Texte intégral
Monsieur le Député-Maire et cher ami,
Chers amis,
Permettez-moi, tout d'abord, Monsieur le député-maire de vous remercier pour votre invitation.
Permettez-moi également de vous féliciter pour cette initiative prélude à la journée nationale des droits de l'enfant.
A cet égard, je tiens à saluer tout particulièrement votre action, cher Bernard Birsinger, pour faire en sorte que les enfants puissent grandir dans la dignité.
Le 20 novembre 1989, date de l'adoption par l'ONU, de la convention internationale des droits de l'enfant a été effectivement une date d'espoir.
En effet, cette convention, ratifiée par la France, est un formidable outil à la disposition de toutes celles et tous ceux qui travaillent à la cause des enfants.
Les sénateurs communistes et particulièrement les sénatrices, dont je m'honore d'avoir été, sont à l'origine, il y a cinq ans, de la proposition de loi instaurant la journée nationale des droits de l'enfant.
Nous voulions, alors, inscrire dans le temps et dans les esprits ce combat. Nous voulions marquer le devoir de la France de promouvoir l'application effective des droits de l'enfant et de contribuer à la solidarité avec tous les enfants du monde.
Journée d'espoir mais qui nous rappelle aussi que les atteintes à l'intégrité et à l'innocence des enfants sont encore trop nombreuses à travers le monde.
Des millions, des centaines de millions, d'enfants n'ont pas accès à l'école, sont soumis au travail, sont parfois enrôlés comme soldats, soumis à la prostitution forcée... Les enfants sont bien souvent les premières victimes des dérives de nos sociétés.
Le système économique mondial, qui ne sait pas partager, constitue bien la première cause de la situation dramatique de millions d'enfants de part le monde : famines, guerres, épidémies, analphabétisme, les enfants sont bien souvent les premiers touchés.
Et quoi de plus intolérable qu'un enfant privé d'enfance ?
Par comparaison, la situation en France peut paraître sans faille. Pourtant, on compte, en France, des violations qui ne peuvent être ignorées : mauvais traitements, violences physiques, abus sexuels, violences psychologiques, négligences graves, infractions à la réglementation du travail des mineurs...
Chaque année, dans notre pays, des milliers d'enfants sont maltraités et des dizaines de milliers vivent dans des circonstances qui mettent en danger leur santé ou leur sécurité.
L'enfant est le bien le plus précieux d'une société, qui a des devoirs envers lui et ses parents. C'est pourquoi la mobilisation de tous, associations, élus locaux, institutions, gouvernement est nécessaire.
L'annonce faite par le gouvernement d'un plan d'actions de lutte contre l'enfance maltraitée est aussi le résultat de la mobilisation d'associations comme les vôtres.
Ce plan va dans le bon sens, il est à l'image de la volonté du gouvernement de considérer l'enfant comme un véritable citoyen : il prévoit de renforcer la chaîne des préventions, d'améliorer les prises en charge et de garantir le droit des familles. Il s'attaque également à la maltraitance institutionnelle, notamment par le contrôle des embauches. Enfin, il prévoit toute une série d'actions, de formation notamment, pour le soutien des professionnels de la protection de l'enfance.
Enfin, le renforcement du dispositif contre les violences sexuelles sur les mineurs, annoncé lundi par le gouvernement, est un nouveau pas pour la levée du tabou qui touche ce type d'agression.
Pour ma part, c'est aussi avec ce sentiment de révolte, et l'envie de participer à ce combat pour les droits de l'enfant, que j'exerce depuis plus de trois ans les responsabilités qui sont les miennes.
Je voudrais, en effet, si vous le permettez, m'arrêter quelques instants sur deux priorités fondamentales de ma politique : le droit aux vacances et la promotion internationale d'un tourisme durable et éthique.
J'ai affirmé avec force que le droit aux vacances est un droit fondamental, c'est pourquoi j'ai fait en sorte qu'il figure en bonne place dans la loi de lutte contre l'exclusion.
Cela répond aux attentes de nos concitoyens.
J'ai eu à cur de faire en sorte que le tourisme, qui est un secteur économique très important pour notre pays puisse se développer dans les meilleures conditions car il représente un potentiel important de richesses et surtout de création d'emplois.
Pourtant cette action n'aurait de sens si un trop grand nombre de nos concitoyens n'en profitaient pas. C'est pourquoi, j'ai souhaité restaurer une véritable politique sociale du Tourisme.
Depuis 1936 et la conquête des congés payés, notre pays a vu se développer sur la base du bénévolat, de la générosité et de la solidarité, un secteur du tourisme social associatif dont l'importance constitue une originalité bien française. Ajouté à l'action irremplaçable des comités d'entreprises, cela a contribué à la démocratisation des vacances dans notre pays.
Aujourd'hui, ce mouvement existe toujours. Il faut s'en féliciter. D'autant qu'il avait été délaissé par les politiques précédentes qui ne s'étaient attachées qu'au secteur marchand.
Mon action, depuis trois ans, a été de relancer et de soutenir ce secteur pour lui permettre de continuer à jouer son rôle social.
J'ai, ainsi, engagé de nombreuses actions destinées à favoriser le départ en vacances de ceux qui en sont le plus exclus. Je pense notamment aux jeunes ou encore aux personnes handicapées.
Je n'en citerai qu'une, qui concrétise ce droit aux vacances pour tous et permet aux familles les plus en difficulté de partir en vacances : je veux parler de la Bourse Solidarité Vacances.
Son principe est simple. Il s'agit de faire travailler ensemble, dans un but de solidarité, des professionnels et des associations du tourisme, des entreprises publiques et des comités d'entreprises avec les associations caritatives, humanitaires ou de chômeurs qui luttent généreusement, au quotidien, pour aider les personnes les plus en difficulté.
Ce que beaucoup considéraient au départ comme une belle idée devient, au fil des ans, une réalité qui rencontre un grand succès.
Pour les associations, la Bourse solidarité vacances est un soutien important aux actions qu'elles avaient déjà entreprises, parfois depuis longtemps, pour aider des familles à partir en vacances, en leur proposant des séjours de qualité, diversifiés et à des prix très abordables.
Au cur de ce dispositif, il y a les enfants.
L'été dernier, ce sont 10.000 personnes, familles et enfants, qui sont parties en vacances.
Au-delà des chiffres, je veux souligner à quel point les vacances sont surtout des moments de bonheur retrouvés, des moments où parents et enfants se redécouvrent.
Je pense, par exemple, au témoignage de ce jeune papa, qui avait pourtant hésité à partir en pensant que d'autres en avaient plus besoin que lui et qui raconte, je le cite : "C'est la première fois qu'on part si loin. On fait pas partie de la société quand on part pas. Le petit, il voyait tous ses copains parler de vacances à la mer. Cette fois, il pourra raconter comment c'était".
Je pense encore, à celui de Nathalie, jeune mère au foyer de Paris, qui raconte aussi je la cite : "C'est totalement magique. Je n'avais jamais vu de montagnes en vrai. Là, j'ai découvert une nouvelle région, de nouveaux visages mais ma plus grande joie, c'est d'être une semaine seule, sans préoccupation, avec mes enfants".
Je pense enfin à cette maman qui m'avait dit que sa plus grande joie avait été de voir ses enfants se baigner pour la première fois.
Je souhaite que, partout en France, beaucoup de familles puissent vivre ces moments si précieux pour chacun.
Et si ces moments sont si précieux, c'est bien parce qu'ils ne sont pas qu'une simple parenthèse heureuse dans une existence parfois difficile mais qu'ils permettent, bien souvent, aux familles de se retrouver, de conforter et renouveler les relations entre parents et enfants, de retrouver parfois l'énergie de se lutter contre leurs difficultés, d'ouvrir de nouvelles portes.
En tant que Ministre du Tourisme, ma volonté est que l'ensemble de notre action pour le droit aux vacances pour tous, ouvre encore et toujours plus de ces portes.
Je suis convaincue que c'est par cet engagement du gouvernement, des élus, des institutions, des associations, des entreprises du tourisme... que nous parviendrons à faire reculer l'exclusion à faire vivre le droit aux vacances et aux loisirs pour tous. Et donc pour les enfants.
Au moment où l'on parle tant de la réduction du temps de travail et de l'accès du plus grand nombre aux loisirs, c'est un des enjeux pour construire une société plus juste et plus humaine.
Le deuxième axe fort de ma politique que je voulais aborder avec vous, est mon engagement pour un tourisme durable et éthique.
Au plan international, la France s'est beaucoup investie pour l'élaboration et l'adoption du code mondial d'éthique du tourisme.
Ce dernier, adopté lors de l'Assemblée générale de l'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) en septembre 1999, marque la volonté de promouvoir, partout dans le monde, un tourisme responsable et durable, au bénéfice de tous : les États, les opérateurs touristiques, les touristes, mais aussi et surtout les populations locales.
En septembre dernier, formalisant ainsi cette volonté politique, j'ai signé avec les principaux opérateurs et fédérations professionnelles les premières chartes d'éthique du tourisme.
Un label "tourisme et éthique" a été adopté et nous travaillons actuellement avec la profession aux conditions de son application.
Il s'agit de relever le défi d'un tourisme porteur de développement, c'est-à-dire dont les richesses créées profitent également aux habitants du pays hôte et par l'indispensable respect des hommes, des femmes et des enfants qui y habitent.
Vous le savez, certaines pratiques touristiques sont la négation même du tourisme et des valeurs universelles de paix et de rencontre que celui-ci véhicule.
Je pense au tourisme sexuel qui n'est rien d'autre qu'un crime.
L'assemblée générale de l'ONU a, d'ailleurs, adopté, le 25 mai dernier, un protocole additionnel à la convention des droits de l'enfant qui souligne le caractère criminel de plusieurs violations des droits de l'enfant dont la prostitution et la pornographie impliquant des enfants.
Les évolutions de notre législation et leur application - un procès récent l'a montré - permettent aujourd'hui de combattre ces pratiques ignobles.
Mon ministère, aux côtés des associations de défense des droits de l'enfant et aussi, je veux le souligner, des professionnels du tourisme, s'est largement investi dans la lutte contre le tourisme sexuel : campagne de sensibilisation des professionnels, des touristes eux-mêmes - comme par exemple les spots diffusés dans les avions de plusieurs compagnies aériennes - ou encore la charte des agents de voyage.
Aujourd'hui, nul ne peut ignorer le caractère criminel de ces pratiques.
Enfin, je peux vous annoncer, qu'à l'initiative conjointe de mon ministère et celui de la Famille et de l'Enfance, un partenariat est actuellement engagé avec les associations pour l'aide aux victimes et leur accompagnement tout au long des procédures judiciaires.
Vous le voyez, en élaborant et en conduisant une politique du tourisme cohérente qui s'appuie sur des principes forts tels que le droit aux vacances et la promotion d'un tourisme durable et éthique, je me fais - à mon niveau - le relais de nos convictions et de nos combats.
Ce combat, que vous menez, vous les associations, pour l'amélioration des conditions dans lesquelles naissent, grandissent, s'instruisent et peuvent s'épanouir nos enfants, c'est le combat pour un monde meilleur.
Je vous remercie de votre attention
(source http://www.tourisme.gouv.fr, le 22 novembre 2000)