Texte intégral
J'ai répondu oui sans hésitation et avec beaucoup de plaisir et d'intérêt à votre invitation.
Parrainer la signature de la convention de développement culturel liant l'Etat, la Région Haute-Normandie et la Ville de Dieppe était pour moi l'occasion de mettre en valeur l'importance et la constance de l'engagement de la Ville de Dieppe depuis les années 70 dans le domaine culturel.
Aujourd'hui, il peut sembler naturel qu'une ville de 50 000 habitants soit dotée d'une gamme d'équipements de grande qualité couvrant tous les domaines de la vie culturelle : une scène nationale, une médiathèque et des bibliothèques annexes, un château-musée, une école nationale de musique et de danse, trois maisons des jeunes et de la culture, deux grandes manifestations, le Mois de l'image, le Festival de musique ancienne, l'activité d'une ville d'art et d'histoire, l'ensemble est impressionnant et il témoigne en effet, Monsieur le Maire, d'un travail continu des élus et des opérateurs culturels, tous convaincus et volontaristes.
De la première convention pionnière de 1983 à celle-ci, votre effort ne s'est jamais relâché. Le montant de vos dépenses de fonctionnement en francs par habitant vous place au dessus de la moyenne des villes de votre taille, l'enquête sur les dépenses culturelles des collectivités, publiée par le département des études et de la prospective du ministère, l'indique clairement.
Vous travaillez -je dirais presque obstinément- à croiser l'offre et les pratiques dans tous les domaines de l'art de la culture, à multiplier les voies d'accès aux oeuvres, à inventer de nouvelles formes de participation des habitants, à sauvegarder et valoriser le patrimoine, à soutenir inlassablement la création, bref, votre politique culturelle s'inscrit pleinement dans un projet global de développement de la cité.
Je tiens à souligner particulièrement votre initiative, soutenue par le Conseil régional, de création d'un observatoire des publics. Il faut en effet sortir des discours incantatoires sur l'élargissement et la diversification de ces publics et travailler de manière plus raisonnée à leur connaissance et à l'évaluation des actions mises en place.
La préhension fine, sur un territoire, des pratiques culturelles, de la fréquentation des équipements, de la circulation des publics et de leur composition, de l'évolution des comportements sur la durée est absolument nécessaire pour développer et adapter nos politiques culturelles. Il existe des outils fiables d'analyse de données nationales comme l'enquête régulière sur les pratiques culturelles des français, il nous faut aujourd'hui multiplier ces analyses sur les territoires, partager l'évaluation des politiques menées avec les artistes, les acteurs culturels et les usagers. Dieppe sera en quelque sorte un laboratoire pour la mise en place de cette base de données commune et vivante.
Je sais que le Conseil régional de Haute-Normandie y sera très attentif et je souhaite que les résultats de cette première expérience lui permette de développer cette démarche dans la région. C'est aussi une démarche prospective dans le cadre de la construction d'une future communauté d'agglomération autour de Dieppe.
J'étais jeudi dernier à Biarritz à la Onzième Convention nationale de l'Assemblée des Communautés de France sur le thème " Intercommunalité et décentralisation ". Je pense, en effet, comme les organisateurs de ces rencontres, que la refonte du paysage de l'intercommunalité doit être au cur des réflexions sur une nouvelle étape de la décentralisation, vingt ans après ses premiers pas.
L'intercommunalité a, en effet, révélé et révélera plus encore de nouveaux modes d'action locale. Elle porte sur les territoires, dans toute l'étendue de leur diversité, un regard inédit, les soumettant aux règles du projet plutôt qu'à celles de la simple administration. Je sais combien cette intercommunalité de projet dans le secteur culturel est quelquefois difficile à mettre en place.
Mais je sais aussi que lorsque ces difficultés sont surmontées dans le dialogue et la confiance mutuelle, son effet démultiplicateur est immense pour développer l'offre culturelle, également pour asseoir et pérenniser l'identité culturelle et patrimoniale du territoire et construire de nouvelles solidarités. Elle n'est donc pas un espace de substitution, mais d'intelligence et de raison, d'innovation, de cohérence et de réseau.
Vous avez d'ailleurs su mettre en place de telles solidarités pour l'enseignement de la musique et de la danse, puisque votre école nationale, l'Ecole nationale de musique et de danse, qui couvre plus de cinquante communes autour de Dieppe sous forme d'un syndicat intercommunal, est, à cet égard, tout à fait exemplaire.
C'est pourquoi, je serais très heureux si l'année prochaine -permettez-moi d'être inconvenant en anticipant une invitation- vous m'appeliez à nouveau pour parrainer une convention, cette fois élargie à l'agglomération.
Je sais, Monsieur le Maire, et vous venez d'ailleurs de le rappeler, que vous vous employez activement au sein de l'Association des maires de l'agglomération dieppoise à la mise en place "précisément" d'une véritable communauté d'agglomération. Je ne peux que vous encourager fermement et sachez que je veillerai à ce que le Ministère de la culture vous accompagne dans cette voie le moment venu.
Je n'ai d'ailleurs nullement besoin de vous convaincre, les uns ou les autres, car la qualité et la nature de la collaboration entre la DRAC, la ville et le Conseil régional préfigurent bien ici des orientations que j'entends promouvoir dans le champ de la décentralisation.
En effet, depuis ma prise de fonction, je m'attache à mettre en place de nouveaux outils au service de cette nouvelle étape d'un processus nécessaire: six à huit protocoles expérimentaux de décentralisation portant prioritairement sur les enseignements artistiques et le patrimoine seront mis en oeuvre dès cette année.
Catherine Tasca et moi-même avons installé, ce matin-même, au Ministère, le groupe de suivi de ces expérimentations, groupe auquel appartient la Directrice régionale des affaires culturelles.
Par ailleurs, nous travaillons activement à la création d'un Etablissement public culturel de coopération qui devrait répondre à l'attente de tous ceux [et ils sont nombreux] -élus, professionnels- qui souhaitent dynamiser les partenariats. Cette démarche s'inscrit pleinement dans les orientations de la seconde étape de la décentralisation, que le Premier Ministre a redéfinies récemment à Lille.
Car, à n'en pas douter, c'est sur ce front que se gagnera la nouvelle ambition culturelle de la France. Pour chacun des secteurs du champ culturel, nous voulons donner du sens à la visée décentralisatrice.
Il y a une conception progressiste de la décentralisation qui est celle de la responsabilité publique partagée et maîtrisée.
Le rapport de la commission présidée par Pierre Mauroy relève le défaut de transparence, de lisibilité de la première phase de la décentralisation. Il faut faire à l'inverse, le pari de la clarification. Car c'est ainsi qu'à mes yeux, nos concitoyens pourront s'emparer de la décentralisation pour démocratiser la République. En matière de culture, c'est la seule conception susceptible de répondre aux attentes de notre peuple. C'est donc la seule qui vaille. Ce que vous avez réalisé avec votre équipe, Monsieur le Maire, aux côtés des femmes et des hommes de Dieppe, participe de cette conception, empreinte de modernité et de justice sociale.
Je tiens à vous en féliciter vivement et remercier les services de l'Etat en région qui ont su accompagner votre projet.
Merci encore de votre attention.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 16 novembre 2000)
Parrainer la signature de la convention de développement culturel liant l'Etat, la Région Haute-Normandie et la Ville de Dieppe était pour moi l'occasion de mettre en valeur l'importance et la constance de l'engagement de la Ville de Dieppe depuis les années 70 dans le domaine culturel.
Aujourd'hui, il peut sembler naturel qu'une ville de 50 000 habitants soit dotée d'une gamme d'équipements de grande qualité couvrant tous les domaines de la vie culturelle : une scène nationale, une médiathèque et des bibliothèques annexes, un château-musée, une école nationale de musique et de danse, trois maisons des jeunes et de la culture, deux grandes manifestations, le Mois de l'image, le Festival de musique ancienne, l'activité d'une ville d'art et d'histoire, l'ensemble est impressionnant et il témoigne en effet, Monsieur le Maire, d'un travail continu des élus et des opérateurs culturels, tous convaincus et volontaristes.
De la première convention pionnière de 1983 à celle-ci, votre effort ne s'est jamais relâché. Le montant de vos dépenses de fonctionnement en francs par habitant vous place au dessus de la moyenne des villes de votre taille, l'enquête sur les dépenses culturelles des collectivités, publiée par le département des études et de la prospective du ministère, l'indique clairement.
Vous travaillez -je dirais presque obstinément- à croiser l'offre et les pratiques dans tous les domaines de l'art de la culture, à multiplier les voies d'accès aux oeuvres, à inventer de nouvelles formes de participation des habitants, à sauvegarder et valoriser le patrimoine, à soutenir inlassablement la création, bref, votre politique culturelle s'inscrit pleinement dans un projet global de développement de la cité.
Je tiens à souligner particulièrement votre initiative, soutenue par le Conseil régional, de création d'un observatoire des publics. Il faut en effet sortir des discours incantatoires sur l'élargissement et la diversification de ces publics et travailler de manière plus raisonnée à leur connaissance et à l'évaluation des actions mises en place.
La préhension fine, sur un territoire, des pratiques culturelles, de la fréquentation des équipements, de la circulation des publics et de leur composition, de l'évolution des comportements sur la durée est absolument nécessaire pour développer et adapter nos politiques culturelles. Il existe des outils fiables d'analyse de données nationales comme l'enquête régulière sur les pratiques culturelles des français, il nous faut aujourd'hui multiplier ces analyses sur les territoires, partager l'évaluation des politiques menées avec les artistes, les acteurs culturels et les usagers. Dieppe sera en quelque sorte un laboratoire pour la mise en place de cette base de données commune et vivante.
Je sais que le Conseil régional de Haute-Normandie y sera très attentif et je souhaite que les résultats de cette première expérience lui permette de développer cette démarche dans la région. C'est aussi une démarche prospective dans le cadre de la construction d'une future communauté d'agglomération autour de Dieppe.
J'étais jeudi dernier à Biarritz à la Onzième Convention nationale de l'Assemblée des Communautés de France sur le thème " Intercommunalité et décentralisation ". Je pense, en effet, comme les organisateurs de ces rencontres, que la refonte du paysage de l'intercommunalité doit être au cur des réflexions sur une nouvelle étape de la décentralisation, vingt ans après ses premiers pas.
L'intercommunalité a, en effet, révélé et révélera plus encore de nouveaux modes d'action locale. Elle porte sur les territoires, dans toute l'étendue de leur diversité, un regard inédit, les soumettant aux règles du projet plutôt qu'à celles de la simple administration. Je sais combien cette intercommunalité de projet dans le secteur culturel est quelquefois difficile à mettre en place.
Mais je sais aussi que lorsque ces difficultés sont surmontées dans le dialogue et la confiance mutuelle, son effet démultiplicateur est immense pour développer l'offre culturelle, également pour asseoir et pérenniser l'identité culturelle et patrimoniale du territoire et construire de nouvelles solidarités. Elle n'est donc pas un espace de substitution, mais d'intelligence et de raison, d'innovation, de cohérence et de réseau.
Vous avez d'ailleurs su mettre en place de telles solidarités pour l'enseignement de la musique et de la danse, puisque votre école nationale, l'Ecole nationale de musique et de danse, qui couvre plus de cinquante communes autour de Dieppe sous forme d'un syndicat intercommunal, est, à cet égard, tout à fait exemplaire.
C'est pourquoi, je serais très heureux si l'année prochaine -permettez-moi d'être inconvenant en anticipant une invitation- vous m'appeliez à nouveau pour parrainer une convention, cette fois élargie à l'agglomération.
Je sais, Monsieur le Maire, et vous venez d'ailleurs de le rappeler, que vous vous employez activement au sein de l'Association des maires de l'agglomération dieppoise à la mise en place "précisément" d'une véritable communauté d'agglomération. Je ne peux que vous encourager fermement et sachez que je veillerai à ce que le Ministère de la culture vous accompagne dans cette voie le moment venu.
Je n'ai d'ailleurs nullement besoin de vous convaincre, les uns ou les autres, car la qualité et la nature de la collaboration entre la DRAC, la ville et le Conseil régional préfigurent bien ici des orientations que j'entends promouvoir dans le champ de la décentralisation.
En effet, depuis ma prise de fonction, je m'attache à mettre en place de nouveaux outils au service de cette nouvelle étape d'un processus nécessaire: six à huit protocoles expérimentaux de décentralisation portant prioritairement sur les enseignements artistiques et le patrimoine seront mis en oeuvre dès cette année.
Catherine Tasca et moi-même avons installé, ce matin-même, au Ministère, le groupe de suivi de ces expérimentations, groupe auquel appartient la Directrice régionale des affaires culturelles.
Par ailleurs, nous travaillons activement à la création d'un Etablissement public culturel de coopération qui devrait répondre à l'attente de tous ceux [et ils sont nombreux] -élus, professionnels- qui souhaitent dynamiser les partenariats. Cette démarche s'inscrit pleinement dans les orientations de la seconde étape de la décentralisation, que le Premier Ministre a redéfinies récemment à Lille.
Car, à n'en pas douter, c'est sur ce front que se gagnera la nouvelle ambition culturelle de la France. Pour chacun des secteurs du champ culturel, nous voulons donner du sens à la visée décentralisatrice.
Il y a une conception progressiste de la décentralisation qui est celle de la responsabilité publique partagée et maîtrisée.
Le rapport de la commission présidée par Pierre Mauroy relève le défaut de transparence, de lisibilité de la première phase de la décentralisation. Il faut faire à l'inverse, le pari de la clarification. Car c'est ainsi qu'à mes yeux, nos concitoyens pourront s'emparer de la décentralisation pour démocratiser la République. En matière de culture, c'est la seule conception susceptible de répondre aux attentes de notre peuple. C'est donc la seule qui vaille. Ce que vous avez réalisé avec votre équipe, Monsieur le Maire, aux côtés des femmes et des hommes de Dieppe, participe de cette conception, empreinte de modernité et de justice sociale.
Je tiens à vous en féliciter vivement et remercier les services de l'Etat en région qui ont su accompagner votre projet.
Merci encore de votre attention.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 16 novembre 2000)