Texte intégral
Madame le maire Brigitte Fouré,
Monsieur le ministre, cher Gilles,
Monsieur le président du Conseil régional,
Monsieur le président du Conseil général,
Mesdames et Messieurs les parlementaires et les élus,
Chers amis,
Je me réjouis d'être parmi vous, ici, à Amiens, au terme d'une visite qui fut à la fois émouvante et passionnante. Je suis déjà venu dans la Somme et je sais que votre département a été particulièrement touché par beaucoup d'épreuves - les délocalisations, le chômage -, mais je sais aussi, et Gilles de Robien vient de le rappeler, que vous êtes rassemblés, décidés à relever les défis, et ce, bien au-delà de vos différences, de vos sensibilités, pour trouver ensemble des solutions aux difficultés que vous rencontrez.
Et ce matin, visitant à la fois, le Collège Jean Moulin, à Moreuil, visitant une école élémentaire à Boves, il y avait, comme tout à l'heure à la Maison de l'emploi, des points communs : le dynamisme, l'enthousiasme, la conviction qu'ensemble, on pouvait relever mieux et plus rapidement des défis, mais il y avait aussi, des leçons communes. La première, c'est qu'il faut toujours innover et expérimenter, avancer. Ce matin, au Collège Jean Moulin, nous voyions à l'?uvre des classes pratiques pour accompagner des élèves qui avaient le plus de difficultés. Eh bien, oui, il faut expérimenter pour aller à la rencontre de ceux qui ont peut-être, à un moment, des difficultés spécifiques, auxquelles il faut répondre par un accompagnement personnel. J'ai retrouvé dans la Maison de l'emploi la même exigence d'expérimentation, faire en sorte que chacun puisse être approché dans sa différence, dans sa spécificité, reconnu dans sa différence et dans sa spécificité. Et cette clé de l'accompagnement personnalisé dans l'éducation, dans l'emploi, dans toutes les facettes de la vie sociale, je crois que c'est une clé nouvelle de notre République.
Bien sûr, nos principes valent pour tous. La Liberté, l'Egalité, la Fraternité, l'égalité des chances, la laïcité, tout cela constitue le c?ur du Pacte républicain, mais nous sommes tous différents. Et chacun doit avoir son chemin. Et la République doit avoir vis-à-vis de chacune et de chacun la main tendue pour permettre à chacun d'avoir sa chance et ses chances. Et c'est là où il nous faut faire preuve de générosité et de solidarité, à tous les âges, à tous les grands rendez-vous de la vie.
Vous êtes aussi, je le sais, une terre de traditions. Et vous me permettrez de dire ici un mot sur l'une d'entre elles, à laquelle beaucoup d'entre vous sont attachés, mais qui est profondément ancrée dans votre territoire, dans votre terroir : la chasse. Vos élus, nombreux, m'en ont parlé. Et ils m'ont exprimé la déception de nombre de chasseurs. Et je veux vous dire que nous sommes confrontés à une menace qui concerne tout notre territoire, toute la France, toute l'Europe et le monde. Et que, face à cette menace, nous devons mettre en place un certain nombre de mesures de précaution, et ce, notamment vis-à-vis des oiseaux migrateurs. Agir donc avec précaution, mais agir donc aussi avec réflexion et avec souci d'avancer et de trouver des réponses. J'ai donc demandé à Nelly Olin de créer un groupe de travail avec des experts et des représentants aussi des chasseurs pour évaluer les possibilités d'utilisation des appelants, sans risques de contacts avec la faune sauvage.
Donc, vous le voyez, à la fois, souci d'appliquer nos règles, mais souci aussi de trouver les moyens d'avancer tous ensemble en prenant en compte les spécificités.
Je suis très heureux d'avoir pu, tout à l'heure, inaugurer cette Maison de l'emploi, car vous le savez, c'est la grande bataille que nous menons tous ensemble, c'est la bataille du Gouvernement, c'est la bataille de la France. Nous nous sommes donné tous les moyens pour faire reculer le chômage de masse. Nous avons créé le "contrat nouvelles embauches", et si nous l'avons créé, c'est parce que nous avons éprouvé le besoin d'innover, d'inventer quelque chose, d'expérimenter quelque chose, où l'employeur et l'employé puissent se retrouver dans un même partenariat, dans le respect des droits, dans le respect du temps qui passe et qui consolide les droits du salariés. Ces "contrats nouvelles embauches", nous en avons signés plus de 200.000. Ils ont permis à de nombreuses très petites entreprises de créer de nouveaux emplois, et si nous avons choisi les très petites entreprises, c'est parce que nous savons que, dans cette relation personnelle du commerçant, de la profession libérale, il y avait une même aventure humaine qui se nouait entre le petit patron et celui qui travaille avec lui, pour lui, ensemble.
Ensuite, nous avons encouragés le développement des contrats aidés, qui permettent à ceux qui sont le plus éloignés de l'emploi de retrouver une activité. Le plus difficile c'est de rentrer sur le marché de l'emploi ; c'est ce marchepied, cette première chance qui permet d'acquérir une expérience, qui permet de trouver des repères, qui permet de prendre confiance en soi. Il faut donc tout faire pour accélérer cette entrée sur le marché de l'emploi qui se fait trop tard dans notre pays. Et faire en sorte aussi, à l'autre bout de la chaîne, pour les seniors, que l'on ne quitte pas ce marché de l'emploi, alors même que nous avons besoin de l'énergie, de la compétence, de l'expérience de ces seniors. Donc, vous voyez, c'est un travail qu'il faut faire à chaque bout de la chaîne.
Ensuite, nous avons effectué un effort considérable pour la relance de la croissance, relancer les investissements publics, relancer la production industrielle, relancer la croissance. C'est un pari qu'il faut relever à l'échelon de l'ensemble du territoire, et c'est tout le sens des pôles de compétitivité, des pôles que nous voulons maintenant créer d'"excellence rurale", pour que, partout sur le territoire, toutes les compétences soient valorisées, reconnues et croisées. On est plus forts quand les entreprises, petites et grandes, quand les universités, quand les chercheurs, quand l'Etat, quand les collectivités locales se mettent ensemble, à utiliser leur énergie, leur savoir, leur enthousiasme. Cela fait la différence.
Et dans ce combat - il faut le dire avec beaucoup d'humilité, mais aussi la conviction que nous avançons dans la bonne direction - nous marquons des points. Les bons résultats de ces derniers mois se confirment. On compte 21.700 chômeurs de moins au mois d'octobre, soit 130.000 de moins depuis le début du mois de juin. Le taux de chômage est actuellement de 9,7 %, il était de 10,2 % à la fin du mois de mai. C'est dire que, pas à pas, nous progressons et qu'il faut amplifier notre effort. Cette baisse du chômage concerne aujourd'hui toutes les populations : les jeunes, les chômeurs de longue durée, les seniors et les femmes. C'est donc un progrès collectif sur tous les fronts. Et ces résultats traduisent bien la reprise de l'activité dans notre pays. Les sorties du chômage pour reprises d'emploi, je dis bien pour reprises d'emploi, progressent de 10 % en trois mois. Les offres d'emplois, c'est-à-dire que, les postes créés par les entreprises - nous ne sommes pas là dans des effets statistiques, nous sommes là dans la réalité de la vie économique du pays -, les offres d'emplois recueillies par l'ANPE, progressent de 11 % en un an.
Aujourd'hui, notre pays renoue avec la croissance ; au troisième trimestre, nous avons la croissance la plus élevée parmi les grands pays de la zone euro, avec un chiffre de 0,7 %, c'est-à-dire bien plus que ce que les experts nous prédisaient. Les exportations et la consommation augmentent. C'est dire que tous les moteurs de la croissance économique sont allumés en même temps, et près de 20.000 entreprises sont créées chaque mois. Nous avons battu le record de créations d'entreprises dans les douze derniers mois, nous sommes sur un rythme de 220.000 entreprises créées chaque année. C'est dire que, véritablement, c'est tout le pays qui se mobilise, qui fait preuve d'énergie et de volonté.
Je tiens à saluer l'action exemplaire du service public de l'emploi qui s'est pleinement mobilisé pour obtenir ces résultats. Si les choses vont mieux, ce n'est certainement pas par hasard. Il faut certainement aussi avoir de la chance, mais la chance ne suffit pas. Et c'est bien la mobilisation de ces hommes et de ces femmes qui fait aujourd'hui la différence. Les agents de l'ANPE ont été fortement sollicités au cours des derniers mois. Regardez : ils ont reçu les 57.000 jeunes au chômage depuis plus d'un an, puis ils ont reçu les titulaires de l'Allocation de solidarité spécifique, 174.000 personnes, et ils sont en première ligne pour encourager l'emploi dans les banlieues. Je leur ai demandé de recevoir les jeunes, les moins de 25-26 ans, habitant les zones urbaines sensibles pour faire le point avec eux. Et dans les trois mois de leur réception à l'ANPE ou dans les missions locales, leur proposer un emploi, une formation, ou encore un stage.
Ils mettront en place un suivi mensuel des demandeurs d'emploi à partir de janvier 2006. Et en reconnaissance du travail remarquable qu'ils ont accompli, j'ai décidé d'accorder aux agents de l'ANPE une prime unique et exceptionnelle de 150 euros net qui leur sera versée au mois de décembre.
La Maison de l'emploi que nous venons d'inaugurer nous permettra de poursuivre nos efforts. Les Maisons de l'emploi permettent de renforcer la coopération entre les différents acteurs de l'emploi. C'est indispensable pour les demandeurs d'emploi les plus en difficulté qui ont besoin d'un accompagnements personnalisé. C'est aussi nécessaire pour les entreprises qui peinent parfois à recruter. Les maisons de l'emploi permettent surtout de mettre en place une véritable stratégie sur un territoire particulier en anticipant les besoins des entreprises, en adaptant l'offre de formation aux réalités locales et en encourageant la création d'entreprise. Ici, à Amiens, notre démarche, a été exemplaire. Le projet de Maison de l'emploi et de la formation du grand amiénois a été lancé dès le mois de mars dernier par Gilles de Robien et son vice-président B. Nemitz . Je tiens à saluer leur forte implication personnelle pour l'élaboration de ce projet. Je salue également l'ensemble des membres constitutifs de la Maison de l'emploi, les onze communautés de communes, le Conseil général et son président, monsieur D. Dubois, le Conseil régional et son président, C. Gewerc. La Maison de l'emploi est ici particulièrement intéressante : vous avez créé un observateur de l'emploi, afin de définir une politique efficace ; vous avez aussi regroupez les différents acteurs pour accueillir, pour orienter et pour accompagner les chômeurs, notamment, les jeunes, les seniors et les demandeurs d'emploi les plus en difficulté. Vous avez, enfin, mis en place des initiatives pour favoriser la création d'entreprises et soutenir les porteurs de projets. L'Etat est à vos côtés, l'Etat soutient vos projets. Une subvention de 875 000 euros pour le fonctionnement, une autre d' 1.323 000 euros pour l'investissement lui sera accordée. Elle sera intégrée dans la convention financière entre la Maison de l'emploi et l'Etat qui sera signée avant la fin de l'année.
Je voudrais aussi mentionner le projet de Maison de l'emploi d'Abbeville-Vimeux qui prendra en compte les difficultés spécifiques de l'emploi, en particuliers dans les zones rurales. Ce projet est à l'ordre du jour de la prochaine commission nationale de labellisation, qui aura lieu mercredi prochain. Je suis bien convaincu que grâce au dynamisme de ceux qui portent et soutiennent ce projet, J. Binion et J. Artz, ainsi que bien d'autres, cette Maison de l'emploi sera labellisée.
Mesdames, messieurs, chers amis, La clef de notre réussite, c'est la mobilisation de tous. Ensemble, nous avons montré depuis six mois que le chômage n'est pas une fatalité dans notre pays, que tout n'avait pas été essayé. Je compte sur vous tous pour aller plus loin dans cette bataille pour redonner confiance à nos concitoyens dans les capacités et les atouts de notre pays. Je n'ignore rien des souffrances, des difficultés, des obstacles qui existent à chaque étape du chemin. Mais je sais aussi que la passion, que l'amour que nous éprouvons chacun et chacune d'entre nous, pour notre pays, l'esprit de solidarité aussi dans l'épreuve, nous permet à chaque étape de donner le meilleur de nous-mêmes. Rassemblés, nous irons jusqu'au bout du chemin ; rassemblés nous porterons cette idée commune qui est la nôtre de la France, d'une grande France. Une France que nous aimons et que nous voulons servir. Je vous remercie.(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 12 décembre 2005)