnalités d'horizons politiques différents. Vous avez vu ce qu'on demande ? Maintenant qu'il est ministre, est-ce qu'il va accepter, Michel Barnier, d'avoir des adversaires, de s'inscrire dans le débat politique français ?
R - Oui, c'est une question un peu étonnante. Des adversaires, oui. Des ennemis ? J'ai toujours eu l'idée que le sectarisme était une preuve de faiblesse. Quand on est sectaire, c'est que l'on n'est pas sûr de soi et pas sûr des ses idées. Donc j'ai toujours conçu - et depuis le début, le premier jour où j'ai été élu tout jeune Conseiller général dans la Haute Tarantaise en Savoie puis député - à l'époque, mais c'est un titre que j'ai vite perdu, j'étais le benjamin de l'Assemblée nationale - j'ai toujours eu l'idée qu'il fallait que les électeurs votent pour vous plutôt que contre les autres. J'ai toujours essayé de développer des idées, des projets, une proposition plutôt que d'attaquer les autres.
Q - Mais dès votre première déclaration, vous avez dit à la télévision, par exemple, que vous alliez vous mêler directement de la campagne des européennes. Jusqu'à quel point ?
R - Oui, de toute façon, même si j'avais gardé cette mission passionnante de commissaire européen, qui se terminait dans quelques mois, j'aurais participé comme citoyen français à la campagne des élections européennes. C'était mon devoir. Je vais encore le faire avec plus de raison comme ministre des Affaires étrangères et européennes avec les autres ministres, notamment Claudie Haigneré qui est à mes côtés. Mais pourquoi le ferais-je en attaquant les autres ? Je vais parler du projet européen, de l'importance de ce projet pour la France, que ce projet était voulu par la France avec l'Allemagne au tout début, dans les années 1950 ; en quoi, tout en étant passionnément européen, nous ne cessons pas d'être patriote et français, pourquoi c'est l'intérêt de la France de participer à ce projet ?
(...)
Q - Michel Barnier, il y a une semaine, j'aurais demandé au commissaire européen s'il croyait, après le Sommet de Bruxelles, que l'Europe peut avoir une Constitution avant ou lors du prochain Sommet le 18 juin. Là c'est au ministre que je le demande. Est-ce que vous le souhaitez ? Est-ce que vous le voulez ? Et est-ce que vous pensez surtout que c'est possible ?
R - La réponse est oui, notamment depuis la dernière réunion des chefs d'État et de gouvernement à laquelle Jacques Chirac a participé à Bruxelles il y a quelques jours. La réponse est oui. Le signal a été donné que ce Conseil européen, qui est le Conseil suprême de l'Union européenne, allait aboutir au mois de juin au plus tard, les 17 et 18 juin, à l'approbation de ce texte de la Constitution européenne.
Q - Maintenant que José-Maria Aznar a quitté la scène européenne, maintenant que les Polonais ont changé d'avis, est-ce que les difficultés pour faire naître une Constitution ne vont pas venir principalement des Anglais ?
R - Non, parce que nous avons beaucoup travaillé. Nous étions presque au bout de la route pour cette Constitution. Je rappelle qu'elle a fait l'objet d'un travail très original : la Convention présidée par M. Giscard d'Estaing a travaillé 18 mois. Tous les gouvernements, y compris les gouvernements britannique, anglais, allemand, étaient présents. Dominique de Villepin y a beaucoup travaillé. On a donc "déblayé le terrain". On a fait ce texte qui n'est pas un rafistolage, qui est un vrai nouveau traité pour l'Europe.
Q - Vous ne redoutez rien des Anglais ? Alors que la semaine prochaine, on va fêter le centenaire de l'Entente cordiale, vous pensez qu'il peut y avoir une nouvelle entente cordiale sur la Constitution européenne ?
R - J'ai entendu Tony Blair - le ministre Jack Straw sera la semaine prochaine aux côtés de la Reine à Paris - je l'ai entendu approuver le texte de la Constitution. Naturellement, il y a, sur tel ou tel sujet, des sensibilités. Par exemple, sur quoi va-t-on davantage voter à la majorité qualifiée plutôt qu'avec le veto de chaque pays ? Il y a des différences mais tout cela a été étudié. Nous sommes allés très loin et les quelques problèmes qui étaient en suspens, étaient des problèmes de mécanique. Comment imaginer, dans le moment où nous nous trouvons, avec le terrorisme qui est chez nous - on l'a vu à Madrid -, avec l'inquiétude sociale et économique, comment imaginer que l'on ne règle pas ces derniers problèmes de mécanique, puisqu'il s'agit de cela ?
Q - Donc c'est votre premier objectif ? Pour le nouveau ministre des Affaires étrangères, la Constitution européenne avant le 18 juin ?
R - Le premier objectif, qui est celui du président de la République, il l'a dit, c'est que nous donnions ce signal aux citoyens que la maison est en ordre. Et nous avons besoin d'une maison européenne en ordre pour affronter les défis internes et externes que nous devons relever.
Q - Ce matin, Michel Barnier, on apprend que Colin Powell reconnaît que les informations qu'il avait présentées l'an dernier aux Nations unies sur les laboratoires mobiles irakiens n'était pas si solides. Ce sont ses propres termes alors que ces informations avaient servi, pour une bonne part, à justifier la guerre. Quel est le commentaire, quelle est la première réaction du nouveau ministre français des Affaires étrangères ?
R - Je ne veux pas faire de commentaire sur le passé. Franchement, dans les circonstances où nous sommes qui sont extrêmement graves dans cette zone, en Irak et autour de l'Irak, ma recommandation est que tous ensemble, dans le cadre des Nations unies, qui est le seul cadre international où nous pouvons agir légitimement, nous trouvions les solutions, les idées, les moyens de rétablir la paix, la sécurité, la stabilité dans cette zone. Mais je ne veux pas faire de commentaire sur le passé. J'ajoute que j'ai eu hier, à Bruxelles, un premier entretien avec Colin Powell.
Q - On dit que c'est lui qui vous a appelé le premier pour vous féliciter ?
R - Le second ! Le premier - et j'en ai été très heureux - a été mon ami Joschka Fischer, le ministre fédéral allemand.
Q - Mais là, Colin Powell reconnaît ce que disait Dominique de Villepin votre prédécesseur ?
R - Oui, je vous le laisse observer. Encore une fois, mon attitude aujourd'hui, ce n'est pas de regarder en arrière. Le moment viendra de tirer les leçons, déjà certaines ont été tirées. Regardons devant nous, et très vite, trouvons ensemble, dans le cadre des Nations unies, les moyens de rétablir la stabilité dans cette zone. Il y en a vraiment besoin pour cette zone et pour l'ensemble du pays.
Q - Il y a quelques semaines vous disiez : il faut rebâtir la confiance entre l'Europe et les États-Unis. Comme ministre, vous le dites de nouveau ?
R - Je le dis de nouveau mais la confiance doit être réciproque. Elle n'est pas à sens unique. Il faut aussi que les États-Unis fassent confiance à l'Europe et acceptent que l'Europe ne soit pas simplement une puissance régionale, qu'elle ait sa place à la table de ceux qui, comme Dominique de Villepin l'a fait avec tant de force à New York il y a quelques mois, vont devoir organiser le monde autrement qu'il n'est organisé ou plutôt désorganisé aujourd'hui.
Q - Vous avez vu le titre du Figaro de ce matin : Chirac impose, Raffarin s'adapte. Vous qui êtes un proche des deux, est-ce que vous êtes sûr que demain l'histoire commune qu'ils vivent en ce moment ils vous la raconteront de la même façon ?
R - La règle du jeu est claire. Sous la Cinquième République, c'est le président de la République, élu par les citoyens, par le peuple, qui donne la direction et c'est en particulier vrai pour le sujet dont j'ai la charge sous l'autorité de Jacques Chirac, qui est la politique étrangère et européenne. Le président de la République donne l'impulsion et l'orientation, fixe les grandes lignes. Il l'a fait très clairement il y a moins de 48 heures à la télévision.
Q - Et le Premier ministre s'exécute ?
R - Et le gouvernement participe, sous l'autorité du président de la République, à la mise en oeuvre des ces orientations. C'est la règle du jeu de la Cinquième République.
Q - C'est dur à vivre d'être Premier ministre parfois, non ?
R - Oui, c'est une mission extrêmement difficile et voilà pourquoi, puisque vous m'interrogez sur ce sujet, je veux dire l'amitié et le soutien que j'apporte à Jean-Pierre Raffarin qui a les épaules larges, qui est un homme extrêmement tenace et courageux et on va le voir dans les mois qui viennent.
Q - Merci beaucoup Michel Barnier d'être venu ce matin.
R - Merci à vous.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 avril 2004)
(Entretien de Michel Barnier avec France Inter, le 4 avril 2004) :
Q - Bonjour. Ils ont préféré mourir comme des kamikazes, quatre terroristes se sont fait exploser hier soir, dans la banlieue de Madrid. Parmi eux, se trouverait un Tunisien, cerveau présumé des attentats du 11 mars. Le bilan est lourd, un policier des forces spéciales a également péri et onze autres ont été blessés. Dans ce journal, nous entendrons la réaction de Michel Barnier, le nouveau ministre des Affaires étrangères.
L'Espagne, depuis le 11 mars et les attentats de Madrid s'est donc retrouvée entraînée dans la spirale du terrorisme. L'Europe, après le jeudi noir espagnol, s'est dotée d'un Monsieur terrorisme en la personne du Néerlandais Gijs de Vries, c'est lui qui doit coordonner les efforts de l'Union européenne. La France, par la voix de Michel Barnier, le nouveau ministre des Affaires étrangères, vient de réagir.
Pour Michel Barnier, en touchant Madrid, le terrorisme a frappé toutes les démocraties européennes.
R - Ce qui vient de se passer à nouveau tragiquement à Madrid, dans le prolongement d'une autre tragédie des attentats du 11 mars, nous concerne tous parce que nous sommes européens et parce que ces attentats et leurs conséquences frappent en réalité, toutes les démocraties européennes. Cela frappe la démocratie européenne, pas seulement la démocratie espagnole. Cela simplement renforce l'exigence d'une lutte déterminée, tenace, contre toutes les formes de terrorisme, dans la ligne de ce qu'a dit le président de la République, Jacques Chirac, devant ses collègues il y a quelques jours à Bruxelles. Il s'agit bien sûr de réparation après de tels attentats mais il s'agit aussi de répression et de prévention. Je veux enfin dire que, dans cette action contre le terrorisme, sont engagés des hommes et des femmes qui appartiennent aux services de sécurité de nos différents pays. On l'a vu tragiquement à Madrid hier, des hommes et des femmes qui agissent, au prix de leur vie quelques fois et il ne faut pas l'oublier, ni les oublier.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 avril 2004)
Q - Michel Barnier, bonjour.
R - Bonjour, Dominique Souchier.
Q - Dans les nouveaux ministres, ceux qui arrivent au gouvernement, vous êtes celui qui va occuper la charge la plus importante. Et dans cette émission où vous êtes souvent venu comme commissaire européen - je vous remercie d'avoir accepté d'être là ce matin comme ministre des Affaires étrangères. Je vais commencer par une question qu'on entend à demi-mots ou qu'on lit entre les lignes dans les nombreux portraits qui sont faits ces jours-ci de vous. Michel Barnier, qui a travaillé en si bonne intelligence à Bruxelles auprès du commissaire européen français, le socialiste Pascal Lamy. Michel Barnier qui accueille dans son club "Nouvelle République" des personnalités d'horizons politiques différents. Vous avez vu ce qu'on demande ? Maintenant qu'il est ministre, est-ce qu'il va accepter, Michel Barnier, d'avoir des adversaires, de s'inscrire dans le débat politique français ?
R - Oui, c'est une question un peu étonnante. Des adversaires, oui. Des ennemis ? J'ai toujours eu l'idée que le sectarisme était une preuve de faiblesse. Quand on est sectaire, c'est que l'on n'est pas sûr de soi et pas sûr des ses idées. Donc j'ai toujours conçu - et depuis le début, le premier jour où j'ai été élu tout jeune Conseiller général dans la Haute Tarantaise en Savoie puis député - à l'époque, mais c'est un titre que j'ai vite perdu, j'étais le benjamin de l'Assemblée nationale - j'ai toujours eu l'idée qu'il fallait que les électeurs votent pour vous plutôt que contre les autres. J'ai toujours essayé de développer des idées, des projets, une proposition plutôt que d'attaquer les autres.
Q - Mais dès votre première déclaration, vous avez dit à la télévision, par exemple, que vous alliez vous mêler directement de la campagne des européennes. Jusqu'à quel point ?
R - Oui, de toute façon, même si j'avais gardé cette mission passionnante de commissaire européen, qui se terminait dans quelques mois, j'aurais participé comme citoyen français à la campagne des élections européennes. C'était mon devoir. Je vais encore le faire avec plus de raison comme ministre des Affaires étrangères et européennes avec les autres ministres, notamment Claudie Haigneré qui est à mes côtés. Mais pourquoi le ferais-je en attaquant les autres ? Je vais parler du projet européen, de l'importance de ce projet pour la France, que ce projet était voulu par la France avec l'Allemagne au tout début, dans les années 1950 ; en quoi, tout en étant passionnément européen, nous ne cessons pas d'être patriote et français, pourquoi c'est l'intérêt de la France de participer à ce projet ?
(...)
Q - Michel Barnier, il y a une semaine, j'aurais demandé au commissaire européen s'il croyait, après le Sommet de Bruxelles, que l'Europe peut avoir une Constitution avant ou lors du prochain Sommet le 18 juin. Là c'est au ministre que je le demande. Est-ce que vous le souhaitez ? Est-ce que vous le voulez ? Et est-ce que vous pensez surtout que c'est possible ?
R - La réponse est oui, notamment depuis la dernière réunion des chefs d'État et de gouvernement à laquelle Jacques Chirac a participé à Bruxelles il y a quelques jours. La réponse est oui. Le signal a été donné que ce Conseil européen, qui est le Conseil suprême de l'Union européenne, allait aboutir au mois de juin au plus tard, les 17 et 18 juin, à l'approbation de ce texte de la Constitution européenne.
Q - Maintenant que José-Maria Aznar a quitté la scène européenne, maintenant que les Polonais ont changé d'avis, est-ce que les difficultés pour faire naître une Constitution ne vont pas venir principalement des Anglais ?
R - Non, parce que nous avons beaucoup travaillé. Nous étions presque au bout de la route pour cette Constitution. Je rappelle qu'elle a fait l'objet d'un travail très original : la Convention présidée par M. Giscard d'Estaing a travaillé 18 mois. Tous les gouvernements, y compris les gouvernements britannique, anglais, allemand, étaient présents. Dominique de Villepin y a beaucoup travaillé. On a donc "déblayé le terrain". On a fait ce texte qui n'est pas un rafistolage, qui est un vrai nouveau traité pour l'Europe.
Q - Vous ne redoutez rien des Anglais ? Alors que la semaine prochaine, on va fêter le centenaire de l'Entente cordiale, vous pensez qu'il peut y avoir une nouvelle entente cordiale sur la Constitution européenne ?
R - J'ai entendu Tony Blair - le ministre Jack Straw sera la semaine prochaine aux côtés de la Reine à Paris - je l'ai entendu approuver le texte de la Constitution. Naturellement, il y a, sur tel ou tel sujet, des sensibilités. Par exemple, sur quoi va-t-on davantage voter à la majorité qualifiée plutôt qu'avec le veto de chaque pays ? Il y a des différences mais tout cela a été étudié. Nous sommes allés très loin et les quelques problèmes qui étaient en suspens, étaient des problèmes de mécanique. Comment imaginer, dans le moment où nous nous trouvons, avec le terrorisme qui est chez nous - on l'a vu à Madrid -, avec l'inquiétude sociale et économique, comment imaginer que l'on ne règle pas ces derniers problèmes de mécanique, puisqu'il s'agit de cela ?
Q - Donc c'est votre premier objectif ? Pour le nouveau ministre des Affaires étrangères, la Constitution européenne avant le 18 juin ?
R - Le premier objectif, qui est celui du président de la République, il l'a dit, c'est que nous donnions ce signal aux citoyens que la maison est en ordre. Et nous avons besoin d'une maison européenne en ordre pour affronter les défis internes et externes que nous devons relever.
Q - Ce matin, Michel Barnier, on apprend que Colin Powell reconnaît que les informations qu'il avait présentées l'an dernier aux Nations unies sur les laboratoires mobiles irakiens n'était pas si solides. Ce sont ses propres termes alors que ces informations avaient servi, pour une bonne part, à justifier la guerre. Quel est le commentaire, quelle est la première réaction du nouveau ministre français des Affaires étrangères ?
R - Je ne veux pas faire de commentaire sur le passé. Franchement, dans les circonstances où nous sommes qui sont extrêmement graves dans cette zone, en Irak et autour de l'Irak, ma recommandation est que tous ensemble, dans le cadre des Nations unies, qui est le seul cadre international où nous pouvons agir légitimement, nous trouvions les solutions, les idées, les moyens de rétablir la paix, la sécurité, la stabilité dans cette zone. Mais je ne veux pas faire de commentaire sur le passé. J'ajoute que j'ai eu hier, à Bruxelles, un premier entretien avec Colin Powell.
Q - On dit que c'est lui qui vous a appelé le premier pour vous féliciter ?
R - Le second ! Le premier - et j'en ai été très heureux - a été mon ami Joschka Fischer, le ministre fédéral allemand.
Q - Mais là, Colin Powell reconnaît ce que disait Dominique de Villepin votre prédécesseur ?
R - Oui, je vous le laisse observer. Encore une fois, mon attitude aujourd'hui, ce n'est pas de regarder en arrière. Le moment viendra de tirer les leçons, déjà certaines ont été tirées. Regardons devant nous, et très vite, trouvons ensemble, dans le cadre des Nations unies, les moyens de rétablir la stabilité dans cette zone. Il y en a vraiment besoin pour cette zone et pour l'ensemble du pays.
Q - Il y a quelques semaines vous disiez : il faut rebâtir la confiance entre l'Europe et les États-Unis. Comme ministre, vous le dites de nouveau ?
R - Je le dis de nouveau mais la confiance doit être réciproque. Elle n'est pas à sens unique. Il faut aussi que les États-Unis fassent confiance à l'Europe et acceptent que l'Europe ne soit pas simplement une puissance régionale, qu'elle ait sa place à la table de ceux qui, comme Dominique de Villepin l'a fait avec tant de force à New York il y a quelques mois, vont devoir organiser le monde autrement qu'il n'est organisé ou plutôt désorganisé aujourd'hui.
Q - Vous avez vu le titre du Figaro de ce matin : Chirac impose, Raffarin s'adapte. Vous qui êtes un proche des deux, est-ce que vous êtes sûr que demain l'histoire commune qu'ils vivent en ce moment ils vous la raconteront de la même façon ?
R - La règle du jeu est claire. Sous la Cinquième République, c'est le président de la République, élu par les citoyens, par le peuple, qui donne la direction et c'est en particulier vrai pour le sujet dont j'ai la charge sous l'autorité de Jacques Chirac, qui est la politique étrangère et européenne. Le président de la République donne l'impulsion et l'orientation, fixe les grandes lignes. Il l'a fait très clairement il y a moins de 48 heures à la télévision.
Q - Et le Premier ministre s'exécute ?
R - Et le gouvernement participe, sous l'autorité du président de la République, à la mise en oeuvre des ces orientations. C'est la règle du jeu de la Cinquième République.
Q - C'est dur à vivre d'être Premier ministre parfois, non ?
R - Oui, c'est une mission extrêmement difficile et voilà pourquoi, puisque vous m'interrogez sur ce sujet, je veux dire l'amitié et le soutien que j'apporte à Jean-Pierre Raffarin qui a les épaules larges, qui est un homme extrêmement tenace et courageux et on va le voir dans les mois qui viennent.
Q - Merci beaucoup Michel Barnier d'être venu ce matin.
R - Merci à vous.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 avril 2004)
(Entretien de Michel Barnier avec France Inter, le 4 avril 2004) :
Q - Bonjour. Ils ont préféré mourir comme des kamikazes, quatre terroristes se sont fait exploser hier soir, dans la banlieue de Madrid. Parmi eux, se trouverait un Tunisien, cerveau présumé des attentats du 11 mars. Le bilan est lourd, un policier des forces spéciales a également péri et onze autres ont été blessés. Dans ce journal, nous entendrons la réaction de Michel Barnier, le nouveau ministre des Affaires étrangères.
L'Espagne, depuis le 11 mars et les attentats de Madrid s'est donc retrouvée entraînée dans la spirale du terrorisme. L'Europe, après le jeudi noir espagnol, s'est dotée d'un Monsieur terrorisme en la personne du Néerlandais Gijs de Vries, c'est lui qui doit coordonner les efforts de l'Union européenne. La France, par la voix de Michel Barnier, le nouveau ministre des Affaires étrangères, vient de réagir.
Pour Michel Barnier, en touchant Madrid, le terrorisme a frappé toutes les démocraties européennes.
R - Ce qui vient de se passer à nouveau tragiquement à Madrid, dans le prolongement d'une autre tragédie des attentats du 11 mars, nous concerne tous parce que nous sommes européens et parce que ces attentats et leurs conséquences frappent en réalité, toutes les démocraties européennes. Cela frappe la démocratie européenne, pas seulement la démocratie espagnole. Cela simplement renforce l'exigence d'une lutte déterminée, tenace, contre toutes les formes de terrorisme, dans la ligne de ce qu'a dit le président de la République, Jacques Chirac, devant ses collègues il y a quelques jours à Bruxelles. Il s'agit bien sûr de réparation après de tels attentats mais il s'agit aussi de répression et de prévention. Je veux enfin dire que, dans cette action contre le terrorisme, sont engagés des hommes et des femmes qui appartiennent aux services de sécurité de nos différents pays. On l'a vu tragiquement à Madrid hier, des hommes et des femmes qui agissent, au prix de leur vie quelques fois et il ne faut pas l'oublier, ni les oublier.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 avril 2004)