Entretien de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, avec le quotidien "Le Monde" le 21 janvier 2001, sur l'action du ministère des affaires étrangères pour la promotion et l'exportation de la musique .

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Média : Emission la politique de la France dans le monde - Le Monde

Texte intégral

Q - Les industries musicales ont longtemps été laissées à l'arrière-plan. Aujourd'hui, tout semble changer. Quels motifs poussent le ministère des Affaires étrangères à s'intéresser à la musique et à son exportation ?
R - La culture est désormais un enjeu majeur des relations internationales, un facteur essentiel de rayonnement et d'influence pour notre pays. C'est pourquoi j'attache une grande importance à cette dimension de notre action diplomatique. Les industries musicales jouent un rôle essentiel et croissant, par leur audience - en particulier dans la jeunesse - et donc par leur impact pour l'image de la France à l'étranger. Dans le domaine musical, la France a une place de premier plan : elle attire des artistes de nombreux pays s'exprimant dans toutes les langues, produit leurs musiques et leur sert de tremplin, un peu comme Montparnasse au début du XXème siècle pour les peintres ; la nouvelle génération des artistes français se distingue par sa vitalité, sa qualité, la place qu'elle a su gagner à l'étranger.
De leur côté, les industries musicales sont de plus en plus conscientes de l'importance économique, parfois vitale, de l'exportation. Début 2000, j'ai donc décidé de renforcer la concertation et la coordination de mon ministère avec les industries musicales, de la même manière que, depuis trois ans, je m'attache à favoriser la présence des images françaises - cinéma et télévision - à l'étranger. C'est un élément très concret de notre mobilisation en faveur de la diversité culturelle.

Q - De quels moyens dispose votre ministère pour aider à la diffusion musicale ? Allez-vous en imaginer d'autres ?
R - Le soutien apporté par le ministère des Affaires étrangères combine avec pragmatisme, en concertation permanente avec tous les professionnels, indépendants ou majors, des outils très divers : c'est dans cet esprit que nous avons conclu, en 2000, une convention avec les industries musicales, réunies au sein du bureau export. Notre objectif est une véritable synergie entre les industries musicales et, à travers mon ministère, le réseau culturel de nos ambassades ; l'Association française d'action artistique (AFAA), qui oeuvre à la promotion des artistes français ; les radios étrangères, via Francophonie Diffusion ; les opérateurs audiovisuels français qui diffusent à l'étranger, comme TV5, CFI, RFI ou MCM.

Q - A l'heure de la mondialisation et d'Internet, et du succès des logiciels d'échange tel que Napster, peut-on imaginer un label France ?
R - Les technologies de l'information ouvrent d'immenses perspectives pour l'invention de nouvelles formes d'expression, les échanges avec les publics, ou l'accès aux créations et sa distribution. Le nombre d'entreprises d'Internet présentes au Midem 2001 témoigne du rôle de la France dans ce domaine. Mon ministère contribue à ce dynamisme - par exemple en soutenant le lancement du site frenchmusic.org, site de la promotion des musiques contemporaines françaises destiné aux professionnels étrangers, ou le site grand public rfimusique.com.
L'idée est bien de réunir notre offre musicale autour d'un label France. Mon ministère veille aussi à la défense de la spécificité culturelle et des droits légitimes des auteurs et des producteurs dans les négociations internationales qui les concernent directement : droits d'auteur, lutte contre la piraterie, accès au marché, etc. C'est un des aspects de l'effort de régulation engagé par le gouvernement à travers l'Union européenne, l'Organisation mondiale du commerce ou l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle.

(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 janvier 2001)