Déclaration de M. François Huwart, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, sur la coopération franco-indienne dans les domaines de l'informatique de l'électronique et des nouvelles technologie de l'information, Paris, le 28 septembre 2000.

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Circonstance : Ouverture du comité mixte franco-indien sur les technologies de l'information, à Paris, le 28 septembre 2000

Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames et Messieurs,
En mai dernier, j'étais aux cotés de Monsieur Murasoli MARAN pour ouvrir la Commission Mixte franco-indienne. A cette occasion, j'avais formulé le souhait que notre coopération puisse s 'adapter aux évolutions économiques de nos deux pays, à celles de nos sociétés et aux priorités fixées par nos gouvernements respectifs.
Ce comité de travail sur les technologies de l'information auquel vous participez durant ces deux jours vient concrétiser ce voeu. Je suis donc particulièrement heureux de
m'adresser à vous en compagnie de Pramod Mahajan avec qui je me suis déjà entretenu tout à l'heure. Si j'en crois le premier bilan que vous venez de dresser, cette première journée de travail sur les technologies de l'information a été très profitable.
Les technologies de l'information sont clairement un domaine d'excellence pour les entreprises de nos deux pays. En France, ce secteur industriel est fortement tourné vers l'exportation. Il tient désormais une place centrale dans l'économie puisqu'il représente plus de 10% du chiffre d'affaire de l'industrie manufacturière. Si l'on prend en compte le développement des services qui s'y rattachent, ce secteur apparaît très largement porteur de croissance et d'emploi. Ainsi, d'après une étude récemment rendue publique par le Ministère de l'Industrie, l'ensemble de ces activités emploient déjà plus de 650 000 personnes, mais surtout, le rythme des créations d'emploi y est 15 fois plus élevé que dans le reste de l'économie.
Mais je sais, Monsieur le Ministre, que dans ce domaine votre pays n'a rien à nous envier. Les capacités d'innovation des entreprises indiennes sont connues, et reconnues, partout dans le monde. Le secteur électronique, et plus encore celui des logiciels et des services informatiques, sont particulièrement dynamiques avec une croissance annuelle de près de 50%.
Nos gouvernements respectifs ont pris la mesure de ces enjeux et font du développement de ces technologies une des priorités de leur action.
Depuis maintenant trois ans, le gouvernement français a engagé un programme ambitieux visant à accélérer l'entrée de la France dans la société de l'Information. Ce programme s'articule autour de trois priorités :
Il s'agit d'abord d'une politique de soutien à l'innovation, dont mon collègue Christian Pierret s'est fait le champion.
Nous insistons également sur la nécessaire mobilisation de tous les partenaires afin de permettre l'accès le plus large possible à ces technologies. Cet accès passe par des efforts importants en matière d'équipement, par la multiplication des lieux de connexion publics à Internet, ainsi que par la baisse des coûts d'accès. Mais, la matière première de ces nouvelles technologies reste la connaissance. Il n'est de richesses que d'hommes, dit-on Cela n'a jamais été plus vrai que dans ce secteur. C'est pourquoi nous insistons aussi sur le nécessaire développement de la formation. Ceci concerne aussi bien les jeunes dans le système éducatif, que les personnes exclues du monde du travail.
Enfin, nous sommes déterminés à mettre en place un cadre juridique pertinent, tant à l'échelon national qu'à l'échelon européen. La Loi sur la Société de l'Information, qui sera défendue prochainement par Christian Pierret, va permettre d'adapter notre cadre juridique au développement des technologies de l'information, et du commerce électronique. Cette loi mettra l'accent sur la transparence et la loyauté des transactions, le respect de la propriété intellectuelle, les libertés d'usage en matière de cryptographie. Elle prévoit également une simplification des règles pour les collectivités locales décidées à investir dans les infrastructures .
L'Inde, de son côté, fait partie des premiers pays à s'être dotés d'un cadre réglementaire pour le commerce électronique. La création du Ministère des Technologies de l'Information symbolise la volonté de votre gouvernement de faire de ces technologies un axe fort du développement futur de l'économie et de la société indiennes. Votre gouvernement s'est par ailleurs engagé dans une politique audacieuse visant à soutenir le dynamisme de l'industrie des logiciels, à travers toute une série de mesures concrètes. Libéralisation et simplification des procédures, effort de formation, constructions d'infrastructures modernes, pôles régionaux d'activité autant de mesures efficaces qui accompagnent énergiquement les performances de vos entreprises.
Nous avions les mêmes ambitions. Pourquoi ne pas conjuguer nos efforts ! Autour de cet objectif partagé, la promotion de la société de l'information, il s'agissait pour nos acteurs respectifs de discuter des moyens à mettre en oeuvre. Comment favoriser au mieux le développement et la diffusion de ces technologies pour faire entrer nos deux pays de plain-pied dans la société de l'information ? A cet égard, votre première journée de travail a atteint son objectif en faisant intervenir des partenaires très nombreux. Je pense bien sûr au ministère de l'industrie, qui joue un rôle pilote dans ce domaine. Mais je pense également au ministère de la Recherche, aux régions et aux collectivités locales qui se sont investis dans ce programme. A cet égard, la participation de Parthenay, représentée aujourd'hui par son Maire, Monsieur Hervé, symbolise bien la volonté du gouvernement qui considère que la Société de l'Information doit être l'affaire de tous.
Il était, je crois, important d'améliorer la connaissance mutuelle de l'environnement juridique, économique et industriel des technologies de l'information afin de renforcer encore les courants d'affaires entre nos deux pays. Cet environnement évolue très rapidement sur les questions de signature électronique, sur la responsabilité des fournisseurs d'accès et celle des hébergeurs en France, ou ce qui concerne en Inde l'IT Act. Il est important de pouvoir expliquer ce que nous avons accompli chacun de notre côté et de pouvoir nous informer mutuellement des projets en cours.
C'est à nous, Pouvoirs Publics, qu'il appartient de créer un cadre favorable au développement de ces partenariats entre acteurs économiques des deux pays. Pour collaborer de manière efficace, il faut apprendre à se connaître. C'est l'ambition que nous poursuivons en donnant cette tournure institutionnelle à notre coopération dans les technologies de l'information. C'est tout l'objet aussi de l'accord que nous allons signer tout à l'heure et qui pose le principe d'un Groupe de travail. Ces réunions bilatérales seront autant de " rendez-vous " qui nous permettront de faire le point sur l'état d'avancement de notre coopération, dans des domaines aussi essentiels que les services informatiques, le commerce électronique, la recherche et le développement, le cyber-enseignement, l'administration électronique, ou encore la sécurisation des systèmes d'informations .
Mais le rôle des Pouvoirs Publics consiste surtout à permettre aux entreprises de nos deux pays de collaborer.
Or, si j'en juge par le nombre et la qualité des entreprises indiennes et françaises présentes aujourd'hui, cette volonté de travailler ensemble existe bel et bien.
En effet, je veux souligner la présence aujourd'hui d'une vingtaine d'entreprises indiennes. Les entreprises leader dans ce secteur sont représentées, avec notamment quatre des cinq premières entreprises exportatrices de logiciels et de services informatiques : Tata consultancy, Wipro, Infosys et Satyam .
Je tiens également à remercier les entreprises françaises qui ont répondu présent, parmi lesquelles on trouve là aussi les leaders du secteur des logiciels et des services informatiques : Cap Gemini, Bull, Sema group. Des grands noms de la microélectronique, mais aussi de toutes jeunes entreprises en voie d'internationalisation rapide sont également venus. Permettez-moi de citer Webraska qui propose des services de cartographie pour la téléphonie mobile et dont les produits sont les premiers à mettre en application la technologie WAP pour des services spécialement dédiés à la mobilité.
Grâce à plusieurs de ces entreprises, la collaboration franco-indienne est depuis longtemps déjà une réalité. Dans le secteur des télécommunications, cette collaboration est un succès probant. Ainsi, Alcatel, qui emploie aujourd'hui près de 700 personnes en Inde, va y développer plusieurs projets de télé-éducation, via le joint-venture " Europe Star ", constitué avec la société Loral,
La collaboration franco-indienne dans les technologies de l'information prend des formes variées, qui toutes vont dans le sens d'une plus grande interpénétration de nos courants d'affaires. Je ne peux que m'en réjouir. PSI, filiale de Bull, fait aujourd'hui partie de la délégation indienne. Les relations de sous-traitance sont dynamiques, à l'exemple d' Airbus qui utilise le savoir faire indien en matière de logiciels de simulation. Le fournisseur d'Airbus, Sankhya Infotech, s'apprête lui même à investir en France pour se rapprocher de son client. Il en va de même des sociétés à capitaux mixtes, comme celle créée par SEMA group avec la société indienne Webel et dont l'activité est tournée vers l'exportation.
Plus récemment, des société de services informatiques comme Opus et Synflow se sont alliées avec des sociétés indiennes pour proposer des services de Web agencies et de maintenance sur le marché européen.
En faisant de l'exploration commune de marchés tiers un des domaines de notre coopération future, le protocole d'accord que nous signerons tout à l'heure entend promouvoir ces projets, d'autant qu'ils répondent à une demande mondiale. En effet, les marchés européens mais aussi asiatiques sont à la recherche de nouvelles solutions informatiques pour développer le commerce électronique. En tant que responsable du Commerce Extérieur, je vois dans cette mise en commun de nos forces pour conquérir de nouveaux marchés, un aspect original et prometteur de notre collaboration.
Je vous remercie.

(Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 28 septembre 2000)