Interview de M. François Loos, ministre délégué à l'industrie, à BFM le 31 octobre 2005, sur l'augmentation du prix du gaz.

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Texte intégral

S. Soumier - On va parler du prix du gaz, peut-être même d'ailleurs du prix de l'électricité, en tous cas de l'ouverture du capital de EDF... On va commencer avec le prix du gaz, monsieur Loos, parce que, très franchement, on a eu du mal à suivre les évolutions des différentes déclarations. Est-ce qu'on ne peut pas espérer quand même quelque chose d'un peu plus clair à l'avenir sur la fixation des prix du gaz, d'autant qu'on pense qu'avec EDF, on va avoir le même type de problème ?
R - Non. Premièrement pour le gaz, les choses sont claires : l'augmentation sera en moyenne de 3,8 % et elle sera entre 0 et 8 %, la moyenne étant de 3,8, au 1er novembre. Et il s'agit de faire en sorte que l'évolution nécessaire des tarifs puisse être supportable par nos concitoyens.
Q - Mais vous comprenez quand même que ça reste totalement incompréhensible. Je suis particulier, je me chauffe au gaz, on me parle hors taxe d'une hausse de 4 euros 40, le mégawatt/heure compensé pas une baisse de 45 % de l'abonnement sur 5 mois. Enfin, il faut vous croire sur parole, vous comprenez ça ?
R - Vous pouvez me croire sur parole, mais d'un autre côté, ça s'explique par une hausse qui est sur le prix à la quantité de gaz consommé et une baisse du coût de l'abonnement. C'est-à-dire dans tous les prix du gaz, il y a deux parties. Il y a une partie fixe et une partie variable. Donc si vous voulez, la partie variable augmente, la partie fixe diminue. Et la somme des deux fait une augmentation moyenne de 3,8 %.
Q - Sur 5 mois.
R - Sur 5 mois.
Q - L'important c'est de passer l'hiver.
R - L'important c'est de passer l'hiver. Les tarifs de gaz sont des tarifs qui sont autorisés à évoluer tous les six mois voir tous les 3 mois en cas de conjoncture importante ou en cas de changement important des cours internationaux du gaz. Parce que Gaz de France ne produit pas de gaz - GDF achète son gaz sur le marché international du gaz, en Russie, en Algérie, et il revend ce gaz à ses consommateurs après l'avoir fait traverser ses tuyaux - donc GDF est un peu distributeur de gaz qu'il achète au cours international.

Q - Pourquoi est-ce que dans ces conditions, T. Breton dit quand même qu'il faudrait revoir d'une manière générale les règles de fixation des prix ?
R - Parce que la façon dont les tarifs sont susceptibles d'évoluer tous les 3 mois, tous les 6 mois, peut être importante. Quand le cours mondial bouge beaucoup. Depuis deux ans, le cours du gaz a eu des hausses et des baisses qui font qu'il est pratiquement au même niveau qu'il y a 2 ans. Mais la réalité c'est le cours mondial du gaz qui suit le cours du pétrole à peu près. Et donc les évolutions si on les fait apparaître tous les 3 mois, ça peut faire des évolutions importantes. Et nous préfèrerions que ceci soit lissé et donc c'est la raison pour laquelle, nous allons réunir une table ronde avec toutes les personnes concernées par le problème pour voir si on ne peut pas à l'avenir, faire en sorte que le prix du gaz au consommateur toute partie confondue, part fixe, part mobile, soit plus soft.
Q - Est-ce que ce n'est pas totalement incompatible avec les règles du marché puisque vous avez ouvert le capital de GDF, vous le faites aussi avec EDF ? Est-ce qu'on ne peut pas finalement laisser l'entreprise fixer le prix de ce qu'elle vend comme toute entreprise aujourd'hui sur le marché ?
R - C'est vrai que sur la part variable du prix du gaz, l'entreprise a été suivie par la commission de régulation qui a appliqué les calculs et les tarifs. Donc c'est conforme à ce qui a été annoncé au moment de l'ouverture du capital. Par contre, c'est un geste commercial que fait GDF pour passer l'hiver et ce geste commercial porte sur le prix d'abonnement. Donc aujourd'hui, GDF fait à la fois ce qu'il faut pour répercuter le cours international et en même temps, pour en atténuer l'effet sur le consommateur français en ce moment.
Q - Oui geste commercial mais quand on est en situation de monopole, un geste commercial, c'est un geste politique. Il n'y a pas besoin de geste commercial pour GDF. On n'a pas le choix de toute façon.
R - Nous avons poussé à ça. Bien sûr.
Q - Est-ce que EDF devra aussi, maintenant qu'il rentre dans une logique peut-être de fixation de prix plus proche de ce qu'exige le marché, est-ce que EDF...
R - C'est très différent. EDF ne dépend pas du pétrole ou du gaz puisque certes EDF a quelques centrales au gaz mais l'essentiel, 77 %, 80 % de notre électricité, est d'origine nucléaire.
Q - Mais est-ce que vous n'êtes pas obligé, vous Gouvernement qui avez la responsabilité de l'ensemble des professions qui nous fournissent de l'énergie aujourd'hui, de farder un certain équilibre entre ces différentes sources d'énergie ?
R - Sur l'électricité, l'ouverture du capital a été précédée par la signature par l'entreprise et le Gouvernement d'un contrat de service public au terme duquel l'entreprise s'est engagée à ne pas faire évoluer ses tarifs plus que l'inflation. C'est-à-dire même [qu'elle] s'est engagée à faire évoluer moins que l'inflation. Donc côté électricité, la situation est tout à fait différente grâce au nucléaire, il faut le dire clairement.
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 9 novembre 2005)