Texte intégral
Chers Collègues,
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs,
Je souhaite d'abord remercier Isabelle MOREAU pour les voeux chaleureux qu'elle a présentés en votre nom, comme Présidente de l'Association des Journalistes de l'Information Sociale.
Je me réjouis de vous voir si nombreux à l'Hôtel du Châtelet. Nous sommes nous mêmes plus nombreux que l'année dernière, puisque outre Dominique GILLOT, Nicole PERY et Claude BARTOLONE qui étaient déjà là, sont arrivés depuis Ségolène ROYAL et Guy HASCOËT.
Je veux d'abord remarquer que comme près de cinq millions de salariés, vous êtes, pour la plupart d'entre vous, dans vos entreprises de presse, passés aux 35 heures. Je sais que les négociations n'ont pas toujours été simples. Après des périodes très difficiles pour votre profession, des emplois se créent enfin à nouveau et la reprise économique bénéficie au secteur de la presse en général.
Le métier de journaliste est en pleine mutation, j'en suis consciente. La responsabilité du journaliste est d'autant plus importante que les nouvelles technologies et les exigences de rapidité dans la circulation de l'information l'isolent un peu plus de ses collègues, de sa rédaction. Ces préoccupations de vos organisations professionnelles, notamment dans le domaine de la formation des journalistes,
ne nous sont pas indifférentes. D'importantes négociations sont d'ailleurs en cours entre vos organisations syndicales et vos employeurs et si elles le jugent utile, elles peuvent trouver auprès des services de ce ministère une oreille attentive.
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Je souhaite d'abord revenir un instant sur l'année 2000 et sur les chiffres de l'emploi.
Ainsi, en 2000, près de six cent mille emplois auront été créés. C'est le record du siècle. Au total depuis juin 1997, ce sont 1,5 millions d'emplois qui ont été créés dans les secteurs concurrentiels. En conséquence le nombre de personnes au chômage a reflué de 962 000 personnes - bientôt 1 million - depuis juin 1997: le chômage a baissé de 12,6% à 9,2% aujourd'hui. Nous diminuons ainsi le chômage trois fois plus vite qu'en Allemagne et aux Pays Bas, deux fois plus vite qu'au Royaume Uni
ou en Italie. Si nous avons réussi cela, c'est non seulement en raison de la conjoncture internationale qui est la même pour tous, mais bien évidemment c'est aussi en raison des politiques actives menées par ce gouvernement.
Et ce reflux du chômage concerne toutes les catégories de demandeurs d'emplois, y compris ceux de longue durée qui a diminué d'un tiers. Le chômage des jeunes a reflué de 40% malgré la disparition progressive du service militaire.
Dans cette courte rétrospective, je veux aussi souligner le tournant opéré dans la lutte contre l'exclusion. En effet, pour la première fois depuis la création du RMI, le nombre des personnes bénéficiaires a baissé durant l'année qui vient de s'écouler de 4%. Depuis, le 1 er janvier 2000 date à laquelle elle a été instauré, la Couverture Maladie Universelle, vécue comme une conquête sociale majeure, a déjà étendu son bénéfice à près de 5 millions de personnes jusque là exclues du droit aux soins et du droit à la santé, contre 2,5 millions de bénéficiaires de l'ancienne aide médicale gratuite.
Ce chantier continuera de figurer au premier rang des priorités du Gouvernement et du Ministère de l'emploi et de la solidarité.
Les priorités du Ministère de l'Emploi et de la Solidarité pour 2001
1. Les politiques menées
Sur la mise en place des 35 heures par exemple, je soulignerai deux enjeux principaux.
Il faut d'abord rappeler que la loi du 19 janvier 2000 sur l'aménagement et la réduction du temps de travail a posé pour l'essentiel les jalons d'un passage des salariés du secteur privé de 39 heures à 35 heures, laissant deux types de chantiers ouverts :
- Le chantier de la fonction publique : vous savez que les choses sont désormais amorcées tant pour la fonction publique hospitalière - dont je lancerai ce mercredi 17 janvier les négociations - que pour le reste de la fonction publique.
- Les chantiers des professions à équivalence. C'est dans ce cadre que s'inscrivent par exemple les discussions des chauffeurs routiers, qui ont fait l'objet d'une réglementation nouvelle l'année dernière. C'est de ce cadre que relèvent les discussions des professions hôtelières/ restaurateurs. Je veux souligner ici que pour cette profession, l'accord qui est en discussion et qui s'appuie sur une disposition du PLFSS n'est pas une dérogation de la loi sur les 35 h. ce n'est pas une souplesse ou une liberté prise avec la loi du 19 janvier 2000, puisque cette profession à équivalence était alors reconnue comme ayant une durée légale de 43 h et non de 39 h. L'accord aujourd'hui en discussion permettra en fait de mieux préparer et sans doute d'accélérer le rapprochement de cette profession avec le régime de droit commun.
Par ailleurs, l'année 2001 sera une année importante pour la poursuite de la mise en place des 35 heures, car il faut préparer au mieux les entreprises de moins de vingt salariés qui ne sont pas déjà d'elles-mêmes passées aux 35 heures, à faire face à ce défi souvent synonyme de réorganisation efficace de l'entreprise. Un effort particulier d'information, la poursuite de l'appui conseil pris en charge par l'Etat et les aides incitatives au passage anticipé aux 35 heures doivent nous y aider.
Les chantiers sont là mais j'aimerais à nouveau souligner qu'un an après l'entrée en vigueur de la loi du 19 janvier 2000, nous en sommes à plus de 60000 accords signés et 260 000 emplois créés ou préservés.
Il nous faudra trancher bientôt l'avenir des nouveaux services et des emplois jeunes. Je veux ici rappeler qu'au 31 octobre 2000, 281 000 jeunes sont déjà passés dans le cadre du programme.
Fin 2001, comme prévu, 350 000 jeunes auront été recrutés dans le cadre de ce dispositif.
La poursuite de la lutte contre l'exclusion mobilisera bien entendu tous nos efforts. Elle passera d'abord par l'aide personnalisée au retour à l'emploi de ceux qui sont encore exclus du marché du travail, soit encore 2.175.000 personnes. La priorité de l'aide au retour à l'emploi sera au centre de la lutte contre les exclusions que nous préparons pour ce printemps.
Sur la Couverture Maladie Universelle, je souhaite que nous trouvions une solution adaptée pour la transition avec le système d'aide médicale gratuite.
Enfin, cette année sera consacrée à aider les exclus à faire valoir leur droits, pour rendre effectifs certains de ces droits encore trop méconnus.
2. Nos projets législatifs :
Je veux d'abord rappeler deux projets de lois très importants dont la discussion a pu démarré à l'automne :
- Le projet de loi sur l'Interruption volontaire de grossesse.
- La proposition de loi relative à la lutte contre les discriminations, en liaison avec
Claude BARTOLONE..- Nous avons apporté une nouvelle pierre à cet édifice la semaine dernière, en faisant voter le projet de loi de modernisation sociale dont la portée et la cohérence ont été mis en évidence. Il va donner un nouveau souffle à la modernisation hospitalière et améliorer la protection des salariés contre de nouveaux risques professionnels. Il va permettre d'améliorer l'accueil des personnes âgées et handicapées. Il vise encore à donner une force nouvelle au droit à l'emploi en améliorant la législation du licenciement et en limitant le recours au travail précaire. Enfin, et grâce au travail remarquable de Nicole PERY, les dispositions relatives à la qualification professionnelle permettront aux salariés de faire valider les acquis de leur expérience et d'accroître leurs chances sur le marché de l'emploi.
Ce matin, j'ai présenté avec le Ministre des Finances le dispositif de prime à l'emploi qui répond au double soucis de ce ministère de compléter les revenus des plus modestes, tout en soutenant l'objectif ciblé d'aide au retour à l'emploi.
Le Parlement examinera aussi en première lecture, à la fin du mois de janvier, le projet de loi rénovant l'action sociale et médico-sociale. Ce texte viendra moderniser le cadre institutionnel dans lequel s'exerce, depuis la loi de 1975, l'action sociale.
En 2001, deux autres grandes réformes sociales très attendues par les Français verront le jour :
- Le premier projet est celui portant création d'une aide personnalisée à l'autonomie. Il s'agit d'aider les personnes âgées qui le peuvent à vivre de façon autonome, dans leur foyer, auprès des êtres qui leurs sont chers. Cette nouvelle prestation sera juste, parce qu'elle sera versée de façon égale sur l'ensemble du territoire, en fonction du degré d'autonomie et du niveau de ressources des personnes bénéficiaires. Elle sera gérée dans un souci de proximité, les conseils généraux jouant là un rôle important. Le Premier Ministre a indiqué lors de ses voeux à la presse que l'examen du texte par le Parlement avant la fin de cette session devrait permettre que la nouvelle prestation soit effective au 1 er janvier 2002.
- Il s'agit ensuite du projet de loi sur les droits des malades et la modernisation du système de santé. Ce texte renouvellera profondément les relations entre le patient et l'institution médicale afin d'améliorer la qualité des soins et de la prise en charge thérapeutique. Ce texte devrait être présenté en conseil des ministres avant la fin de ce premier trimestre.
Dominique GILLOT tient à ce texte. Elle a raison. Je veillerai à faire aboutir ce projet et à l'avancement des travaux relatifs à la révision des lois bioéthiques. La santé publique et d'abord la sécurité alimentaire, resteront aussi au coeur de nos priorités.
Je souhaite aussi, comme je l'ai souligné ce matin devant l'Assemblée Générale du Fonds d'Action Sociale renouer avec une impulsion forte de la politique d'intégration, alliée au souci constant de faire reculer toutes les discriminations, notamment dans le travail.
Avec Ségolène ROYAL, nous maintiendrons le niveau d'ambition du Gouvernement pour la politique de la famille et de l'enfance.
Avec Claude BARTOLONE, la politique de la ville et de l'intégration connaîtra un fort degré d'investissement.
Avec Guy HASCOËT, avec la créativité qui est la sienne nous serons en mesure d'être à la pointe de l'innovation sociale.
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Sur ces sujets et sur beaucoup d'autres nous serons amenés à nous retrouver régulièrement.
Je souhaite pour conclure souligner mon soucis que l'année 2001 soit une période propice au dialogue.
Pour ma part, je l'encouragerai le plus possible.
Ce sera le cas dès le 25 janvier 2001 où seront réunis en ce ministère tous les professionnels de santé et les caisses d'assurances maladies, pour notamment remettre en perspective l'avenir des relations Etats - Caisses - professionnels.
Je souhaite plus largement que les partenaires sociaux soient tous animés par une même volonté de dialogue.
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Plus que jamais en 2001, nous continuerons d'agir et de réformer. Je vous remercie par avance de l'attention que vous porterez aux chantiers qui seront ceux du Ministère de l'Emploi et de la Solidarité,
et qui tous portent en eux des enjeux collectifs essentiels pour notre société.
Mesdames et Messieurs,
A vous tous, ainsi qu'à tous ceux qui vous sont chers, je présente mes voeux chaleureux et cordiaux
pour une excellente année 2001.
(source http://www.travail.gouv.fr, le 18 janvier 2001)