Texte intégral
En votre présence, Madame la ministre, qui illustre parfaitement l'amitié entre nos deux pays et l'oeuvre que nous menons ensemble en faveur des arts, de la culture et du rayonnement de la culture européenne dans le monde, je suis heureuse, aujourd'hui, d'honorer Massimiliano FUKSAS.
Je voudrais d'abord dire, ici, votre cheminement et la force de vos convictions architecturales et urbaines qui l'ont jalonné, depuis votre diplôme en 1969. Vous avez trois cabinets à Rome, à Paris et Vienne : vous arpentez l'Europe. Vous avez enseigné l'architecture à l'université de La Sapienza de Rome mais également à Paris, New-York, Stuttgart et Hanovre. Vous êtes architecte-conseil dans les commissions d'urbanisme de Berlin, de Salzbourg et de Vienne.
Vous êtes également critique d'architecture au magazine "l'Espresso" et concepteur de nombreuses expositions ou manifestations internationales, comme l'exposition "ultime génération" à Rome ou "l'architecte en tant que sismographe" à Venise en 1996 et la Biennale d'architecture de Venise que vous avez dirigée pendant trois ans.
Ces multiples activités sont le reflet de vos talents, mais surtout elles correspondent à la conception que vous avez de votre métier : vous êtes un homme de l'international et du partage, pluridisciplinaire, sur tous les fronts de la création, constamment à la frontière de l'art, de l'architecture, de l'urbanisme, du paysage, comme pressé de faire partager vos réflexions et de les essaimer sur tous les continents.
Vos réalisations avec la Maison des Arts à Bordeaux, le centre commercial Europark traité comme un centre de vie à Salzbourg, le réaménagement du quartier du vieux port à Hambourg, l'aménagement urbain de la place des Nations à Genève ou l'ensemble de commerces, logements, équipement sportif et parkings dans le 11ème arrondissement à Paris, sans oublier les mairies, écoles, cimetières et parcs en Italie, et je ne peux tout citer, en sont la preuve.
Vos uvres, pour lesquelles vous avez reçu en 1999 le grand Prix national de l'architecture décerné par le ministère français de la culture et de la communication, habitent désormais nos paysages et marquent l'histoire de l'architecture.
Elles sont dépouillées de tout "style décoratif", privilégiant la fonctionnalité du projet, son adéquation aux besoins spécifiques du maître d'ouvrage, en dehors de tout systématisme. Vous écartez tout ce qui n'est pas essentiel d'où ces formes d'apparence brisées, sans concession et mystérieuses auxquelles nos yeux s'accoutument petit à petit. Je pense en particulier au Centre Culturel et à la Médiathèque de Rézé ou à la Maison de la Communication à Saint-Quentin en Yvelines.
Ces dernières années, vous avez recentré vos travaux sur le thème de la ville, et particulièrement sur la ville périphérique en quête d'identité et de pratiques sociales et culturelles nouvelles.
Vous proposez de transgresser les frontières disciplinaires pour intégrer les nouvelles technologies et construire des villes en réseaux. Et vous soulignez avec vigueur la contradiction croissante entre le phénomène d'extension et d'éclatement des grandes métropoles et le perfectionnement dans la maîtrise informatique de la société.
Derrière votre critique des différents acteurs publics ou privés, sociaux ou professionnels, on mesure pleinement votre souci, votre ambition d'intégrer dans les villes du nord au sud, une autre éthique qui prenne en compte les nouvelles demandes des habitants, les migrations, l'environnement, l'éphémère, la mise en réseaux des villes, toute cette nouvelle urbanité.
C'est cet engagement dans toutes les problématiques du devenir des villes que vous avez mis pendant trois ans au service de la Biennale d'architecture de Venise. Et j'associe bien évidemment dans cette démarche, votre épouse Madame Doriana MANDRELLI. Avec le thème "La Cité :moins d'esthétique, plus d'éthique", dont vous êtes porteur depuis longtemps, cette biennale 2000 a été, l'occasion de mettre sur la place publique et de relancer le débat sur l'architecture, la ville et la place des architectes dans la société.
Ces mutations urbaines appellent en effet une mutation professionnelle des concepteurs et des bâtisseurs de ville et nous sommes d'accord avec vous pour presser les architectes de prendre place dans ce débat. Je crois nécessaire de donner la place la plus large possible aux architectes, paysagistes et urbanistes.
Mais dans ce débat, je suis de celles et ceux qui croient aussi à la mission de régulation par les pouvoirs publics et tout particulièrement l'Etat, qu'il s'agisse de l'évolution de la loi, des réglementations professionnelles, de l'accès à la commande publique ou des formations des professionnels.
Enfin je crois aussi à la nécessité pour les citoyens de s'approprier leurs territoires, leurs quartiers, et leurs logements et d'être associés aux décisions qui les concernent.
La volonté de favoriser dans ce domaine toutes les formes de participation citoyenne a été l'objet d'un consensus au Forum européen sur les politiques architecturales et urbaines à Paris en juillet dernier et sera à l'ordre du jour du prochain conseil des ministres européens.
Merci, cher Massimiliano FUKSAS d'avoir réouvert ce débat en posant des questions fondamentales avec toute l'énergie et la passion qui vous caractérisent.
Pour vos uvres, pour vos projets, je suis très heureuse, cher Massimiliano FUKSAS, de vous faire Commandeur dans l'Ordre des Arts et des Lettres.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 9 novembre 2000)
Je voudrais d'abord dire, ici, votre cheminement et la force de vos convictions architecturales et urbaines qui l'ont jalonné, depuis votre diplôme en 1969. Vous avez trois cabinets à Rome, à Paris et Vienne : vous arpentez l'Europe. Vous avez enseigné l'architecture à l'université de La Sapienza de Rome mais également à Paris, New-York, Stuttgart et Hanovre. Vous êtes architecte-conseil dans les commissions d'urbanisme de Berlin, de Salzbourg et de Vienne.
Vous êtes également critique d'architecture au magazine "l'Espresso" et concepteur de nombreuses expositions ou manifestations internationales, comme l'exposition "ultime génération" à Rome ou "l'architecte en tant que sismographe" à Venise en 1996 et la Biennale d'architecture de Venise que vous avez dirigée pendant trois ans.
Ces multiples activités sont le reflet de vos talents, mais surtout elles correspondent à la conception que vous avez de votre métier : vous êtes un homme de l'international et du partage, pluridisciplinaire, sur tous les fronts de la création, constamment à la frontière de l'art, de l'architecture, de l'urbanisme, du paysage, comme pressé de faire partager vos réflexions et de les essaimer sur tous les continents.
Vos réalisations avec la Maison des Arts à Bordeaux, le centre commercial Europark traité comme un centre de vie à Salzbourg, le réaménagement du quartier du vieux port à Hambourg, l'aménagement urbain de la place des Nations à Genève ou l'ensemble de commerces, logements, équipement sportif et parkings dans le 11ème arrondissement à Paris, sans oublier les mairies, écoles, cimetières et parcs en Italie, et je ne peux tout citer, en sont la preuve.
Vos uvres, pour lesquelles vous avez reçu en 1999 le grand Prix national de l'architecture décerné par le ministère français de la culture et de la communication, habitent désormais nos paysages et marquent l'histoire de l'architecture.
Elles sont dépouillées de tout "style décoratif", privilégiant la fonctionnalité du projet, son adéquation aux besoins spécifiques du maître d'ouvrage, en dehors de tout systématisme. Vous écartez tout ce qui n'est pas essentiel d'où ces formes d'apparence brisées, sans concession et mystérieuses auxquelles nos yeux s'accoutument petit à petit. Je pense en particulier au Centre Culturel et à la Médiathèque de Rézé ou à la Maison de la Communication à Saint-Quentin en Yvelines.
Ces dernières années, vous avez recentré vos travaux sur le thème de la ville, et particulièrement sur la ville périphérique en quête d'identité et de pratiques sociales et culturelles nouvelles.
Vous proposez de transgresser les frontières disciplinaires pour intégrer les nouvelles technologies et construire des villes en réseaux. Et vous soulignez avec vigueur la contradiction croissante entre le phénomène d'extension et d'éclatement des grandes métropoles et le perfectionnement dans la maîtrise informatique de la société.
Derrière votre critique des différents acteurs publics ou privés, sociaux ou professionnels, on mesure pleinement votre souci, votre ambition d'intégrer dans les villes du nord au sud, une autre éthique qui prenne en compte les nouvelles demandes des habitants, les migrations, l'environnement, l'éphémère, la mise en réseaux des villes, toute cette nouvelle urbanité.
C'est cet engagement dans toutes les problématiques du devenir des villes que vous avez mis pendant trois ans au service de la Biennale d'architecture de Venise. Et j'associe bien évidemment dans cette démarche, votre épouse Madame Doriana MANDRELLI. Avec le thème "La Cité :moins d'esthétique, plus d'éthique", dont vous êtes porteur depuis longtemps, cette biennale 2000 a été, l'occasion de mettre sur la place publique et de relancer le débat sur l'architecture, la ville et la place des architectes dans la société.
Ces mutations urbaines appellent en effet une mutation professionnelle des concepteurs et des bâtisseurs de ville et nous sommes d'accord avec vous pour presser les architectes de prendre place dans ce débat. Je crois nécessaire de donner la place la plus large possible aux architectes, paysagistes et urbanistes.
Mais dans ce débat, je suis de celles et ceux qui croient aussi à la mission de régulation par les pouvoirs publics et tout particulièrement l'Etat, qu'il s'agisse de l'évolution de la loi, des réglementations professionnelles, de l'accès à la commande publique ou des formations des professionnels.
Enfin je crois aussi à la nécessité pour les citoyens de s'approprier leurs territoires, leurs quartiers, et leurs logements et d'être associés aux décisions qui les concernent.
La volonté de favoriser dans ce domaine toutes les formes de participation citoyenne a été l'objet d'un consensus au Forum européen sur les politiques architecturales et urbaines à Paris en juillet dernier et sera à l'ordre du jour du prochain conseil des ministres européens.
Merci, cher Massimiliano FUKSAS d'avoir réouvert ce débat en posant des questions fondamentales avec toute l'énergie et la passion qui vous caractérisent.
Pour vos uvres, pour vos projets, je suis très heureuse, cher Massimiliano FUKSAS, de vous faire Commandeur dans l'Ordre des Arts et des Lettres.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 9 novembre 2000)