Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames, messieurs,
Chers amis,
C'est pour moi un grand plaisir que de participer, dans ce lieu chargé d'histoire qu'est le Mont Saint-Michel, à vos "Rencontres nationales vacances" pour évoquer avec vous les enjeux et les perspectives du tourisme social et associatif , un secteur auquel, vous le savez, je suis très attachée.
Cette rencontre est d'abord pour moi l'occasion de saluer le rôle essentiel que joue la Ligue de l'enseignement dans l'accès à la culture, aux sports et aux vacances.
Depuis 134 ans, votre association réalise en effet un travail remarquable.
Et les générations de bénévoles, de militants mêmes, avec les 12.000 salariés que comptent votre mouvement, en sont l'âme essentielle.
La Ligue de l'enseignement est ainsi aujourd'hui un mouvement de référence et un mouvement d'éducation populaire qui rassemble 2,5 millions d'adhérents.
Son histoire et son activité se lisent à travers les conquêtes sociales de ce siècle, à travers aussi les combats pour une citoyenneté pleine et entière pour tous, n'êtes-vous pas au fond les dignes héritiers de ce qu'on appelle avec fierté "les hussards de la République".
Votre action pour le départ en vacances, à travers la Fédération des uvres laïques et fédérées par Vacances pour tous fait de vous un acteur essentiel du tourisme social et associatif.
Et les 335 établissements que vous gérez en partenariat notamment avec les collectivités locales, pour permettre le départ de plusieurs centaines de milliers de jeunes et de familles en vacances, en sont une des illustrations.
Vos journées de travail, après vos rencontres inter-régionales du tourisme social et associatif de lundi dernier, se veulent un moment de réflexion et de débat pour ouvrir des pistes pour l'avenir.
C'est, je crois, un fait nouveau que ce secteur, si longtemps oublié ou marginalisé par les gouvernements successifs, pose aujourd'hui en terme d'exigence, la question de son développement.
Je ne peux que m'en satisfaire et l'encourager.
Car le tourisme social et associatif est une composante à part entière de notre culture des vacances.
Vous le savez, alors que la France est la première destination touristique au monde, 40 % de vos concitoyens ne partent pas en vacances.
Cette situation n'est pas inéluctable.
C'est pour y remédier que j'ai initié, depuis trois ans au sein du gouvernement, une action dont je voudrais maintenant rappeler les grands axes.
J'ai tout d'abord, souhaité renforcer les associations de tourisme.
Cela s'est concrétisé lors des États généraux du tourisme social et associatif dont la tenue il y a 18 mois a fait événement.
Cette manifestation a non seulement permis à l'ensemble des acteurs du tourisme social de se retrouver, mais aussi d'organiser ensemble les suites à donner à cette rencontre.
C'est dans cet esprit que nous avons mis en place, il y a un an, la Coordination nationale du tourisme social et associatif que préside Jacques CHAUVIN.
Ce lieu de débats, d'échange, de propositions permet de mobiliser et de coordonner tous les acteurs du tourisme social et associatif. Il permet surtout de travailler ensemble à toutes les innovations nécessaires pour tourner résolument votre secteur vers les enjeux futurs.
Les trois groupes de travail qui ont été réunis, sur l'accessibilité, le patrimoine et le partenariat permettront de faire des propositions sur lesquelles mon ministère pourra utilement s'appuyer pour orienter son action.
Dans le même esprit, nous allons, dans les semaines à venir, lancer une campagne de promotion du tourisme social et associatif en direction des institutions pour affirmer son identité et mieux défendre ses valeurs.
Elle sera, dès le début 2001, déclinée vers le grand public à travers la presse écrite et radiophonique.
D'ici la fin de cette année le décret relatif à l'agrément des associations du tourisme et des villages de vacances sera publié.
Il permettra de sécuriser le secteur notamment au titre de l'application de l'instruction fiscale de 1998.
Ce décret, unique dans le secteur associatif, organise une véritable reconnaissance du tourisme social et associatif face à la banalisation qui le menace.
Il constituera pour l'ensemble des acteurs du tourisme social un point d'appui considérable.
J'ai, par ailleurs, souhaité redonner au tourisme social et associatif, les moyens de sa modernisation.
Le doublement des crédits affectés au plan patrimoine dès 1998, témoignent de cet engagement.
Si l'on y ajoute l'intervention de l'Agence nationale chèque-vacances, ce sont près de 50 millions de francs par an qui sont affectés à la rénovation du patrimoine du tourisme social et associatif.
D'ores et déjà, et alors que nous arrivons en fin de programme "plan patrimoine" fin 2000, j'ai décidé que ces crédits, de 24,3 millions de francs seront reconduits pour l'année 2001.
Les besoins pour la décennie à venir, sont encore importants.
Plus de 350 villages devront être rénovés.
Cela nécessite la prolongation de ce plan patrimoine pour aider les associations à moderniser leur équipement et répondre aux nouveaux besoins de la clientèle, assurer également, et je crois que c'est un enjeu d'importance, la réponse au temps libéré par la réduction du temps de travail.
Cela suppose aussi de réfléchir dès maintenant à de nouveaux produits touristiques - les français partent plus souvent et moins longtemps - , à l'allongement de la durée d'ouverture des centres de vacances, à des formes de coopération nouvelle à trouver entre associations de tourisme, collectivités locales, comités d'entreprises, petites et moyennes entreprises.
Je crois que nous n'avons pas fini de défricher.
Un terrain neuf s'ouvre encore, en effet, à l'activité des associations du tourisme : celui de l'extension du chèque vacances aux salariés des PME-PMI.
Cette loi a été votée, à mon initiative, il y a un peu plus d'un an.
Les modalités de sa mise en place se font soit par branche, soit par territoire.
Ce sont des associations comme la vôtre qui peuvent, sur le terrain, accélérer la dynamique permettant d'aller à la rencontre de salariés qui ignorent encore aujourd'hui la richesse et la diversité du patrimoine du tourisme social et associatif.
Assurer le droit aux vacances pour tous, c'est aussi permettre aux familles les plus démunies d'accéder à ce moment privilégié que sont les vacances.
La mise en place, il y a un an de la Bourse solidarité vacances témoigne à la fois de l'exigence de solidarité dont votre mouvement est porteur mais aussi de la possibilité de la faire vivre concrètement.
Comment ne pas se réjouir de la forte implication qui est celle des associations de tourisme, des transporteurs, des comités d'entreprises, des entreprises privées, dans ce dispositif ?
Les résultats dépassent ainsi les espérances.
10.000 personnes ont bénéficié cette année de la Bourse solidarité vacances.
Et l'année prochaine, je souhaite que des milliers d'autres puissent également y accéder.
Voilà, en quelques traits, ce que j'ai mis en uvre : soutien au secteur associatif, développement de l'aide à la personne grâce à l'élargissement du chèque vacances, accès aux vacances pour tous par la mise en place de la BSV.
Ce faisant, je mesure certes le chemin parcouru mais aussi celui qu'il reste à faire. Vous l'avez rappelé M. TOURNEMIRE le taux de départ stagne et se dégrade pour certaines catégories. On ne rattrape pas en 3 ans ou 4 ans 15 ans de désintérêt des pouvoirs publics.
Je n'ignore pas les problèmes soulevés par l'aide à la personne délivrée par les Caisse d'allocations familiales.
La délivrance des bons CAF, ainsi que l'a souligné Jacques CHAUVIN, se fait de façon hétérogène sur le territoire.
La question de la solvabilité des familles est posée, notamment pour celles qui ont des revenus, à la fois, trop élevés pour bénéficier des aides et trop faibles pour accéder à des vacances de qualité.
Cette question, soulevée très fortement par tous les acteurs du tourisme social, sur la place des vacances dans la politique familiale fait aujourd'hui l'objet d'un échange entre le ministère de la Famille, le secrétariat d'État au Tourisme et la CAF.
Je souhaite que, dans la prochaine convention triennale, conclue entre la CNAF et l'État, la place du départ en vacances des familles prenne une nouvelle ampleur afin que nous puissions répondre à ces exigences.
Il reste encore d'autres chantiers à développer.
Je pense ainsi à celui du départ en vacances des jeunes qui vous tient tant à cur.
Un premier pas a été franchi notamment sur la question des transports.
L'action conjointe des ministères du Tourisme, des Transports et de la Jeunesse et des Sports a permis aux associations de tourisme de renouer des fils du dialogue avec la SNCF pour organiser, dans des conditions convenables, le transport des jeunes sur les lieux de vacances.
Je sais qu'une expérience sera menée dès février.
La conclusion d'une charte liant les associations de tourisme et la SNCF, sous l'autorité des trois ministères concernés, pourrait être un acte fort de cette collaboration.
Bien naturellement, l'aide au départ en vacances des jeunes est une question qui vous préoccupe.
C'est un problème auquel l'ensemble des ministères concernés, et au premier rang ma collègue Marie-Georges BUFFET, est sensible.
Dans l'immédiat, des aides aux départs en vacances des jeunes à l'étranger ont permis ces dernières années, grâce au concours des ministères des Affaires étrangères, de la Jeunesse et des Sports et du Tourisme, à des milliers de jeunes de découvrir d'autres horizons.
Nous travaillons également à l'accès des jeunes à la Bourse solidarité vacances.
De premières expériences ont eu lieu cet été.
Dès l'année prochaine, cela sera, pour nous, un axe important de travail.
Enfin, vous faites part de vos inquiétudes sur la pérennisation du plan patrimoine.
Comme je vous l'ai annoncé, les crédits seront renouvelés pour 2001.
L'évaluation menée par l'IGAS, l'étude SOMIVAL sur le patrimoine, l'étude SETEL sur les clientèles du tourisme social et associatif militent pour que ce soutien au secteur associatif soit poursuivi.
Pour ma part je m'y emploierai.
Je note d'ailleurs que le soutien au tourisme social et associatif qui a été un des axes de la politique de mon ministère dans la conclusion des contrats de plan État-Région a suscité un intérêt nouveau de la part des collectivités locales et territoriales.
Ici et là se préparent, ou ont eu lieu dans la droite ligne des États généraux, des États régionaux du tourisme social et associatif.
C'est le cas en Provence-Alpes-Côte d'Azur, en Midi-Pyrénées, et dans le Nord-Pas-de-Calais.
Tout cela témoigne d'une belle vitalité du tourisme social et associatif ainsi que de l'implication nouvelle des élus des collectivités locales et territoriales.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Vos rencontres constituent une pierre supplémentaire à l'édifice que nous construisons ensemble.
(source http://www.tourisme.gouv.fr, le 7 novembre 2000)