Déclaration de Mme Ségolène Royal, ministre déléguée à la famille et à l'enfance, sur la mobilisation des différents acteurs pour lutter contre l'enfance maltraitée, Paris le 26 septembre 2000.

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Circonstance : Avant propos aux rencontres nationales de l'enfance maltraitée à Paris le 26 septembre 2000

Texte intégral

A l'occasion de la Journée nationale de l'enfance maltraitée, j'ai voulu donner, le 26 septembre prochain, une impulsion et une ampleur nouvelles aux échanges souhaités par tous les professionnels qui, de la prévention à la prise en charge, assument quotidiennement leur part d'une mobilisation nécessairement commune.
Organisées cette année dans grand amphithéâtre de La Sorbonne à Paris, autour des questions relatives à l'accueil et aux soins, ces rencontres s'ouvriront plus largement aux praticiens et aux chercheurs, aux élus et aux responsables d'institutions, aux acteurs des différents services de l'Etat et des départements, aux mouvements familiaux et aux associations directement engagées aux côtés des jeunes victimes de mauvais traitements.
Du déni au délit, une prise de conscience s'est affirmée. Notre pays dispose d'un cadre législatif et réglementaire qui a été considérablement renforcé depuis une dizaine d'années, en particulier avec les lois du 10 juillet 1989 et du 17 juillet 1998. L'érection, en 1997, de la protection de l'enfance au rang de " grande cause nationale ", le travail du Service national d'accueil téléphonique, de l'Observatoire de l'action sociale décentralisée et du Groupe permanent interministériel pour l'enfance maltraitée ainsi que la volonté d'une meilleure coopération entre l'Etat et les conseils généraux dans le cadre de l'aide sociale à l'enfance témoignent que, dans les têtes et dans les faits, bien des progrès ont été accomplis. L'action associative y a fortement contribué. La nécessité de brisé la loi du silence est de mieux en mieux comprise ainsi que l'obligation faite à chacun de porter assistance à tout enfant en danger.
Il reste cependant à faire plus et mieux pour que cela n'arrive pas, pour que cela ne continue pas, pour que cela ne se répète pas. Pour que l'effort croissant de prévention, de vigilance et de signalement permette également de mieux conjuguer l'égalité de traitement due à tous et la personnalisation des prises en charge dues à chacun. Pour que l'intervention de tous les services concernés soit mieux coordonnée car l'enfant, tout particulièrement l'enfant en risque ou en danger, ne se divise pas au gré des catégories administratives. Pour que soient également mieux préservées et consolidées, en chaque enfant blessé, les pratiques. Questions de respect pour l'enfant qui n'est pas objet mais sujet de protection.
C'est avec des raisons d'agir communes et des façons de faire plus solidaires que nous pourrons, ensemble, faire reculer ce désordre des généalogies et des générations voire des relations entre pairs dont les enfants maltraités payent l'intolérable prix. Agir plus juste et au plus près des situations vécues, dans le temps court des interventions d'urgence comme dans le temps long des accompagnements utiles pour aider un enfant à se reconstruire, tel est l'enjeu des rencontres du 26 septembre et, au-delà, le sens de la politique que je souhaite mettre en oeuvre avec tous.