Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux de vous présenter ce rapport, en même temps que de célébrer, ou presque, le premier anniversaire de cet observatoire.
Il ne s'agissait pas de créer, avec cette nouvelle institution, une énième source de rapport comme on le reproche souvent, et souvent à bon droit, à la vie publique française.
Il s'agissait d'aligner notre pas ? celui de l'aménagement du territoire ? sur la marche du monde. Un monde qui va de plus en plus vite, et dont le cours a tendance à rendre toute observation obsolète dans des délais qui avoisinent maintenant le court terme.
En créant, il y a un peu plus d'un an, cet observatoire des territoires, le gouvernement a souhaité lui confier la réalisation, tous les trois ans, d'un rapport public sur l'état des territoires. Délai, je crois raisonnable, travail en tout cas indispensable, je le répète, si nous voulons réagir en temps et en heure à l'actualité des territoires.
Une chose est certaine, nos institutions, tout au moins celles dont la mission est d'accompagner le mouvement du monde, sont désormais condamnées à la souplesse. Et cet observatoire en est le premier instrument.
J'en profite pour remercier tous ses membres pour les contributions et les avis qu'ils ont apportés tout au long de l'élaboration de cet ouvrage.
Avec cette publication, qui fait suite à l'ouverture en mars d'un site internet interministériel, l'observatoire a en effet, au cours de cette première année, produit deux avancées très significatives dans ses missions :
- La première, c'est de rendre l'information existante plus directement accessible à tous., Les informations disponibles sur les territoires, de plus en plus nombreuses, sont encore trop souvent dispersées, cloisonnées par secteur, ou connues des seuls spécialistes
- La seconde, c'est d'organiser les échanges et de travailler en partenariat avec les collectivités territoriales, c'est à dire d'aider à produire des diagnostics partagés. Nous le savons tous, la connaissance des territoires est une question très complexe, parfois même subtile, qui nécessite des approches multiples, interdisciplinaires, et qui ne peut se dispenser d'un dialogue avec les responsables locaux. Or il n'existait jusqu'ici aucun lieu pour cette concertation. Autrement dit, on prenait soin de ne pas porter la discussion devant les personnes concernées, ce qui permettait d'éviter des débats qui auraient été utiles, et, si d'aventure ils n'avaient pas été d'accord, d'éventuelles contradictions.
En fait qu'est-ce que l'observatoire des territoires ? J'en dis quelques mots pour la presse. C'est une tête de réseau interministériel, placée au sein de la délégation à l'aménagement et à la compétitivité des territoires. Ses travaux sont définis et discutés par un conseil de 25 membres qui réunit des représentants des principales administrations concernées, des élus, c'est à dire des parlementaires et des représentant des collectivités territoriales, et puis des experts. Quel est son rôle ? Il consiste à définir des actions bien ciblées, sur des thèmes prioritaires d'intérêt commun.
(Je précise que ce rapport est seulement une première étape. L'année 2006 sera marquée par une attention accrue portée aux zones urbaines, pour les raisons que vous imaginez, ainsi qu' au développement durable)
Rapidement, je voudrais vous dire quelques mots sur les premiers enseignements de ce rapport :
Pour rester dans la philosophie que j'évoquais en commençant, nous avons choisi de privilégier une approche dynamique des territoires, en s'intéressant aux « trajectoires » plutôt qu'aux « positions ». C'est important. Et sous cet angle, le rapport nous permet de pointer très clairement quelques grands enjeux pour l'action que nous allons mener en direction des territoires.
En particulier il souligne bien l'intérêt de diagnostics portés à différentes échelles géographiques
1- au niveau des grands territoires, des régions, des grandes façades littorales ou frontalières, et de façon très schématique, l'impression que je retire est celle d'une France où les dynamiques sont de mieux en mieux réparties. Bien sûr, c'est un constat global. Il y a des exceptions auxquelles il faut être particulièrement attentif. Mais on observe que partout, au Nord comme au Sud, les métropoles régionales sont sur des trajectoires de croissance et jouent un rôle moteur pour attirer les populations jeunes, développer des activités innovantes, et créer des emplois qualifiés. On ne le sait pas assez: un tiers des emplois créés entre 1990 et 1999 sont des emplois de type « métropolitain ». J'observe aussi que les évolutions les plus marquantes se retrouvent dans les régions, à l'Ouest, au Sud et à l'Est, qui bénéficient en plus de l'attractivité d'espaces ruraux, littoraux ou frontaliers, qui sont de plus en plus recherchés comme lieux de résidence, en particulier pour la qualité de leur cadre de vie. Cette capacité à associer efficacement ces deux leviers du développement de nos économies, devient aujourd'hui un élément clé de toute stratégie régionale.
A l'échelle européenne, le bilan est plus mitigé : la compétition est de plus en plus vive au sein de l'espace européen. Certaines régions françaises ont perdu des places par rapport à des régions européennes, en particulier dans les domaines de l'innovation. A cette échelle, la place de l'Ile-de-France est très significative. D'un côté, elle reste, et de loin, la première région de l'Union sur de nombreux critères : la démographie, le volume de sa production, le potentiel de recherche et d'innovation dans la plupart des domaines, le rayonnement culturel. Mais sa croissance n'atteint pas celle de certaines grandes régions des pays voisins. Je prends l'exemple de quelques chiffres : pour une croissance du PIB en Ile-de-France de 40 % entre 1995 et 2002, Londres et Madrid dépassent 60 %, la Randstaat ? la métropole formée par Amsterdam, Rotterdam et La Haye - et Barcelone 50 %. Le passage à la dimension européenne doit nous conduire à poser les interactions entre régions françaises en termes nouveaux. En particulier entre l'Ile-de-France et les autres régions : 40 % des flux migratoires entre régions françaises concernent l'Ile-de-France. Pourtant l'opposition encore parfois tenace Paris-Province n'a plus guère de sens dans l'espace économique d'aujourd'hui. Même si la dimension mondiale de Paris demeure une composante stratégique pour notre économie.
Le constat qui s'impose, c'est que les dynamiques sont là. Les résultats des appels à candidature, lancés par la DATAR en direction des métropoles ou pour constituer des pôles de compétitivité, ont confirmé la présence de ces dynamiques dans toutes les régions françaises. C'est pourquoi, et c'est notre rôle, il faut tout mettre en ?uvre pour que chacune d'entre elles soit confortée dans la valorisation de ses atouts. C'est le fondement même de la dimension territoriale des pôles de compétitivité.
2- A l'échelle locale, les contrastes sont évidemment beaucoup plus marqués, mais surtout, le rapport montre qu'ils s'accentuent dans de nombreux domaines. D'un côté, les résultats les plus récents confirment le regain d'intérêt de la population pour les territoires ruraux, tendance déjà amorcée au cours de la décennie précédente. Mais elle bénéficie d'un excédent migratoire de plus en plus significatif : car les "nouveaux arrivants" ne sont pas seulement des inactifs, ce sont de plus en plus souvent des actifs, et des familles avec des enfants. Il y a là aussi une dynamique qui doit être accompagnée, soutenue, je dirais même favorisée, voire précédée, de manière à associer à ce phénomène spontané de véritables incitations. D'abord en assurant les conditions indispensables à tout développement, notamment l'accessibilité aux infrastructures et la couverture par les réseaux de télécommunication, là où subsistent des risques d'enclavement. Mais au delà, nous allons promouvoir l'émergence de pôles d'excellence ruraux dans le cadre d'un appel à projet que nous préparons. Ces pôles auront pour vocation de fédérer, autour du patrimoine et des énergies nouvelles, des activités innovantes qui présentent un réel potentiel en matière de création d'emploi.
Par ailleurs, le rapport pointe aussi la persistance de territoires en difficulté dans certaines zones bien précises : c'est évidemment le cas au sein des villes et des quartiers, mais pas seulement. Les zones rurales ouvrières sont souvent les plus touchées par la baisse des emplois les moins qualifiés de l'industrie. Et puis c'est aussi le cas de certaines zones d'emploi, lorsqu'elles sont trop dépendantes d'une grande entreprise ou d'un seul secteur d'activité. Les impacts locaux de la mondialisation doivent être mieux mesurés et anticipés : les résultats disponibles, même s'ils sont encore insuffisants, sont éloquents. Ils montrent l'importance des chocs auxquels sont soumis les territoires à l'échelle locale, alors même qu'à un niveau plus macroéconomique, national ou même régional, les effets positifs et négatifs se compensent. Là encore, la vitesse de renouvellement du paysage économique, nous impose, non seulement d'être beaucoup plus réactifs, mais beaucoup plus prévoyants. Cette fonction d'anticipation nous sera évidemment facilitée par le travail de l'observatoire du Territoire, qui trouve la, peut-être, sa première justification.
De même, les effets du vieillissement de la population dans certaines zones rurales, et par conséquent la baisse de la population active, peuvent avoir des impacts sur les conditions d'accès aux services et sur l'équilibre des marchés locaux de l'emploi. Nous devons y être particulièrement attentifs afin d'éviter que ne se déclenchent dans ces zones, les effets cumulatifs, hélas trop bien connus de « désertification » de certaines campagnes.
Quoiqu'il en soit, ces résultats nous montrent l'importance d'une action cohérente au niveau local si nous voulons faire face aux enjeux de cohésion de notre société. Dans ces domaines, j'invite l'Observatoire à poursuivre ses travaux en s'appuyant encore plus directement sur les politiques d'anticipation des mutations économiques, d'accès aux services à la population qui sont maintenant regroupées sous la responsabilité de la Délégation à l'aménagement et à la compétitivité des territoires.
En conclusion, j'ai envie de vous dire que, d'une façon générale, ce rapport met en évidence la très grande diversité des territoires français et des dynamiques qui les animent. Il n'y a pas que "la" France, il y a des coins de France. De nouveaux équilibres se dessinent dans les régions, les métropoles, les espaces ruraux qui vont être déterminants pour la compétitivité de l'économie française et pour la cohésion sociale. Cette diversité est une richesse ; une richesse sur laquelle on ne pourra capitaliser qu'en développant des politiques territoriales suffisamment diversifiées, adaptées aux spécificités régionales ou locales. Cela signifie que notre réflexion comme notre action doivent se nourrir de nos "terroirs", si je puis dire, que nous devons les asseoir encore davantage sur les données concrètes des réalités locales. C'est sur cette carte de France que nous voulons asseoir notre politique. C'est sous cet angle que nous avons lancé les appels à projet pour les pôles de compétitivité et que nous allons conduire les futures politiques contractuelles. Je mise en particulier beaucoup sur les pôles d'excellence ruraux. Depuis ma prise de fonction, je voyage dans toute la France et je me rends compte que nous avons de nombreux trésors à faire valoir.
"Comme la vue d'un portrait suggère à l'observateur l'impression d'une destinée, disait le Général de Gaulle, la carte de France révèle notre fortune.
J'en suis le premier convaincu. Et puis, avec ce premier rapport de l'observatoire nous avons en quelque sorte la boussole pour nous aider à lire la carte.Alors, merci.
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux de vous présenter ce rapport, en même temps que de célébrer, ou presque, le premier anniversaire de cet observatoire.
Il ne s'agissait pas de créer, avec cette nouvelle institution, une énième source de rapport comme on le reproche souvent, et souvent à bon droit, à la vie publique française.
Il s'agissait d'aligner notre pas ? celui de l'aménagement du territoire ? sur la marche du monde. Un monde qui va de plus en plus vite, et dont le cours a tendance à rendre toute observation obsolète dans des délais qui avoisinent maintenant le court terme.
En créant, il y a un peu plus d'un an, cet observatoire des territoires, le gouvernement a souhaité lui confier la réalisation, tous les trois ans, d'un rapport public sur l'état des territoires. Délai, je crois raisonnable, travail en tout cas indispensable, je le répète, si nous voulons réagir en temps et en heure à l'actualité des territoires.
Une chose est certaine, nos institutions, tout au moins celles dont la mission est d'accompagner le mouvement du monde, sont désormais condamnées à la souplesse. Et cet observatoire en est le premier instrument.
J'en profite pour remercier tous ses membres pour les contributions et les avis qu'ils ont apportés tout au long de l'élaboration de cet ouvrage.
Avec cette publication, qui fait suite à l'ouverture en mars d'un site internet interministériel, l'observatoire a en effet, au cours de cette première année, produit deux avancées très significatives dans ses missions :
- La première, c'est de rendre l'information existante plus directement accessible à tous., Les informations disponibles sur les territoires, de plus en plus nombreuses, sont encore trop souvent dispersées, cloisonnées par secteur, ou connues des seuls spécialistes
- La seconde, c'est d'organiser les échanges et de travailler en partenariat avec les collectivités territoriales, c'est à dire d'aider à produire des diagnostics partagés. Nous le savons tous, la connaissance des territoires est une question très complexe, parfois même subtile, qui nécessite des approches multiples, interdisciplinaires, et qui ne peut se dispenser d'un dialogue avec les responsables locaux. Or il n'existait jusqu'ici aucun lieu pour cette concertation. Autrement dit, on prenait soin de ne pas porter la discussion devant les personnes concernées, ce qui permettait d'éviter des débats qui auraient été utiles, et, si d'aventure ils n'avaient pas été d'accord, d'éventuelles contradictions.
En fait qu'est-ce que l'observatoire des territoires ? J'en dis quelques mots pour la presse. C'est une tête de réseau interministériel, placée au sein de la délégation à l'aménagement et à la compétitivité des territoires. Ses travaux sont définis et discutés par un conseil de 25 membres qui réunit des représentants des principales administrations concernées, des élus, c'est à dire des parlementaires et des représentant des collectivités territoriales, et puis des experts. Quel est son rôle ? Il consiste à définir des actions bien ciblées, sur des thèmes prioritaires d'intérêt commun.
(Je précise que ce rapport est seulement une première étape. L'année 2006 sera marquée par une attention accrue portée aux zones urbaines, pour les raisons que vous imaginez, ainsi qu' au développement durable)
Rapidement, je voudrais vous dire quelques mots sur les premiers enseignements de ce rapport :
Pour rester dans la philosophie que j'évoquais en commençant, nous avons choisi de privilégier une approche dynamique des territoires, en s'intéressant aux « trajectoires » plutôt qu'aux « positions ». C'est important. Et sous cet angle, le rapport nous permet de pointer très clairement quelques grands enjeux pour l'action que nous allons mener en direction des territoires.
En particulier il souligne bien l'intérêt de diagnostics portés à différentes échelles géographiques
1- au niveau des grands territoires, des régions, des grandes façades littorales ou frontalières, et de façon très schématique, l'impression que je retire est celle d'une France où les dynamiques sont de mieux en mieux réparties. Bien sûr, c'est un constat global. Il y a des exceptions auxquelles il faut être particulièrement attentif. Mais on observe que partout, au Nord comme au Sud, les métropoles régionales sont sur des trajectoires de croissance et jouent un rôle moteur pour attirer les populations jeunes, développer des activités innovantes, et créer des emplois qualifiés. On ne le sait pas assez: un tiers des emplois créés entre 1990 et 1999 sont des emplois de type « métropolitain ». J'observe aussi que les évolutions les plus marquantes se retrouvent dans les régions, à l'Ouest, au Sud et à l'Est, qui bénéficient en plus de l'attractivité d'espaces ruraux, littoraux ou frontaliers, qui sont de plus en plus recherchés comme lieux de résidence, en particulier pour la qualité de leur cadre de vie. Cette capacité à associer efficacement ces deux leviers du développement de nos économies, devient aujourd'hui un élément clé de toute stratégie régionale.
A l'échelle européenne, le bilan est plus mitigé : la compétition est de plus en plus vive au sein de l'espace européen. Certaines régions françaises ont perdu des places par rapport à des régions européennes, en particulier dans les domaines de l'innovation. A cette échelle, la place de l'Ile-de-France est très significative. D'un côté, elle reste, et de loin, la première région de l'Union sur de nombreux critères : la démographie, le volume de sa production, le potentiel de recherche et d'innovation dans la plupart des domaines, le rayonnement culturel. Mais sa croissance n'atteint pas celle de certaines grandes régions des pays voisins. Je prends l'exemple de quelques chiffres : pour une croissance du PIB en Ile-de-France de 40 % entre 1995 et 2002, Londres et Madrid dépassent 60 %, la Randstaat ? la métropole formée par Amsterdam, Rotterdam et La Haye - et Barcelone 50 %. Le passage à la dimension européenne doit nous conduire à poser les interactions entre régions françaises en termes nouveaux. En particulier entre l'Ile-de-France et les autres régions : 40 % des flux migratoires entre régions françaises concernent l'Ile-de-France. Pourtant l'opposition encore parfois tenace Paris-Province n'a plus guère de sens dans l'espace économique d'aujourd'hui. Même si la dimension mondiale de Paris demeure une composante stratégique pour notre économie.
Le constat qui s'impose, c'est que les dynamiques sont là. Les résultats des appels à candidature, lancés par la DATAR en direction des métropoles ou pour constituer des pôles de compétitivité, ont confirmé la présence de ces dynamiques dans toutes les régions françaises. C'est pourquoi, et c'est notre rôle, il faut tout mettre en ?uvre pour que chacune d'entre elles soit confortée dans la valorisation de ses atouts. C'est le fondement même de la dimension territoriale des pôles de compétitivité.
2- A l'échelle locale, les contrastes sont évidemment beaucoup plus marqués, mais surtout, le rapport montre qu'ils s'accentuent dans de nombreux domaines. D'un côté, les résultats les plus récents confirment le regain d'intérêt de la population pour les territoires ruraux, tendance déjà amorcée au cours de la décennie précédente. Mais elle bénéficie d'un excédent migratoire de plus en plus significatif : car les "nouveaux arrivants" ne sont pas seulement des inactifs, ce sont de plus en plus souvent des actifs, et des familles avec des enfants. Il y a là aussi une dynamique qui doit être accompagnée, soutenue, je dirais même favorisée, voire précédée, de manière à associer à ce phénomène spontané de véritables incitations. D'abord en assurant les conditions indispensables à tout développement, notamment l'accessibilité aux infrastructures et la couverture par les réseaux de télécommunication, là où subsistent des risques d'enclavement. Mais au delà, nous allons promouvoir l'émergence de pôles d'excellence ruraux dans le cadre d'un appel à projet que nous préparons. Ces pôles auront pour vocation de fédérer, autour du patrimoine et des énergies nouvelles, des activités innovantes qui présentent un réel potentiel en matière de création d'emploi.
Par ailleurs, le rapport pointe aussi la persistance de territoires en difficulté dans certaines zones bien précises : c'est évidemment le cas au sein des villes et des quartiers, mais pas seulement. Les zones rurales ouvrières sont souvent les plus touchées par la baisse des emplois les moins qualifiés de l'industrie. Et puis c'est aussi le cas de certaines zones d'emploi, lorsqu'elles sont trop dépendantes d'une grande entreprise ou d'un seul secteur d'activité. Les impacts locaux de la mondialisation doivent être mieux mesurés et anticipés : les résultats disponibles, même s'ils sont encore insuffisants, sont éloquents. Ils montrent l'importance des chocs auxquels sont soumis les territoires à l'échelle locale, alors même qu'à un niveau plus macroéconomique, national ou même régional, les effets positifs et négatifs se compensent. Là encore, la vitesse de renouvellement du paysage économique, nous impose, non seulement d'être beaucoup plus réactifs, mais beaucoup plus prévoyants. Cette fonction d'anticipation nous sera évidemment facilitée par le travail de l'observatoire du Territoire, qui trouve la, peut-être, sa première justification.
De même, les effets du vieillissement de la population dans certaines zones rurales, et par conséquent la baisse de la population active, peuvent avoir des impacts sur les conditions d'accès aux services et sur l'équilibre des marchés locaux de l'emploi. Nous devons y être particulièrement attentifs afin d'éviter que ne se déclenchent dans ces zones, les effets cumulatifs, hélas trop bien connus de « désertification » de certaines campagnes.
Quoiqu'il en soit, ces résultats nous montrent l'importance d'une action cohérente au niveau local si nous voulons faire face aux enjeux de cohésion de notre société. Dans ces domaines, j'invite l'Observatoire à poursuivre ses travaux en s'appuyant encore plus directement sur les politiques d'anticipation des mutations économiques, d'accès aux services à la population qui sont maintenant regroupées sous la responsabilité de la Délégation à l'aménagement et à la compétitivité des territoires.
En conclusion, j'ai envie de vous dire que, d'une façon générale, ce rapport met en évidence la très grande diversité des territoires français et des dynamiques qui les animent. Il n'y a pas que "la" France, il y a des coins de France. De nouveaux équilibres se dessinent dans les régions, les métropoles, les espaces ruraux qui vont être déterminants pour la compétitivité de l'économie française et pour la cohésion sociale. Cette diversité est une richesse ; une richesse sur laquelle on ne pourra capitaliser qu'en développant des politiques territoriales suffisamment diversifiées, adaptées aux spécificités régionales ou locales. Cela signifie que notre réflexion comme notre action doivent se nourrir de nos "terroirs", si je puis dire, que nous devons les asseoir encore davantage sur les données concrètes des réalités locales. C'est sur cette carte de France que nous voulons asseoir notre politique. C'est sous cet angle que nous avons lancé les appels à projet pour les pôles de compétitivité et que nous allons conduire les futures politiques contractuelles. Je mise en particulier beaucoup sur les pôles d'excellence ruraux. Depuis ma prise de fonction, je voyage dans toute la France et je me rends compte que nous avons de nombreux trésors à faire valoir.
"Comme la vue d'un portrait suggère à l'observateur l'impression d'une destinée, disait le Général de Gaulle, la carte de France révèle notre fortune.
J'en suis le premier convaincu. Et puis, avec ce premier rapport de l'observatoire nous avons en quelque sorte la boussole pour nous aider à lire la carte.Alors, merci.