Texte intégral
Messieurs les Directeurs,
Mesdames et Messieurs,
Je tiens tout d'abord à remercier l'ensemble des personnes qui ont participé à ces deuxièmes Assises de l'environnement sonore, organisées par le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement. En effet, les échanges d'expérience, ainsi qu'une information régulière et de qualité, sont des préalables indispensables pour mener à bien la lutte contre les nuisances sonores.
Le bruit, ou plus précisément l'excès de bruit, constitue la principale nuisance ressentie par les Français, tout particulièrement en ville, où résident aujourd'hui près de 80 % d'entre eux. Le rapport du Conseil économique et social consacré à ce sujet, et rendu public au printemps dernier, soulignait fort justement cette donnée : le bruit n'est pas qu'une atteinte à la qualité de la vie, c'est aussi un enjeu de santé publique. Hier, lors de ces Assises, un atelier de réflexion a été consacré à ce sujet.
La ministre chargée de l'Environnement est aussi la ministre de " l'environnement au quotidien ", et les nuisances sonores font l'objet de nombreuses récriminations de la part des citoyens, qui en dénoncent régulièrement le caractère excessif, surtout la nuit, et inégalitaire.
Comme vous le savez, et des études réalisées dans un passé récent l'ont confirmé, les ménages à revenus modestes sont, proportionnellement, quatre fois plus exposées au bruit que les ménages aisés. Nuisances sonores subies lors de trajets longs et peu confortables, sur le lieu de travail, puis dans un logement mal insonorisé constituent, en quelque sorte, une "chaîne du bruit", dont chacun des maillons n'est pas toujours dangereux en soi, mais qui, additionnés, représentent une véritable pollution sonore.
La politique de lutte contre le bruit est nécessairement interministérielle. Je me félicite, à cet égard, que mon collègue Claude Bartolone, ministre délégué à la Ville, se soit associé hier à vos travaux. Il vous a présenté les actions qu'il entend mener dans le cadre des orientations que j'ai présentées le 4 mars dernier en Conseil des ministres, dans une communication sur la politique de lutte contre le bruit.
Les populations et les quartiers défavorisés sont trop souvent exposés à des nuisances sonores excessives, et je souscris donc pleinement à la volonté de Claude Bartolone d'intégrer la problématique du bruit dans les contrats de ville ou d'agglomération.
Lors de ma communication en conseil des ministres, j'ai défini les axes majeurs de la politique que je comptais poursuivre et développer dans ce domaine.
Je souhaite saisir l'occasion qui m'est donnée aujourd'hui de m'exprimer devant vous, afin de faire le point sur les mesures déjà prises et sur les chantiers auxquels nous travaillons actuellement :
- la lutte contre le bruit des infrastructures terrestres ;
- la protection des riverains des aérodromes ;
- la prévention des nuisances au quotidien.
La prévention du bruit des infrastructures de transports terrestres est une priorité de notre politique.
L'application, désormais effective, de la loi du 31 décembre 1992 relative à la lutte contre le bruit, en constitue l'outil juridique essentiel. En fondant un droit à la protection au bénéfice des riverains de " voies bruyantes nouvelles ou transformées " (en clair, des aménagements routiers), mis à la charge financière du maître d'ouvrage, la France fait partie des pays en pointe dans ce domaine.
Il reste toutefois à traiter le passé, ou plutôt le " passif " du bruit des transports terrestres, et la question est bien plus complexe. C'est pourquoi j'ai confié à monsieur Claude Lamure la rédaction d'un rapport sur l'inventaire précis des " points noirs " du bruit, accompagné de propositions financières pour leur résorption.
Claude Lamure m'a rendu son travail récemment, et il vous en a présenté les orientations ce matin.
Sur la base de ce rapport, je présenterai prochainement au Parlement, conformément à la loi sur le bruit, des orientations visant à financer une politique ambitieuse de rattrapage. L'Etat proposera à ses partenaires une vaste opération de résorption des points noirs du bruit, avec pour objectif de mener à bien ce rattrapage, dans la durée des deux prochains contrats de plan Etat-Régions.
Cette stratégie doit associer la prévention, par une meilleure conception des infrastructures, la réparation des dégâts et la répression des infractions.
À cet effet, nous devons disposer d'un outil performant de surveillance et d'évaluation des nuisances sonores. Mes services, en liaison avec ceux du ministère chargé des Transports, travaillent à la création d'un observatoire national.
Nous devrons également dégager des moyens financiers nous permettant de mettre en uvre cette politique.
Dans ce but, mes services vont engager très prochainement le travail interministériel de recherche du financement de cette politique. Claude Lamure vous l'a dit ce matin, il propose dans son rapport la mise à contribution des responsables du bruit, selon le principe " pollueur-payeur ".
C'est une piste particulièrement intéressante, qui s'intègre bien dans le développement de la fiscalité écologique, engagé par le gouvernement à l'occasion de la loi de Finances pour 1999., dans le cadre
Un autre domaine prioritaire est la situation des riverains des aérodromes.
Lorsque, en septembre 1997, mon collègue Jean-Claude Gayssot a annoncé la construction des deux nouvelles pistes de l'aéroport de Roissy, il a également présenté un dispositif de maîtrise des nuisances sonores générées par l'aéroport. Ce dispositif, issu d'une large concertation avec les populations riveraines, a été soumis au Conseil national du bruit, qui m'a rendu au début de l'année son avis. Il en a été tenu compte pour compléter et, sur certains points, renforcer le dispositif initialement envisagé.
Ainsi, la décision a été prise de réaliser une nouvelle enquête de gêne sonore dans les communes exposées au bruit, afin de mieux évaluer la gêne subie par les riverains ; les modalités de réalisation de cette enquête vous ont été présentées ce matin.
Le gouvernement a également décidé d'engager une réforme en profondeur du dispositif d'aide à l'insonorisation des riverains des aérodromes, institué par la loi sur le bruit. Un décret, publié à la fin du mois de novembre, est venu assouplir la règle d'antériorité applicable pour déterminer l'éligibilité à l'aide. Désormais, seule la date de construction de l'habitation sera considérée, par rapport aux dates d'approbation du plan de gêne sonore et du premier plan d'exposition au bruit concernant l'habitation, sans tenir compte de la date d'acquisition du logement. J'ai plaisir à avoir ainsi satisfait une légitime revendication des riverains.
Par ce même décret, l'aide de l'Etat pour l'insonorisation des logements est portée de 80 % à 90 % pour les ménages à faibles revenus, et même à 100 % pour les ménages les plus défavorisés, pour les établissements d'enseignement et pour les locaux à caractère sanitaire ou social. Enfin, les commissions consultatives d'aide aux riverains sont désormais chargées d'apprécier la recevabilité des demandes d'aides relatives à des locaux situés en limite des plans de gêne sonore.
Un projet de loi portant création d'une autorité indépendante de contrôle technique des nuisances sonores aéroportuaires vient d'être déposé au Parlement. Cette autorité aura compétence sur toute question relative à la mesure et au contrôle des nuisances sonores aéroportuaires, ainsi qu'à la limitation de leur impact sur l'environnement.
Ce projet de loi prévoit également de renforcer le rôle des Commissions consultatives de l'environnement, qui doivent constituer un lieu privilégié d'échange et de concertation entre tous les acteurs concernés par l'activité aéronautique.
Je me réjouis du souhait de mon collègue Jean-Claude Gayssot, avec lequel j'ai élaboré ce texte, de le défendre lui même au Parlement. La lutte contre le bruit progressera plus vite si plusieurs ministres s'y investissent, aux côtés du ministre chargé de l'Environnement.
Les dispositions mises en place autour de l'aéroport de Roissy seront progressivement étendues à l'ensemble des grands aéroports nationaux, avec pour objectif une meilleure intégration de ces infrastructures dans leur environnement.
Par ailleurs, mon ministère et celui chargé de la Défense ont été invités à proposer diverses mesures visant à réduire les nuisances sonores au voisinage des aérodromes militaires, y compris les modalités d'insonorisation des logements et équipements publics. Un groupe de travail interministériel a été mis en place pour mener à bien cette étude. Nous en attendons les résultats pour le début de l'année 1999.
Notre troisième priorité concerne le bruit " au quotidien "
Parce que le bruit subi au domicile est considéré comme une véritable intrusion dans la vie personnelle de chacun, l'action des pouvoirs publics doit s'attacher à la prévention, et à la répression des excès manifestes. En application de la loi relative à la lutte contre le bruit, la simplification intervenue récemment, qui permet la constatation d'une infraction sans mesure sonométrique, répond mieux à l'attente des administrés confrontés à un "conflit de bruit".
Mais la réglementation seule ne suffit pas. Comme vos débats d'hier l'ont souligné, il convient de développer formation et information, et de mobiliser les communes sur ces problèmes : ces dernières constituent en effet un maillon essentiel de la lutte contre le bruit "au quotidien".
À long terme, la prévention des nuisances sonores passe par une meilleure qualité acoustique du logement, et je suis particulièrement intéressée par les progrès techniques attendus dans ce domaine, évoqués lors de ces Assises, mardi matin. Pour faciliter la mise en uvre de la réforme de la qualité acoustique du logement, entrée en vigueur en 1996, les efforts de formation et d'information des professionnels du bâtiment seront poursuivis.
Concernant les bâtiments publics, des réglementations spécifiques, relatives notamment aux établissements de santé, vont prochainement entrer en vigueur.
Le développement de certaines activités de loisirs à des périodes sensibles (nuit, fin de semaine, vacances) entraîne souvent des nuisances mal ressenties par la population. La diffusion de musique amplifiée à haut niveau sonore, les sports mécaniques, l'aviation légère et la voltige aérienne, les stands de tir ou les ball-traps figurent au premier rang de ces activités.
C'est pourquoi il est nécessaire d'édicter des réglementations préventives dans ces différents domaines.
À cet égard, le Journal officiel a publié hier deux textes, un décret et un arrêté, formant un dispositif opérationnel de limitation des nuisances sonores générées par les discothèques et les salles de concerts. Ces textes, pris en application de l'article 6 de la loi relative à la lutte contre le bruit, visent :
- d'une part, à protéger l'audition du public et des artistes, en limitant le niveau sonore, à l'intérieur des établissements, à 105 décibels A en niveau moyen ;
- d'autre part, à garantir la tranquillité des riverains de ces établissements, en imposant des mesures préventives.
En particulier, les exploitants de ces établissements devront établir une étude de l'impact sonore de leur activité, et justifier des dispositions prises pour ne pas dépasser les valeurs limites fixées par le décret.
Enfin, le non-respect de ces dispositions pourra faire l'objet de poursuites pénales. Les exploitants pourront être mis en demeure de réaliser les aménagements nécessaires à une mise en conformité.
Cette réglementation, attendue par nos concitoyens, s'applique immédiatement aux installations nouvelles, et dans un délai d'un an aux installations existantes.
Par ailleurs, il est également nécessaire de favoriser un meilleur traitement des plaintes, et surtout d'être davantage à l'écoute des personnes subissant des nuisances sonores. Comme vous le savez, des pôles de compétence " bruit " ont été mis en place, ou sont sur le point de l'être, dans plus de 50 départements, au titre de la charte de déconcentration de l'Etat, afin de coordonner l'action des différents services impliqués dans la lutte contre le bruit. L'ensemble des départements devra être couvert en 1999.
Concernant le bruit des deux-roues, un cadre général de travail a été élaboré, qui doit déboucher sur des progrès concrets. Mes services travaillent depuis plusieurs mois, en liaison étroite avec les intervenants du secteur, sur un programme ambitieux. Deux orientations principales ont été retenues :
- d'une part, intensifier les contrôles sonométriques et réprimer la vente de pots d'échappement non homologués ;
- d'autre part, sensibiliser tous les acteurs concernés à l'adoption de comportements plus citoyens et plus respectueux de l'environnement de la part des motards, notamment des plus jeunes d'entre eux.
Je souhaite enfin vous indiquer que j'attache une grande attention au problème des effets du bruit sur la santé, sujet qui me tient particulièrement à cur. Nous avons décidé, mon collègue Bernard Kouchner et moi-même, de lancer une étude épidémiologique dans ce domaine.
Comme l'attestent la variété et la richesse des sujets qui ont été abordés lors de ces deuxièmes Assises de l'environnement sonore, il nous reste du chemin à parcourir pour répondre aux attentes légitimes de nos concitoyens dans le domaine du bruit.
Beaucoup d'entre vous, sans mésestimer les avancées récentes que je viens de rappeler, trouvent ces progrès trop lents. Moi aussi. En termes de délais, les objectifs que je m'étais fixés n'ont pas été tenus. Des obstacles ou de nouvelles difficultés apparues dans le travail interministériel, d'une part, la modicité des ressources humaines et financières de mon administration, d'autre part, en sont la cause. Pas mon absence d'intérêt. Avec obstination, j'ai surmonté ces difficultés et levé ces obstacles. Et je continuerai. Pas plus en matière de bruit que sur d'autres sujets, je ne serai la ministre des coups médiatiques. J'inscris avec détermination mon action dans la durée.
Nous avons déjà obtenu un certain nombre d'avancées, et vous pouvez compter sur moi pour poursuivre mon travail et encourager les initiatives en la matière, conformément aux orientations que je vous ai présentées aujourd'hui.
Je vous remercie.
(source http://www.environnement.gouv.fr, le 19 septembre 2001)
Mesdames et Messieurs,
Je tiens tout d'abord à remercier l'ensemble des personnes qui ont participé à ces deuxièmes Assises de l'environnement sonore, organisées par le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement. En effet, les échanges d'expérience, ainsi qu'une information régulière et de qualité, sont des préalables indispensables pour mener à bien la lutte contre les nuisances sonores.
Le bruit, ou plus précisément l'excès de bruit, constitue la principale nuisance ressentie par les Français, tout particulièrement en ville, où résident aujourd'hui près de 80 % d'entre eux. Le rapport du Conseil économique et social consacré à ce sujet, et rendu public au printemps dernier, soulignait fort justement cette donnée : le bruit n'est pas qu'une atteinte à la qualité de la vie, c'est aussi un enjeu de santé publique. Hier, lors de ces Assises, un atelier de réflexion a été consacré à ce sujet.
La ministre chargée de l'Environnement est aussi la ministre de " l'environnement au quotidien ", et les nuisances sonores font l'objet de nombreuses récriminations de la part des citoyens, qui en dénoncent régulièrement le caractère excessif, surtout la nuit, et inégalitaire.
Comme vous le savez, et des études réalisées dans un passé récent l'ont confirmé, les ménages à revenus modestes sont, proportionnellement, quatre fois plus exposées au bruit que les ménages aisés. Nuisances sonores subies lors de trajets longs et peu confortables, sur le lieu de travail, puis dans un logement mal insonorisé constituent, en quelque sorte, une "chaîne du bruit", dont chacun des maillons n'est pas toujours dangereux en soi, mais qui, additionnés, représentent une véritable pollution sonore.
La politique de lutte contre le bruit est nécessairement interministérielle. Je me félicite, à cet égard, que mon collègue Claude Bartolone, ministre délégué à la Ville, se soit associé hier à vos travaux. Il vous a présenté les actions qu'il entend mener dans le cadre des orientations que j'ai présentées le 4 mars dernier en Conseil des ministres, dans une communication sur la politique de lutte contre le bruit.
Les populations et les quartiers défavorisés sont trop souvent exposés à des nuisances sonores excessives, et je souscris donc pleinement à la volonté de Claude Bartolone d'intégrer la problématique du bruit dans les contrats de ville ou d'agglomération.
Lors de ma communication en conseil des ministres, j'ai défini les axes majeurs de la politique que je comptais poursuivre et développer dans ce domaine.
Je souhaite saisir l'occasion qui m'est donnée aujourd'hui de m'exprimer devant vous, afin de faire le point sur les mesures déjà prises et sur les chantiers auxquels nous travaillons actuellement :
- la lutte contre le bruit des infrastructures terrestres ;
- la protection des riverains des aérodromes ;
- la prévention des nuisances au quotidien.
La prévention du bruit des infrastructures de transports terrestres est une priorité de notre politique.
L'application, désormais effective, de la loi du 31 décembre 1992 relative à la lutte contre le bruit, en constitue l'outil juridique essentiel. En fondant un droit à la protection au bénéfice des riverains de " voies bruyantes nouvelles ou transformées " (en clair, des aménagements routiers), mis à la charge financière du maître d'ouvrage, la France fait partie des pays en pointe dans ce domaine.
Il reste toutefois à traiter le passé, ou plutôt le " passif " du bruit des transports terrestres, et la question est bien plus complexe. C'est pourquoi j'ai confié à monsieur Claude Lamure la rédaction d'un rapport sur l'inventaire précis des " points noirs " du bruit, accompagné de propositions financières pour leur résorption.
Claude Lamure m'a rendu son travail récemment, et il vous en a présenté les orientations ce matin.
Sur la base de ce rapport, je présenterai prochainement au Parlement, conformément à la loi sur le bruit, des orientations visant à financer une politique ambitieuse de rattrapage. L'Etat proposera à ses partenaires une vaste opération de résorption des points noirs du bruit, avec pour objectif de mener à bien ce rattrapage, dans la durée des deux prochains contrats de plan Etat-Régions.
Cette stratégie doit associer la prévention, par une meilleure conception des infrastructures, la réparation des dégâts et la répression des infractions.
À cet effet, nous devons disposer d'un outil performant de surveillance et d'évaluation des nuisances sonores. Mes services, en liaison avec ceux du ministère chargé des Transports, travaillent à la création d'un observatoire national.
Nous devrons également dégager des moyens financiers nous permettant de mettre en uvre cette politique.
Dans ce but, mes services vont engager très prochainement le travail interministériel de recherche du financement de cette politique. Claude Lamure vous l'a dit ce matin, il propose dans son rapport la mise à contribution des responsables du bruit, selon le principe " pollueur-payeur ".
C'est une piste particulièrement intéressante, qui s'intègre bien dans le développement de la fiscalité écologique, engagé par le gouvernement à l'occasion de la loi de Finances pour 1999., dans le cadre
Un autre domaine prioritaire est la situation des riverains des aérodromes.
Lorsque, en septembre 1997, mon collègue Jean-Claude Gayssot a annoncé la construction des deux nouvelles pistes de l'aéroport de Roissy, il a également présenté un dispositif de maîtrise des nuisances sonores générées par l'aéroport. Ce dispositif, issu d'une large concertation avec les populations riveraines, a été soumis au Conseil national du bruit, qui m'a rendu au début de l'année son avis. Il en a été tenu compte pour compléter et, sur certains points, renforcer le dispositif initialement envisagé.
Ainsi, la décision a été prise de réaliser une nouvelle enquête de gêne sonore dans les communes exposées au bruit, afin de mieux évaluer la gêne subie par les riverains ; les modalités de réalisation de cette enquête vous ont été présentées ce matin.
Le gouvernement a également décidé d'engager une réforme en profondeur du dispositif d'aide à l'insonorisation des riverains des aérodromes, institué par la loi sur le bruit. Un décret, publié à la fin du mois de novembre, est venu assouplir la règle d'antériorité applicable pour déterminer l'éligibilité à l'aide. Désormais, seule la date de construction de l'habitation sera considérée, par rapport aux dates d'approbation du plan de gêne sonore et du premier plan d'exposition au bruit concernant l'habitation, sans tenir compte de la date d'acquisition du logement. J'ai plaisir à avoir ainsi satisfait une légitime revendication des riverains.
Par ce même décret, l'aide de l'Etat pour l'insonorisation des logements est portée de 80 % à 90 % pour les ménages à faibles revenus, et même à 100 % pour les ménages les plus défavorisés, pour les établissements d'enseignement et pour les locaux à caractère sanitaire ou social. Enfin, les commissions consultatives d'aide aux riverains sont désormais chargées d'apprécier la recevabilité des demandes d'aides relatives à des locaux situés en limite des plans de gêne sonore.
Un projet de loi portant création d'une autorité indépendante de contrôle technique des nuisances sonores aéroportuaires vient d'être déposé au Parlement. Cette autorité aura compétence sur toute question relative à la mesure et au contrôle des nuisances sonores aéroportuaires, ainsi qu'à la limitation de leur impact sur l'environnement.
Ce projet de loi prévoit également de renforcer le rôle des Commissions consultatives de l'environnement, qui doivent constituer un lieu privilégié d'échange et de concertation entre tous les acteurs concernés par l'activité aéronautique.
Je me réjouis du souhait de mon collègue Jean-Claude Gayssot, avec lequel j'ai élaboré ce texte, de le défendre lui même au Parlement. La lutte contre le bruit progressera plus vite si plusieurs ministres s'y investissent, aux côtés du ministre chargé de l'Environnement.
Les dispositions mises en place autour de l'aéroport de Roissy seront progressivement étendues à l'ensemble des grands aéroports nationaux, avec pour objectif une meilleure intégration de ces infrastructures dans leur environnement.
Par ailleurs, mon ministère et celui chargé de la Défense ont été invités à proposer diverses mesures visant à réduire les nuisances sonores au voisinage des aérodromes militaires, y compris les modalités d'insonorisation des logements et équipements publics. Un groupe de travail interministériel a été mis en place pour mener à bien cette étude. Nous en attendons les résultats pour le début de l'année 1999.
Notre troisième priorité concerne le bruit " au quotidien "
Parce que le bruit subi au domicile est considéré comme une véritable intrusion dans la vie personnelle de chacun, l'action des pouvoirs publics doit s'attacher à la prévention, et à la répression des excès manifestes. En application de la loi relative à la lutte contre le bruit, la simplification intervenue récemment, qui permet la constatation d'une infraction sans mesure sonométrique, répond mieux à l'attente des administrés confrontés à un "conflit de bruit".
Mais la réglementation seule ne suffit pas. Comme vos débats d'hier l'ont souligné, il convient de développer formation et information, et de mobiliser les communes sur ces problèmes : ces dernières constituent en effet un maillon essentiel de la lutte contre le bruit "au quotidien".
À long terme, la prévention des nuisances sonores passe par une meilleure qualité acoustique du logement, et je suis particulièrement intéressée par les progrès techniques attendus dans ce domaine, évoqués lors de ces Assises, mardi matin. Pour faciliter la mise en uvre de la réforme de la qualité acoustique du logement, entrée en vigueur en 1996, les efforts de formation et d'information des professionnels du bâtiment seront poursuivis.
Concernant les bâtiments publics, des réglementations spécifiques, relatives notamment aux établissements de santé, vont prochainement entrer en vigueur.
Le développement de certaines activités de loisirs à des périodes sensibles (nuit, fin de semaine, vacances) entraîne souvent des nuisances mal ressenties par la population. La diffusion de musique amplifiée à haut niveau sonore, les sports mécaniques, l'aviation légère et la voltige aérienne, les stands de tir ou les ball-traps figurent au premier rang de ces activités.
C'est pourquoi il est nécessaire d'édicter des réglementations préventives dans ces différents domaines.
À cet égard, le Journal officiel a publié hier deux textes, un décret et un arrêté, formant un dispositif opérationnel de limitation des nuisances sonores générées par les discothèques et les salles de concerts. Ces textes, pris en application de l'article 6 de la loi relative à la lutte contre le bruit, visent :
- d'une part, à protéger l'audition du public et des artistes, en limitant le niveau sonore, à l'intérieur des établissements, à 105 décibels A en niveau moyen ;
- d'autre part, à garantir la tranquillité des riverains de ces établissements, en imposant des mesures préventives.
En particulier, les exploitants de ces établissements devront établir une étude de l'impact sonore de leur activité, et justifier des dispositions prises pour ne pas dépasser les valeurs limites fixées par le décret.
Enfin, le non-respect de ces dispositions pourra faire l'objet de poursuites pénales. Les exploitants pourront être mis en demeure de réaliser les aménagements nécessaires à une mise en conformité.
Cette réglementation, attendue par nos concitoyens, s'applique immédiatement aux installations nouvelles, et dans un délai d'un an aux installations existantes.
Par ailleurs, il est également nécessaire de favoriser un meilleur traitement des plaintes, et surtout d'être davantage à l'écoute des personnes subissant des nuisances sonores. Comme vous le savez, des pôles de compétence " bruit " ont été mis en place, ou sont sur le point de l'être, dans plus de 50 départements, au titre de la charte de déconcentration de l'Etat, afin de coordonner l'action des différents services impliqués dans la lutte contre le bruit. L'ensemble des départements devra être couvert en 1999.
Concernant le bruit des deux-roues, un cadre général de travail a été élaboré, qui doit déboucher sur des progrès concrets. Mes services travaillent depuis plusieurs mois, en liaison étroite avec les intervenants du secteur, sur un programme ambitieux. Deux orientations principales ont été retenues :
- d'une part, intensifier les contrôles sonométriques et réprimer la vente de pots d'échappement non homologués ;
- d'autre part, sensibiliser tous les acteurs concernés à l'adoption de comportements plus citoyens et plus respectueux de l'environnement de la part des motards, notamment des plus jeunes d'entre eux.
Je souhaite enfin vous indiquer que j'attache une grande attention au problème des effets du bruit sur la santé, sujet qui me tient particulièrement à cur. Nous avons décidé, mon collègue Bernard Kouchner et moi-même, de lancer une étude épidémiologique dans ce domaine.
Comme l'attestent la variété et la richesse des sujets qui ont été abordés lors de ces deuxièmes Assises de l'environnement sonore, il nous reste du chemin à parcourir pour répondre aux attentes légitimes de nos concitoyens dans le domaine du bruit.
Beaucoup d'entre vous, sans mésestimer les avancées récentes que je viens de rappeler, trouvent ces progrès trop lents. Moi aussi. En termes de délais, les objectifs que je m'étais fixés n'ont pas été tenus. Des obstacles ou de nouvelles difficultés apparues dans le travail interministériel, d'une part, la modicité des ressources humaines et financières de mon administration, d'autre part, en sont la cause. Pas mon absence d'intérêt. Avec obstination, j'ai surmonté ces difficultés et levé ces obstacles. Et je continuerai. Pas plus en matière de bruit que sur d'autres sujets, je ne serai la ministre des coups médiatiques. J'inscris avec détermination mon action dans la durée.
Nous avons déjà obtenu un certain nombre d'avancées, et vous pouvez compter sur moi pour poursuivre mon travail et encourager les initiatives en la matière, conformément aux orientations que je vous ai présentées aujourd'hui.
Je vous remercie.
(source http://www.environnement.gouv.fr, le 19 septembre 2001)