Déclaration de M. François Huwart, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, sur les mesures d'aide à l'exportation des PME mises en place dans les régions, Orléans, le 23 mars 2000.

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Circonstance : Lancement de Centrexport, dispositif de soutien aux exportations de la région Centre, à Orléans le 23 mars 2000

Texte intégral

Monsieur le Président,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs
Vous avez souhaité, Monsieur le Président, que je participe au lancement de Centrexport, le nouveau dispositif régional de soutien aux exportations de la Région centre, initiative qui s'inscrit dans la politique régionale du Commerce extérieur dans les régions. Après avoir présenté cette politique à Bercy, vous vous étiez d'ailleurs joint à moi à cette occasion, croyez que je suis tout particulièrement heureux que la région Centre soit la première à s'y associer.
1. Relancer la politique du commerce extérieur en région
La politique du commerce extérieur en région mérite, je crois, une impulsion nouvelle. à l'occasion des nouveaux contrats de plan Etat-Région qui voient, sur la période 2000-2007 , un volet commerce extérieur en forte augmentation. Pour la Région Centre la part de l'Etat s'élève à 23 Millions de Francs, montant qui est identique à celui apporté par la Région.
Cette augmentation significative des moyens était nécessaire : en effet, alors que l'intégration économique internationale s'accélère, il est important que nous puissions ensemble, en concertation avec les partenaires régionaux, définir les instruments qui permettront aux régions de répondre aux défis de la mondialisation, afin que celle-ci contribue à renforcer et non à menacer l'équilibre du territoire français.
La politique régionale du commerce extérieur se veut une invitation lancée à l'ensemble des acteurs pour qu'ils mobilisent leurs capacités en faveur d'une démarche globale et coordonnée au service du développement économique de nos régions.
Les Chartes de l'exportation, lancées il y a maintenant une dizaine d'année, aient connu un succès inégal. Mais de nombreuses initiatives ont été engagées par les différents acteurs, à l'image des Chambres de Commerce et d'Industrie et les Chambres d'agriculture, qui en Région Centre, ont développé de nouvelles compétences dans le domaine international. Depuis quinze ans, nos entreprises ont réalisé des progrès, voire des prodiges à l'exportation. Nous sommes passés du déficit structurel à l'excédent structurel. Les entreprises intègrent de plus en plus, dans leurs plans de développement, une stratégie internationale, aidées souvent, en cela, par leurs fédérations professionnelles. Ceci se traduit bien évidemment dans les chiffres : dans notre région, nos exportations se sont élevées, en 1999, à 81 Milliards de Francs, un résultat tiré notamment par le dynamisme des départements du Loiret et de l'Eure et Loir.
Le réseau public s'est lui aussi modernisé en particulier en recourant de plus en plus aux nouvelles technologies de l'information. Les Régions se sont organisées en mettant en place des fonds d'aide à l'exportation, à l'exemple du Fraex (Fonds régional d'aide à l'exportation) dans notre région, créé dans le cadre du précédent Contrat de plan .
Bref, les choses ont évolué, l'ensemble des acteurs disposent aujourd'hui de nouveaux outils et de nouveaux réseaux, et l'idée de se remettre autour de la table pour échanger nos expériences, et lancer de nouveaux projets, me semble, ainsi qu'à ceux qui sont aujourd'hui autour de moi, assez naturelle.
Le commerce extérieur en régions est en effet l'affaire de tous, des entreprises de toutes tailles, grandes, moins grandes voire très petites, qui toutes ensemble contribuent à la vitalité du tissu économique local, mais également de tous les acteurs, publics et privés qui sont désireux d'apporter leur contribution à l'insertion de ces entreprises dans les réseaux de l'économie mondialisée.
Cette volonté de mise en commun des initiatives existe puisque la plupart de ces acteurs ont déjà participé à des politiques analogues, engagées par mes prédécesseurs. Je dois dire que plusieurs voies m'étaient offertes pour prendre le relais : j'ai choisi de proposer celle de la mise en commun et de la contractualisation des moyens dans le cadre d'une politique coordonnée et de démarches concrètes élaborées conjointement par l'ensemble des acteurs.
2. Dans quel but exactement ?
Vous l'aurez deviné, il s'agit de soutenir plus efficacement nos PME dans leur démarche à l'exportation, car cette ouverture internationale constitue un vecteur essentiel de croissance et d'emploi.
Les PME, qui dans l'économie française emploient aujourd'hui plus de 16 millions de salariés, sont le véritable poumon économique des régions.
Qu'en est-il à l'exportation ? Sur les quelques 110 000 entreprises exportatrices françaises, 300 entreprises ou groupes très internationalisés assurent à eux seuls plus de la moitié des exportations françaises. La moitié restante se partage, à parts à peu près égales, entre des filiales de grands groupes et des PME indépendantes.
Dans notre région, qui se classe au dixième rang des régions exportatrices françaises, 250 PME régionales ont une implantation commerciale ou industrielles hors de France. Néanmoins, plus de la moitié des exportations sont réalisées par seulement 35 sociétés.
S'agissant des secteurs industriels la contribution des PMI aux ventes françaises à l'étranger s'est établie à 29 % en 1999, concentrées essentiellement sur l'Europe Occidentale où en majorité elles réalisent près des de leurs exportations. Dans notre région, on retrouve quasiment la même configuration, puisque 74 % de nos ventes sont dirigées vers l'Union Européenne.
Mais elles sont également présentes sur les marchés éloignés : 30 % d'entre elles exportent vers l'Amérique et 23 % vers l'Asie. Par exemple, 33 % des ventes françaises à Hong-Kong sont réalisées par des PMI.
3. Quels objectifs, pour quelles PME ?
Ce constat d'une présence très forte sur les marchés de proximité mais aussi d'une vraie pénétration des marchés lointains correspond à la distinction importante qu'avait établie, naguère, C. Sautter entre deux catégories d'entreprises.
D'abord, les EREM, entreprises régionales d'envergures mondiales : il s'agit de PME très performantes sur leur secteur de marché dotées d'une forte capacité exportatrice et déjà très internationalisées. Le rapport de Christian Sautter estimait leur nombre entre 1 500 et 3 000. A ces entreprises, nous devons être en mesure d'offrir un accès à une information personnalisée, dans le cadre d'un réseau d'intelligence économique en cours d'élaboration.
Un gros travail a déjà été accompli. D'abord dans quatre régions, les DRCE, avec l'appui des Chambres, des Banques, et de tous les partenaires, se sont employés à identifier ces PME à fort potentiel puis à leur proposer des prestations d'information et de soutien sur huit pays prioritaires.
Cette expérience a été un succès et se trouve généralisée à l'ensemble du territoire depuis quelques mois. Mais il faut aller plus loin. Environ 1700 entreprises ont été repérées et on doit encore élargir le cercle.
Cela peut être le premier objectif de notre concertation régionale.
Second objectif, les primo-exportateurs : par ce terme, j'entends non seulement les PME qui désirent exporter pour la première fois, mais également celles qui ont déjà eu l'occasion d'avoir une expérience sur des marchés étrangers, sans pour autant que cette expérience soit le fruit d'une véritable stratégie. L'objectif est dans ce cas, on le comprend aisément, d'aider ces entreprises à transformer une démarche occasionnelle en véritable stratégie exportatrice. Un secteur devra à coup sûr être plus particulièrement visé, celui des nouvelles technologies de l'information en raison de son fort taux de croissance. Il représente en effet un nouvel enjeu pour le développement régional. Plus généralement, en améliorant les supports nécessaires à l'internationalisation des PME dans les secteurs porteurs d'emplois et de croissance, le nombre des entreprises nouvellement exportatrices pourrait être fortement augmenté.
4. Comment allons nous procéder ?
Il ne s'agit pas de réinventer l'exportation. Beaucoup de travail a déjà été accompli au niveau régional ou inter-régional.
Certaines professions, dans l'agriculture, ou l'industrie, sont remarquablement organisées et s'appuient efficacement sur les services de l'Etat ou des Régions. La première priorité est donc de dresser un bilan permettant d'identifier les secteurs bien structurés à l'international et ceux qui méritent au contraire d'être renforcés ou simplement mieux organisés. Ce bilan a été effectué en région centre et abouti à la création de Centrexport qui aura désormais pour tâche de fédérer les initiatives des différents opérateurs du commerce extérieur, c'est à dire les équipes techniques de la Chambre régionale d'Agriculture, de la Chambre régionale de Commerce et d'Industrie et du Conseil régional qui disposent d'ores et déjà de programme performants.
Notre région aura ainsi une longueur d'avance pour préparer les Ateliers Techniques Régionaux. Ceux-ci devraient permettre de réunir, dans chaque région, l'ensemble des partenaires du Commerce Extérieur, l'Etat avec les DRCE appuyées par les DRIRE, les Régions et les réseaux consulaires mais aussi les autres collectivités territoriales, les chambres d'agriculture et de métiers et les organisations professionnelles et patronales. Le nouveau président de la Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises, Monsieur Jacques Freidel, attaché, comme chacun le sait à notre région, ne pourra être que sensible à cette initiative en faveur des PME-PMI.
L'objectif de ces Ateliers sera, dans un premier temps, de faire le bilan de la coordination régionale et de repérer plusieurs secteurs à renforcer ou à développer pour chaque économie régionale.
Vous connaissez le poids et le potentiel dans notre région, des industries de la pharmacie, de la parfumerie cosmétique, des biens d'équipement, notamment pour la mécanique, de l'électricité-électronique, et des équipementiers automobile.
Dans un deuxième temps, les fruits de cette concertation pourront être communiqués à la Direction des Relations Economiques Extérieures, et au CFCE, afin que soient identifiés en liaison avec les organisations professionnelles les débouchés potentiels pour les secteurs repérés et que soit établi, avec le CFME-ACTIM la liste des salons, expositions et autres actions collectives susceptibles de porter les entreprises sur ces marchés étrangers.
Ainsi, les Ateliers Techniques Régionaux pourront permettre de proposer aux entreprises concernées, secteur par secteur, des programmes d'actions régionales sectorielles, les Programmes d'actions régionaux pour le développement International (PARDI).
Enfin, à l'automne, les Assises du Commerce extérieur s'attacheront à dresser un premier bilan de cette approche, à recenser les secteurs clés, région par région, et les programmes d'action au service de ces secteurs, à mettre en place des passerelles inter-régionales dans le cadre de ces opérations collectives, enfin à préparer l'évaluation de l'ensemble de cette politique.
Comme je le rappelais à l'instant, nos premiers partenaires dans cette démarche sont les régions françaises dont la majorité des élus partage avec le gouvernement une même conviction: aujourd'hui l'écart se creuse très vite entre les pays et au sein des pays, en fonction de la capacité à s'intégrer dans l'économie globalisée. L'un des enjeux de la réussite des PME à l'exportation est le développement équilibré de l'activité économique française et de ses bassins d'emplois, pour que nos régions tirent le meilleur parti de la mondialisation.
(source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 11 avril 2000)