Texte intégral
Avec son grand " métinge " à la Porte de Versailles, l'an passé, le MEDEF affirmait clairement sa volonté de reprendre l'initiative. Pour le patronat l'heure est à officialiser le fruit de 15 années d'éclatement de la condition salariale, de banalisation des emplois précaires, d'exonération maximum des employeurs de leurs responsabilités dans les ravages sociaux.
On comprend mieux dès lors le " désapointement" que procure au MEDEF le blocage rencontré pour sa nouvelle convention UNEDIC qu'il a portée, et qu'il considérait comme un élément test pour toute la négociation.
L'affaire semble donc plus difficile que prévu pour les inspirateurs, pourtant si pleins d'assurance, de la refondation sociale. Cette mésaventure pousse certains commentateurs à suggérer que le MEDEF serait en passe de perdre ainsi une seconde bataille...
Là n'est pas le principal enjeu. Le véritable objectif pour nous est de renouer avec le progrès social, d'abolir la distance qui perdure entre les décisions et les choix politiques et les attentes du corps social et, sur ce point, les salariés et leurs organisations syndicales sont encore loin du compte.
Ces derniers mois, ces dernières semaines confirment amplement qu'un débat de société est inévitable pour faire évoluer les institutions, donner corps à une démocratie sociale qui mérite ce nom.
Qu'il s'agisse du paritarisme, des règles de représentativité syndicale, des conditions pour rendre valides les accords collectifs, il y a là un ensemble qui appelle de profondes modifications pour répondre aux besoins et aux exigences actuelles..
Si l'on veut réellement que la négociation sociale fasse ses preuves et s'impose comme un outil puissant et équilibré de l'évolution progressiste de la société en France et en Europe, il y a des dispositions à prendre, des chantiers à ouvrir comme celui de la pleine reconnaissance des libertés syndicales pour tous les salariés, quelle que soit leur situation professionnelle.
Nous sommes tout à fait conscients de ce qui nous sépare d'autres conceptions présentes dans le débat social. C'est lucides sur ces différences que nous travaillons sur les bases revendicatives qui peuvent rassembler les confédérations syndicales. Il n'y a pas de scénario écrit d'avance dans nos relations, et ceux qui veulent raisonner en termes de blocs syndicaux qui s'opposeraient une bonne fois pour toutes cherchent à tromper ou se trompent eux-mêmes. Ce sont les salariés qui ont besoin d'unité qui sont, en dernier ressort, les véritables juges de paix.
En entretenant la clarté sur les positions des uns et des autres, nous voulons ancrer l'ensemble des enjeux sociaux sur chaque lieu de travail, donner aux salariés les moyens de réfléchir et d'agir sur les contenus et les voies de la convergence entre les catégories, et aussi entre les organisations syndicales.
Dans les rapports avec les autres organisations, c'est la confrontation constructive qui doit l'emporter et non l'exclusion, qui fige les uns et les autres dans des positions caricaturales, sans parler du " règlement de comptes ". Orientation adoptée ou réaffirmée par nos 2 derniers congrès, le " syndicalisme rassemblé " est une nécessité dont la prise de conscience se situe au premier rang des préoccupations de la CGT. Les vrais " partenaires sociaux ", pour le présent et pour l'avenir, doivent avant tout être les partenaires syndicaux : il en va de la capacité du mouvement syndical à remplir son rôle au service des salariés, à reprendre l'initiative sur le terrain face au MEDEF.
Les positions que nous avons prises dans la négociation sur une nouvelle convention d'indemnisation du chômage nous ont donné raison.
La CGT a contribué aux prises de conscience qui se sont multipliées ensuite pour rejeter les termes d'un accord qui répondait d'abord aux exigences patronales.
Il est heureux que le Premier Ministre ait souligné à la fois sa vision de la hiérarchie des normes et renouvelé les désaccords de fonds du gouvernement avec le projet de convention UNEDIC.
Pour autant, au stade actuel, l'impasse perdure.
Chacun comprend bien, après les rencontres avec Mme AUBRY, que les signataires vont devoir revoir leur copie, même s'ils tentent d'en minimiser la portée.
A entendre les prises de position de ces derniers jours, je serais tenté d'adapter une formule célèbre : à quoi cela sert-il de clamer sans cesse " Il faut sauver le paritarisme, il faut sauver le paritarisme ", comme un objectif en soi ?
Qu'est-ce qui doit rester l'objectif de la négociation avec le MEDEF ? Les solutions à apporter à toutes celles et tous ceux qui sont victimes du chômage ou la place consentie par le MEDEF aux organisations syndicales dans les institutions paritaires ?
La CGT, depuis le début, est animée par la construction de réponses nouvelles pour les chômeurs sur deux axes prioritaires :
Une meilleure indemnisation de tous les demandeurs d'emploi (seuls 40 % ont une indemnité aujourd'hui).
Des procédures et moyens renouvelés donnant de nouveaux droits pour l'accès ou la réinsertion dans l'emploi.
C'est sur ces bases reprises dans le socle commun CGT - FO - CGC que la CGT continuera d'apprécier l'évolution de la négociation.
Le décollage de la croissance qui s'affirme ne s'est pas encore accompagné du nécessaire mouvement de réajustement du partage de la valeur ajoutée produite en faveur du monde du travail. L'augmentation du nombre d'emplois, si elle a amorcé une décrue du chômage, s'est également traduite par une montée explosive des contrats de travail précaires qui couvrent la majorité des emplois nouvellement créés. C'est une des limites essentielles des conditions dans lesquelles s'opère généralement l'insertion des jeunes, notamment dans le cadre de la réduction du temps de travail, en s'appuyant sur les insuffisances de la loi et les dérogations au droit du travail.
Ainsi deux causes structurelles essentielles du sous-emploi que sont l'insuffisance de la rétribution du travail salarié et l'approfondissement des inégalités sociales demeurent.
Alors que les conditions économiques sont réunies d'une rupture franche avec les errements des politiques menées au nom de l'intégration économique et monétaire et du pacte de stabilité, on reste dans une logique de compression des coûts salariaux pour augmenter les profits.
L'argument anti-inflationniste, invoqué par la Banque Centrale Européenne et sur lequel s'appuie le patronat, est moins convaincant que jamais : les augmentations de salaires sont tellement en deçà de celles des taux de productivité et des profits que cela en devient indécent !
Il faut constater que nous restons timorés en France sur cette question des salaires, alors que nos collègues européens ont obtenu en Irlande, aux Pays Bas en Allemagne des augmentations substantielles (au niveau de 3 à 4% l'an) et que cette revendication, possible économiquement, juste socialement dans le secteur privé comme dans le public est nécessaire pour la croissance et l'emploi.
Les trois-quarts des grilles de salaires débutent à un niveau inférieur au SMIC, pourtant très en deçà de notre revendication.
Si la masse des salaires a augmenté du fait de la situation de l'emploi, la moyenne du salaire net reste inchangée depuis 7 ans.
Veut-on voir s'installer durablement la catégorie des " travailleurs pauvres " en France comme dans les économies anglo-saxonnes ?
Tous ces éléments nous ont conduits, comme nous l'avons annoncé au lendemain d'une réunion avec l'ensemble de nos fédérations et unions départementales, à lancer , sans rien lâcher du reste, une campagne nationale sur les salaires avec une première semaine de sensibilisation et de mobilisation, du 2 au 6 octobre prochains, par des initiatives locales et professionnelles.
Dans le sondage que nous avons commandé à l'Institut CSA - et dont nous vous communiquons les deux premiers résultats - 69 % des salariés interrogés estiment que les entreprises doivent profiter de la reprise économique pour augmenter les salaires, un sentiment partagé dans toutes les catégories, et 65 % des salariés se déclarent disponibles pour une action de mobilisation avec d'autres salariés pour demander une augmentation de salaire.
C'est un bel encouragement pour le début de notre campagne au cours de laquelle nous nous efforcerons aussi d'agir pour l'égalité de rémunération entre les hommes et les femmes.
Le projet de loi sur l'épargne salariale qui vient en discussion au Parlement, le 3 octobre, ne tient pas compte de nos avertissements !
Si elle devait être approuvée, la constitution de ces fonds exonérés de cotisations sociales aurait de fait la faveur des employeurs, qui auraient tôt fait de l'utiliser pour éluder les augmentations de salaires et du même coup mettre en péril l'avenir du système de protection sociale, les modalités de sortie en rente venant en prime fragiliser dangereusement les retraites complémentaires.
Dans les prochains jours, je m'adresserai, au nom de la CGT, aux présidents de la Commission des fin ances, de la Commission des affaires sociales et des groupes parlementaires pour les convaincre de procéder à des amendements significatifs.
Le train de mesures fiscales, annoncé au début du mois par le gouvernement, ne nous semble pas de nature à annoncer la rupture nécessaire. La disparition de nos pare-brise d'un vestige presque cinquantenaire ne nous fera pas oublier qu'une véritable réforme de la fiscalité reste à faire, et qu'elle doit être inspirée conjointement par l'exigence d'une plus grande justice sociale et le souci d'une efficacité économique durable.
Contrairement au " raccourci " de Laurent FABIUS, tous les prélèvements ne peuvent pas être globalement taxés de " dissuader l'activité ". Si par cette formule étaient visées, par exemple, les sommes importantes prélevées sur les richesses produites par le travail, qui alimentent des rentes ou la spéculation financière nous n'y verrions que des avantages.
Mais est-ce bien de cela dont il est question, lorsque le Ministre de l'Economie suggère de recentrer les missions de l'Etat ?
Moins d'impôts n'est pas forcément plus de justice sociale. La confiance des citoyens se gagne aussi par la consistance des politiques publiques qui doivent être orientées vers une plus grande efficacité des dépenses et réaffirmer le primat de la solidarité et de la justice sociales
Nous sommes toujours demandeurs d'un bilan contradictoire sur l'efficacité des 180 milliards de francs distribués aux entreprises au nom de l'emploi.
Les exigences des salariés n'ont pas disparu avec le blocus autour des dépôts de carburant par le patronat routier.
Il manque aujourd'hui des mesures pour baisser et maîtriser le prix des carburants pour les particuliers qui paient près de 80 % de taxes sur le prix d'un litre d'essence.
C'est, pour l'instant, le consommateur, le salarié qui est le " dindon de la farce ".
La CGT revendique ainsi :
Une baisse du prix des carburants par une réduction des taxes et de la TVA immédiatement appliquée à la pompe pour les consommateurs ;
Une mise à contribution des profits des compagnies pétrolières qui annoncent des bénéfices faramineux : 200 milliards en un semestre pour les cinq plus grandes, 23 milliards pour ELF/TOTAL.
Une réévaluation des indemnités de transport pour les salariés et leur instauration là où elles n'existent pas.
Plusieurs pétitions circulent dans ce sens dans les entreprises et nous allons réintervenir auprès du gouvernement sur cette situation.
J'ajoute, sur ce point, que cette nouvelle crise autour des prix des carburants devrait être une bonne opportunité pour réfléchir à la politique énergétique et à la complémentarité des différentes sources d'énergie.
Un autre terrain mobilise nos " énergies " - si j'ose dire - face à la timidité de l'action gouvernementale c'est le terrain européen. S'il n'y a pas ressaisissement rapide, le risque est grand de s'acheminer vers une présidence française terne, extrêmement éloignée des promesses qu'elle semblait devoir porter. L'hystérie libérale continue à s'affirmer dans une fuite en avant qui s'avérera calamiteuse pour le service public sans des actions résolues menées au niveau européen.
Mais le plus grand scandale concerne le contenu du document pompeusement intitulé Charte des droits fondamentaux. Au stade actuel, il fait le tour de force de rassembler contre lui l'unanimité des organisations syndicales européennes de la CES et de la Plate-forme des ONG. Voilà un texte qui garantit la liberté d'entreprise mais oublie les libertés syndicales !
Pour reprendre la formulation de notre camarade Emilio GABAGLIO, " ce projet doit être refusé à cause de ses lacunes, de ses régressions et de ses ambiguïtés ". Il est l'exemple type de " l'application abusive du principe de subsidiarité ". Au lieu d'être " la projection des droits nationaux sur le plan européen " le texte actuel s'inscrit systématiquement en retrait par rapport aux législations nationales, aux conventions internationales et communautaires existantes. L'opinion qui court selon laquelle " qu'importe le contenu de la Charte pourvu qu'elle existe " est totalement irrecevable : le Parlement français qui semble s'être désintéressé de son élaboration, doit être saisi par le gouvernement, délibérer et produire un avis sur le texte.
La construction européenne ne peut pas se donner comme but final la constitution d'un marché unique économique et monétaire. L'ambition pour l'Europe doit être de donner la preuve pratique de la possibilité d'une civilisation mettant le progrès social et l'extension de la démocratie au principe de son développement.
Par conséquent, nous travaillons pour que la mobilisation des salariés du 6 décembre à Nice, à l'occasion de la réunion des Chefs d'état soit de très grande ampleur. Nous serons bien au delà de la manifestation de PORTO du 19 juin dernier dont le succès avait pourtant constitué une surprise pour les commentateurs. Nous irons au delà par le nombre de personnes mobilisées mais aussi par une plus grande participation de l'ensemble des organisations syndicales, notamment en provenance de l'Europe du Nord, et par la présence en force des militants des ONG. Les organisations syndicales françaises ont pour ce rendez-vous une démarche commune et des objectifs ambitieux. Dans de telles circonstances, une saine émulation n'est en rien contradictoire avec l'unité d'action !
Ce sera également le cas pour la manifestation des retraités le 12 octobre à Bruxelles, la Marche mondiale des femmes également à Bruxelles le 14 octobre et le 17 à New-York.
C'est dans ce contexte que se présente le référendum du 24 septembre par lequel il est proposé de réduire la durée du mandat du Président de la République à 5 ans.
Modifier la Constitution n'est pas un exercice mineur. Il faudrait en mesurer toutes les conséquences. Comme beaucoup, nous ne manquons pas de remarquer l'intérêt très limité ressenti chez les salariés préoccupés par d'autres priorités.
Le doute ou le flou sur les véritables intentions ayant motivé la convocation des électeurs n'est d'ailleurs pas étranger à leur attitude. Ainsi, notre Commission Exécutive Confédérale a décidé que la CGT n'exprimera pas d'opinion particulière pour ce référendum là.
Vous aurez sans doute compris que la CGT a de fortes ambitions pour les salariés, les chômeurs, les retraités.
Qu'il s'agisse de protection sociale, de formation professionnelle, de santé au travail, de leurs salaires, de la réduction du temps de travail ou de l'avenir de leurs retraites, nous voulons qu'ils soient acteurs dans les choix et les négociations lorsqu'elles ont lieu.
C'est pour donner plus de souffle encore à nos objectifs que nous réunirons à la Mutualité, le 5 octobre prochain, 1 700 secrétaires de syndicats de toutes professions, dont un quart des participants seront issus des nouveaux syndicats CGT.
(Source http://www.cgt.fr, le 12 septembre 2000).
On comprend mieux dès lors le " désapointement" que procure au MEDEF le blocage rencontré pour sa nouvelle convention UNEDIC qu'il a portée, et qu'il considérait comme un élément test pour toute la négociation.
L'affaire semble donc plus difficile que prévu pour les inspirateurs, pourtant si pleins d'assurance, de la refondation sociale. Cette mésaventure pousse certains commentateurs à suggérer que le MEDEF serait en passe de perdre ainsi une seconde bataille...
Là n'est pas le principal enjeu. Le véritable objectif pour nous est de renouer avec le progrès social, d'abolir la distance qui perdure entre les décisions et les choix politiques et les attentes du corps social et, sur ce point, les salariés et leurs organisations syndicales sont encore loin du compte.
Ces derniers mois, ces dernières semaines confirment amplement qu'un débat de société est inévitable pour faire évoluer les institutions, donner corps à une démocratie sociale qui mérite ce nom.
Qu'il s'agisse du paritarisme, des règles de représentativité syndicale, des conditions pour rendre valides les accords collectifs, il y a là un ensemble qui appelle de profondes modifications pour répondre aux besoins et aux exigences actuelles..
Si l'on veut réellement que la négociation sociale fasse ses preuves et s'impose comme un outil puissant et équilibré de l'évolution progressiste de la société en France et en Europe, il y a des dispositions à prendre, des chantiers à ouvrir comme celui de la pleine reconnaissance des libertés syndicales pour tous les salariés, quelle que soit leur situation professionnelle.
Nous sommes tout à fait conscients de ce qui nous sépare d'autres conceptions présentes dans le débat social. C'est lucides sur ces différences que nous travaillons sur les bases revendicatives qui peuvent rassembler les confédérations syndicales. Il n'y a pas de scénario écrit d'avance dans nos relations, et ceux qui veulent raisonner en termes de blocs syndicaux qui s'opposeraient une bonne fois pour toutes cherchent à tromper ou se trompent eux-mêmes. Ce sont les salariés qui ont besoin d'unité qui sont, en dernier ressort, les véritables juges de paix.
En entretenant la clarté sur les positions des uns et des autres, nous voulons ancrer l'ensemble des enjeux sociaux sur chaque lieu de travail, donner aux salariés les moyens de réfléchir et d'agir sur les contenus et les voies de la convergence entre les catégories, et aussi entre les organisations syndicales.
Dans les rapports avec les autres organisations, c'est la confrontation constructive qui doit l'emporter et non l'exclusion, qui fige les uns et les autres dans des positions caricaturales, sans parler du " règlement de comptes ". Orientation adoptée ou réaffirmée par nos 2 derniers congrès, le " syndicalisme rassemblé " est une nécessité dont la prise de conscience se situe au premier rang des préoccupations de la CGT. Les vrais " partenaires sociaux ", pour le présent et pour l'avenir, doivent avant tout être les partenaires syndicaux : il en va de la capacité du mouvement syndical à remplir son rôle au service des salariés, à reprendre l'initiative sur le terrain face au MEDEF.
Les positions que nous avons prises dans la négociation sur une nouvelle convention d'indemnisation du chômage nous ont donné raison.
La CGT a contribué aux prises de conscience qui se sont multipliées ensuite pour rejeter les termes d'un accord qui répondait d'abord aux exigences patronales.
Il est heureux que le Premier Ministre ait souligné à la fois sa vision de la hiérarchie des normes et renouvelé les désaccords de fonds du gouvernement avec le projet de convention UNEDIC.
Pour autant, au stade actuel, l'impasse perdure.
Chacun comprend bien, après les rencontres avec Mme AUBRY, que les signataires vont devoir revoir leur copie, même s'ils tentent d'en minimiser la portée.
A entendre les prises de position de ces derniers jours, je serais tenté d'adapter une formule célèbre : à quoi cela sert-il de clamer sans cesse " Il faut sauver le paritarisme, il faut sauver le paritarisme ", comme un objectif en soi ?
Qu'est-ce qui doit rester l'objectif de la négociation avec le MEDEF ? Les solutions à apporter à toutes celles et tous ceux qui sont victimes du chômage ou la place consentie par le MEDEF aux organisations syndicales dans les institutions paritaires ?
La CGT, depuis le début, est animée par la construction de réponses nouvelles pour les chômeurs sur deux axes prioritaires :
Une meilleure indemnisation de tous les demandeurs d'emploi (seuls 40 % ont une indemnité aujourd'hui).
Des procédures et moyens renouvelés donnant de nouveaux droits pour l'accès ou la réinsertion dans l'emploi.
C'est sur ces bases reprises dans le socle commun CGT - FO - CGC que la CGT continuera d'apprécier l'évolution de la négociation.
Le décollage de la croissance qui s'affirme ne s'est pas encore accompagné du nécessaire mouvement de réajustement du partage de la valeur ajoutée produite en faveur du monde du travail. L'augmentation du nombre d'emplois, si elle a amorcé une décrue du chômage, s'est également traduite par une montée explosive des contrats de travail précaires qui couvrent la majorité des emplois nouvellement créés. C'est une des limites essentielles des conditions dans lesquelles s'opère généralement l'insertion des jeunes, notamment dans le cadre de la réduction du temps de travail, en s'appuyant sur les insuffisances de la loi et les dérogations au droit du travail.
Ainsi deux causes structurelles essentielles du sous-emploi que sont l'insuffisance de la rétribution du travail salarié et l'approfondissement des inégalités sociales demeurent.
Alors que les conditions économiques sont réunies d'une rupture franche avec les errements des politiques menées au nom de l'intégration économique et monétaire et du pacte de stabilité, on reste dans une logique de compression des coûts salariaux pour augmenter les profits.
L'argument anti-inflationniste, invoqué par la Banque Centrale Européenne et sur lequel s'appuie le patronat, est moins convaincant que jamais : les augmentations de salaires sont tellement en deçà de celles des taux de productivité et des profits que cela en devient indécent !
Il faut constater que nous restons timorés en France sur cette question des salaires, alors que nos collègues européens ont obtenu en Irlande, aux Pays Bas en Allemagne des augmentations substantielles (au niveau de 3 à 4% l'an) et que cette revendication, possible économiquement, juste socialement dans le secteur privé comme dans le public est nécessaire pour la croissance et l'emploi.
Les trois-quarts des grilles de salaires débutent à un niveau inférieur au SMIC, pourtant très en deçà de notre revendication.
Si la masse des salaires a augmenté du fait de la situation de l'emploi, la moyenne du salaire net reste inchangée depuis 7 ans.
Veut-on voir s'installer durablement la catégorie des " travailleurs pauvres " en France comme dans les économies anglo-saxonnes ?
Tous ces éléments nous ont conduits, comme nous l'avons annoncé au lendemain d'une réunion avec l'ensemble de nos fédérations et unions départementales, à lancer , sans rien lâcher du reste, une campagne nationale sur les salaires avec une première semaine de sensibilisation et de mobilisation, du 2 au 6 octobre prochains, par des initiatives locales et professionnelles.
Dans le sondage que nous avons commandé à l'Institut CSA - et dont nous vous communiquons les deux premiers résultats - 69 % des salariés interrogés estiment que les entreprises doivent profiter de la reprise économique pour augmenter les salaires, un sentiment partagé dans toutes les catégories, et 65 % des salariés se déclarent disponibles pour une action de mobilisation avec d'autres salariés pour demander une augmentation de salaire.
C'est un bel encouragement pour le début de notre campagne au cours de laquelle nous nous efforcerons aussi d'agir pour l'égalité de rémunération entre les hommes et les femmes.
Le projet de loi sur l'épargne salariale qui vient en discussion au Parlement, le 3 octobre, ne tient pas compte de nos avertissements !
Si elle devait être approuvée, la constitution de ces fonds exonérés de cotisations sociales aurait de fait la faveur des employeurs, qui auraient tôt fait de l'utiliser pour éluder les augmentations de salaires et du même coup mettre en péril l'avenir du système de protection sociale, les modalités de sortie en rente venant en prime fragiliser dangereusement les retraites complémentaires.
Dans les prochains jours, je m'adresserai, au nom de la CGT, aux présidents de la Commission des fin ances, de la Commission des affaires sociales et des groupes parlementaires pour les convaincre de procéder à des amendements significatifs.
Le train de mesures fiscales, annoncé au début du mois par le gouvernement, ne nous semble pas de nature à annoncer la rupture nécessaire. La disparition de nos pare-brise d'un vestige presque cinquantenaire ne nous fera pas oublier qu'une véritable réforme de la fiscalité reste à faire, et qu'elle doit être inspirée conjointement par l'exigence d'une plus grande justice sociale et le souci d'une efficacité économique durable.
Contrairement au " raccourci " de Laurent FABIUS, tous les prélèvements ne peuvent pas être globalement taxés de " dissuader l'activité ". Si par cette formule étaient visées, par exemple, les sommes importantes prélevées sur les richesses produites par le travail, qui alimentent des rentes ou la spéculation financière nous n'y verrions que des avantages.
Mais est-ce bien de cela dont il est question, lorsque le Ministre de l'Economie suggère de recentrer les missions de l'Etat ?
Moins d'impôts n'est pas forcément plus de justice sociale. La confiance des citoyens se gagne aussi par la consistance des politiques publiques qui doivent être orientées vers une plus grande efficacité des dépenses et réaffirmer le primat de la solidarité et de la justice sociales
Nous sommes toujours demandeurs d'un bilan contradictoire sur l'efficacité des 180 milliards de francs distribués aux entreprises au nom de l'emploi.
Les exigences des salariés n'ont pas disparu avec le blocus autour des dépôts de carburant par le patronat routier.
Il manque aujourd'hui des mesures pour baisser et maîtriser le prix des carburants pour les particuliers qui paient près de 80 % de taxes sur le prix d'un litre d'essence.
C'est, pour l'instant, le consommateur, le salarié qui est le " dindon de la farce ".
La CGT revendique ainsi :
Une baisse du prix des carburants par une réduction des taxes et de la TVA immédiatement appliquée à la pompe pour les consommateurs ;
Une mise à contribution des profits des compagnies pétrolières qui annoncent des bénéfices faramineux : 200 milliards en un semestre pour les cinq plus grandes, 23 milliards pour ELF/TOTAL.
Une réévaluation des indemnités de transport pour les salariés et leur instauration là où elles n'existent pas.
Plusieurs pétitions circulent dans ce sens dans les entreprises et nous allons réintervenir auprès du gouvernement sur cette situation.
J'ajoute, sur ce point, que cette nouvelle crise autour des prix des carburants devrait être une bonne opportunité pour réfléchir à la politique énergétique et à la complémentarité des différentes sources d'énergie.
Un autre terrain mobilise nos " énergies " - si j'ose dire - face à la timidité de l'action gouvernementale c'est le terrain européen. S'il n'y a pas ressaisissement rapide, le risque est grand de s'acheminer vers une présidence française terne, extrêmement éloignée des promesses qu'elle semblait devoir porter. L'hystérie libérale continue à s'affirmer dans une fuite en avant qui s'avérera calamiteuse pour le service public sans des actions résolues menées au niveau européen.
Mais le plus grand scandale concerne le contenu du document pompeusement intitulé Charte des droits fondamentaux. Au stade actuel, il fait le tour de force de rassembler contre lui l'unanimité des organisations syndicales européennes de la CES et de la Plate-forme des ONG. Voilà un texte qui garantit la liberté d'entreprise mais oublie les libertés syndicales !
Pour reprendre la formulation de notre camarade Emilio GABAGLIO, " ce projet doit être refusé à cause de ses lacunes, de ses régressions et de ses ambiguïtés ". Il est l'exemple type de " l'application abusive du principe de subsidiarité ". Au lieu d'être " la projection des droits nationaux sur le plan européen " le texte actuel s'inscrit systématiquement en retrait par rapport aux législations nationales, aux conventions internationales et communautaires existantes. L'opinion qui court selon laquelle " qu'importe le contenu de la Charte pourvu qu'elle existe " est totalement irrecevable : le Parlement français qui semble s'être désintéressé de son élaboration, doit être saisi par le gouvernement, délibérer et produire un avis sur le texte.
La construction européenne ne peut pas se donner comme but final la constitution d'un marché unique économique et monétaire. L'ambition pour l'Europe doit être de donner la preuve pratique de la possibilité d'une civilisation mettant le progrès social et l'extension de la démocratie au principe de son développement.
Par conséquent, nous travaillons pour que la mobilisation des salariés du 6 décembre à Nice, à l'occasion de la réunion des Chefs d'état soit de très grande ampleur. Nous serons bien au delà de la manifestation de PORTO du 19 juin dernier dont le succès avait pourtant constitué une surprise pour les commentateurs. Nous irons au delà par le nombre de personnes mobilisées mais aussi par une plus grande participation de l'ensemble des organisations syndicales, notamment en provenance de l'Europe du Nord, et par la présence en force des militants des ONG. Les organisations syndicales françaises ont pour ce rendez-vous une démarche commune et des objectifs ambitieux. Dans de telles circonstances, une saine émulation n'est en rien contradictoire avec l'unité d'action !
Ce sera également le cas pour la manifestation des retraités le 12 octobre à Bruxelles, la Marche mondiale des femmes également à Bruxelles le 14 octobre et le 17 à New-York.
C'est dans ce contexte que se présente le référendum du 24 septembre par lequel il est proposé de réduire la durée du mandat du Président de la République à 5 ans.
Modifier la Constitution n'est pas un exercice mineur. Il faudrait en mesurer toutes les conséquences. Comme beaucoup, nous ne manquons pas de remarquer l'intérêt très limité ressenti chez les salariés préoccupés par d'autres priorités.
Le doute ou le flou sur les véritables intentions ayant motivé la convocation des électeurs n'est d'ailleurs pas étranger à leur attitude. Ainsi, notre Commission Exécutive Confédérale a décidé que la CGT n'exprimera pas d'opinion particulière pour ce référendum là.
Vous aurez sans doute compris que la CGT a de fortes ambitions pour les salariés, les chômeurs, les retraités.
Qu'il s'agisse de protection sociale, de formation professionnelle, de santé au travail, de leurs salaires, de la réduction du temps de travail ou de l'avenir de leurs retraites, nous voulons qu'ils soient acteurs dans les choix et les négociations lorsqu'elles ont lieu.
C'est pour donner plus de souffle encore à nos objectifs que nous réunirons à la Mutualité, le 5 octobre prochain, 1 700 secrétaires de syndicats de toutes professions, dont un quart des participants seront issus des nouveaux syndicats CGT.
(Source http://www.cgt.fr, le 12 septembre 2000).