Interview de M. Gilles de Robien, ministre de l'équipement, des transports, du logement, du tourisme et de la mer, à "RMC" le 16 mars 2004, sur les menaces terroristes éventuelles en France, sur les propositions gouvernementales en matière de sécurité routière et sur la préparation des élections régionales.

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Média : Emission Forum RMC FR3 - RMC

Texte intégral

J.-J. Bourdin-. Notre invité ce matin, G. de Robien, ministre de l'Equipement, des Transports, du Logement, du Tourisme et de la Mer. G. de Robien bonjour.
- "J.-J. Bourdin, bonjour. "
Q- Réunion interministérielle à Matignon, vous promettez, le Gouvernement promet la vérité aux Français sur l'évolution de la situation. Alors soyons clairs, y a-t-il des menaces terroristes précises, ciblées, sur la France actuellement ?
R- "On ne peut pas dire qu'il y ait des menaces précises. Si ces menaces étaient précises, d'abord on le saurait, on mettrait tous nos moyens à un endroit précis. Non, mais je pense qu'après ce qui est arrivé en Espagne, nous avons le devoir de prendre beaucoup de précautions et c'est ce que nous faisons depuis le 11 mars, des précautions supplémentaires parce que certaines étaient déjà prises avant le 11 mars. "
Q- Le ministre de l'Intérieur annonce que 5000 personnes ont été contrôlées dans 160 gares, à Paris et en Ile-de-France, c'était hier matin. 30 d'entre elles ont été interpellées avec possession de drogue ou d'armes. Est-ce que l'élévation du niveau de vigilance correspond à un principe de précaution ?
R- "Oui, on a élevé, le 11 mars le niveau de jaune à orange et même au niveau rouge. Depuis le 12 mars, j'ai moi-même vérifié notamment dans les aéroports, hier, ce niveau de présence on va dire, qui est évidemment un niveau tout à fait exceptionnel. Il n'y a qu'un niveau au-dessus, enfin, il y a le rouge, puis l'écarlate et donc on voit bien que le maximum de mesures sont prises, y compris mesures policières bien sûr, mais aussi les entreprises, qu'elles s'appellent Aéroports de Paris, la RATP, la SNCF, beaucoup de moyens sont mobilisés pour, j'allais dire, tranquilliser d'une certaine façon, quand même, les usagers et les citoyens. Ca n'empêche pas, si vous me permettez, parce que c'est important quand même..."
Q- Oui, G. de Robien, oui.
R- "Il y a ces mesures de précaution, OK, mais il y a aussi de la part des citoyens une certaine vigilance quand même permanente à observer, parce qu'ils sont aussi des acteurs de la sécurité. "
Q- Avez-vous eu des contacts récents avec le groupe AZF ? Oui, c'est ce qu'a dit le Gouvernement pendant le week-end. Y a-t-il eu une nouvelle remise de rançon ?
R- "A ma connaissance, non. "
Q- A votre connaissance non. Pas de nouvel engin explosif retrouvé non plus ?
R- "A ma connaissance non, mais c'est vraiment pas de mon domaine de compétence. Si vous permettez, moi je suis dans les transports, c'est déjà pas mal. "
Q- Oui, mais ce sont les transports qui sont concernés.
R- "Tout à fait. Mais je veux dire par-là que c'est que le ministre de l'Intérieur et vous connaissez N. Sarkozy, il est extrêmement dynamique sur ce sujet-là comme sur les autres et donc c'est vraiment son domaine de compétence. "
Sophie [une auditrice, 28 ans, étudiante en droit dans le Val de Marne, ndlr] a une question à vous poser, G. de Robien. Bonjour Sophie.
Q- Sophie : Oui, bonjour M. le ministre. En fait, je souhaite savoir si, selon vous, il ne serait pas un peu incohérent de la part de votre Premier ministre, enfin notre Premier ministre M. Raffarin de dire qu'il n'existe aucune menace précise alors que vous, vous faites face aux revendications du groupe AZF ?
Q- J.-J. Bourdin : Sophie vous dit : N'y a-t-il pas incohérence, lorsque vous dites " Il n'y a pas de menaces précises en France " alors que vous faites face aux menaces du groupe AZF ?
R- "Oui, ce n'est pas suffisamment précis. Si c'était très précis, AZF, on irait directement à l'endroit où il y a des menaces. Aujourd'hui, il y a une opération de chantage, effectivement, de rançon. Ce n'est pas la même démarche que celle qu'on a connue, hélas, en Espagne qui était vraiment un attentat, sans aucune menace d'avance, sans aucune, comment dire, annonce préliminaire. Là, on a le sentiment - ça c'est un point de vue personnel que j'exprime - que ce n'est pas du tout la même démarche en tout cas. Une demande de rançon et un attentat comme celui de Madrid, ne sont pas quand même des menaces de même nature. "
Q- Sophie : Excusez-moi, est-ce que c'est parce que les réseaux qui sont derrière ne seraient pas des réseaux islamistes également, que vous différenciez les deux types de menace ?
R- "Honnêtement, je l'ignore. Mais dans un cas, c'est très nettement une demande d'argent, dans l'autre cas c'était une menace probablement islamiste, puisque c'est surtout la piste qui est aujourd'hui exploitée et recherchée. "
Sophie : Je vous remercie.
Q- J.-J. Bourdin : Merci Sophie, merci à vous. G. de Robien, est-ce qu'on doit faire monter dans tous les trains en France des gendarmes, des gendarmes mobiles, des CRS ou des soldats ?
R- "Il y a des patrouilles bien sûr dans les trains. Il y a aujourd'hui des patrouilles de force de l'ordre dans les trains. Ce sont les décisions qui ont été prises le 12 mars, donc il y a quelques jours et donc oui, il y a des patrouilles aujourd'hui dans les trains. "
Q- Est-ce qu'il va y avoir des patrouilles dans tous les trains ?
R- "Dans tous les trains, c'est de façon aléatoire, ce n'est pas systématique et ce n'est pas dans toutes les destinations. Mais permettez-moi de rester un petit peu vague là-dessus, parce que je ne vais pas vous dire aussi à quelle heure passe exactement le CRS ou le policier. Tout cela nécessite beaucoup de déploiement, beaucoup de foisonnement de force de police. Et par foisonnement, on entend bien sûr, là encore, des mesures qui sont non prévisibles heureusement parce que je pense que la prévention a aussi une part non pas de mystère, mais en tout cas de non-dit. "
Q- Est-ce qu'on peut imaginer un numéro de téléphone spécial qui permettrait, par exemple, aux voyageurs qui remarquent quelque chose de suspect, de prévenir les forces de police ?
R- "On peut imaginer. C'est les appels classiques au poste de police, si vous voulez.''
Q- Rappelons que les auteurs de fausses alertes à la bombe risquent de la prison ferme, parce qu'il y a de nombreuses fausses alertes depuis la semaine dernière.
R- "C'est très grave et c'est encore plus grave dans le climat actuel. "
Q- Bien. La Sécurité Routière maintenant, il est 9 heures moins 20. Première question : Hier, J.-P. Raffarin a évoqué la possibilité d'une prise en charge du permis pour les personnes les plus démunies et notamment les jeunes. Vous connaissez évidemment cette idée, où en êtes-vous ? Avez-vous des précisions à nous donner ce matin ?
R- "C'était une commande d'hier du Premier ministre et je pense, je trouve vraiment que cette commande est intéressante. Pourquoi ? On est..."
Q- Une commande à quelques jours des élections, quand même.
R- "Attendez, on est toujours en élection. Parce que s'il l'avait fait dans un mois, on aurait dit c'est à deux mois des élections européennes et s'il l'avait fait dans trois mois on aurait dit, c'est à un mois et demi des élections sénatoriales. Donc arrêtons aussi de prendre toujours, si vous voulez, les annonces et les demandes avec une arrière-pensée électoraliste. Non, aujourd'hui, il y a un vrai problème, dont on s'aperçoit encore plus avec la mesure en place du permis probatoire qui est seulement le 1er mars. Vous voyez, le permis probatoire, on ne peut pas dire que ça a une connotation électoraliste. On s'aperçoit que si on perd son permis, il faut quand même dépenser une somme importante entre 800 et 1200 euros pour le repasser. Et quand on n'a pas le permis, on a besoin de son permis quelquefois pour travailler et il faut trouver les 800, les 1200 euros pour, peut-être, avoir aussi un emploi. Et donc le Premier ministre, hier, nous a clairement posé la question : essayer de trouver des moyens de réduire pour l'usager, enfin pour le demandeur, le coût du permis. Alors il y a X pistes, qu'on va maintenant chercher, c'est-à-dire clairement des faits. On va rechercher et parmi les pistes on peut très bien avoir, par exemple, une subvention soit de l'Etat, soit des collectivités locales, territoriales, partielles, en fonction des revenus de l'un ou de l'autre, en fonction du rapport qu'il y a entre l'emploi et l'obtention du permis dans, par exemple, le cadre de la formation professionnelle dont les régions sont d'ailleurs compétentes. Et si on trouve ce lien-là et cette possibilité-là, je pense qu'il y aura peut-être moins de gens aussi qui conduiront sans permis. Et ce sera un facteur de sécurité routière supplémentaire. "
[Deuxième partie de l'interview.]
Q- [Toujours] la Sécurité routière, G. de Robien. Les contrôles radar, il y a un dossier d'Auto Plus ce matin. Auto Plus signale qu'on ne prend pas en photo les conducteurs verbalisés, qu'on prend avant tout les plaques d'immatriculation, ce qui va entraîner beaucoup de contestations ?
R- "Ecoutez, s'ils découvrent ça aujourd'hui, c'est un peu curieux parce que c'est dans la loi. Et la loi contre la violence routière disait bien que c'est le propriétaire du véhicule qui recevra la contravention, à charge pour lui de prouver qu'il n'était pas le conducteur. "
Q- Et s'il prouve qu'il n'est pas le conducteur, il doit donner l'identité du conducteur ?
R- "Bien entendu. Sinon, il va dire que c'est X qui conduisait et alors à quoi sert effectivement le radar. Non, je crois que vraiment il faut jouer le jeu, il ne faut pas jouer au petit malin dans ces affaires-là. Alors je sais qu'il y a eu 2 % ou 1,5 % de cas qui étaient étonnants, dans ces cas étonnants, il faut savoir aussi qu'il y a des voitures qui ont été relevées parce qu'on avait posé sur ces voitures des fausses plaques. C'est une façon aussi de trouver des filières de trafic de voitures. "
Q- G. de Robien, les motards ont protesté, les contrôles de vitesse sont des pompes à fric du Gouvernement...
R- "Il suffit de respecter les limitations de vitesses, ça ne devient plus des pompes à fric. "
On va prendre Patrick justement. Tiens, Patrick bonjour.
Q- Patrick [un auditeur] : Bonjour M. Bourdin. Bonjour M. le ministre. Moi j'avais une question, c'est-à-dire tolérance zéro, sécurité accrue OK. Mais n'a-t-on pas mis la charrue avant les boeufs, c'est-à-dire le répressif avant d'adapter les limitations en fonction des configurations routières ?
Q- J.-J. Bourdin : Oui des infrastructures routières ?
Q- Patrick : Tout à fait oui
R- "Evidemment, c'est le répressif qui fait le plus mal, cher M.. Mais on a mis avant tout ce qui était prévention et formation, vous avez vu qu'on a rajouté déjà beaucoup de temps pour l'épreuve pratique du permis de conduire. "
Q- Exact.
R- "Vous avez vu que dans les écoles, les attestations de sécurité routière dès l'école primaire, puis le collège, puis le lycée, la conduite accompagnée aussi qui, à partir de 16 ans, est une formation progressive à la conduite. Et puis la mise en place du permis probatoire, qui est un permis pour trois ans simplement avec six points. Tout ça c'est une progressivité dans l'apprentissage et si au bout de tout ça, on commet quand même des infractions qui sont quand même relativement graves, des excès de vitesses, à ce moment-là il faut accepter, si vous voulez bien, d'en subir les conséquences, c'est-à-dire de payer l'amende. "
Q- Patrick : M. Bourdin parlait de pompe à fric. Quand je vois sur Lyon qu'une deux fois deux voies avec terre-plein central sur les berges de Lyon est limitée à 50 kilomètres heure, est-ce que ce n'est pas un peu excessif ?
R- "Alors je ne connais pas la voirie précise que vous décrivez, mais vous avez peut-être raison. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai demandé à tous les préfets, en signant une lettre avec M. Sarkozy, de revoir avec les directions de l'Equipement les signalétiques en général dans tous les départements et les régions de France., de façon à ce qu'elles soient, ces signalétiques, ces panneaux, ces limitations de vitesse le mieux adaptés possible à la configuration du terrain. Et à ce moment-là, effectivement s'il y a infraction et relevé d'infraction, je pense qu'elles seront mieux acceptées, si elles sont d'une logique imparable. "
[...]
Il y a Dominique, G. de Robien, qui veut vous interroger, avoir des précisions sur l'aide financière pour passer son permis. Bonjour Dominique.
Q- Dominique [auditrice des Pyrénées Atlantiques] : Bonjour M. Bourdin. Bonjour M. le ministre. J'ai mon fils qui a 25 ans, il est demandeur d'emploi et n'a aucune ressource évidemment. On lui demande souvent s'il a le permis de conduire. Mais n'ayant pas de travail et n'en trouvant pas, est-ce que vous pensez que son âge ne sera pas un obstacle à cette aide financière ?
Q- J.-J. Bourdin : Est-ce qu'il y aura un âge limite ? Est-ce qu'il y aura, G. de Robien ?
R- "Très honnêtement madame, pour l'instant je n'ai pas la réponse, puisque la commande, elle a été passée hier par le Premier ministre. [...]Mais si j'avais un avis à donner dans ces propositions à faire dans les mois qui viennent, c'est que ce ne soit pas l'âge qui soit le critère, c'est les revenus de la famille, ça, ça m'apparaît important. Et non seulement les revenus de la famille, mais le rapport aussi avec la possibilité de trouver un emploi et d'en être exclu pour cause de non permis, ça, ça me paraît grave, c'est là où il faut aider. "
Q- Vous continuez à appeler G. de Robien. J'ai plein de questions à vous poser. Tiens ! la prime au mérite pour tous les fonctionnaires du ministère des Transports ? Oui ?
R- "C'est bien, c'est bien oui. "
Q- Vous allez imposer ça aussi au ministère des Transports ?
R- "Ecoutez, l'autre jour, la semaine dernière, j'ai convoqué tous les directeurs départementaux de l'Equipement et je leur ai dit : " Vous serez jugé à la capacité que vous avez à mobiliser tous les acteurs pour construire des nouveaux logements en France " parce qu'on a besoin de nouveaux logements. Et je leur ai dit qu'ils seront évalués en fonction des résultats. "
Q- G. de Robien, est-ce que la gauche en France est tentée d'exploiter ce qui s'est passé en Espagne ?
R- "Je ne sais pas comment elle pourrait exploiter cela, en tout cas avec la gauche qui arrive, la gauche espagnole qui me semble, en tout cas, autrement plus moderne et moins ringarde que la gauche française. Je pense qu'on va trouver un partenaire très européen, beaucoup plus européen d'une part et puis en même temps aussi, un parti ou une majorité beaucoup plus en harmonie avec les positions françaises du Président de la République, du Premier ministre et du Gouvernement, notamment sur l'Irak. "
Q- Pourquoi est-elle ringarde la gauche française ?
R- "Parce qu'elle est encore dans un système souvent de lutte des classes, qui est complètement dépassée. On voit qu'ils sont encore imprégnés d'un socialisme marxisant. On a vraiment l'impression qu'ils n'ont pas fait leur révolution culturelle, ils ne sont pas dans le 21ème siècle encore. Or quand on voit ce qui se passe par exemple en Grande-Bretagne ou en Espagne, où il y a un débat entre une droite franchement libérale - en Grande-Bretagne par exemple, ce sont les libéraux, les conservateurs - et puis T. Blair qui est, allez, moi j'ai envie de dire centre ou centre gauche. Ce n'est pas du tout la gauche française qui m'apparaît encore très imprégnée même de son alliance, encore vraie d'ailleurs, dans certaines régions avec le Parti communiste qui est comme un fil à la patte. "
Q- L'Espagne annonce son intention de retirer ses soldats d'Irak. Est-ce une manière de, oui ou non, de céder au terrorisme ?
R- "Moi, je ne veux pas faire d'ingérence dans un pays comme l'Espagne, ils sont maîtres de leur destin. J'ai été étonné qu'ils rentrent en guerre comme ça, sans que le peuple soit consulté. Je pense que c'est de l'autorité d'un nouveau gouvernement de prendre cette décision-là. Ce n'est pas baisser pavillon, c'est de prendre probablement une mesure qui est conforme à la volonté du peuple espagnol. "
Q- Je reviens aux régionales. Dans votre région, la Picardie, Elodie Gossuin est en position éligible, 5ème sur votre liste UMP-UDF. Est-il vrai que plusieurs militantes et élues UMP qui n'ont pas été retenues ou qui ne sont pas en position éligible, se demandent si elles n'ont pas été esthétiquement incorrectes ?
R- "Pas du tout. "
Q- C'est la prime pour " beau cul ", disent certaines.
R- "Non. "
Q- Je reprends, là, G. de Robien, une expression entendue par et prononcée par une élue UMP ?
R- "Je vous dirais, franchement, que c'est même dommage de reprendre cette expression. Cette personne était 16ème, elle n'a pas admis sa place de 16ème et ce n'est pas parce que Miss France, Elodie Gossuin, était sur la liste qu'elle est 16ème. C'est parce que, figurez-vous, l'UMP a choisi de la mettre en position non éligible. Et cette position non éligible ne lui a pas plu, elle est partie, elle a pris comme prétexte la présence, effectivement, d'Elodie Gossuin qui, je vous le rappelle, a une vocation politique réelle, qui a fait des déclarations dans ce sens bien avant que je la contacte pour être sur la liste. Elle avait quand même écrit un article en disant : " Ma passion c'est la politique ", c'est ça d'ailleurs qui a provoqué le contact que nous avons eu avec elle et on lui a demandé de s'engager en politique. Elle me dit " mais moi, j'adore la politique, je ne demande pas mieux et je servirais ma Picardie. " "
Q- G. de Robien, ça va donner quoi, cette élection ? Vous craignez une forte abstention dimanche ?
R- "Tout le monde la craint, bien sûr. "
Q- Vous la sentez. Franchement ?
R- "Oui, on la sent au fur et à mesure que le scrutin se rapproche, on sent peut-être davantage de mobilisation, mais en partant de très, très bas. Peut-être en partant de 30, on est peut-être à 50 % de participation aujourd'hui. Donc essayons d'élever le débat au maximum, ne faisons pas trop de polémique bien sûr et puis essayons, quand même, de consacrer les derniers jours à engager les électeurs à se prononcer parce que c'est un acte citoyen."
Q- Philippe est là. Vous êtes moniteur d'auto-école en Seine-Saint-Denis.
Q- Philippe : Voilà. J'ai une petite question. Cela fait 20 ans que j'exploite ce métier et on a un support extraordinaire qui existe à l'heure actuelle, c'est la conduite accompagnée. Pourquoi n'étend-on pas cette conduite accompagnée à tout le monde, pourquoi ne la rend-on pas obligatoire, en donnant des subventions, s'il y avait besoin. On parle de réforme...
Q- J.-J. Bourdin : Quel que soit l'âge ?
R- Philippe : Mais actuellement n'importe qui peut le faire.
Q- J.-J. Bourdin : Oui bah alors ?
Q- Philippe : Mais est-ce qu'on ne pourrait pas donner des subventions pour inciter ces jeunes à faire la conduite accompagnée, étant donné que c'est un coût supplémentaire pour les jeunes entre autres, la conduite accompagnée ? On sait qu'il y a moins d'accident, on sait qu'il y a moins d'inexpérience, on n'en parle plus de cette conduite accompagnée ?
R- "On en parle beaucoup. D'abord vous avez raison, la conduite accompagnée, c'est vraiment un bon moyen d'apprendre progressivement, avec quelqu'un à côté de soi, la pratique de la conduite. On peut le faire à partir de 16 ans. Cela a un coût, un coût faible, mais on a davantage de chance de passer son permis et d'obtenir son permis dès la première fois, après avoir eu deux ans de conduite accompagnée. Et vous avez, enfin, je retiens ça dans un coin de ma mémoire, parmi les propositions à faire au Premier ministre, probablement peut-être y a-t-il celle d'aider, au moins dans un premier temps, le financement de la conduite accompagnée. "
Q- Philippe : Voilà. Surtout que je suis dans un département, le 93, où il y a des problèmes financiers et c'est vrai que beaucoup de personnes seraient intéressées mais
Q- J.-J. Bourdin : C'est une bonne idée ça.
R- "C'est une très, très bonne idée. "
Au revoir Philippe, bonjour Sylvain.
Q- Sylvain [34 ans, VRP dans les Hauts-de-Seine] : Oui, bonjour. Voilà, j'aimerais demander à notre ministre des Transports, nous en tant que VRP, on est vraiment touché par cette répression au niveau des radars sur la route qui est une bonne chose, mais pour des petits excès de vitesse, on perd énormément de points. Et moi, j'ai pas mal de collègues et d'amis qui vont se retrouver au chômage et j'aimerais demander à notre ministre s'il n'est pas possible d'instaurer un permis professionnel. On pourrait passer une visite médicale ou des contrôles, je ne sais pas, mais qui nous permettrait de travailler, qu'on soit sanctionné pour notre travail et non pas...
Q- J.-J. Bourdin : C'est vrai que si on est plus souvent sur la route, G. de Robien, on risque plus.
R- "Oui, je ne veux pas avoir l'air moralisateur, parce que moi aussi j'aime bien la vitesse. J'aimais bien, j'aime bien..."
R- Sylvain: Non, ce n'est même pas une question de vitesse. Excusez-moi de vous couper M. le ministre. [...] Je vais vous prendre un exemple. L'autre jour, j'étais sur l'A86 un peu plus loin que Rungis. Entre Rungis et Créteil, en toute bonne foi, j'ai vu les panneaux 110 et, à un moment donné, à l'endroit où il y a le radar automatique, c'est 90 et là je n'ai pas vu le panneau. Parce qu'en plus, le problème en France, actuellement, c'est que les panneaux sont à droite dans les sens de la circulation et que les poids lourds nous masquent souvent, très souvent...
Q- J.-J. Bourdin : Manque de lisibilité des panneaux, c'est assez vrai ça G. de Robien?
R- "Oui, je crois que vraiment, à ce niveau-là, vous avez raison. Il y a une meilleure adaptation des panneaux à la route et à la configuration réelle de la route. Il y a probablement à retirer aussi un certain nombre de panneaux, parce qu'on ne peut pas changer d'allure tous les deux ou trois, 400 mètres, il faut quand même une certaine pérennité dans la vitesse pour qu'on sache à quelle vitesse on est tenu. Tout cela, vous avez raison. Et puis vous avez raison aussi de dire que celui qui fait 60 000 kilomètres par an, moi je les faisais quand j'étais aussi professionnel, j'étais sur la route, il a deux fois plus de chance effectivement d'être pris que celui qui fait 30 000 kilomètres. Mais en même temps, il a aussi deux fois plus de chance d'être victime et donc si tout le monde fait des efforts de bonne conduite, je pense qu'on va sauver encore plus de vies, la nôtre, la vôtre, celle de vos proches et donc c'est très important que tout le monde change de comportement. "
Q- J.-J. Bourdin : Merci, Sylvain. J'ai une dernière chose, pardonnez-moi Sylvain parce que je voudrais poser une dernière question et je me fais l'interprète de Jean-François. Qu'en est-il de l'affaire Corbet ? L'argent vers les paradis fiscaux, les avions partis en Hollande ?
R- "C'est dans les mains de la justice, donc je ne peux pas faire de commentaire aujourd'hui. C'est en pleine instruction et je sais que voilà, c'est en cours. C'est vraiment une affaire judiciaire en cours. "
Merci, G. de Robien, notre invité ce matin sur RMC.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement,le 16 mars 2004)