Extraits de l'entretien de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, avec CNN le 16 septembre 2005 à New York, sur le bilan du sommet de l'ONU et des avancées obtenues en matière de réforme de l'ONU, New York le 16 septembre 2005.

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Circonstance : Sommet mondial 2005 de l'ONU du 14 au 16 septembre 2005 à New York : entretien de Philippe Douste-Blazy avec CNN le 16

Média : CNN - Presse étrangère - Télévision

Texte intégral

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Q - Can I turn your attention to the Summit ? Your Prime Minister, Dominique de Villepin said that with so many leaders, and so many expectations here, what is needed now, urgently, is an in-depht reform of our institution. Urgent and in-depth. Is that what happened successfully ? (Un mot sur le Sommet. Dominique de Villepin a déclaré que ce dont on a besoin maintenant, de manière urgente, c'est d'une réforme en profondeur de notre institution. Est-ce que c'est cela qui s'est passé, le sommet est-il un succès ?)
R - Je crois que c'est une étape. D'abord la France croit à l'ONU, la France croit au multilatéralisme. Nous ne pensons pas qu'un pays, ou deux pays, ou trois, peuvent faire la loi. Il y a plusieurs pays, le monde est en train de changer. Des pays comme l'Inde, la Chine, le Brésil, le Nigeria sont en train de devenir des grandes puissances économiques, politiques. Il faut prendre cela en considération. Donc le multilatéralisme est important pour la France. A partir de là, oui, il faut réformer les Nations unies. Nous sommes très heureux des avancées qu'il y a eues sur le Conseil des Droits de l'Homme. Nous sommes heureux de savoir que l'aide au développement est enfin prise en considération. Nous avons avancé sur la consolidation de la paix. Nous avons avancé sur la protection des populations mais tout cela est évidemment trop peu par rapport à ce que nous voulions, nous voulions aller plus loin, la France avait fait des propositions. Nous avons vu que ces propositions étaient plus faibles. Mais c'est une étape, et la France, croyez-moi, va continuer à faire des propositions.
Q - There are many countries who believe, certainly many activists who believe, that the United States is to blame for the lack of greater progress. Its intervention the final weeks of negociations asking for so many amendments to the draft document really began to drop expectations enormously and set off a process that led to a much water down document. Do you think it was the US that really was the author of so much of the problem ?(De nombreux pays croient, et certainement de nombreuses ONG que l'absence de progrès significatifs est imputable aux Etats-Unis d'Amérique et que leurs nombreux amendements ont contribué à vider le texte. Qu'en pensez-vous ?)
R - Nous n'allons montrer personne du doigt. Nous croyons aujourd'hui que le monde est devenu multipolaire. Nous pensons qu'il y a l'Inde, la Chine, les Etats-Unis, l'Europe, et d'autres régions comme l'Amérique du Sud, qui sont en train de devenir des pôles. Il faut une enceinte, et vous verrez que dans les vingt ans qui arrivent, nous pensons qu'il faut évoluer de façon positive vers ce que j'appelle la gouvernance mondiale. Il faudra trouver, même sur les problèmes de prolifération nucléaire, il faudra réfléchir à une gouvernance mondiale. Ne pas dire : "voilà le bien, voilà le mal". Ne pas dire : "telle civilisation est bonne, telle civilisation et mauvaise". Encore pire : "telle culture est bonne, telle culture est mauvaise". C'est très grave, très dangereux.
Il faut un lieu où les cultures se frottent les unes aux autres, se respectent les unes les autres, s'il n'y a pas de respect des cultures alors il peut y avoir affrontement. Or, l'affrontement est le contraire du processus politique. S'il est nécessaire, nous l'assumons bien évidemment : nous menons une lutte anti-terroriste. La France a été considérée récemment par un grand journal américain comme un pays à la pointe de la lutte anti-terroriste. Oui, nous sommes en train de la mener, mais je crois que le respect des autres est l'élément majeur des vingt prochaines années, le respect des différentes cultures. J'espère que cela sera totalement compris par tout le monde.
Q - Just one last question, you are both a doctor and a minister, so it is particularly appropriate that you could help us with this : president Chirac was expected to come here for the Summit. He dit not come because he is having problems with his health. How is his health, and why are we not hearing more details about exactly what's wrong with him ? (Une dernière question : vous êtes à la fois médecin et ministre, vous êtes donc particulièrement habilité à nous éclairer sur ce sujet : le président Chirac devait venir ici pour le Sommet. Il n'est pas venu en raison de problèmes de santé. Comment se porte-t-il ? Et pourquoi n'avons-nous pas eu davantage de détails ?)
R - Cela a été parfaitement dit, le président a eu un petit accident vasculaire qui a entraîné un petit trouble visuel. Aujourd'hui il va très bien, j'ai travaillé avec lui à plusieurs reprises. Nous avons reçu récemment le Premier ministre de l'Inde, il a travaillé toute la journée et il a présidé un Conseil des ministres. Et croyez-moi, il a été effectivement performant. Aujourd'hui il va bien et je suis heureux de pouvoir vous le dire.
Mais il était très présent en vérité dans ce sommet, en particulier sur un sujet, dont il a eu l'initiative avec le président Lula et d'autres chefs d'Etat, qui est de dire qu'on ne peut pas continuer à aider les pays pauvres avec trop peu d'argent. Il faut donc trouver de nouveaux moyens de financement. L'idée est de lever une contribution sur les billets d'avion internationaux. Quand on prend un billet d'avion pour partir loin en dehors de son pays, ajouter 4 ou 5 dollars, ce n'est quand même pas terrible. Et donc nous pensons que pour lutter contre le sida, la tuberculose et la malaria, c'est important. Il y a 3 millions de personnes qui meurent du sida chaque année et essentiellement dans les pays du Sud sans médicaments. Et donc là dessus nous avons pu avancer et nous avons pu, dans le texte final du Sommet mondial des Nations unies, avoir cette mention. Nous remercions toutes les nations d'avoir permis cela, y compris les Etats-Unis.
(...).
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 septembre 2005)