Conseil des ministres du 03 Novembre 1988 La lutte contre le SIDA.

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Texte intégral

Le ministre de la solidarité, de la santé et de la protection sociale, porte-parole du gouvernement a présenté au Conseil des ministres une communication relative à la lutte contre le SIDA.
- On estime qu'en France le nombre actuel de séropositifs est compris entre 150 et 250000. Le nombre de malades déclarés atteints du SIDA double tous les onze mois : il serait ainsi de 10000 en 1989 et de 20000 en 1990. En l'état actuel des connaissances médicales, on estime que 8000 personnes mourront des suites du SIDA au cours de la seule année 1990.
- Cette situation exige donc que les modalités de la lutte contre le SIDA soient profondément réformées et que les moyens qui y sont consacrés soient accrus.
- L'action sera menée dans quatre directions :
-I - L'information et la formation.
- L'information et la formation sont actuellement les seules armes efficaces pour prévenir la maladie et ralentir sa diffusion ; 100 millions de francs y seront consacrés en 1989 pour 5 actions : la promotion de l'utilisation du préservatif ; le lancement de campagnes d'information massives ; le développement du dépistage anonyme et gratuit par l'ouverture de nouveaux centres dans les zones les plus touchées ; le doublement du nombre des formateurs d'ici 1991 ; la création d'une agence de programmes pour coordonner et évaluer l'action d'éducation pour la santé.
- II - Le refus de l'exclusion.
- Un conseil national du SIDA sera crée, autorité morale qui aura un rôle de proposition et d'avis sur les campagnes menées par les pouvoirs publics et un rôle de réflexion sur les conséquences sociales du SIDA.
- III - La prise en charge de la personne.
- Les moyens financiers et humains des hôpitaux seront accrus. Le budget des hôpitaux en 1989 comprendra une enveloppe de 430 millions de francs destinée au traitement du SIDA ; 200 nouveaux emplois, dont 30 de praticiens hospitaliers, seront créés en 1989. Ils s'ajouteront aux 3000 personnes qui se consacrent à la lutte contre la maladie.
- Les hôpitaux de jour et les appartements thérapeutiques seront développés ; les moyens des centres de post-cure pour toxicomanes seront augmentés.
- Un groupe de travail étudiera les incidences du SIDA sur l'organisation et le fonctionnement des hôpitaux.
- Un soutien psychologique sera apporté aux séropositifs et aux malades grâce à une formation des généralistes et une coopération des associations.
- IV - La recherche.
- La recherche est le seul espoir de guérison pour les porteurs du virus et d'immunité pour l'ensemble de la population. L'objectif est de promouvoir une recherche multidisciplinaire en santé publique. Les crédits seront portés de 50 millions de francs en 1987 et 1988 à 150 millions de francs en 1989.
- Un conseil scientifique regroupant les meilleurs spécialistes de la maladie sera crée afin d'encourager le développement de la recherche contre le SIDA. La France souhaite qu'une coopération européenne se développe dans ce domaine dès 1989.