Déclaration de M. Jack Lang, ministre de l'éducation nationale, sur l'attribution d'une adresse électronique gratuite à l'ensemble des enseignants et des élèves, Paris, le 28 novembre 2000.

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Circonstance : Signature d'une convention de partenariat avec la Poste - @laposte.net à Paris le 28 novembre 2000

Texte intégral

Je suis heureux de vous recevoir ici pour la signature de cette convention. Nous avons tous le sentiment de franchir une étape de plus dans la modernisation de notre système éducatif, et plus encore de celle de notre société. Je tiens à remercier, Monsieur Martin VIAL, pour avoir contribué, avec la rigueur, l'efficacité et le sens du service public que chacun lui connaît, à la réussite de cette belle initiative.
1. En quoi consiste, précisément, cette initiative d'une " adresse citoyenne " ?
La Poste s'engage à mettre à la disposition de l'ensemble des élèves et des enseignants, une adresse électronique gratuite. Cet engagement s'effectuera selon des étapes précises, convenues à l'avance, mais 2 millions d'adresses seront disponibles d'ici à la fin de l'année. À l'Éducation nationale, nous sommes totalement convaincus que bientôt, avoir une adresse électronique sera aussi évident qu'avoir une boîte aux lettres à la porte de son domicile. C'est pourquoi nous nous engageons à assurer, avec toute l'énergie dont nous sommes capables, une bonne diffusion de cette information, à sensibiliser les enseignants et les jeunes pour la réussite de cet objectif commun avec ce grand service public qu'est la Poste.
À travers ce partenariat, nos deux institutions affirment leur vocation de service public.
2. Quel sens donner à cette initiative ?
Je vois deux directions essentielles :
La première, c'est l'objectif de faire franchir un pas de géant à la société, et le faire dans le cadre du service public. Dans un monde qui se définit lui-même comme un monde de l'information et de la communication, il y a un droit pour tous à échanger, à communiquer.
l Un accès libre et gratuit. Cette adresse électronique gratuite et à vie s'étendra, j'espère le plus rapidement possible, aux millions d'élèves et de professeurs de notre pays. J'insiste sur sa gratuité. Face à la multiplication des offres venues du privé, nous nous devions de renforcer la présence du service public sur Internet. Certains objecteront peut-être que la gratuité existe déjà, chez de nombreux opérateurs. Mais elle n'est à chaque fois qu'un appât de plus pour attirer un futur consommateur vers d'autres services. C'est la première fois qu'Internet devient accessible sans contrepartie de quelque nature que ce soit. C'est essentiel, dans un domaine qui est investi par les intérêts marchands. Nous nous devions d'agir.
l Un principe important doit être rappelé dans cette démarche, l'absence de publicité. Car si ne n'y prenons pas garde, les écrans seront de plus en plus envahis par la publicité. Sans qu'il soit question de diaboliser les entreprises, le service public se devait d'affirmer sa place, son rôle sur Internet.
La deuxième direction que nous prenons, c'est d'offrir un outil et de moderniser le service public de l'éducation nationale.
l Une adresse par élève. Offrir cette adresse citoyenne, c'est encourager l'écriture. À travers Internet, les échanges épistolaires ont connu une seconde vie. Nous devons nous en féliciter. Donner l'accès à tous à une adresse référence, c'est encourager l'échange entre les élèves pour la constitution d'un exposé, ou le dialogue avec d'autres classes, en France ou à l'étranger.
l Je pense encore au fait que l'adresse citoyenne restera la même, qu'on pourra la garder toute une vie. Un élève pourra changer d'établissement ou de classe et garder son adresse, comme une référence. Pensez qu'on pourra retrouver, des années après, un camarade perdu de vue ou qui a déménagé, un professeur, avec une facilité déconcertante.
l Cette adresse citoyenne est aussi une manière plus moderne, pour le Ministère de l'éducation nationale, d'entretenir des relations plus étroites avec les professeurs, de les informer avec rapidité et efficacité. Je pense, par exemple, aux jeunes enseignants qui s'installent, à ceux qui déménagent et qui pourront ainsi être joints, suivis où qu'ils soient.
l Offrir l'accès le plus large à un nouvel outil pour les enseignants. 40% des enseignants ont aujourd'hui accès à Internet à leur domicile, et il faut se féliciter de ce mouvement général. Mais devons penser aussi à tous ceux qui auront ainsi une boîte aux lettres qu'ils pourront consulter depuis les ordinateurs qui se trouvent dans leur établissement. C'est une manière de renforcer les relations des professeurs entre eux, d'encourager le travail en équipe, de faciliter la mise en place d'équipes pédagogiques.
Cette adresse électronique est une manière de poursuivre l'effort de modernisation de notre système d'éducation, et de réaffirmer une authentique mission de service public.
(Source http://www.education.gouv.fr, le 30 novembre 2000)