Texte intégral
Monsieur le Président de la République,
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi, Monsieur le Président, de vous remercier de votre présence parmi nous aujourd'hui.
D'abord, en tant que Maire de DUNKERQUE : votre venue honore tous les Dunkerquois et cette terre des Flandres heureuse et fière de vous accueillir.
Ensuite, parce que votre présence ici prouve l'importance et assure le retentissement de ces journées de réflexion et de travail sur un problème majeur de nos sociétés contemporaines.
Vous adressant à tous les Français, il y a de cela un peu plus d'un an et demi, vous citiez le combat contre l'exclusion comme le principal chantier de l'action publique à entreprendre en cette fin de siècle.
Cette rencontre à DUNKERQUE participe de l'ambition collective que vous avez ainsi tracée.
En organisant ce colloque, avec Michel GIlLIBERT, Secrétaire d'Etat chargé des Handicapés et des Accidentés de la Vie, nous n'avons certes pas eu la prétention d'embrasser la totalité d'un sujet qui touche à tous les domaines de la vie sociale. Nous voulions qu'il soit possible de débattre, très largement, d'un aspect particulièrement important de l'un des fronts de la lutte contre l'exclusion.
Il est toutes sortes d'exclusion, de toutes natures et de tous degrés. Celle par le handicap, physique ou psychique, vécu dès la naissance, produit par l'âge ou conséquence d'un accident, n'est pas la moins douloureuse ni la plus facile à surmonter.
Cinq millions de Françaises et de Français connaissent un lourd handicap de mobilité. Ils sont quarante deux millions d'Européennes et d'Européens à être dans ce cas.
Chacun ici sait bien ce que cela signifie. Sans correctif social, le manque ou la perte de mobilité peut couper de la société et du monde ceux qui ont subi l'un ou l'autre. La liberté de circuler ne peut que demeurer théorique si la collectivité n'apporte pas à ces derniers les moyens d'exercer concrètement le droit d'aller et de venir. L'accès aux moyens de transport est donc un facteur décisif de lutte pour l'insertion sociale, l'intégration au monde du travail, la participation aux activités de loisir et à la culture. Comme le disait il y a quelques jours Michel GILLIBERT, " le transport, pour un handicapé, c'est la liberté "
La prise de conscience de cette réalité, à des rythmes différents suivant les pays, a abouti, non sans délais ni retards parfois, à la définition de politiques publiques de solidarité nationales, régionales ou locales.
Pour citer le cas de la France, c'est en 1982 que l'on a commencé à réaliser des avancées dans le domaine des transports, sur la base de la loi d'orientation de 1975. Et, en février dernier, cette première étape a été prolongée à travers le programme de travail de quatre ans adopté par le Gouvernement de M. Michel ROCARD sur la base des propositions que Michel GILLIBERT et moi-même avions pu élaborer an étroite liaison avec le mouvement associatif. Celles des 60 mesures de ce programme, chiffré, programmé et négocié avec les entreprises, qui devaient être réalisées cette année l'ont effectivement été : les entreprises de transport, notamment, méritaient que cela soit souligné.
Tous ceux qui ont travaillé, et vont continuer à le faire, à la mise en uvre de cette politique ont la faiblesse de penser que la démarche suivie et le contenu adopté ont un caractère novateur, y compris en terme de comparaisons internationales. Mais, de même que nous savons que dans trois ans il restera encore beaucoup à faire, de même n'avons-nous pas, en France, l'outrecuidance de croire, bien au contraire, qu'on ne fait pas, ailleurs, aussi bien sinon mieux, et souvent depuis plus longtemps, que chez nous, pour rendre les moyens de transport accessibles aux personnes handicapées.
L'idée de ce colloque, Monsieur le Président, est donc née de la volonté de comparer et d'échanger les expériences conduites en ce sens de par le monde, et tout particulièrement en Europe.
Il est d'ores et déjà possible d'affirmer que le premier objectif de cette manifestation - assurer la confrontation la plus large possible sur ce thème - a été atteint.
Ont participé à ces journées les représentants de plus de vingt nations, dont toutes celles de l'Europe occidentale, mais aussi la Pologne et l'Union soviétique, venant de tous les continents à l'exception de la lointaine Océanie, puisque sont présents dans cette salle des délégations du Sri Lanka, du Canada et des Etats-Unis d'Amérique.
Ce colloque a, par ailleurs, réuni l'ensemble des parties prenantes des transports pour les personnes à mobilité réduite : personnes handicapées, tout d'abord et bien évidemment, transporteurs et organisateurs de transports, administrations, élus locaux et nationaux, constructeurs et adaptateurs de véhicules.
Sans craindre de trahir l'opinion des participants, il est également possible de dire que la richesse du contenu a été à la mesure de la diversité des participants.
Il ne peut être question de citer toutes les réalisations qui ont été évoquées dans ce cadre, que nous avons eu les uns et les autres l'occasion de découvrir ou à tout le moins de mieux connaître Chacune d'entre-elles apporte le témoignage de ce que peut apporter la volonté de traduire concrètement solidarité, malgré tous les obstacles. Mais comment ne pas souligner les efforts de mise en accessibilité des transports que font des collectivités locales telles que GRENOBLE, LORIENT, SAINT QUENTIN EN YVELINES, dans notre pays ou MALMÖ, en Suède ? Et si l'on ne voulait donner qu'un exemple d'une foi qui peut soulever les montagnes, à lui seul symbolique, on pourrait évoquer cette ville ô combien ancienne et délicate à aménager, modelée et morcelée qu'elle a été par la mer et l'Histoire, et que ses autorités sont pourtant en train de rendre entièrement accessible aux personnes circulant en fauteuil roulant :
VENISE.
A travers cette confrontation d'expériences, riche d'enseignements en elle-même pour chaque participant, ce colloque aura permis, j'en ai la conviction, de dégager des axes de recherche et de consolider les échanges, la concertation et la coopération déjà engagée.
Ses travaux m'inspirent déjà trois réflexions.
La première est que si des progrès importants ont été faits en ce qui concerne les transports collectifs - même s'il convient de ne pas s'en satisfaire et de chercher, d'abord à les généraliser, ensuite à les accroître encore - il nous reste, dans notre pays en tout cas, à avancer sur la question des voitures individuelles et des taxis, moyens privilégiés de déplacement pour les personnes handicapées en raison de leur évidente souplesse d'utilisation et de l'affranchissement qu'ils procurent à l'égard des contraintes et des limites des transports collectifs. On voit bien la multiplicité et l'ampleur des problèmes que ne manquera pas de poser la volonté d'atteindre cet objectif : coût des véhicules, fiscalité liée à leur construction et à leur usage, jouissance de places de stationnement réservées et spécifiques, dans les grands centres urbains notamment, tarifs st aménagements des taxis... Autant d'obstacles à lever : mais sont-ils plus insurmontables que ceux rencontrés dans le passé en matière de transports collectifs ? Tel n'est pas mon sentiment.
Ma deuxième réflexion concerne l'élargissement de la notion de liberté de circulation. Les différentes politiques publiques d'accessibilité des moyens de transport ont conduit à développer l'idée de " chaîne de transport " permettant l'usage combiné et complémentaire des différents moyens de transport. Le progrès est déjà sensible. Mais l'accessibilité doit s'envisager plus globalement encore : il faudra pour cela raisonner de plus en plus en terme de " chaîne du déplacement " La personne à mobilité réduite doit, de son appartement, pouvoir aisément accéder à la rue, ce qui suppose que son immeuble ne comporte pas d'obstacles architecturaux l'empêchant d'en sortir. Une fois dans la rue, elle doit pouvoir y circuler pour atteindre un moyen de transport, l'emprunter, et éventuellement effectuer sans désagrément majeur une correspondance avec un autre système de transport. Enfin, arrivée à destination, la personne handicapée doit pouvoir pénétrer et circuler dans le bâtiment ou le lieu qui constituait le but de son déplacement.
J'ajoute que la notion de " chaîne du déplacement " ne peut se concevoir sans la mise en place d'une signalétique efficace, explicite, uniforme et harmonisée que l'on retrouverait dans tous les espaces ouverts au public - voirie, bâtiments publics et différents moyens de transport.
C'est dire qu'un approfondissement des conditions d'exercice de la liberté de déplacement par les personnes handicapées impliquera de mieux prendre en compte la totalité des problèmes d'environnement urbain, des difficultés d'accessibilité générale de la voirie, des lieux publics et des immeubles : bref, de définir une culture urbaine intégrant toutes les questions qui se posent dans la vie quotidienne aux personnes handicapées et, au delà d'elles, d'ailleurs, à toutes celles et à tous ceux dont la mobilité est réduite ou imparfaite.
Ma troisième réflexion concerne la dimension européenne de la lutte pour l'insertion des personnes handicapées par les transports. Ce colloque l'a bien montré : partout, sur ce continent, se posent les mêmes questions, se font jour les mêmes aspirations, se réalisent les mêmes efforts.
Nous disposons dans ce domaine d'un point d'appui précieux : la Conférence Européenne des Ministres des Transports, où tous les pays d'Europe sont représentés.
Dans le domaine des transports pour les personnes à mobilité réduite, la Conférence Européenne joue en effet un rôle majeur de coordination entre les différentes politiques nationales. Au mois de mai dernier, à EDIMBOURG, les Ministres des Transports des dix neuf pays d'Europe ont d'ailleurs fortement appuyé les efforts déployés par le Groupe de Travail spécialisé de la CEMT. Ils ont, à cette occasion, approuvé un programme de travail intensif pour l'avenir.
C'est un élément très positif. Au delà de la confrontation des politiques des différents Etats et de leur harmonisation, à laquelle nous ne pouvons qu'être favorables, la question qui va nous être posée est celle de l'espace européen des transports et de la place qui y sera faite aux personnes handicapées.
Avec le développement du transport aérien, régulier et à la demande, l'ouverture prochaine du lien fixe trans-manche, la perspective qui s'esquisse et qu'il faut favoriser d'un réseau continental de trains à grande vitesse, l'Europe des transports se dessine sous nos yeux. Il nous revient d'uvrer pour qu'elle s'édifie dans le respect des chances d'insertion des quarante deux millions de citoyens européens handicapés que j'évoquais il y a quelques instants. Pourquoi ne pas, par exemple, envisager la création d'une carte européenne des transports pour les personnes handicapées, facilitant leur intégration et permettant aux transporteurs de savoir quelles prestations particulières leur proposer ? La France est pour sa part favorable à une telle disposition, qui participerait de l'harmonisation, à l'échelle de l'Europe, des mesures en faveur des personnes à mobilité réduite, et donc de l'émergence de cette Europe sociale à laquelle vous êtes, Monsieur le Président, si attaché.
Voilà, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, les quelques mots que je souhaitais prononcer devant vous en clôture de ce colloque.
Qu'il me soit permis simplement de remercier pour leur participation et la richesse de leur apport toutes celles et tous ceux qui ont répondu présents à l'invitation qui leur avait été faite de venir débattre et réfléchir ici, en France, à DUNKERQUE, de cet aspect bien concret de ce combat qui, par delà les frontières, noue unit le combat pour l'insertion sociale, pour la dignité humaine, pour la vie.
Merci de votre attention.
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi, Monsieur le Président, de vous remercier de votre présence parmi nous aujourd'hui.
D'abord, en tant que Maire de DUNKERQUE : votre venue honore tous les Dunkerquois et cette terre des Flandres heureuse et fière de vous accueillir.
Ensuite, parce que votre présence ici prouve l'importance et assure le retentissement de ces journées de réflexion et de travail sur un problème majeur de nos sociétés contemporaines.
Vous adressant à tous les Français, il y a de cela un peu plus d'un an et demi, vous citiez le combat contre l'exclusion comme le principal chantier de l'action publique à entreprendre en cette fin de siècle.
Cette rencontre à DUNKERQUE participe de l'ambition collective que vous avez ainsi tracée.
En organisant ce colloque, avec Michel GIlLIBERT, Secrétaire d'Etat chargé des Handicapés et des Accidentés de la Vie, nous n'avons certes pas eu la prétention d'embrasser la totalité d'un sujet qui touche à tous les domaines de la vie sociale. Nous voulions qu'il soit possible de débattre, très largement, d'un aspect particulièrement important de l'un des fronts de la lutte contre l'exclusion.
Il est toutes sortes d'exclusion, de toutes natures et de tous degrés. Celle par le handicap, physique ou psychique, vécu dès la naissance, produit par l'âge ou conséquence d'un accident, n'est pas la moins douloureuse ni la plus facile à surmonter.
Cinq millions de Françaises et de Français connaissent un lourd handicap de mobilité. Ils sont quarante deux millions d'Européennes et d'Européens à être dans ce cas.
Chacun ici sait bien ce que cela signifie. Sans correctif social, le manque ou la perte de mobilité peut couper de la société et du monde ceux qui ont subi l'un ou l'autre. La liberté de circuler ne peut que demeurer théorique si la collectivité n'apporte pas à ces derniers les moyens d'exercer concrètement le droit d'aller et de venir. L'accès aux moyens de transport est donc un facteur décisif de lutte pour l'insertion sociale, l'intégration au monde du travail, la participation aux activités de loisir et à la culture. Comme le disait il y a quelques jours Michel GILLIBERT, " le transport, pour un handicapé, c'est la liberté "
La prise de conscience de cette réalité, à des rythmes différents suivant les pays, a abouti, non sans délais ni retards parfois, à la définition de politiques publiques de solidarité nationales, régionales ou locales.
Pour citer le cas de la France, c'est en 1982 que l'on a commencé à réaliser des avancées dans le domaine des transports, sur la base de la loi d'orientation de 1975. Et, en février dernier, cette première étape a été prolongée à travers le programme de travail de quatre ans adopté par le Gouvernement de M. Michel ROCARD sur la base des propositions que Michel GILLIBERT et moi-même avions pu élaborer an étroite liaison avec le mouvement associatif. Celles des 60 mesures de ce programme, chiffré, programmé et négocié avec les entreprises, qui devaient être réalisées cette année l'ont effectivement été : les entreprises de transport, notamment, méritaient que cela soit souligné.
Tous ceux qui ont travaillé, et vont continuer à le faire, à la mise en uvre de cette politique ont la faiblesse de penser que la démarche suivie et le contenu adopté ont un caractère novateur, y compris en terme de comparaisons internationales. Mais, de même que nous savons que dans trois ans il restera encore beaucoup à faire, de même n'avons-nous pas, en France, l'outrecuidance de croire, bien au contraire, qu'on ne fait pas, ailleurs, aussi bien sinon mieux, et souvent depuis plus longtemps, que chez nous, pour rendre les moyens de transport accessibles aux personnes handicapées.
L'idée de ce colloque, Monsieur le Président, est donc née de la volonté de comparer et d'échanger les expériences conduites en ce sens de par le monde, et tout particulièrement en Europe.
Il est d'ores et déjà possible d'affirmer que le premier objectif de cette manifestation - assurer la confrontation la plus large possible sur ce thème - a été atteint.
Ont participé à ces journées les représentants de plus de vingt nations, dont toutes celles de l'Europe occidentale, mais aussi la Pologne et l'Union soviétique, venant de tous les continents à l'exception de la lointaine Océanie, puisque sont présents dans cette salle des délégations du Sri Lanka, du Canada et des Etats-Unis d'Amérique.
Ce colloque a, par ailleurs, réuni l'ensemble des parties prenantes des transports pour les personnes à mobilité réduite : personnes handicapées, tout d'abord et bien évidemment, transporteurs et organisateurs de transports, administrations, élus locaux et nationaux, constructeurs et adaptateurs de véhicules.
Sans craindre de trahir l'opinion des participants, il est également possible de dire que la richesse du contenu a été à la mesure de la diversité des participants.
Il ne peut être question de citer toutes les réalisations qui ont été évoquées dans ce cadre, que nous avons eu les uns et les autres l'occasion de découvrir ou à tout le moins de mieux connaître Chacune d'entre-elles apporte le témoignage de ce que peut apporter la volonté de traduire concrètement solidarité, malgré tous les obstacles. Mais comment ne pas souligner les efforts de mise en accessibilité des transports que font des collectivités locales telles que GRENOBLE, LORIENT, SAINT QUENTIN EN YVELINES, dans notre pays ou MALMÖ, en Suède ? Et si l'on ne voulait donner qu'un exemple d'une foi qui peut soulever les montagnes, à lui seul symbolique, on pourrait évoquer cette ville ô combien ancienne et délicate à aménager, modelée et morcelée qu'elle a été par la mer et l'Histoire, et que ses autorités sont pourtant en train de rendre entièrement accessible aux personnes circulant en fauteuil roulant :
VENISE.
A travers cette confrontation d'expériences, riche d'enseignements en elle-même pour chaque participant, ce colloque aura permis, j'en ai la conviction, de dégager des axes de recherche et de consolider les échanges, la concertation et la coopération déjà engagée.
Ses travaux m'inspirent déjà trois réflexions.
La première est que si des progrès importants ont été faits en ce qui concerne les transports collectifs - même s'il convient de ne pas s'en satisfaire et de chercher, d'abord à les généraliser, ensuite à les accroître encore - il nous reste, dans notre pays en tout cas, à avancer sur la question des voitures individuelles et des taxis, moyens privilégiés de déplacement pour les personnes handicapées en raison de leur évidente souplesse d'utilisation et de l'affranchissement qu'ils procurent à l'égard des contraintes et des limites des transports collectifs. On voit bien la multiplicité et l'ampleur des problèmes que ne manquera pas de poser la volonté d'atteindre cet objectif : coût des véhicules, fiscalité liée à leur construction et à leur usage, jouissance de places de stationnement réservées et spécifiques, dans les grands centres urbains notamment, tarifs st aménagements des taxis... Autant d'obstacles à lever : mais sont-ils plus insurmontables que ceux rencontrés dans le passé en matière de transports collectifs ? Tel n'est pas mon sentiment.
Ma deuxième réflexion concerne l'élargissement de la notion de liberté de circulation. Les différentes politiques publiques d'accessibilité des moyens de transport ont conduit à développer l'idée de " chaîne de transport " permettant l'usage combiné et complémentaire des différents moyens de transport. Le progrès est déjà sensible. Mais l'accessibilité doit s'envisager plus globalement encore : il faudra pour cela raisonner de plus en plus en terme de " chaîne du déplacement " La personne à mobilité réduite doit, de son appartement, pouvoir aisément accéder à la rue, ce qui suppose que son immeuble ne comporte pas d'obstacles architecturaux l'empêchant d'en sortir. Une fois dans la rue, elle doit pouvoir y circuler pour atteindre un moyen de transport, l'emprunter, et éventuellement effectuer sans désagrément majeur une correspondance avec un autre système de transport. Enfin, arrivée à destination, la personne handicapée doit pouvoir pénétrer et circuler dans le bâtiment ou le lieu qui constituait le but de son déplacement.
J'ajoute que la notion de " chaîne du déplacement " ne peut se concevoir sans la mise en place d'une signalétique efficace, explicite, uniforme et harmonisée que l'on retrouverait dans tous les espaces ouverts au public - voirie, bâtiments publics et différents moyens de transport.
C'est dire qu'un approfondissement des conditions d'exercice de la liberté de déplacement par les personnes handicapées impliquera de mieux prendre en compte la totalité des problèmes d'environnement urbain, des difficultés d'accessibilité générale de la voirie, des lieux publics et des immeubles : bref, de définir une culture urbaine intégrant toutes les questions qui se posent dans la vie quotidienne aux personnes handicapées et, au delà d'elles, d'ailleurs, à toutes celles et à tous ceux dont la mobilité est réduite ou imparfaite.
Ma troisième réflexion concerne la dimension européenne de la lutte pour l'insertion des personnes handicapées par les transports. Ce colloque l'a bien montré : partout, sur ce continent, se posent les mêmes questions, se font jour les mêmes aspirations, se réalisent les mêmes efforts.
Nous disposons dans ce domaine d'un point d'appui précieux : la Conférence Européenne des Ministres des Transports, où tous les pays d'Europe sont représentés.
Dans le domaine des transports pour les personnes à mobilité réduite, la Conférence Européenne joue en effet un rôle majeur de coordination entre les différentes politiques nationales. Au mois de mai dernier, à EDIMBOURG, les Ministres des Transports des dix neuf pays d'Europe ont d'ailleurs fortement appuyé les efforts déployés par le Groupe de Travail spécialisé de la CEMT. Ils ont, à cette occasion, approuvé un programme de travail intensif pour l'avenir.
C'est un élément très positif. Au delà de la confrontation des politiques des différents Etats et de leur harmonisation, à laquelle nous ne pouvons qu'être favorables, la question qui va nous être posée est celle de l'espace européen des transports et de la place qui y sera faite aux personnes handicapées.
Avec le développement du transport aérien, régulier et à la demande, l'ouverture prochaine du lien fixe trans-manche, la perspective qui s'esquisse et qu'il faut favoriser d'un réseau continental de trains à grande vitesse, l'Europe des transports se dessine sous nos yeux. Il nous revient d'uvrer pour qu'elle s'édifie dans le respect des chances d'insertion des quarante deux millions de citoyens européens handicapés que j'évoquais il y a quelques instants. Pourquoi ne pas, par exemple, envisager la création d'une carte européenne des transports pour les personnes handicapées, facilitant leur intégration et permettant aux transporteurs de savoir quelles prestations particulières leur proposer ? La France est pour sa part favorable à une telle disposition, qui participerait de l'harmonisation, à l'échelle de l'Europe, des mesures en faveur des personnes à mobilité réduite, et donc de l'émergence de cette Europe sociale à laquelle vous êtes, Monsieur le Président, si attaché.
Voilà, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, les quelques mots que je souhaitais prononcer devant vous en clôture de ce colloque.
Qu'il me soit permis simplement de remercier pour leur participation et la richesse de leur apport toutes celles et tous ceux qui ont répondu présents à l'invitation qui leur avait été faite de venir débattre et réfléchir ici, en France, à DUNKERQUE, de cet aspect bien concret de ce combat qui, par delà les frontières, noue unit le combat pour l'insertion sociale, pour la dignité humaine, pour la vie.
Merci de votre attention.