Texte intégral
Je voulais saluer tout le monde, et dire tout simplement qu'on a fait une visite courte mais intéressante. Si je peux, ou l'ambassadeur ou le conseiller commercial, répondre à votre curiosité, nous le ferons bien...
Q - Comment une éventuelle coalition entre le PiS et Samoobrona, qui s'était opposée à l'entrée dans l'Union européenne, pourrait affecter la place de la Pologne dans l'Union européenne ?
R - Ce sont des questions intérieures polonaises. Ne comptez pas sur un membre d'un gouvernement étranger pour en parler à la place des Polonais. Vous avez eu des élections, vous avez un nouveau gouvernement, nos pays sont partenaires, et moi ce que je souhaite après vous avoir dit que c'est aux Polonais de faire leur choix, c'est simplement que nous ayons de bonnes relations à la fois sur le plan bilatéral et puis aussi pour l'Europe. Parce qu'on est tous dans la même barque, on a tous les mêmes défis à relever et on les relèvera mieux ensemble que séparément. Le reste vous regarde.
Q - C'est une question qui concerne les institutions. Est-ce que cela signifie que vous allez rejeter complètement la notion de Constitution ou que vous envisagez de plutôt un traité qui remplacerait l'ensemble des traités existants ? Pourriez vous donner plus d'exemples ?
R - Les chefs d'Etat ou de gouvernement ont décidé en juin dernier d'avoir une réflexion sur la question des institutions et de se retrouver en juin 2006. Les 25 n'ont pas pu le faire en réalité jusqu'ici parce qu'il fallait régler la question du budget qui était prioritaire, et maintenant qu'elle est réglée, nous souhaitons pouvoir relancer un débat. C'est aussi le souhait de la présidence autrichienne qui se met à l'écoute des partenaires et qui nous demande notre avis aux uns et aux autres. Et ce que nous avons indiqué sur la question des institutions, c'est qu'il nous semble qu'il faut utiliser les quelques mois qui nous séparent de juin 2006 pour réfléchir ensemble, avoir un débat ouvertement entre nous et puis chercher, tâtonner, peut être trouver un accord si nous le pouvons, chercher comment relancer un peu la machine, sans mettre à mal ce à quoi nous étions parvenus, c'est-à-dire le texte du traité constitutionnel qui est un bon texte et qui représente en tous cas l'équilibre entre les Européens aujourd'hui. Nous souhaitons que dans les quelques mois qui viennent, et de façon à parvenir à des décisions peut être en mars mais en tout cas au mois de juin, on commence par regarder ce qu'il est possible d'améliorer dans le cadre des traités actuels, c'est-à-dire dans le cadre des traités tels qu'ils existent. Il y a un certain nombre de possibilités sur la taille de la Commission, sur le rôle des parlements nationaux, sur les questions de sécurité. Regardons ce qu'on peut trouver. Ca ne règle pas la question des institutions en elle-même, mais il me semble que ce serait utile de commencer par ça et de remettre un peu la mécanique en marche, pour mener à des réflexions futures plus tard. Mais commençons par ça.
Q - On ne jette pas le traité actuel mais on attend un moment meilleur ?
R - C'est en effet ce qui a été décidé à 25 au mois de juin. Il faudra des institutions rénovées pour l'Union européenne. Nous l'avions tous pensé, il y a plusieurs années au moment du Traité de Nice. Il nous permet de fonctionner mais il n'est pas suffisant. Alors je vous ai dit que je voulais aussi vous parler d'autres choses donc c'est moi qui vais faire le follow-up. Les principaux défis qui se posent à l'Union européenne ne sont pas seulement les questions institutionnelles. C'est d'abord et avant tout, me semble-t-il du côté français, la question des politiques, des projets européens. Et la priorité certainement est de se mettre d'accord sur celles qui peuvent à la fois nous réunir et répondre aux attentes des citoyens, de montrer que ça marche, de montrer que l'Europe a une valeur ajoutée et de changer peut être aussi le contexte dans lequel se pose la question des institutions. Mais croyez-moi, ce qu'attendent aujourd'hui nos citoyens, leur préoccupation première c'est l'emploi, la croissance, le développement économique et social. Il faudra aussi régler la question des institutions, je ne dis pas le contraire. Commençons par le commencement, et, quand on sera plus efficace, on pourra se poser d'autres questions.
Q - Je vous demanderais quelles sont les impressions de la promenade que vous avez faite ici ?
R - Il serait bien imprudent, bien hasardeux de ma part de tirer des conclusions définitives des quelques trente minutes que j'ai passées ici. Mais puisque vous me demandez d'être imprudente, je vais le faire ! D'abord pour vous expliquer pourquoi j'ai voulu venir ici, il y a la politique et puis il y a le reste. J'essaie d'abord de saluer les investissements qui ont été faits ici, de regarder quelle est la place de nos intérêts économiques et comment nos échanges participent de la vie économique de nos pays. Je crois que ça marche bien ; vous savez que la France est le premier investisseur étranger en Pologne, et de loin. Mais j'aime bien aussi regarder, essayer de sentir un peu, sortir des entretiens officiels même si c'est la raison essentielle, principale de ma visite en Pologne. Et je crois que ça complète un peu l'impression qu'on peut avoir sur un pays que de visiter ce genre de magasins. Alors de temps en temps, j'essaye de m'échapper une heure ou deux des entretiens officiels.
Q - Comment est-ce que vous évaluez les conditions que la Pologne met en place pour accueillir les investisseurs étrangers, je pense bien entendu en particulier aux investisseurs français, et notamment par comparaison aux autres pays d'Europe centrale et orientale ?
R - Ecoutez, nous, nous aurions mauvaise grâce à nous plaindre de la situation puisqu'elle nous a permis d'occuper la première place. Vous accueillez les investissements étrangers et c'est bien : ça vous bénéficie, comme ça bénéficie à ceux qui investissent. Je précise d'ailleurs pour la presse française qui est là que les 85 % des investissements français en Europe centrale et orientale ne sont pas des investissements de délocalisation. Un investissement comme celui-ci de 200 ou 250 millions d'euros, ce n'est pas une délocalisation, c'est un investissement sur un nouveau marché. Je referme cette parenthèse. Vous êtes maintenant membre de l'Union européenne depuis un an et demi, on vient de trouver un accord tous ensemble au Conseil européen de Bruxelles sur le budget de l'Union européenne pour 2007-2013 qui est un bon budget et un budget de solidarité, c'est à dire qui permet des transferts de solidarité importants vers nos nouveaux partenaires et vers un pays comme la Pologne qui en bénéficiera beaucoup. Pour le reste, c'est à vous, à votre pays de faire ses choix. Et je conclus en disant que l'avenir se présente très bien pour vous, en termes de croissance et de développement économique. Nous souhaitons évidemment que ça marche pour vous, et pour nous puisque nous en bénéficierons aussi et pour l'Union européenne puisque nos pays se rapprocheront.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 janvier 2006